À l'aventure, compagnons, je suis parti prendre une boisson...

Il est étrange de voir ce que 30 ans peuvent faire à une ville autrefois florissante après une catastrophe d'ampleur mondiale. Il est vrai que Meisa n'était pas à proprement parler le paradis, mais comparé à d’autres régions de Terra, c'était une civilisation prospère où il faisait relativement bon vivre, surtout à l’aune de ce qui se passait du côté de Nexus ou d’Ashnard.

Vrahilel était un ancien point névralgique, au carrefour des routes commerciales faisant la jonction entre la capitale Eist'Shabal et les vastes cités de l’ancien empire des Araniades. Aujourd'hui, c'est l'une des villes frontière qui marque péniblement les limites de la civilisation meisane qui se relève lentement de ses cendres. Mais malgré le siège des monstres divers qui peuplent les terres autrefois fertiles, malgré l'effondrement de la société qui a fait sortir ses murs du sol, malgré la misère qui a envahi la cité jusqu’au cœur de ses murs… Vrahilel porte encore les marques de cette époque révolue. On les retrouve dans son architecture, sa langue, ses coutumes, l’ombre des nobles comme dans celle des mendiants. Le fantôme de l’ancien royaume se laisse encore entrevoir dans cette ville meurtrie par le temps, les maladies et la misère provoquée par l’arrivée du roi noir il y a quelques décennies. Il y a cependant une chose qui ne change pas malgré les époques…

Peu importe où, quand, comment et par qui ils sont utilisés, l'odeur des égouts reste toujours aussi pestilentielle.

Aksel ne dira pas le contraire, certainement pas après sa petite descente dans les souterrains qui serpentent sous la cité avec ses camarades. Entre l’eau saumâtre qu’il a dû traverser, les résidus d’explosion qui tachent ses vêtements, les étrons putrides qui ont servi de munitions de fortune à la bande de rats et de bandits auxquels ils ont fait la fête… Autant dire qu’Aksel ne sent pas la rose quand il se rend au bain de l’auberge qu'il fréquente avec ses compagnons.

L’établissement en question, connu sous le nom d’Auberge de la Perle Vide, a conservé un peu de sa majesté, à l'instar du reste de la ville, malgré les traces laissées par l’arrivée du Roi Noir trente ans plus tôt. Les colonnes de grès aux chapiteaux floraux et les mosaïques usées qui décorent les sols laissent cependant encore entrevoir les traces de la culture meisane. Comme pour le reste de Vrahilel, le passé ne disparaît pas aussi facilement.

Alors qu’il franchit le seuil de la salle principale, une bouffée d’air tiède et d’épices sèches accueille Aksel, qui est désormais plus présentable. Comme souvent, son grand gabarit, ses cheveux blonds et ses traits peu Meisant attirent quelques regards. Mais ces derniers sont aussi attirés par un groupe de gobelins à la peau de jade et au verbe haut perché. Ces derniers devisent sur leurs petites affaires qu’ils ponctuent régulièrement d’un "Ça se sait, monsieur, ça se sait" bien difficile à ignorer par moments. Personne ne sait vraiment ce qu’ils savent d'ailleurs, mais tout le monde les écoute, ne serait-ce que pour ne pas manquer la prochaine perle qu’ils lâchent entre deux saucisses.

La distraction est finalement loin de déplaire à Aksel qui n'aime pas vraiment être au centre de l'attention. Comme beaucoup de Meisant, il ne fait pas ses 45 ans. Cependant, avec ses traits évoquant plus aisément les drakkars des légendes du Grand Nord que les gondoles qu’on croise encore occasionnellement le long des canaux de la région, on pourrait penser qu’il a la trentaine. Certes, il n’est pas le seul à présenter un visage venu des contrées Ashnardiennes, mais son statut d’Asimar fait que quoi qu’il fasse, il ne laisse pas totalement indifférent… Heureusement pour lui, il n’a hérité ni du halo ni des ailes, ce qui le rend presque invisible parmi les divers nomades qui parcourent les routes… Du moins tant qu'on ne se penche pas trop sur son cas.

