La faim, cette sensation désagréable qui vous tiraille les entrailles, qui vous épuise sans cesse ni repos. Douleurs aigües au niveau du ventre, votre corps réclame de quoi se nourrir mais vous ne pouvez pas lui donner ce qu'il quémande. De la nourriture, source de protéine, fer, vitamines et autres éléments essentiels à la survie, voilà des jours que je n'en avais pu en toucher. Les rations de survie que j'avais emportée avec moi, envolées, volées par des bêtes sauvages. La loi de la jungle comme on pourrait le dire. Des jours que je n'avais pu mordre à pleines dents dans de la viande ou n'importe quelle autre source de nutriments. Bien sûr, il m'était arrivée de voir au loin des proies potentiels mais, autre le manque de nourriture et la faim, un autre mal m'assiégeait sans fin, la fatigue.
La fatigue, cette sensation d'engourdissement dans vos muscles, vous avancez avec beaucoup de peine mais par instinct vous savez pertinemment que le fait de s'arrêter à un tel endroit signerait votre arrêt de mort....Et puis, la faim, qui agrandit cette fatigue, qui vous donne pas l'énergie nécessaire pour résister et continuer à marcher...Le pas lourd, chancelant, j'avançais avec grande peine. Ma vie pour ne serait-ce qu'une heure de repos et un simple morceau de viande à délecter. Bien sûr dans les terres sauvages de Terra, on ne pouvait s'attendre à voir une humble personne survenir et vous proposez son aide. Si tel serait le cas, ce serait plutôt, un être à fuir immédiatement.
Un craquement, un deuxième craquement, l'herbe s'était mise à jaunir et déjà quelques brindilles se brisaient sous mes pas. Le soleil était à son zénith et tout laissé à penser que la journée déjà bien chaude allait devenir un jour de canicule. Un arrêt, de quelques secondes, la chaleur avait augmenté la sensation de soif. Pourtant, il ne fallait pas que je m'arrête, continuer était la seule solution. Poussant un soupir, je repris doucement la route, dans l'espoir infime de trouver de quoi me nourrir, quelle utopie était cet espoir ! Si une personne m'apercevrait de loin, il ne verrait qu'une silhouette titubante, marchant à une allure des plus lentes, mais faisant tout pour rester debout. La longue tunique de couleurs beiges recouvrait ma tête, dissimulant ainsi mes oreilles de terranide et l'ampleur de la tunique permettait à mon appendice caudale de se mouvoir et de n'être restreint dans un simple morceau de tissu.
Un autre arrêt, cette fois engendrée par une odeur fort alléchante qui m'était parvenue, suivie très vite par un léger bruissement, un son clair et limpide comme si on faisait s'écouler doucement de l'eau. Hors, dans les terres sauvages, la seule chose qui pourrait faire un tel bruit n'était rien d'autres qu'une rivière ou même un ruisseau. Peu m'importait, eau et nourriture étaient bientôt à porter de main. Malheureusement, même si je pouvais entendre le cours d'eau, il me fallait encore l'attendre. A quelle distance était-il ? Proche ou éloigné ? Une seule solution pour le savoir, se remettre en marche.
Tandis que j'avançais non sans peine vers mon point de salut, mes oreilles se redressèrent, un autre son m'était parvenu. Un sifflement, comme si quelqu'un jetait un objet en faisant brasser l'air. Puis soudain, une exclamation, une voix, enjouée et féminine, pleines d'entrain et de joie. Encore un pas et la vue s'ajouta à l'ouïe et à l'odorat. Une terranide, une autre terranide était là, à une centaine de mètres en train de pêcher, un léger sourire s'afficha sur mon visage. Cela faisait si longtemps que je n'avais croisé personne et le fait de voir un confrère était une bonne chose.
Un pas, puis un autre, tout allait pour le mieux, j'avançais certes doucement, mais sûrement. Seulement, le destin n'est pas toujours salutaire et vous met de temps à autres des bâtons dans les roues. Une sensation d'affaiblissement m'envahis sans aucune gêne, les muscles des jambes se tendant, ne permettant plus de supporter la pression de tout le corps. J'avais trop forcé, beaucoup trop. Et dire que j'y étais presque, il me restait plus que quelques mètres à finir. La fatigue qui vous envahie, le corps qui se laisse tomber en avant et puis, plus rien. Le vide total.