Le regard rouge embrasse l’immense territoire qui s’étale devant lui. Une vague de bonheur, mais aussi de nostalgie envahit celle qui pose ce regard sur cette étendue si sauvage. Ces immenses herbes, cette végétation si vierge de toute machine, de toute civilisation, cet air si pur, ce vent si agréable, ce calme si apaisant, Akita n’était jamais venu ici. Ces étranges lumières semblent l’emmener d’un endroit à un autre et ici la ville de son arrivée devait être loin, très loin. Elle est bien plus à son aise, au milieu de ses herbes hautes, même si ces dernières, malgré leur taille, ne la cachent pas. Au moins ici, il est peu probable qu’on la traite comme un être déguisé ou qu’on la chasse comme une créature effrayante. Ici son apparence de belle grande plante ne sera perçu ni comme un danger, ni comme une attraction ou même comme un sujet de laboratoire. Mais comme un être à part entière. Fière de ce qu’elle est, libre sans la peur de se retourner à chaque pas. La nature, elle connaît et celle-ci n’est pas son ennemie, bien au contraire. Jamais elle ne s’est aussi libre dans ce endroit dégagé, aussi pleine de vie. Le soleil au-dessus de sa tête, le vent dans les ramures de son corps, la terre sous ses pieds. Si la liberté a ce parfum, alors elle veut le sentir toute sa vie. Mais combien de temps avait-elle marché ? Combien de distance avait parcouru depuis qu’elle était passé au travers de cette étrange lueur ? La dame-plante l’ignorait, comment pourrait-elle le savoir ? Le temps ne peut-être calculé qu’en terme de jour et de nuit pour un être qui ignore la notion de temps. Mais cette longue l’épuise, non pas physiquement, sans organe et avec autant de nourriture, elle ne se fatigue jamais. Non cette marche l’épuise mentalement, une plante est plus fait pour végéter. Mais où s’arrêter, au loin, au milieu de ses immenses herbes, un arbre semble régner sur cet endroit, comme dressé pour dominer ce qui l’entoure. Cet arbre sera son abri. Elle presse le pas et se retrouve vite sous l’arbre. Des vrilles se dressent et viennent s’accrocher à une lourde branche pour retomber sur le sol. Akita en dresse plusieurs ainsi, d’autres s’étalent sur le sol. Après un long moment à "tisser" ses vrilles, celles-ci forment ce que les êtres de chair appellent une tente, Akita laisse une ouverture pour que l’air circule mieux. Les vrilles émanant de son corps, elle est, de fait, déjà dans son habitation. Elle s’assoie au milieu de son habitation, en tailleur et ferme les yeux comme pour se reposer, sereine, apaisée, foi en l’avenir et l’espoir de rentrer un jour chez elle plus fort que jamais.