Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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[Suspendu ad-finitam] Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".
La pluie rageait depuis plusieurs jours déjà, abreuvant la terre, qui devint boueuse, glissante, tout simplement impossible à parcourir avec un pied certain. Ce n'était pas un climat habituel pour la saison des chaleurs de Nexus, et c'était justement ce qui avait trainé Serenos, le Roi lui-même, aussi loin des frontières de sa contrée natale. Quelque chose se tramait, en Nexus. Lorsqu'on était comme lui un être sensible à la magie, capter les ondes négatives de Nexus était d'une facilité déconcertante, mais ce qu'il avait ressenti, par delà les mers et la distance, c'était quelque chose de sombre.

Ce qui était évident, cependant, c'est que le traffic d'esclaves restait toujours très populaire à Nexus, et du coup, beaucoup de malheur et d'énergie négative émanait de la belle cité d'or. Le malheur, l'inégalité, la colère, la violence, tout existait et tout se propageait, autant à l'intérieur de la cité que dans ses campagnes. L'esclavage, aux yeux de Serenos, était une abomination que seules les nations faibles et sans honneur s'accordaient à apprécier, mais qui restait toujours aussi populaire sur le Continent, et ce n'était malheureusement pas son rôle de libérer les esclaves ou de monter une croisade contre les responsables de ce commerce.

Alors, que faisait exactement Serenos en Nexus? C'est une excellente question. Les raisons diffèrent selon l'histoire qu'il a donné à son entourage. La seule qui comptait pour lui était que depuis quelques jours, quelque chose dans ses tripes voulait qu'il y soit, comme si quelque chose de très important allait se produire. C'était peut-être vrai, après tout, car ce sentiment ne lui était pas étranger, voire même qu'il se produisait tellement souvent qu'il s'interrogeait parfois s'il n'avait pas un certain don de prophétie. Un besoin vicéral d'être exactement là où le destin voulait qu'il soit, pile au bon moment, pile au... ah tiens, non.

-Serenos Sombrechant, Roi de Meisa. Quelle belle surprise.

Serenos aurait pu reconnaître cette voix entre milles. Le templier Samson, une merde de premier plan et une fraude, une insulte au nom des hommes qui consacraient leur vie à lutter contre les maléficiens et les corrompus. Autrefois Chevalier-Capitaine au sein de l'Ordre du Temple Immaculé, Serenos et le Roi Liam Ivory avaient découvert ses "projets personnels"; le traffic de jeunes mages et magiciennes, envoyés contre leur gré dans des camps d'expérimentation magiques clandestins. Les deux Rois avaient depuis convenus que Samson n'était pas digne de son poste, et que les jeunes magiciens, même pour l'époque qui était très réservée sur la qualification des mages, méritaient de grandir en sécurité, et non d'être utilisés comme des objets.

-Je doute que cette surprise n'en soit vraiment une, Samson. Vos hommes sont trop bien positionnés et trop sûrs d'eux pour un coup de brigandage improvisé.

D'un doigt, Serenos pointa les trois sorties possibles, et des hommes se révélèrent, puis se rapprochèrent pour bloquer la moindre retraite, incluant le chemin d'où il venait. Serenos n'était cependant pas nerveux; il avait été formé pour combattre contre des templiers, même des renégats. Avec ou sans sa magie, il serait naif pour n'importe qui de s'approcher de lui.

-Vous savez que nous sommes très près du marché aux esclaves? Une attaque nocturne serait une excellente idée dans les bas-fonds, mais ici... vous êtes soit fou, soit préparé, Samson.
-Par votre faute, mage, j'ai perdu mon poste, mon nom, ma réputation. Un templier reste un templier, qu'il soit ou non au sein de l'ordre, savez-vous pourquoi?
-Parce que votre dépendance à la Pierre Bleue ne vous quitte qu'après des mois de sevrage? Parce que vous êtes trop faible pour vous recycler dans une profession digne? Choisissez, mais disparaissez de ma vue.
-Ce soir, mage, votre sang coulera! Soldats!

Et voilà exactement ce que Serenos attend de chaque confrontation avec un ennemi; le moment où il cesse enfin de placoter et qu'il passe enfin à l'action. La provocation a eu l'effet escompté, et les soldats se jetèrent dans sa direction. Des amateurs. Peut-être une brève carrière militaire, mais aucun n'avait l'entrainement dont il avait bénéficié.

Un des brigands agrippe le manche de son arme à deux mains et tenta de le frapper de sa lame. Un pas et il fut hors de la trajectoire de la masse. Ses pieds bougèrent rapidement et il réduisit la distance entre lui et son premier adversaire, dégainant son épée à une vitesse fulgurante pour trancher le bras de l'homme, lui arrachant un horrible cri de douleur, mais toujours moins strident que celui qu'il émit quand le Roi posa une main brulante sur son moignon sanglant pour cautériser la plaie. Le tuer serait simple, mais le laisser vivre avec sur sa chair le souvenir douloureux des conséquences de ses choix était une punition suffisante. Il le repoussa d'un coup de pied, puis fonça vers l'autre brigand. Un, deux, trois, il réduisit la distance, frappa son épée qui lui glissa des mains et lui porta un coup aux cuisses. Il sentit la chair et les muscles s'ouvrir sous son coup de lame, mais il ne s'arrêta pas pour autant. Il asséna un puissant coup de pommeau au visage du brigand, puis l'enjamba pour se ruer sur Samson.

Samson n'était pas comme ses collègues. Il était un ancien templier. Ses capacités martiales avaient été façonnées pour lutter contre des menaces plus importantes qu'un humain normal, mais il restait tout de même apte à lutter contre un autre avec une lame. Serenos ne perdit aucun temps pour passer à l'attaque, et pas sans renfort. Auparavant, l'exil avait suffit; cette fois, cet homme allait goûter à sa colère. Il jeta sa lame au sol et invoqua son énergie pour la transmettre dans tous ses membres.

