«
Je suis parti d’un petit village se situant autour du Mont Olympe. Je pense qu’une démone comme toi doit le connaître, vu les légendes que l’on raconte autour de ce lieu. C’est le fait d’être bercé par ces légendes qui m’a donné envie d’explorer le monde et le découvrir… Et concernant mon physique, je sais qu’il est handicapant. Pour cela que j’ai voulu apprendre la magie, afin de me défendre et faire comprendre que même en temps qu’homme j’ai ma valeur, sans avoir un physique de monstre. »
Le Mont Olympe… La dernière fois qu’elle avait dut y aller, c’était pour un problèmes entres les enfers et la direction de quelques divinités, notamment un petit seigneur des morts bien orgueilleux qui pensaient pouvoir prendre le dessus sur l’acquisition des âmes par quelques démons pactisant. Cela avait été l’occasion d’interminables palabres, qui s’étaient d’ailleurs soldées par une mise au défi relativement audacieuse de la part de la précédemment mentionnée divinité, celle-ci ayant eut le malheur de prétexter qu’une messagère telle qu’elle ne pouvait décemment se croire suffisamment importante pour oser forcer la main des dieux. Cela avait aboutit à un affrontement sommaire où l’archi-démone avait eut le malheur de combattre de manière un peu radicale dans sa colère, et elle croit encore se souvenir avoir fait sauter l’un des bras de son corps, au niveau de l’épaule, ce qui manqua de peu de créer un incident diplomatique qu’elle s’affaira à corriger peu après. Enfin, hors divagations, elle connaissait effectivement ce domaine, désormais bien vide, nombre des dieux ayant quitter leurs saints domaines, mais quant elle y pensait, peu étaient les villages alentours, et généralement ceux-ci étaient principalement habités par des communautés extrêmement renfermées et pieuses… Était-ce le cas de son compagnon ? Cela lui semblait un brin étrange, il aurait sûrement tiqué un peu plus sur sa nature démoniaque si la religion avait une telle place dans son coeur. Une question qu’elle pouvait se garder dans un coin de la tête pour plus tard, sûrement, en attendant ils avaient d’autres points à converser :
«
Pour ma part, je pensais pouvoir compter sur ma magie, je n’ai donc pris que ma dague et de quoi me sustenter. Je n’ai donc rien d’autres pour me défendre aussi. Nous devrions donc être plus prudent dans nos déplacements je pense, sinon nous sommes mal.-
Effectivement, nulle magie en ces lieux. Les dons de détections viennent à manquer, les sorts basiques de résistances et de protection aussi. J’oserais dire qu’heureusement pour moi, je suis ton bon contraire : la magie ne fut jamais mon fort, malgré ma nature, et une majorité de ma puissance vient de mon entraînement et de mon corps. Quant à notre progression eh bien … Effectivement, nous pouvons encore ralentir le pas. Après tout, le salopard que je poursuis ne fuit pas, il s’est juste terré au plus profond de ces lieux. J’ai donc tout mon temps. »
La faille qu’ils longeaient étant désormais derrière eux, les deux compagnons de bonne grâce continuaient leur descente vers les profondeurs. Ils gardaient tout deux un pas lent, mesuré, et si il ne tenait qu’à la démone d’allonger son allure pour pouvoir perdre le moins de temps possible, elle ne se l’aurait permit de quelques manières, souhaitant conserver auprès d’elle l’homme à l’aspect androgyne. Points de questions de nécessités ici, ce damoiseau aux cheveux roses n’étant, en soi, pas le compagnon le plus impactant de son temps en ces lieux. En revanche, elle avait à coeur de s’assurer que quiconque se trouve en ces lieux avec elle puisse s’en sortir avec le moins de peine imaginable. Question d’orgueil sûrement. En tout cas elle avait toujours l’occasion de passer par dessus son épaule un coup d’oeil discret en sa direction, et si le jeune homme semblait tenter de dissimuler certains points de sa chair de manière à ne pas en offrir les secrets, elle ne put que remarquer l’effet des plus étranges dont il fut le sujet une fois la faille passer. Elle crût à une forme de fatigue de sa part lorsqu’elle l’avait vu se fondre lentement dans le décor, comme si les contours de son corps ne sauraient être suffisamment net pour en conserver l’existence. Désormais éloignés de l’obsidienne, elle ne put que constater que ce point de vue était aussi faux que son impression d’honnêteté chez son compagnon ! Il reprenait forme à mesure qu’ils s’éloignaient du maudit cristal et de son incroyable, son omniprésente existence en ces lieux. De là à comprendre qu’il lui avait menti sur son humanité, il n’y avait pas besoin de longtemps réfléchir, mais elle ne saurait lui relever cet état de fait pour l’instant.
