Soeur aux contrées du chaos [Pv Iseult]

Terra … Voilà des terres fortes intéressantes pour l’inquisiteur. Un terrain de chasse des plus prometteurs pour assouvir ses désirs de repas. Loin d’être l’étoile qu’il aurait du être, c’est avec violence qu’il se heurte aux bandits et autres créatures de cette zone. Il a certes gardé son rang d’inquisiteur, mais les rumeurs qui courent sur sa couronne sont toutes étranges et pavées de mystère. Certains racontent qu’ils l’ont vu manger du bois … d’autres du poison sans que cela ne fasse de l’effet. D’autres rumeurs pointent sa façon de se battre qui n’a rien de chevaleresque. Qu’il ressemble à un barbare qui n’a aucun respect pour le corps de ses victimes.
 
On dit que les rumeurs n’ont pas de fumée sans feu. Mais il s’avère que le feu est ici réel. Si ceci s’est transformé en rumeur, c’est parce que c’est bien trop gros pour être cru par le monde sans en être témoins. Tout le monde sait ce qu’est une information qui voyage de porte à porte. Elle est déformée, souillée … Et Sairon prend plaisir à jouer sur tous ces bruits de couloir lorsqu’on l’interroge, alimentant ainsi les énigmes ou les ténèbres qui entourent sa personne.
 
C’est l’épée couverte de sang qu’il traverse ces contrées en dehors des chemins balisés. Il n’aimait pas que l’ordre sache où il se trouve, quel chemin il parcourait pour l’accueillir à destination. Cela permettait aussi d’éviter de recevoir des missives sur le trajet. On pourrait presque dire que si vous le rencontrez, c’est parce qu’il vient à vous. Il ignorait les histoires de disparition qu’il y avait dans ces contrées. Tout ceci ne l’intéressait pas. Il n’était ni un héros, ni un aventurier. Il n’était pas pour se nourrir d’une façon que les humains ne pourraient pas comprendre. Les âmes de ses victimes ne connaîtront jamais le paradis ou l’enfer. Ils disparaissent, c’est tout, dévoré par la gloutonnerie qui l’habite depuis son passage en enfer. Humain ? Il s’était éloigné de cet état depuis cette malédiction.
 
C’est de cette façon qu’il tombait face à ce corps encore vivant devant lui. Que foutait un membre de l’ordre en dehors des sentiers battus ? Elle semblait être inconsciente.  Pour s’en assurer, il s’approchait pour retourner ce corps avec son pied. Une sœur ? … Il en avait soudainement un gros doute. Elle était bien trop sexy pour en être une. Un tissu devant les yeux ? Une handicapée ? Quelle mission allait-il encore devoir se taper à cause de sa présence ici ? Il soupirait un peu … Il pourrait la tuer, ceci était une option. Mais il avait assez dévoré pour être repu. C’est cette chance qui la sauvait.  Une chance qui devait être impressionnante pour être encore entière dans cette région. Elle aurait pu être dévorée ou pire … Attrapée par des monstres pour leur simple plaisir sexuelle. Il plantait alors son épée couverte de sang dans le sol avant de s'agenouiller à côté d’elle afin d’essayer de l’amener à ouvrir les yeux de la plus galante des manières … Chose qu’il ne connaissait pas trop.
 
-Hoy … Réveil toi !
 
Il lui attrapait le visage en essayant de la secouer un peu … Comme cela ne semblait pas suffire, il lui donna une petite gifle qui était dosée pour ne pas faire mal, mais pour surprendre les réflexes du corps, tout en continuant de la secouer par l’épaule.
 
-Hooooooy !!! DEBOUUUUT !

Un bruit sourd.
Des cris. Des hurlements.
Des lames qui s’entrechoquent.

Iseult tripote les chutes opalines de sa robe de ses longs doigts. Le vacarme règne autour du carrosse. La religieuse tente d’en reconnaître les sons et les voix et discerne la résonance d’un conflit.

- N’approchez pas, mécréants ! Hurle un chevalier de l’Ordre.

Sa cécité est son ennemi dans cette situation où sa vie est mise en jeu. Elle tremble comme une feuille, effrayée de prendre la fuite sans savoir où ses pieds peuvent être mis.
La porte de l’habitacle s’ouvre brusquement. Un sursaut surprend son corps et une main se saisit avec brutalité de son poignet.

- N’ayez crainte. Je vous amène en lieu sûr.

La voix de Sir Eric résonne comme une mélodie apaisante à ses oreilles. Il est un homme de confiance. Elle le suit.
Mais son chemin est parsemé d’obstacles. Iseult s’emmêle les pieds dans sa robe, trébuche sur un corps inconnu jusqu’à ce que son preux paladin l’attrape par la taille.

- Vous m’excuserez mais votre vie en dépend, Soeur Iseult.