-J'ai passé ma vie à prévenir les souverains et la Divine Holy contre les gens de ton espèce, grogna le Roi de Meisa. "Non, Serenos." qu'ils disaient. "Les templiers sont tous vertueux." qu'ils disaient. Et maintenant, misérable chiure d'âne décrépit, quelle vertu invoqueras-tu pour me convaincre de t'épargner?

Il n'eut évidemment pas le temps de répondre avant que le poing du Roi ne s'envole, renforcé par la puissance magique qu'il avait invoquée, et qu'il enfonçait son poing dans son torse et l'expédiait contre le mur. L'impact fit s'effondrer la paroi de mortier et de brique. De l'autre côté, de jeunes femmes aux bains le fixaient, nues.

-Mesdames, je m'excuse du dé...

Il remarqua bien vite leurs bracelets. Des esclaves. Elles étaient attachées au mur, nues, et leurs abdomens avaient été ouverts, leurs tripes tombant sur leurs jambes.

-Oh... Et merde...

***

ALEXANDER TREVELYAN

***
-Vous êtes sûr de votre source, Varric?
-Combien de fois vais-je devoir vous le répéter, Inquisiteur? Il est infaillible!
-Vous m'avez dit la même chose au sujet de votre autre source dans le Navarre!
-Là, vous visez bas, Cuivré. Comment j'étais sensé savoir qu'il était mort depuis des mois et que son meurtrier nous envoyait de fausses informations avec son seau?
-Vous n'êtes pas un auteur? Vous... Oh, et puis, laissez tomber, Varric.

L'Inquisition ne s'occupait pas souvent des cas de meurtre dans les cités où ils n'avaient que très peu de support, mais quelque chose avait piqué la curiosité d'Alexander dans cette histoire de sacrifices rituels, car quand ce genre de pratique était exécuté, les histoires sur la magie du sang ne tarderaient pas à émerger, et la magie du sang était une préoccupation de l'Inquisition, et plus spécifiquement des magiciens comme lui, car les résultats de ces pratiques étaient souvent catastrophiques. Pour leur enquête, Alexander avait demandé à Varric, son fidèle ami Nain, Dorian, le charmant Tévintide et Iron Bull, le puissant Qunari, de l'accompagner à Nexus. Varric était le meilleur camarade à avoir lorsqu'on s'aventurait dans des territoires urbains inconnus; sa facilité à se faire des amis était tout simplement incroyable. En contrepartie, Dorian était un Tévintide, et sa culture encourageait l'étude des magies interdites, ce qui faisait de lui l'expert en matière de magie du sang. Iron Bull était... eh bien, Iron Bull. Un géant qui gardait les ennemis loin, et les amis en sécurités.

Récemment, Varric avait entendu d'une source que le Roi de Meisa, un homme réputé pour son usage de la magie, était récemment arrivé à Nexus. Beaucoup de suspicions pesaient sur lui par rapport à sa pratique parfois non éthique de ses pouvoirs. S'il n'était pas à l'origine de ces massacres, il y avait peut-être un lien entre eux, et il était du devoir de l'Inquisition de s'assurer que personne ne serait blesser dans l'incident possible.

Le Roi se trouvait apparemment dans les quartiers de la hauteville, mais jusqu'à maintenant, leur recherche semblait ne porter aucun fruit.

-Peut-être devrions-nous demander de l'aide à la Reine? proposa Dorian.
-L'idée parfaite pour se retrouver encore une fois dans une intrigue politique à la noix.
-Allons, je ne faisais que proposer.
-Et moi, râler.
« Modifié: mardi 04 juin 2024, 19:28:08 par Serenos I Aeslingr »

Synthesis Novella

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Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

Réponse 1 lundi 22 janvier 2018, 00:38:04

Il est de ces choses qui peuvent sembler évidentes pour certains, qui ne sont référencées nulle part, puisque tous pensent que ces choses, ou ces concepts, sont innés et non pas acquis. Des choses que des parents apprennent à leurs enfants, ou que ceux-ci apprennent en expérimentant d'eux-même. Comme la jolie flamme de la bougie qui brûle douloureusement les doigts, ou simplement que la pluie mouille, et qu'un voyage se prépare et est long. Mais en l'absence de parent, ou de toute forme d'éducation, hormis la documentation littéraire, Synthesis découvrait ces petites choses avec stupéfaction telle une enfant, malgré son âge relativement avancé.

Cela faisait sans doute une bonne heure qu'elle était là, au milieu de ce chemin de terre, les bras légèrement écartés pour mémoriser les sensations des gouttes de pluie sur son corps. Les petites perles tombaient sur ses vêtements, éclatant sans pour autant la blesser, en jouant une petite mélodie, différente selon qu'elle tombe sur une feuille, la terre, la peau, le tissu, une pierre, ou une flaque d'eau. Pour une fois, elle était seule, les voix ne se manifestaient pas, elle avait donc tout le loisir de profiter de ce moment, mais point trop tout de même : elle connaissait le froid, et sentait sa morsure sur ses épaules et ses cuisses. Si Synthesis se trouvait sur cette route, à marcher en serrant sa fine cape trempée contre elle, c'était car on lui avait parlé de Nexus, et n'y étant jamais allée, elle se devait de voir de ses propres yeux ce lieu. Et sur le chemin, la pluie s'était mise à tomber, et la douce odeur, très discrète, des regrets lointains, l'avait appâtée.