En revanche son inconfort, son manque d’assurance, lui, semblait ô combien réel. Keleth avait fait le choix de lui parler des éventuelles monstruosités que pouvaient abriter les cavernes ancestrales de ces montagnes, et elle avait pleine conscience que cela avait dut affecter plus que de raisons le damoiseau. Nerveux, elle le voyait être d’autant plus prudent, regardant bien souvent derrière eux pour obtenir la confirmation que rien ne se terrait dans leurs dos, s’apprêtant à leur sauter dessus avec la plus grande des malices. Sur ce point, l’archi-démone devait sûrement paraître bien calme aux yeux du garçon aux cheveux roses, étant donné qu’elle ne prenait jamais le temps de se retourner. Elle se fiait à ses sens, tendait simplement l’oreille, laissant son ouïe faire le travail dans ce genre de caverne si profonde que la moindre présence dans le même couloir ne pourrait pas ne pas être remarquée. A moins qu’il ne s’agisse de quelques spectres d’aventuriers ayant connu une triste fin au creux de ces monts, et que celui-ci, dans ses terribles griefs, se déplacent sans un bruit pour assouvir vengeance et cruauté sur tout être de chair se présentant à ses griffes. Dans la situation éventuelle où cela arrivait, son arme aurait toute capacité à trancher la forme spectrale, mais l’effet de surprise ne saurait que leur coûter en forces et endurances partagées. En tout cas, leur progression se fit dans le calme, l’un comme l’autre ne souhaitant visiblement pas échanger dans les situations où ils risquaient, par leur verbe, de signaler leur position à quelques entités belliqueuses. Et honnêtement, Keleth s’en satisfaisait. Elle aimait échanger, mais seulement quand le cadre s’y prêtait, et elle appréciait que son compagnon sache reconnaître les instants où ils pouvaient se le permettre.
Atteignant les abords d’un boyau, Keleth manqua poursuivre son chemin tout droit, mais l’instinct l’appela à faire un court arrêt, et de contempler le passage qui fendait la roche pour filer vers les tréfonds de ce domaine. Est-ce que son fugitif aurait put l’emprunter ? Si il voulait trouver le plus rapidement possible un chemin vers les lieux les plus sûr, cela paraîtrait évident … Suffisamment pour qu’elle prenne elle même le risque de le faire ? La démone aux cheveux d’argent finit par se dire que oui, si bien que s’éloignant de son chemin principal, son compagnon masculin sur les talons, ils dévièrent de leur cheminement premier pour s’enfoncer plus rapidement vers les profondeurs par le biais de cet étrange passage. Comme leur surprise fut grande quand, deux cent mètres plus loin, ils débouchèrent sur cette fantastique cavité naturelle, tant et si haute qu’elle obligea son compagnon dénué de vision nocturne d’élever sa torche, laissant les flammes miroiter dans l’éclat singulier et terrible d’un plafond d’obsidienne aux aiguilles aussi larges que longue. Une véritable arène de force brute. Une ouverture de plus de vingt mètres de diamètres, relativement plane, couvée par le regard noir du cristal annihilant toute formes de pouvoirs, et ce à une telle concentration qu’il était tout simplement inconcevable que la plus petite forme de magie ne puisse jamais naître en ces lieux, même par la volonté des plus puissants mages du monde. Keleth leva le menton vers les sommets de la cavité, jeta un regard noir à cette terrible forme cristalline qui lui rendait son air suspicieux. Une catastrophe. Leur présence ici était une catastrophe.