Telle une princesse sauvée de l’agresseur, elle perçoit sa faiblesse comme une malédiction. L’odeur du sang lui monte. Elle est condamnée à fuir quand d’autres combattent pour sa survie. Son cœur se déchire sous cette attristante vérité.

- Où allons-nous ?
- Le plus loin possible.

Mais leur escapade ne passe inaperçue. Un ennemi se tourne, sa voix rauque résonne à travers les clinquements des épées.

- Il s’enfuit avec la prêtresse !

Nul souvenir ne demeure après.

★ Quelques heures plus tard. ★

Une main s’écrase sur sa joue. Elle se sent secouée mais peine à se réveiller. Qu’est-ce donc cette brutalité pour réveiller une femme de son rang ?

- Ça suffit… Marmonne-t-elle, dans un soupir agacé. Je suis réveillée.

Son bandeau noire couvre ses iris inanimés. Il ne peut ni constater son éveil, ni son handicap. Elle le conçoit vite. En même temps, son esprit reprend pied face à la déchirante réalité. L’effroi se marque sur son visage.

D’un mouvement brusque, Iseult se recule jusqu’à se cogner l’arrière du crâne contre le tronc. Ses jambes tremblent et ses mains enserrent les racines qu’elle trouve à côté de son bassin.

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

La peur s’installe. Elle est sans défense dans un lieu qu’elle suppose être sauvage. Ses souvenirs des derniers instants sont flous. Sir Eric et elle étaient poursuivis par leurs assaillants… Plus rien ?

- Savez-vous où sont les chevaliers ? L’escorte de l’Ordre ?

Mille questions brûlent ses lèvres. Elle se perd en demande alors que son esprit peine à se reconnecter à la réalité. Peu à peu, elle se rassure. L’ennemi n’aurait eu aucun intérêt à la réveiller. Ses mains quittent les racines et parcourent son corps.

Sa tunique liale s’est déchirée dans sa course poursuite au niveau de sa poitrine et de sa cuisse. Son sein droit menace de s’en échapper. Mais elle clôt toutes tentatives de fuite en tirant sur le tissu, les joues rougies d’être observée en si piètre tenue par un homme.

- Puis-je vous faire confiance ?

Cette dernière question conclut son flot de réflexion. Elle en demeure la plus importante.

Enfin elle se réveil ! Cette brutalité n’était pas nécessaire mais l’éducation qui a reçu à été effacée lors de la traversée des enfers. Cette sœur ne pourrait certainement pas comprendre ce décalage. Sa réaction était naturelle, elle s’éloignait, mettant le plus de distance possible pour sa sécurité avant de se heurter aux obstacles vivant de cette contrée. Sairon en profitait pour se redresser sans lui proposer de se relever, la laissant ainsi contre la terre humide. De toute façon, ce n’était pas un peu plus de saleté qui allait changer quelque chose vu l’état des tissus qu’elle porte.

-Inquisiteur Sairon Senryu ma Sœur. Je ne vous veux pas grand-chose … Vous étiez sur le chemin que j’empruntais.

Le chemin qu’il se créait était peut-être plus précis. Mais avait-elle besoin de savoir qu’elle était perdue au milieu des contrées du chaos ? Elle paniquait déjà bien assez comme ça à ses yeux et il n’avait aucune envie de calmer une femme qui ne savait pas contrôler ses émotions. Elle parlait cependant de chevalier. Regardant autour de lui, il en apercevait aucune trace. Il jetait alors un coup d’œil au sol, observant par contre des traces de pas qui s’en allait d’ici. Elle avait été abandonnée ? … Ou alors était-ce pour attirer l’ennemi ailleurs ? Dans tous les cas, un chevalier aura du mal s’il est tout seul.  Autant le considérer comme mort.

-Je n’ai aucune information sur ce dont vous parlez. Vous êtes visiblement seule au milieu de cette contrée hostile.

Il retournait alors à son épée qu’il retirait du sol. Ceci laissait paraitre un bruit, naturellement. Elle était dans un triste état et elle se préoccupait plus de son apparence que de son sort en cet instant. La couleur de ses joues ne trompait pas ce genre de comportement. Il soupirait silencieusement avant d’être étonné en entendant sa question … On ne lui avait jamais appris qu’on ne donnait pas sa confiance de cette manière ?

-Ma Sœur … C’est tout naturellement une question idiote. Bien sur que non ! Vous ne pouvez pas me faire confiance. Nous ne partageons aucun lien et ne nous connaissons guère.

Ce n’était peut-être pas la réponse qu’elle attendait. Mais au moins, il était honnête. Le seul lien qu’ils pouvaient avoir en commun était l’église. Mais ayant aperçu ses compagnons se déchirer entre eux en enfer, ce lien était bien trop faible pour porter la confiance.

-Mais c’est à vous de voir … J’ai beau donner mon avis, je ne suis pas celui qui décide à votre place. D’un autre côté, vous n’avez visiblement pas d’autre choix que d’accepter ma compagnie pour le moment. J’imagine que vous allez me demander de vous escorter ? …