En reprenant sa route, quelques voix s'étaient éveillées, pour lui indiquer les directions à suivre, mais surtout, que les regrets étaient très forts, et qu'elle allait donc se régaler. Mais quelques unes parlaient aussi de magie, puissance, chose étrange et incompréhensible, que Syn ignora en continuant son chemin. La route de terre bordée d'arbres et de buissons laissa progressivement place à des étendues vierge, surveillées depuis des fortifications. Les passer ne fut pas compliqué, n'ayant rien à se reprocher, ni quoi que ce soit de compromettant sur elle. En fait, elle n'avait tout simplement rien sur elle, sauf deux ou trois bricoles dans ses poches.

Continuant le long du chemin, Syn buta sur quelque chose de dur, et se rendit compte que le chemin était devenu une route, pavée. Les habitations étaient symétriques, entretenues et visiblement richement conçues. Puis la route se stoppa sur une petite place. Il y avait peu de monde en raison de la pluie battante, mais tout de même un certain nombre de personnes. Il était dur pour elle de passer inaperçue, blanche de la tête aux pieds, et trempée jusqu'aux os, mais on passait son chemin. Au fur et à mesure qu'elle progressait, elle oubliait les autres, regardant les pavés sous ses chaussures. On lui avait dit que cette ville était commerçante, active, vraiment vivante, et qu'elle saurait à coup sûr satisfaire sa curiosité, et sa soif de connaissance. Peut-être même y trouver le bonheur qu'elle recherchait tant.

Pour le moment, Syn observait la place de ses yeux innocents. Elle n'était pas toute seule, comme elle l'avait cru deçà quelques secondes, en observant un peu plus loin. C'était un groupe, qui s'agitait, comme s'ils dansaient. Certains tombaient au sol, un à un, puis restèrent deux personnes. On aurait dit une fleur en train de se faner, et elle en avait vu un bon lot pour le dire. Et puis le mur derrière elle explosa, alors que quelque chose de chaud se mit à couler sur ses pieds, et sur sa joue. Syn porta les doigts à celle-ci, et observa le liquide chaud et rouge sur ses petites phalanges blanches, le regard vide de toute expression. Ce même regard qui se posa sur le cadavre à ses pieds alors qu'elle s'agenouillait. Il ne dégageait pas la douce odeur qui faisait tourner la tête de Syn. Cette odeur de fleur fanées légèrement acidulée, d'un passé regretté, d'une quête de rédemption, de regrets très prononcés. Donc aucun intérêt pour elle. Et puis, physiquement, elle avait vu mieux.


« On s'en va, ce n'est pas lui. Il ne doit pas être bien loin, pour que ça soit aussi fort, non ? »


En plus de la boue sur ses bas, ses chaussures, sa cape et sa robe, elle avait à présent des tâches de sang. Remettant en place ses boucles trempées, Synthesis bailla, et fit volte-face.. pour lever la tête, et renifler ouvertement. Lui, portait ce doux parfum qui lui titillait les narines. Mais en était-il la source ? Etait-ce lui, l'être qui dégageait cette odeur qu'elle sentait depuis ces deux heures de marche sous la pluie ? Il semblait fixer le mur, avec les filles mortes.


« Tu sais, elles n'ont aucun regret, ce n'est pas la peine de les plaindre de la sorte. Surtout qu'elles ne reviendront pas si on les regrette, donc à quoi cela sert-il ? Ca ne sert à rien, d'être triste, non ? »


N'importe qui d'un tant soit peu éduqué, ne serait pas allé à la rencontre de cet homme qui venait tout bonnement de commettre un homicide. N'importe qui d'un tant soit peu renseigné ne se serait pas mis sur la route de cet homme en particulier. Mais n'importe qui n'était pas Synthesis, qui faisait donc marche pour voir de plus près ce drôle d'individu, son regard froid et inexpressif braqué sur lui. Elle n'avait juste pas prévu de s'arrêter d'un coup net et se mettre à éternuer, le nez soudainement bouché du fait qu'elle venait tout naturellement d'attraper froid. A rester ainsi sous la pluie avec si peu sur le dos, ce n'était guère étonnant. Ses gris gris eurent alors l'éclat boudeur d'un enfant qui n'a pas ce qu'il veut, alors que la petite demoiselle se frottait frénétiquement le nez. L'odeur était partie, ou plutôt, elle n'arrivait plus à la sentir, et ne pouvait donc dire si, oui ou non, c'était bien lui qui la dégageait. Lui qui l'avait attirée en ce lieu inconnu, dont on lui avait dit beaucoup de bien, et qui avait suscité son intérêt. Et à présent, tout ceci avait disparu ?


« Allons Syn, tu ne vas pas te laisser abattre par si peu, si ? On est avec toi je te rappelle.
- Allez gamine, mords-le, je te dirai avec son sang si c'est lui que tu veux ou pas !
- Tu pourrais être plus délicat dans tes actions !
 »


N'ayant plus trop le choix, Synthesis alla se planter devant cet homme qui l'intriguait, et abaissa sa capuche, secouant ses boucles blanches, et pensant naïvement qu'elle obtiendrait une réponse. Une réponse honnête, sincère, et gentille, à une question dérangée posée de la sorte, explicitée par des mots qui n'étaient suffisants pour exprimer sa pensée, sa recherche, et son but, surtout lorsqu'on ne la connaissait pas. Mais il aurait été dur de la connaître, puisqu'elle était un projet passablement très vieux, oublié, relégué à l'état de fabulation dans la société qui l'avait mise au monde. Il était impossible de dire si son dossier était toujours dans un tiroir d'archives, tout au fond, poussiéreux, ou si on s'était décidé à le jeter, comme un énième projet défectueux. Elle n'était qu'une expérience réussie oubliée, somme toute.