Pour sa part, c’est l’odeur du pain aux herbes et du vin de datte qui flotte à proximité du bar qui l’attire. Il ne semble toutefois pas être le seul à être attiré par cette fragrance appétissante, son regard se posant sur une touffe de cheveux noirs qu’il n’a aucun mal à reconnaître comme étant ceux de Laly. Aksel ne peut pas dire qu’il la connaisse très bien, après tout, ils ne travaillent ensemble que depuis récemment. Et même si le convoi qui les a amenés ici a duré des mois, il n’a pas vraiment eu l’occasion de discuter avec elle, pas plus qu’avec ses autres compères d’ailleurs, se dit-il alors qu’il s’approche de la jeune femme.

"Ça te dérange si je m’assois là ?" Demande-il poliment avant de poursuivre, "Je ne tiens pas particulièrement à me faire chaparder mon assiette cette fois, si tu vois ce que je veux dire."

C’était vraiment un drôle de bled ici, mais vraiment. Vrahilel, mélange entre bidonville et quartiers chics, les pauvres d’un côté et les riches de l’autre, un véritable contraste qui n’avait pas échappé aux yeux de la jeune ensorceleuse durant les escapades avec ses compagnons dans le coin. C’était vraiment surprenant, assez pour attirer l’attention de la petite demoiselle en tout cas, qui malgré ses rires et son semblant d'indifférence ne l’était pas tant que ça.

En effet, cela l’a peiné même de voir tout ça, se disant que ce n’était vraiment pas chouette ce qui se passait ici. Mais bon, après tout, elle ne pouvait pas dire que les autres villes s’en sortaient beaucoup mieux, venant d’un bidonville à la base ça lui rappelait presque la maison même ! Bon, elle avait bien voyager avec le groupe de nomades magiques qu’elle avait rejoint après la mort tragique de sa mère, lui donnant l’envie soudaine de quitter la merde dans laquelle elle était et d’aller visiter le monde. Mais, elle n’avait pas visité tant de villes ou villages que ça, ayant passé la majorité de sa vie en communauté sur les routes, allant dans les coins peuplés juste pour s’occuper des provisions ou petites missions à faire pour gagner leurs croûtes.

Oui, la jolie brunette avait surtout passer son temps sur les routes au rythme des saisons pendant quelques années, se consacrant principalement à apprendre à utiliser ses pouvoirs et faire tourner en bourriques pas mal d’hommes avec son joli minois (et pas que), que ce soit de son groupe ou pas d’ailleurs, tant qu’elle pouvait faire quelques entourloupes et s’amuser, ça y aller franco ! Mais ce n’était pas un monstre pour autant, non, c’était juste une petite chipie qui jouait de son charme avant de laisser en plan ces messieurs, tout simplement. Et ses blagounettes, qui ne faisaient rire qu’elle, la faisait bien se marrer quitte à se prendre des coups de canne sur la tête par la vieille matriarche de son ancien groupe qui la sermonner d’arrêter ses bêtises et de travailler sérieusement sa magie.

Vrahilel lui rappelait donc de lointains souvenirs et un passé douloureux. Mais, cette ville lui rappelait aussi le monde dans lequel ils vivaient, tout ce qui s’était passé avant sa naissance et qui avaient donné naissance à cette désolation présente autour d’eux. Et dire qu’en plus il y avait des abrutis qui voulaient faire péter la ville avec un rituel à la con, nan mais sérieux, c’était quoi ce bordel ?! Comme si ce bled était déjà pas assez dans la merde quoi, franchement… Ouais, c’était pas une mince affaire tout ça, mais Laly n’avait pas envie de voir ça arrivé et voulait plus que tout faire tout son possible avec ses camarades pour sauver la ville et empêcher le désastre d’arriver. Mais cela était plus facile à dire - ou à penser - qu’à faire. Ils allaient devoir tous bien se préparer à leur prochaine balade égoutnesque, s’ils voulaient réussir à sauver la ville et à en sortir vivants aussi.