Et ce qu’elle entendit de son ouïe fine ne tarda pas de confirmer son pressentiment :
«
Vite Keleth, partons de cette pièce. Si on croise quelque chose ici, là on sera vraiment mal.-
C’est déjà trop tard ... »
Sortant de quelques tréfonds puants, par le biais de l’unique autre sortie de cette arène naturelle, ce fut une véritable avant-garde de gobelinoïde qui se tirèrent des ténèbres, l’oeil vil habité par quelques appétits malsains. Un frisson parcourue le corps de l’Exécutrice, et pas de ceux qui sont agréables. En dénombrant une dizaine sans le moindre problème, elle fut d’autant plus mise sur ses gardes quand elle vit en sus la forme plus sombre encore de deux Hobgobelins à leurs suites, ces derniers ayant en main les fameux kopesh, armes orcs qu’ont sut affectionner ces ersatz de gobelins bourrés de stéroïdes. Une menace qu’elle aurait jugée tant et tant insignifiante normalement qu’elle se serait permise de les ignorer tout de go, mais dans le cas présent, ce petit armada de chasseurs aux mœurs aussi viles que leur faciès ne laissait guère de doute sur les risques qu’elle et son compagnon encourraient désormais. Et si la démone était prête à se défendre avec une rage qui auraient même sûrement de quoi faire trembler ce petit groupe, il était clair que le moral d’Himéros ne saurait faire le même effet, la femme ayant comprit dès ses premières paroles que l’aventurier ne se sentait guère en capacité de faire face à ces monstruosités dont le cuir avait muté à force de vivre dans ces profondeurs malsaines. Plaçant lentement sa main sur le pommeau de son arme, elle s’apprêta à dégainer à la moindre forme d’assaut de la part de leurs nouveaux hôtes, tandis qu’elle sentit le jeune homme se rapprocher de plus en plus de son dos. Pitié, elle n’avait pas besoin de ça, si il restait si proche il allait la gêner.
«
S’il-te-plaît ne … QUE ! »
Dérapage, panique ou autre, en tout cas, alors qu’elle allait lui intimer de lui laisser de l’espace, le pauvre jeune homme en plein désarroi la poussa en avant de toutes ses forces, la projetant en avant, la déséquilibrant, et l’obligeant surtout à se rattraper comme elle le put au sol, sonnant par la-même une attaque immédiate et violente de ces saloperies de peaux-ver… de peaux-noirs. Hurlant et caquetant, elle en entendit deux lui passer à côté comme pour se mettre à pourchasser l’androgyne tandis qu’elle se redressait en toute hâte. Mais déjà les autres se ruaient sur elle, l’obligeant de réagir le plus rapidement possible, et ce sans pouvoir s’occuper de l’état de son compagnon, dont la traîtrise évidente ou maladroite venaient de les mettre tout deux dans la pire des situations. Elle n’eut pas le temps de tirer sa lame de son fourreau que l’une des peaux noirs voulut lui attraper la tête, sûrement pour l’handicaper, mais elle eut le réflexe de l’en empêcher, venant claquer sa paume au niveau du menton de l’ignoble petit pourceau pour l’assommer sommairement. La bête gargouilla péniblement tandis qu’un autre vint bondir au flanc de l’Exécutrice pour tenter de planter son coutelas dans sa chair. Comme si elle allait se laisser faire… Attrapant le crâne difforme du gobelin qui voyait encore quelques étoiles, elle l’attira sur le chemin de la lame du second, le fier peau-noir quasiment sûr de son coup se retrouvant à transpercer la tête de son camarade d’une oreille à l’autre, en ligne droite. Un cri de stupeur de la part de cette raclure plus tard, et Keleth, le regard fou, avait enfin tirée sa propre lame, s’octroyant le droit à une torsion de son buste pour sectionner le corps malingre de la saloperie qui avait manquée la blesser.