« Dis-moi, as-tu des regrets ? Est-ce toi, que je sens depuis aussi loin hors de cet endroit ? »

Serenos I Aeslingr

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Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

Réponse 2 mercredi 24 janvier 2018, 04:55:24

« Tu sais, elles n'ont aucun regret, ce n'est pas la peine de les plaindre de la sorte. Surtout qu'elles ne reviendront pas si on les regrette, donc à quoi cela sert-il ? Ca ne sert à rien, d'être triste, non ? »

Une jeune femme. Il ne savait pas d'où elle venait, mais à peine Samson s'était-il évanouit sous la violence de ses coups qu'elle était apparue, couverte de sang. Une esclave, peut-être? Non. Aucune chaine sur elle. Aucune preuve de violence ou de dressage, et ses ongles n'étaient pas usés ou brisés. Cependant, elle semblait lasse, malade, comme si elle avait manqué de sang et qu'elle couvait quelque chose. Ses sens le mettaient néanmoins en garde.

Elle s'adressait si familiairement à lui, et pourtant il était certain qu'il ne la connaissait pas. Petite, avec de longs cheveux blancs, et un regard indifférent à ce qui l'entourait, il comprit rapidement que cette fillette n'était pas normale. Son esprit lui était invisible, intouchable, comme si elle avait été coupée de son contact. Il ne reconnaissait pas cette personne, et son être astral lui était complètement sourd. Pour un magicien, c'était l'équivalent d'être aveugle. Sans pouvoir percevoir son esprit ou son être astral, il ne pouvait pas lire ses pensées, comprendre qui elle était, ce qu'elle faisait là. Il ne pouvait pas non plus simplement lui demander ce genre de questions.

-Une vie est précieuse en ce monde, jeune femme, surtout que la suivante n'a rien de bien alléchant, dit le Roi de Meisa. Être triste pour eux, avoir de la compassion, c'est tout ce qu'un étranger peut avoir pour des inconnus.
 
Il s'approcha des corps puis leva les mains vers les carcasses. Il inspira lentement puis, d'une expiration, il projeta de ses paumes des flammes ardentes qui ne tardèrent pas à offrir à ces pauvres mutilées des funérailles certes peu cérémonieuses, mais au moins leur pudeur et leur honneur seraient saufs. Il savait cependant que les gardes ne tarderaient pas à se montrer en voyant les flammes, et il n'avait pas nécessairement envie de revoir Elena après ce qui s'est passé. Alors que Serenos et la famille de la Reine avaient été longtemps amis et alliés, la jeune femme lui offrait une froideur et une distance qu'il ne comprenait pas, mais il suspectait l'influence de Jamïel dans cette histoire. La magicienne de la cour le voyait certes comme un ami, mais elle lui vouait également une grande méfiance, puisque le Roi attirait les problèmes comme les fruits attiraient les moucherons.

« Dis-moi, as-tu des regrets ? Est-ce toi, que je sens depuis aussi loin hors de cet endroit ? »
- Des regrets?

Pourquoi lui posait-elle une telle question? Et le "sentir"?

-Bien sûr que j'ai des regrets. En ce monde, un homme n'ayant aucun regret n'a jamais connu la perte. Je ne sais pas ce que vous voulez dire par me "sentir", mais nous devrions partir.

Il prit doucement la main de la jeune femme et l'attira loin de la maison. Il sentit pendant un instant une résistance sur sa jambe, mais lorsqu'il baissa les yeux, il ne vit que le regard de Samson. Dégoûté, il ne montra son mépris que par un simple coup de pied au visage, l'assomant une bonne fois pour toute. En moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour le dire, les gardes commencaient déjà à courir dans les rues, probablement alertés par l'usage de magie qu'il avait fait un peu plus tôt. C'était un des avantages de Nexus par rapport aux ennemis, c'était que même leurs forces de garde civile possédaient de l'équipement magique pour percevoir les magiciens qui utiliseraient leurs capacités. Le point négatif, c'est que comme Serenos et Liam avaient conçu ensemble les prototypes, Serenos connaissait leurs failles et savaient comment s'en rendre indétectable, et s'il était incapable de voir la magie en Synthesis, alors, les détecteurs ne la ressentiraient pas non plus.

Il escorta la jeune femme hors de la zone de recherche, puis relâcha sa main avant de se tourner vers elle.

-Maintenant, expliquez-moi. Qui êtes-vous, et que voulez-vous? demanda le Roi sur un ton qui se voulait calme, mais qui trahissait son déplaisir d'être "recherché" par quelqu'un qu'il ne connaissait pas.

De nombreuses personnes recherchaient le Roi de Meisa dès l'instant qu'il mettait le nez dehors. Les chasseurs de mages, bien sûr, mais aussi les Paladins de l'Ordre Immaculés, les serviteurs du Roi Cramoisi, les agents d'Ashnard, des mercenaires, des chasseurs de prime, des assassins et encore d'autres. Une fois, il avait même été approché par un enfant qui a tenté de lui ouvrir le ventre pour recueillir l'argent de sa prime pour son orphelinat. Certaines créatures magiques le recherchaient également pour se nourrir du sang ancien qui coulait dans ses veines. Pis encore, son fils Albericht n'était jamais bien loin derrière avec ses propres forces qui cherchaient à l'éliminer. Bien que sa vie en elle-même ne lui soit pas bien chère, il ne comptait pas se laisser tuer pas le premier venu, d'autant plus que Grymauch n'était pas encore assez mur pour reprendre les rennes des Trois Royaumes sans sa supervision.

***
Alexander Trevelyan
***

-De la magie?