Tout cela l’avait travaillé durant son retour à l’auberge après leurs dernières escapades avec ses camarades. Et même lors de sa toilette dans les bains de l’établissement d’ailleurs, venant à se shampouiner un peu trop la tête tant elle se perdait dans ses réflexions, quand ce n’était pas dans la mousse du bain qu’elle contemplait avant de se demander à quoi elle pensait déjà.

C’est sous ses réflexions que la jeune ensorceleuse du haut de ses 19 printemps était maintenant accoudés au comptoir du bar, réfléchissant à comment se préparer à tout cela, se faisant la réflexion qu’ils allaient tous devoirs faire le plein de potions et d’équipements pour être parer à toute éventualité pour leur petite fiesta, espérant que personne ne saura gravement blessé dans tout cette histoire. Bien sûr, tout cela ne l’empêcha pas de faire du charme aux barmans afin d’obtenir des ristournes sur ses consommations, enchaînant les verres de rhum en grignotant des petits pains aux herbes. Mais une voix vint la sortir autant de ses réflexions que de ses plans de charme, la faisant tourner son joli minois vers Aksel dont elle avait reconnue la voix, le regardant en lui adressant un radieux sourire comme à son habitude avant de se mettre à rire avec douceur à ses mots.

« Je vois parfaitement ce que tu veux dire ! Allez, viens à côté de moi ! »

Dit-elle d’une voix enjouée en lui faisant signe de la tête de venir tout en tapotant de sa main sur la chaise à côté d’elle, venant ajouter d’une petite voix taquine et joueuse.

« Tu ne crains rien, je ne te charpaderais pas ton assiette ou ton verre ! Et promis, je ne mord pas… Enfin… Pas sans consentement ! »

Riant amusée à ses propres paroles, la jolie brunette vint poser son menton dans sa petite main, toujours accoudé au comptoir en regardant le grand blond prendre place à côté d’elle, esquissant comme à son habitude un petit sourire en le regardant, lançant la conversation.

« Quel bon vent t’amène ? La faim ou la soif ? Les deux peut-être ? »

Il y a une chose qu’Aksel doit bien admettre : la personnalité pétillante de Laly est toujours de nature à faire oublier les aspects les moins agréables de ses journées… Aussi, quand cette dernière lui adresse un grand sourire, il est impossible pour lui de ne pas lui adresser un sourire en retour. Est-ce son jeune âge qui lui confère cet aspect de sa personnalité ? Il ne saurait dire… Et au fond, peu importe. Après tout, le fait est qu’il y a bien plus désagréable comme compagnon de voyage et d’aventure.

"Tu es bien aimable de comprendre ma situation." répond-il avec humour en prenant place à côté de la brunette, avant qu’elle fasse remarquer qu’elle ne chaparde pas et ne mord pas… En principe du moins. "Hum, vraiment ? Comme un petit chaton mordillant des doigts ou comme une panthère dévorant sa proie ?" riposte-t-il en ricanant d'un air bon enfant.

Avant de retourner son regard vers Laly, Aksel voit le tenancier s'occupant du service les observants discrètement. Il l'a déjà croisé cet homme, après tout il fréquente l'établissement depuis quelques jours comme ses compagnons. Aussi, s'il ne perçoit pas la curiosité des premiers jours, il est surpris par le désappointement dans les yeux de l'employer. Est-ce qu'il aurait interrompu quelque chose sans le vouloir ?

"Tu sais, après le petit vent qui embaume les recoins du sous-sol de cette ville… J'ai besoin de quelque chose pour faire passer le goût." Il lui répond en la regardant un moment, avant que ses yeux marron ne dérivent vers le verre d'alcool clair et l'assiette de petit pain entamé posés en face d'elle. "Et toi ? Tu as besoin d'un remontant après cette descente ?"

La petite ensorceleuse regardait Aksel prendre place à côté d’elle, ne manquant pas une occasion bien entendue de faire une petite blagounette pendant qu’il s’installait. Et ce fut avec joie qu’elle constata que le grand blond à ses côtés savait blaguer lui aussi, arrachant donc un doux rire amusée à la jolie brunette. Souriant de plus belle après cela, Laly haussa un sourcil amusé en regardant son compagnon, venant à pencher doucement sa tête vers lui en répondant d’une voix chantonnante, tapotant son doigt sur ses lèvres.