«
Même affaiblie, j’ai de quoi vous massacrer, vermines ! »
Cinq restaient encore proche d’elle, sans parler des hobgobelins, et sa première démonstration manqua lui offrir un moment de flottements pour se reprendre, si ce ne fut pour le grognement guttural de l’un des deux supérieurs, sommant sûrement aux plus petits de se jeter sur leur futur petite poupée de chair. Ce qu’ils firent, en compagnie de l’un de leur chef d’escadrille, le derniers restant étrangement en arrière. Tant pis, elle cueillit le premier à portée d’un geste vif, plantant sa lame dans son estomac d’un mouvement sec, avant de l’en sortir tout aussi rapidement pour le laisser vider ses entrailles au sol. En revanche, elle en vit un second qui ne chercha même pas à faire semblant de l’attaquer, celui-ci s’élançant sur son sabre pour l’attraper à pleine main et l’immobiliser. Elle n’eut pas le temps de dévier sa lame, dont le tranchant dépendait bien plus de ses muscles et du mouvement que de l’outil en lui-même, et se retrouva avec son arme bloquée par les mains caleuses de l’ignoble bête lui servant un rictus glacé d’amusement sournois. Deux autres gobelins arrivant au contact pour lui arracher les chairs de leurs lardoirs, l’Exécutrice n’eut d’autre choix que de reculer, lâchant son arme dans la foulée pour pouvoir esquiver le premier coup, le second zébrant son ventre superficiellement. Si ce ne fut pas l’action la plus probante de ces petites saloperies, cela fut encore plus ridicule quand les vêtements de l’archi-démone, endommagés par la lame, lâchèrent d’un coup, libérant son ventre mais surtout son pubis imberbe à la vue de ces immondices. Cette simple vision les arrêta un court instant, mais celui-ci fut suffisant pour que la démone prenne un bon appui après l’esquive soudaine, et élance sa jambe, envoyant la lourde plate-forme de sa soque dans le nez crochu du gobelin le plus proche, lui enfonçant l’arrête nasale dans le crâne. Et de deux…
Mais ce n’était pas assez. Surtout quand elle remarqua la forme sombre du hobgobelin se détacher sur sa gauche, ce dernier abattant lourdement son kopesh sur elle. Elle ramena sa jambe rapidement pour qu’il ne puisse pas entamer sa cuisse, voir la sectionner au vu de sa faiblesse, et manqua effectivement de peu la puissante arme qui eut suffisamment de puissance pour fendre la roche au sol. Putain, elle n’avait pas intérêt de se prendre le moindre coup ! Tout juste eut-elle le temps de se dire cela que le gobelinoïde lui ayant volé son arme se jeta sur elle et son équilibre précaire, la propulsant au sol alors qu’elle lui attrapa le cou pour le lui rompre de sa poigne. Mais elle n’avait pas les mêmes forces, et même si elle l’étouffait, il conservait assez de puissance pour entamer d’arracher sa faible tenue, réduisant en charpie le tissu qui couvrait le reste de corps. De rage, elle relâcha son emprise pour mieux lui attraper la tête et la fit tourner sur elle même violemment, produisant un craquement sinistre. Elle n’eut que le temps de rejeter ce corps sans vie que l’hobgobelin reprenait son assaut sur elle, amenant le plat de sa lame avec force en direction de la tête de la démone, cherchant très clairement à l’étourdir. Heureusement qu’elle avait encore sa vivacité pour elle. Elle roula en avant le plus rapidement possible, évitant le second coup d’un cheveux, et attrapa la dague d’un des trois gobelins mort dans la foulée, avant de l’envoyer telle une arme de jet dans le torse de sa quatrième victime, le pauvre se retrouvant immédiatement arrêté net dans sa volonté d’attaquer la démone. Elle bondit alors en direction de son sabre, que le gobelin avait abandonné après qu’elle l’ai lâché, en récupéra la réconfortante présence, et se redressa en direction des deux survivants de l’assaut.
Le sang lui battait les tempes, la sueur lui perlait sur le front. Cet enchaînement, aussi court réellement que rigoureux en terme d’effort physique lui pesait, et elle remarqua que malgré son application parfaite de ceux-ci, elle en ressortait affaiblie, et essoufflée. Dire qu’elle pouvait normalement combattre aussi vivement, même plus encore, pendant des heures sans jamais ne se sentir affaiblie ou perturbée par son corps. Là, nue, elle avait déjà quelques traces de griffures sur le haut du corps, et son ventre portait la longue ligne rougeoyante de la pointe du couteau qui avait touché ses chairs… Quel enfer décidément. Surtout que ses deux ennemis fondirent de nouveau sur elle, ne lui laissant pas plus de temps pour se reprendre. Elle voulut viser le gobelin, afin de se retrouver sans gênes face au plus gros, mais quand elle voulut le faucher de sa lame, la petite forme de vie ignoble fut tirée du sol par le hobgobelin, qui s’en servit comme d’une massue pour venir percuter la tête de la démone aux cheveux argentés. Le corps de l’être vil craqua lorsqu’il rencontra le crâne de Keleth, mais le choc lui fit perdre l’équilibre, cette belle dame élancée et nubile partant de côté en titubant. Elle voyait double, et l’une de ses oreilles sifflait. Seule l’expérience lui permit de comprendre quand son traître adversaire revint à la charge, la luminosité changeante à l’approche du corps massif lui permettant d’éviter bien moins gracieusement son troisième coup de kopesh, heureusement qu’ils sont lents, pour qu’elle élance alors sa lame et la fasse passer aux trois-quarts dans la tête de son ennemi, avant qu’elle n’y reste fichée.