Alexander était un mage, et ressentir la magie ne relevait en rien du miracle pour lui, c'était même une base de sa profession. Même si sa magie reposait sur l'Immatériel et non sur le plan astral, l'essentiel était le mana, et tout magicien un poil entrainé pouvait détecter l'usage du mana à des kilomètres.

-C'est de la magie astralique, commenta Solas. Invisible à l'immatériel, immunisé aux esprits, mais dangereuse et tout aussi puissante que notre magie du Voile.

Solas. Alexander le connaissait depuis que l'Inquisition avait été formée. Un allié précieux, mais avec son propre agenda. Néanmoins, il n'avait jamais connu quelqu'un d'aussi doux et gentil envers les esprits, qui sont normalement craints par tout le monde dans le monde éveillé. Ses connaissances en matière de l'Immatériel étaient jusqu'à maintenant sans pair, mais aussi ses connaissances en lien avec la magie. Beaucoup ne voyait en lui qu'un apostat, un mage sans affiliation, mais il était beaucoup plus. Un ami loyal, un coeur sensible à la vérité, mais... quelque chose de sombre en lui empêchait Serenos, et même Solethia, de le comprendre complètement.

Solethia et Solas formaient un couple parfois incompréhensible. Il n'y avait aucun doute dans l'esprit de la jeune elfe qu'elle-même et Solas étaient fait l'un pour l'autre, mais Solas était distant, autant en amitié qu'en amour. Il était très fermé à l'idée de parler de son passé, ou s'il le faisait, il restait très vague. Néanmoins, Alexander ne douterait jamais de son amour pour elle, pas après qu'il ait passé si près de la mort pour la protéger. Pour un homme avec une ambition, avec son propre agenda, mettre sa vie en danger pour quelqu'un d'autre est un acte qui relève de l'amour le plus sincère.

-Vous croyez que cela pourrait avoir un lien avec le Roi, Solas? s'enquit Alexander.
-Je crois que ce serait un pari sensé, dit-il. De ce que je sais, les mages de Meisa ne sont pas comme ceux du Nexus, ils sont d'une autre catégorie. En bien ou en mal, je ne saurais dire.
-Autant dire que vous n'en savez fichtrement rien, Solas. Ce pourrait être autre chose!
-Je n'ai jamais prétendu tout savoir, Varric, vous savez.
-Vous pourriez arrêter de tuer mes illusions? Je vais devoir changer tout ce que j'ai écrit sur vous dans mon livre!
-Vous y avez écrit que je savais tout?
-Eh bien maintenant, je vais devoir changer!

Un sourire complice de Varric, une surprise teintée d'amusement sur le visage de Solas. Décidément, Solas ne pouvait pas le détester. Ils n'étaient pas amis, mais il y avait assurément une complicité entre ces deux membres de l'Inquisition que seuls quelques rares chanceux pouvaient avoir. Le Haut Inquisiteur passa une main sur son visage et décida de trancher.

-Quoiqu'il en soit, allons voir. Avec un peu de chance, nous aurons une piste.
-Avec un peu de chance, nous trouverons de la bière... soupira Varric
-... ou une muselière pour notre ami? rajouta Solas, sans sourire.
-Dites donc, vous avez développé un sens de l'humour?
-Dites, ca vous arrive d'arrêter les vannes à deux souverains? s'exaspéra l'Inquisiteur.

Et c'est ainsi qu'ils se mirent en route vers la source de la magie qu'il avait captée, avec un nain harcelant un elfe et celui-ci qui trouvait les réponses à toutes ses provocations dans le calme le plus immuable. Alexander se félicita mentalement de ne pas avoir emmené Dorian avec lui; il ne manquerait plus que le Tévintide rajoute son grain de sel pour que son calme s'évapore et qu'il les condamne à un silence magique pour le reste du voyage.

Pourquoi l'Inquisition recherchaient-ils le Roi de Meisa?

Synthesis Novella

Créature

Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

Réponse 3 vendredi 02 février 2018, 23:25:50

C'était une bonne réponse, que celle qu'il lui avait servie. Pour autant, ce n'était guère celle qu'elle attendait. Peut-être que les gens ne se confiaient pas aussi facilement qu'elle avait pu le lire, ou qu'on le lui avait appris. Mais en ce cas, pourquoi lui aurait-on menti, alors que ça n'apportait rien à qui que ce soit ? En tous les cas, elle ne comptait pas lâcher le morceau. Pourtant, Syn fut projetée hors de ses pensées quand elle sentit un contact chaud sur sa main, celui d'une autre main, plus grande, qui la serrait et l'invitait à suivre le mouvement de fuite, faisant alors rougir ses joues pâles.

Une fois la course finie, elle se frotta le visage, pour essayer de répartir le sang et effacer ses rougeurs, pour fixer ensuite l'homme en face. Voyant son visage, son expression, elle sentit bien qu'on ne lui avait pas menti qu'un petit peu sur les relations sociales : on lui avait menti sur toute la ligne, et elle allait devoir revoir ses connaissances sur le sujet. Et devoir rectifier un tel tir avait le don de l'agacer, mais ce n'était guère le moment. Surtout que beaucoup de voix s'agitaient dans sa tête, la faisant se crisper légèrement. L'un disait qu'elle avait merdé, qu'il fallait le tuer avant qu'il ne le fasse lui-même. Un autre qu'elle avait intérêt à bien répondre sinon elle foirerait sa mission. Une encore qu'elle n'avait plus qu'à prendre son apparence pour faire ce qu'une femme sait faire de mieux pour se mettre un homme dans la poche, le mettre dans son lit, et l'amadouer ensuite pour qu'il crache le morceau. Puis d'autres encore, avec des idées plus ou moins bien formulées, plus ou moins obscènes, plus ou moins meurtrières. Mais que des idées que Synthesis rejetait.