« Mmmmh… Disons que les deux sont possibles, tout dépend de la situation. Je peux étre un véritable petit chaton comme une jolie panthère affamée, mordant et griffant selon selon ! »

Riant de nouveau après ses mots, la demoiselle redressa sa petite tête, venant se remettre bien droite sur sa chaise, avant de venir s’accouder au comptoir du bar en zieutant le blondinet. Et pendant ce temps, elle n’avait pas fait gaffe que le fait qu’elle tourne toute son attention vers Aksel vienne contrarier le tenancier de l’auberge ainsi que ses barmans, à qui elle avait fait du charme pour avoir des ristournes. Non, ayant obtenu ce qu’elle voulait, elle ne se préoccupait plus vraiment de cela, de plus, l'arrivée de de son camarade l’avait interpellée et elle préférait mille fois faire la causette avec lui que de faire du charme aux employés. Mais ces derniers n’avaient pas à s’inquiéter, elle reviendra leur faire les yeux doux à un moment ou un autre, charmeuse comme elle était c’était presque inévitable, il lui arrivait même de charmer sans faire exprès c’est pour dire.

Alors qu’elle écoutait attentivement l’homme à ses côtés reprendre la parole, hochant la tête à ses propos en soufflant d’amusement par le nez, étant très amusé par sa répartie et l’imagerie qu’il utilisait pour parler de leur petite escapade dans les égouts, Laly suivit le regard d’Aksel vers son verre et son assiette, venant à cligner des yeux plusieurs fois avant de hocher la tête de nouveau en riant amusée.

« Ho oui ! Il me fallait quelque chose pour me remettre de mes émotions haha ! »

Puis, après ce petit rire, elle fit une petite moue un peu peinée, surjouant un peu exprès en pinçant ses lèvres, regardant Aksel avec des petits yeux de chien battue.

« Mais ils n'ont encore rien de sucré de prêt…  Tout sera fait ce soir… J’aurais bien voulu un truc doux et consolant mais il y en a pas… Du coup je me suis rabattue sur le petit pain aux herbes… »

Dit-elle d’une petite voix en reportant son regard sur son assiette, faisant toujours sa petite moue contrariée, avant de pencher la tête en haussant un sourcil.

« On m’a bien proposé de la compote de poires avec ça mais… J’aime pas la poire… »

Ajouta-elle en tirant la langue de dégoût et en fermant les yeux, secouant la tête à la négative en tremblant de tout son petit corps en se redressant sur sa chaise, venant s’enlacer avec ses petits bras en se les frottant de ses mains comme si elle avait froid, mais manifestant seulement son dégoût pour la poire de façon cocasse voire enfantine. Puis, se reprenant ensuite en secouant sa tête de nouveau, la petite ensorceleuse reporta son regard vers le grand blond à ses côtés, esquissant de nouveau son joli sourire.

« Et toi alors ? Qu’est-ce que ton petit cœur souhaite pour faire passer le goût et l’odeur de notre petite aventure ? Une petite envie d’un remontant, d’une petite douceur ou d’un petit en-cas peut-être ? »

"J’espère que tu sais choisir tes proies, petite tigresse." Répondit-il amusé à la description de la jeune femme. "Parce que parfois, même les plus gros chats ont de mauvaises surprises avec leurs jouets."

Étrangement, sur l'instant, Aksel a un peu de mal à imaginer Laly en autre chose qu'un petit chaton tout mignon... Même si il doit pour ça oublier un instant le barrage de projectile mystique qu'elle est capable de faire apparaître à l'envie. C’est un peu comme Iris dans le genre… Mignonne tant qu’elle ne décide pas de vous transformer en torche humaine. Dans d'autres circonstances, Aksel n'aurait aucun mal à imaginer l'une et l'autre comme capables de vous faire passer un très mauvais quart d'heure.