«
Putain de salo… perie… Et restez bien mort petites merdes... »
Elle avait oubliée le dernier un court instant, et cela lui coûta son dernier sursaut de réactivité. Confuse, la vue trouble, elle le sentit à ses côtés alors qu’il était déjà prêt à agir, et c’est dans un mouvement d’urgence qu’elle élança alors sa jambe pour tenter de lui mettre un coup au crâne pour le perturber. Mais ce fut trop lent, trop prévisible pour le hobgobelin qui l’avait observée faire durant tout l’affrontement. Il attrapa sa cheville sans problèmes, l’écrasant douloureusement entre ses gros doigts calleux, puis la tira du sol sans qu’elle ne puisse s’y opposer, en trop mauvais équilibre. Epuisée, ses cheveux d’argents collés aux tempes par la sueurs, tout ce qu’elle eut le temps de voir fut le lourd poing de cette créature partir et se ficher puissamment dans son estomac. Elle essaya de tenir le coup, mais … elle perdit le souffle, puis conscience.
*
* *
Quant elle ouvrit les yeux à nouveau, elle mit un certains temps à comprendre ce qu’il se passait. La première chose qui la fit réagir ne fut pas la lumières des flambeaux environnants, pourtant suffisamment vive pour révéler les formes rustiques et aléatoires de quelques tentes faites de peaux tendues et de chitines récupérées sur quelques-uns des insectes géants qui se baladent dans les galeries. Ce en fut pas non plus les propos tout simplement indescriptible qui environnaient sa conscience, à base de sons gutturaux, de bruits de crachats comme si un félin enroué essayait de prononcer des mots, ou même caquètements qui auraient put être comiques si ils n’étaient pas affiliés à quelques voix nasillardes et obscènes. Non, ce qu’elle perçut en premier lieu fut l’odeur âcre d’encens lourds, à base d’herbes étranges et de substances indescriptibles, qui grillaient en crépitants autour d’elle. Les vapeurs avaient sûrement quelques effets, et outre le fait qu’elle avait été sonnée plus tôt, les fragrances horribles qui envahissaient son nez et ses poumons depuis un long moment désormais avaient entamés depuis longtemps leurs fonctions dépravés. La femme avait horriblement chaud, né de ce cuisant brasier interne au corps. L’excitation, l’avilissement, ses pensées n’étaient pas bien nettes mais il en ressortaient de terrible images qu’elle comprenaient être induites par ces produits chamaniques. Elle se tortilla, vainement. Ses forces l’avaient bien quittées actuellement, la faute en étant très clairement le large morceau d’obsidienne auquel était attaché ses poignet par une corde rugueuse et épaisse.
Elle eut un court temps pour comprendre sa position. Elle était allongée sur le ventre, sur une haute dalle de pierre, et n’avait désormais de tenue que ses gants et ses cuissardes, le reste ayant été ôté depuis longtemps. Ses bras étaient tirés en avant pour l’empêcher d’en utiliser les forces, pour finalement être attachés directement à l’outil qui drainait ses pouvoirs. Enfin, comme si ce n’était pas assez drôle, le bas de son corps était en dehors de la stèle, ses hanches dans le vide et ses jambes pendantes, ses pieds nus ne touchant même pas le sol. Elle était quasiment certaine, au vu de la sensation, que quelques peintures lui avait été appliquée sur le dos, mais elle ne pouvait le voir. Et pendant qu’elle fit cet inventaire, elle retrouva lentement ses sens, assez pour donner un sens aux paroles chamaniques et rituels autour d’elle :
«
Rohka toa ! Krul ku virshasa. Rokeh Kshus tuva ! Krul ku virshasa. »