« Je suis Synthesis. Je sais que tu me connais pas, mais promis je suis pas dangereuse. Je veux juste... t'aider. »


Pas une once de peur ou de crainte dans le regard, la petite demoiselle fixait droit dans les yeux sa “cible”, qui n'en était pas une réellement puisqu'elle ne lui voulait aucun mal. Elle semblait un petit peu perdue, sans pour autant avoir la volonté de détourner les yeux pour réfléchir. Comment expliquer ? Elle n'avait jamais expliqué à qui que ce soit ce qui était pour elle aussi naturel que respirer. Et dans sa tête, plusieurs voix se firent de plus en plus insistante, dont une notamment, qui criait qu'il voulait planter ses dents dans la chair si tendre et si blanche de cet homme, à l'odeur si alléchante, au sang qu'il devinait si sucré...


«Mais tu vas te la fermer, un peu ?! On mord pas les gens sans raison, j'ai dit non ! Non pas même une gorgée, pas un croc, rien du tout ! Et non plus, on lui met pas des talons et une mini-jupe. Mais vous avez quoi aujourd'hui ? »


Tout son air sérieux, à la limite du légèrement effrayant, avait disparu, laissant place sur son visage à une colère enfantine, les yeux perdus dans le vague, à taper du pied en gonflant les joues. De l'extérieur, on l'aurait juste prise pour une enfant faisant en caprice. Alors que la réalité était que Synthesis dialoguait avec d'autres personnes dans sa propre tête, quelque chose qu'elle ne savait pour le moment expliquer avec ses propres mots, ses propres connaissances. Si elle avait abandonné l'idée de se ranger dans une case définie pour les races de ce monde, elle n'avait pas abandonné concernant trouver les mécanismes, secrets, fonctionnements, et peut-être un nom, pour cet étrange pouvoir qu'était le sien. Mais ce n'était pas le principal. Secouant la tête, une fois avoir fait taire cet imbécile de suceur de sang, Syn releva la tête, rougissant timidement.


« Je suis désolée, ils ne m'écoutent jamais, et n'en font qu'à leur tête. Euh.. Ah oui ! Tu m'as demandé pour sentir les regrets. Je les sens, c'est tout, comme un parfum. Ca m'a amenée à toi. Enfin je crois.. C'est pour ça que je veux t'aider ! Si je t'ai senti d'aussi loin, c'est que ça doit énormément peser. C'est toujours plus compliqué d'aider un vivant qu'un mort, mais je renonce pas, tu sais ? »


Elle ne renonçait peut-être pas, mais la façon dont il semblait la juger, la décortiquer du regard, la mettait mal à l'aise et lui faisait peur, la faisant se recroqueviller dans ses habits tâchés. Elle n'en semblait que plus petite et plus blanche, avec de surcroît les joues rouges qui ressortaient d'autant plus. Elle n'osait même pas lui en demander son nom. Et si les autres avaient eu raison, en lui disant de déguerpir, et de laisser son objectif idiot d'aider tout le monde de côté, un peu ? Même en temps qu'expérience étrange, elle avait une vie et y tenait. Mais si celle-ci n'avait pas de sens ou de but, avait-elle une raison d'être vécue ? Pour sa part, la réponse était non.

Quittant ses pensées quelque peu lugubres, et revenant au visage masculin qui la regardait depuis plusieurs centimètres au dessus de sa tête, la petite demoiselle se mit soudain à fouiller ses poches. Dans sa tête, certains se mirent à gronder, sur la défensive, appréhendant la réaction que cet individu pouvait prendre en la voyant chercher quelque chose frénétiquement. Pourtant, Synthesis se redressa enfin, avec dans les mains une petite broche noircie, mais dont on devinait quand même la couleur au dessous : une couleur chatoyante, lumineuse, que l'on pouvait trouver dans le soleil. Au creux de ses petites mains blanches, y laissant des traces noires, elle lui tendit la broche.


« Elle t'irait bien ! Tu la veux ? C'est Angèle qui me l'a donnée ! Mais je l'ai un peu salie, sinon, elle brille normalement, et c'est très joli. Et ça t'irait beaucoup mieux qu'à moi, alors c'est un cadeau ! Et si tu veux pas que je t'aide, tu veux bien au moins m'aider un peu ? Je suis perdue ici. »


Cadeau rimant avec pas de refus possible, elle lui attrapa la manche, retourna son bras, et lui mit la broche dans la main, sans se formaliser de quelque code de tenue ou de courtoisie que ce soit. Elle voulait simplement faire plaisir, et offrir ce qu'elle trouvait l'y aidait énormément. Synthesis n'attendait rien en retour, sauf peut-être un sourire. Les règles de bienséance, de royauté, ou autre ? Elle les ignorait, et plaçait tout un chacun à égalité. Ainsi, tout le monde méritait une attention, et si elle la pouvait donner, elle le faisait à cœur joie.

Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

Réponse 4 lundi 05 février 2018, 10:30:18

La jeune demoiselle parlait énormément, et rapidement. Serenos peinait à comprendre ce qu'elle disait, puisqu'elle semblait nerveuse. Elle disait vouloir l'aider, mais pour une personne qui ne le connaissait pas, l'aider n'était pas simple. Elle se nommait Synthesis. Ça, il l'avait bien compris. Cela ne lui disait pourtant toujours pas ce qu'elle voulait faire. Pourquoi est-ce qu'elle voudrait l'aider? Elle ne sait pas qui il est, et encore moins ce qu'il était. Pour une pure inconnue, elle prenait sur ses épaules un rôle qui exigeait des années de travail pour remplir.