Mais dans l’immédiat, il est plus qu’aisé d’oublier ce détail quand Laly se met à se plaindre de l’absence de pâtisserie au menu du moment. Aksel ne peut s’empêcher de hausser un sourcil amusé à la remarque de l’ensorceleuse, avant de rire de sa description dramatique de son aversion pour les poires. Il serait bien incapable de dire si elle est pleinement sérieuse dans cette expression de dégoût ou si elle joue la comédie… Mais dans un cas comme dans l’autre, le décalage entre sa réaction qui la prend aux tripes et la saveur pour le moins innocente du fruit forme un contraste dont il ne peut passer outre.

"Hé bien, si l’image d’une poire provoque ça chez toi… J’ose à peine imaginer la tête que tu ferais face à un durian." Lui répond alors le grand blond, sans penser sur le moment qu’elle ne saura peut-être pas de quoi il s’agit. Il y a 30 ans, sa famille en importait régulièrement depuis… Bonne question, tiens, mais cela n’a plus vraiment d’importance aujourd’hui. "Mais je suppose qu’il sera plus facile de trouver de quoi satisfaire ta dent sucrée dans le quartier marchand. Avec un peu de chance, ils ont des beignets au miel."

Du temps où il parcourait les étals des marchés avec son père et ses frères, ces petits morceaux de pâte de blé dur frit arrosés de miel et de poivre faisaient partie de ses petites douceurs faciles à trouver. De nos jours, si la préparation n’a pas entièrement disparu, elle est devenue plus rare à la suite de l’arrivée du roi noir et de l’effondrement du royaume. Bien sûr, pour ceux qui ont de l’argent et de l’influence, il est tout à fait possible de se les procurer. Mais ces petites bouchées, autrefois appréciées de tous, sont devenues un petit luxe pour la majorité des Mesants. Le genre de gourmandise qu’on consomme lors d’une occasion particulière plus qu’au détour d’un étal un jour de beau temps.

"Quant à moi," commence-t-il avant de faire signe à l’employé du bar, "mettez-moi la même chose que la demoiselle et collez ça sur ma note." Ses yeux marron se reportent ensuite sur Laly, toujours installée nonchalamment à côté de lui. "Je n’ai pas vraiment le temps pour un repas complet, mais un verre et quelque chose à manger pour me faire oublier l’odeur des sous-sols… Jusqu’à ce qu’on redescende du moins."

Il est clair que l’idée de retourner patauger dans l’eau saumâtre et les étrons fétides ne l’enchante guère, après tout… Tout nomade qu’il est, il n’apprécie pas plus que les autres l’odeur nauséabonde et l’humidité maladive des égouts. Cependant, comme on dit, quand il faut, il faut. Et ce n’est pas comme s’ils avaient vraiment le choix pour déloger la bande de cultistes qui s’est installée dans ses tunnels moites.

"J’espère que tout ira bien pour Piotr et Bradamante là-dessous. À force, ils vont finir par se cramer les sinus." pense-t-il tout haut en évoquant distraitement ses deux compagnons qui ont décidé de rester dans les égouts.

En entendant la réponse d’Aksel à ses mots, Laly cligna plusieurs fois des yeux en le regardant, avant de se mettre à rire un peu gêné en penchant la tête, venant se gratter la joue en lui répondant embarrassée.

« Haha ! En effet, j’ai déjà eu quelques surprises avec certains jouets plus gros que moi je t’avoue… Mais je m’en sort toujours ! La preuve, je suis encore là et toujours prête à jouer, haha ! »

L’embarras laissa place à l’amusement et aux rires de nouveau, la jolie brunette reprenant son assurance comme si de rien n’était. Après cela, ils poursuivirent tous deux la discussion, venant à parler de ce que la petite ensorceleuse avait donc commandé pour se remonter de leur aventure égoutnesque. Et c’est avec une aversion et une peine très théâtralement enfantine que la petite demoiselle vint faire part de son dégoût pour la poire au grand blond, venant à avouer qu’elle avait envie d’une petite douceur et qu’on lui avait seulement proposer une compote de ce fruit qu’elle n’aimait pas du tout, l’obligeant donc à se contenter d’un petit pain aux herbes avec son verre de rhum.

