Perplexe, je me remettais droite pour le regarder. Le prendre pour un fou ? Je ne voyais pas pourquoi il disait que je risquais de le prendre pour un arriéré prêt à être envoyé à l'hôpital psychiatrique. Son explication me laissa sans voix. Une sirène, selon ses dires, il était une sirène. Fait que je jugeait impensable sur le coup mais après mûre réflexion, si les terranides tels que moi existaient ainsi que les anges et les vampires, alors pourquoi pas ces êtres aquatiques nommés sirènes ?
Pourtant, quelque chose me laissait songeuse. Si c'était bel et bien un odin, car si je ne me trompe pas c'est ainsi qu'on sont appelés les mâles de cette espèce, pourquoi n'avait il pas de nageoires à la place de ses jambes ? C'est en le voyant expliquer comme quoi qu'il n'arrivait pas à marcher, que je pouvais déduire qu'il avait transformé sa nageoire en deux membres postérieur afin de pouvoir marcher sur terre comme tout bon bipède.
Je n'avais rien dit pendant deux bonnes longues minutes qui m'avaient semblé une éternité. Restant dubitative, je fixais Ian. Au premier abord j'aurais pu penser qu'il me racontait des histoires mais tout dans sa gestuelle montrait qu'il était gêné de me relever sa véritable nature. Pourtant, je ne voyais pas trop la raison de venir sur terre même pour un habitant du royaume de Poséidon.
« Une sirène ? Cela expliquerait sans doute votre incapacité à marcher. Mais pourquoi venir sur la terre ferme au milieu des hommes dans un univers remplit de technologies, de travaux forcés, de personnes malhonnêtes et honnêtes au lieu de rester vivre tranquillement au fond des mers ? »
Je bougeais légèrement, faisant un peu mouvoir mon épaules, remettant mes jambes croisées l'une contre l'autre en position du tailleur, posant mes mains à son centre.
« De plus, imaginons que j'aurais eu des mauvaises intentions en apprenant que vous êtes une sirène, j'aurais pu profiter de votre incapacité à vous enfuir pour vous faire de vous un sujet de foire »
J'agitais de suites mes mains de gauche à droite, montrant que je n'avais nullement l'intention de faire ce que je venais de lui dire mais qu'il s'agissait plus d'une mise en garde, dans ce monde, mieux ne valait pas dévoiler tout de suite sa véritable identité.
« Oh, je vous rassure, je n'ai pas l'intention de faire cela, qu'on soit bien d'accord...C'était plus une sorte de mise en garde pour vous protéger »
Décidément je donnais une image péjorative du monde des humains, mais bon, je n'allais quand même pas lui dire que tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Véritable utopie qu'il s'agit en vérité.
« Mais bon, malgré ces quelques aspects peu commode, ce monde a quand même quelques bons côtés. Il suffit de les trouver; Ce n'est pas tout le monde qui va vous cracher au visage ou faire de vous votre petit animal de compagnie car vous n'êtes pas comme eux, au contraire, il est possible de trouver des personnes avec de bonnes intentions ..Mais maintenant nous avons un autre problème à régler ! »
Je me relevais d'un bond, allant à ses côtés, passant une main dans son dos pour le maintenir et l'autre prenant doucement sa main pour l'aider à se lever sans se presser. Quitte à le faire petit à petit, on allait y aller doucement. Une fois levée, il restait maintenant la tâche la plus difficile à faire, marcher. Même un enfant met du temps à apprivoiser ses deux jambes, alors un être aquatique n'allait pas réussir en deux temps trois mouvements. Tandis que je le maintenait pour éviter qu'il ne tombe au sol, je tentais de lui donner quelques explication sur la manœuvre à suivre :
« Bon, on va commencer tout doucement. D'abord tu avances ton pied droit mais il ne faut pas que ta jambe soit raide, essaye de la plier légèrement, une fois cela fait, tente de faire pareil avec le pied droit et recommence cela jusqu'à ce que tu t'arrêtes de marcher. En résumé quand on marche, on est toujours dans une situation précaire en équilibre sur une jambe et c'est en utilisant la deuxième qu'on évite de tomber au sol »
J'avoue, mes explications étaient loin d'être parfaite, mais ce n'est pas aisé d'apprendre à quelqu'un de marcher quand on le fait depuis sa plus tendre enfance. De plus, je venais de passer du vouvoiement au tutoiement. Et puis, je me tenais à ses côtés au cas où il perdrait son équilibre. On est jamais trop prudent.