Serenos connaissait Nexus comme le revers de sa main. Il avait mémorisé l'endroit comme possédant cinq secteurs; le quartier pauvre, le quartier riche, les Marchés, les Agoras et le Palais. Le quartier pauvre, aussi appelé les "Bas-Fonds" par la noblesse en preuve de mépris pour leurs concitoyens moins fortunés, étaient l'endroit le plus sûr pour une personne qui venait de commettre un crime; personne ne parlait, et tout le monde ne se préoccupait que de ses petites affaires, de peur de dénoncer quelqu'un qui aurait eu tôt fait de les faire assassiner en représaille de leur délation. C'était également un endroit où Serenos avait préparé une cache pour se réfugier le temps qu'il se reprenne. Sa rencontre avec Samson n'avait rien de planifié et surtout l'avait mis en retard sur ses projets; il devait trouver quelqu'un. Qui? Il l'ignorait toujous. Son instinct le dirigeait naturellement vers le quartier des esclaves, pour la simple et bonne raison que les diamants brutes étaient souvent cachés dans la fange, la vermine.

Son principal souci, cependant, était cette jeune femme. Alors qu'ils se dirigeaient vers les endroits les moins famés de Nexus, il essayait de déterminer s'il devait ou non se débarrasser d'elle. En soi, la possibilité qu'elle soit une ennemie ou une de leurs agents n'était pas négligeable. La garder près de lui serait peut-être la façon la plus sécuritaire d'en apprendre un peu plus sur ses intentions, et si elle collaborait avec ceux qui lui voulaient du mal, il ne pouvait pas la laisser repartir avec les informations sur ses déplacements. Sa santé mentale était également une préoccupation; comme il ne pouvait pas accéder à son esprit, il ne pouvait pas savoir ce qui s'y passait et à qui elle discutait. Avant qu'il ne dise un mot, elle lui offrit quelque chose. Une broche, très sale. Un paiement? Elle le prenait pour un mercenaire?

-Écoutez-moi, Synthesis. J'ignore qui vous êtes et ce que vous voulez, mais je ne suis pas un garde du corps, ni un guide.

Son ton lui parut immédiatement trop cinglant et trop agressif, donc, il se reprit rapidement.

-Cependant, ce ne serait pas sage de vous abandonner en terrain inconnu.

Il prit doucement la broche entre ses doigts et d'une petite pulsion magique, il en chassa toute la saleté, lui rendant son éclat. Il examina ensuite la jeune femme et se rendit compte qu'elle était... très sale. Très menue, aussi, comme si elle n'avait rien mangé depuis des jours. Le Roi se frotta la tête. Toute son expérience lui criait de simplement la laisser là, mais sa conscience lui disait que si elle était simplement confuse et perdue, elle ne survivrait pas longtemps dans Nexus qui, malgré sa réputation de paradis sur Terre, était encore plus impitoyable envers les petites gens qu'Ashnard.

-Si vous le désirez, allons dans une auberge. Au moins que vous puissiez manger quelque chose et vous laver.

Ce n'était pas simplement son côté bon samaritain qui lui parlait. Simplement, voilà, si la jeune femme ne se nettoyait pas et ne prenait pas un peu plus soin d'elle, elle ne tarderait pas à croiser des gens qui lui voudraient du mal. Les jeunes filles perdues ne restaient pas libres très longtemps, en ce monde de monstres à visage humain. Il lui fit signe de le suivre et se dirigea vers l'auberge la plus proche, mais à bonne distance de sa cachette. Qui qu'elle soit, si elle était une ennemie, il ne pouvait pas la laisser voir son refuge, et si elle était simplement confuse, elle n'avait pas besoin de bénéficier de ce genre d'information.

L'Auberge du Dragon était un établissement acceptable malgré le quartier, et c'était l'un des meilleurs endroits pour les voyageurs qui voulaient un peu de discrétion. L'aubergiste, un vieux Sylvandin, n'avait que faire des intentions de ses invités, tant qu'ils ne causaient pas problème dans son établissement, il en était satisfait. Lorsque Serenos et Syn passèrent la porte, ils furent accueilli avec un grand "Bienvenue!" de la part du maître des lieux. Serenos s'approcha de l'homme et, d'un geste du doigt, lui passa la consigne de garder le silence sur sa venue, avant de lui tendre une petite bourse bien remplie de piécettes sonnantes et trébuchantes. Le silence n'était pas gratuit, et il s'achetait au prix fort dans cette ville. Heureusement, Serenos connaissait ces règles. Il demanda également de faire préparer un bain pour sa jeune amie, ainsi que de libérer un jeune coursier pour aller lui chercher quelques vêtements. Il rajouta quelques pièces pour ces avantages. Une fois la question de la monnaie réglée, il se tourna vers Syn et lui fit à nouveau signe de le suivre, avant de prendre l'escalier pour descendre au sous-sol. Troisième porte à gauche, comme à l'habitude.

Il s'agissait d'une très grande pièce, malgré les apparences. Un grand lit au fond, une grande commode pour y ranger des vêtements, une baignoire au centre de la pièce attendait encore d'être remplie, et le reste n'était que des plantes décoratives pour donner à cette pièce une ambiance un peu moins "Cachette de voleur". D'un geste de la main, il ouvrit les robinets pour faire couler une eau tiède-chaude dans la baignoire puis se tourna vers Syn.

-Je peux vous laisser vous laver seule, si vous le désirez.

Synthesis Novella

Créature

Re : Nuit torride dans la Hauteville [Libre]

Réponse 5 dimanche 11 mars 2018, 12:40:08

Malgré le fait qu'avoir plusieurs voix dans la tête, qui déblatéraient toutes en même temps, fasse un raffut pas possible, rendant toute pensée impossible à formuler, il avait l'avantage de rendre la jeune demoiselle silencieuse et docile. Surtout que, cette fois-ci, la discussion était sensée et intelligible.