Et après cet aveu très théâtral, autant dans sa voix que dans ses gestes, Laly cligna plusieurs fois des yeux en regardant Aksel, venant à se redresser en posant un doigt sur ses lèvres, le regardant avec de grands yeux intrigués.

« Un durian ? Qu’est-ce que c’est ? Je crois avoir lu ce nom là dans des livres mais… Mais je ne m’en souviens pas très bien… Et je ne me souviens plus du contexte ou de quel genre de livres c’était d’ailleurs… »

Avoua-t-elle en plissant les yeux en regardant sur le côté, essayant de se remémorer quelques bribes de souvenirs en parlant de tout ça. Mais en vain, elle n’arrivait pas à se souvenir et reporta donc son regard vers son compagnon, le zieutant avec de grands yeux interrogateurs. Mais quand il parla de petites douceurs à base de miel, les yeux de la petite ensorceleuse se mirent à pétiller, mais vraiment à pétiller comme si des petites étincelles sortaient de ses prunelles rougeâtres.

« Des beignets… au miel ?!? Ho ça serait génial si on pouvait en trouver ! Ou même un pot de miel, je serais déjà ravie ! »

S’exclama-t-elle avec joie en venant tapoter ses mains joyeusement, un beau sourire aux lèvres, visiblement ravie de goûter des beignets au miel ou même de trouver un pot de miel.

Pourquoi tant de joie ? Est-ce que l’évocation de petites douceurs la rendait si heureuse ? Oui, mais pas que ! Il fallait le savoir, mais, la jolie brunette adorait le miel, c’était un de ses mets favoris tout simplement. Donc, l’évocation de quoique ce soit à base de miel lui faisait cet effet, ainsi que tout ce qui était à base de fraises aussi d’ailleurs. Et bien entendu, le rhum aussi, qui semblait être un alcool qu’elle affectionnait particulièrement, vu qu’elle en prenait à chaque fois que la présentation se présentait.

D’ailleurs, en parlant de choses à boire ou à grignoter, Laly vint donc s’enquérir de savoir ce que souhaiter prendre son camarade, pouvant l’entendre dire en interpellant l’un des employés au bar qu’il prendrait la même chose qu’elle tout en le sommant de mettre cela sur sa note, ce qui fit hausser l’homme derrière le comptoir.

« Vous voulez la même chose que la demoiselle ? Et je vous mets le tout, donc pour vous deux, sur votre note c’est ça ? »

Après que l'interrogation du barman ait reçu sa réponse, confirmant ce qu’il avait compris ou non, ce dernier partit préparer ce que lui avait demander Aksel, le laissant donc continuer à discuter avec la petite ensorceleuse au comptoir qui l'écouta attentivement en hochant la tête. D’ailleurs, l’évocation de l’odeur des égouts et du retour à y faire fit rire avec légèreté la demoiselle, visiblement amusée par toute cette aventure malgré sa particularité odorante et non-glamour. 

Et alors que le grand blond fit part de ses craintes concernant deux de leurs camarades qui étaient restés dans les égouts, la jolie brunette pencha la tête vers lui, avec une petite mine soucieuse.

« C’est vrai que ça ne doit pas être très agréable pour eux… On pourrait peut-être leur ramener de quoi reprendre des forces, quelque chose à manger et à boire non ? En-dessous, à part de l’eau croupie et des cuisses de rats, il doit pas y avoir grand chose à se mettre sous la dent… Puis c’est surtout un coup à tomber malade, les pauvres… J’espère que ça ira pour eux… »

Chuchota-t-elle discrètement à son collègue près d’elle, le regardant avec un regard soucieux, étant elle aussi inquiète pour leurs compagnons.

Et pendant qu’ils discutaient, le barman ramena sa commande au blondinet, lui souhaitant un bon moment avant de se sauver en pestant dans sa barbe, visiblement contrarié. Et la petite ensorceleuse qui se demandait pourquoi ce type était de mauvaise humeur, ne comprenant pas que c'était à cause d’elle qui avait reporté toute son attention sur Aksel, se saisissa délicatement de son verre et le leva en direction du grand blond en souriant.

« Et si on trinquez ? À notre santé et à la préservation de nos sinus ! »