«  - Il pense qu'on le prend pour un mercenaire, pfuh ! Quelle bassesse de sa part !
    - Il ne mérite pas l'aide de Syn, il ferait mieux de se payer une putain pour relâcher la pression.
    - Si vous voulez, moi je peux faire le rôle de la putain sans me faire payer, il est à croquer... »


Pendant que sa cible tourmentée faisait ses affaires, Synthesis en profita pour demander aux autres ce qu'était un garde du corps-guide, et fut quelque peu blessée en apprenant la définition, reliée à celle de mercenaire. Ainsi, on l'avait réellement bercée d'illusions concernant l'extérieur ? Tout ce monde n'était en réalité qu'égoïsme et tourmentes ? Cependant, toute la discussion interne à laquelle elle participait pris fin, lorsqu'elle descendit les escaliers, et examina l'espèce de chambre. Elle lui rappelait la maison de montagne où elle avait passé une grande partie de ces derniers temps, bien que l'obscurité de la pièce faisait plus un air lugubre que chaleureux. Mais l'éclat de la robinetterie argentée attira son regard, donnant une touche de délicatesse à cette pièce qui sentait le renfermé et la moisissure, sans doute à cause d'une fuite d'eau dans le plafond, qui faisait plier le coin du revêtement du plafond, dans un angle sombre.

   Sans répondre à son interlocuteur, Syn leva les bras, et déboutonna le haut de sa robe sale, dévoilant ainsi petit à petit un triangle de peau blanche et crémeuse, où naissait la courbure de la poitrine. Puis la robe passa par dessus sa tête, la laissant en tenue d'Eve, ses boucles blanches tombant sur son corps dénudé pour en cacher une petite partie. Sans pudeur aucune, elle se glissa dans l'eau, s'assit dans le récipient, et s'accouda au rebord, fixant du regard Serenos.


« Si la question était plutôt de savoir si ça me gêne de me laver devant autrui, la réponse est non. C'est qu'un corps, tout le monde en a déjà vu d'autres. Et d'abord, ce n'était pas gentil, de me parler comme ça. Non seulement j'ai dit qui j'étais et ce que je voulais, mais c'est méchant de faire des hypothèses sur ce que je peux penser. Non, je ne sais pas ton nom, mais je sais que t'es pas un guide garde du corps, il suffit de voir tes habits, ta démarche et ton langage. T'es comme Léana, tu viens d'un château. »

Pour la jeune fille, venir d'un château correspondait à l'aristocratie, la noblesse, elle ne faisait guère la distinction. Mais, très observatrice, elle remarquait la façon de se déplacer, les pieds droits, la pointe en avant de sorte à ne pas abîmer le talon de la chaussure. De rester debout, le dos droit, la tête relevée alignée dans l'axe des épaules. Sa façon de s'adresser à elle, par ce « vous » qui la dérangeait beaucoup, la tournure de ses phrases, son assurance. Difficile donc de passer à côté de tous ces détails quand on s'y connaissait. Et Léana, jeune duchesse d'une contrée lointaine, savait encore plus reconnaître ces signes.

Cependant, elle enfonça sa tête dans ses épaules, ne laissant que ses yeux gris fixer le visage qui semblait quelque peu mécontent. Pourquoi tant de gens s'énervaient qu'on expose des faits, qu'eux-même savaient, et que tout le monde pouvait deviner ? Et puis, ces changements d'attitude ne l'aidaient guère à se faire une idée du personnage. A l'intérieur de son crâne, une nouvelle discussion avait pris place : est-ce que quelqu'un le connaissait ? Tous se posaient la question aux uns aux autres. Certains lui trouvaient une ressemblance avec d'autres personnes, bien qu'en étant sûrs que ce n'était pas lui ; d'autres encore étaient persuadés de l'avoir déjà vu, ou entendu, sans pouvoir mettre de nom sur son visage. Quelques uns hurlaient des noms, plus ou moins au hasard ; et puis, dans le fond, une voix grave ricanaient en chantonnant qu'il le connaissait, lui. Au début, il était dur de l'entendre. Puis, tous s'était tus pour l'écouter chantonner. Et ce fut alors le début du combat. Les voix se mêlèrent, certaines engueulant d'autres, et au milieu, le petit chant moqueur, qui continuait toujours, inlassable. Synthesis n'arrivait pas à parler pour imposer le silence, tout ce vacarme lui donnait mal au crâne, au point de courber la tête contre la faïence, y poser le front pour pousser un soupir.


« Taisez-vous, un peu, au lieu de vous battre. De toute façon je peux rien imposer à qui que ce soit, alors son nom importera pas beaucoup. »

Comme le silence devenait quelque peu gênant, et que dans sa tête, le bruit était toujours insoutenable, elle glissa un petit bras par dessus la baignoire, et glissa à sa suite, dans un équilibre quelque peu précaire, pour rattraper sa robe, qu'elle ramena avec le reste de son corps dans l'eau. La laisser, sale, sur le sol ? Jamais, elle y tenait, pas question de partir sans sa robe. Tenant le tissu sale contre elle, dans l'eau, elle fixa son regard sur l'espèce de statue humaine en face d'elle.


« Si tu veux pas de moi, ni de l'aide que je propose, pourquoi t'occuper de m'emmener ici ? Tu pourrais faire comme les autres, me jeter une bouteille à la figure ou simplement m'ignorer. N'est-ce pas parce que, au fond, tu es un peu curieux de ce que je te propose ? Peut-être que le fait que je ne demande rien t'inquiète. Vous êtes devenus tous si méfiants, avec le temps. »


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