Camille a encore du mal à réaliser pleinement la situation. Son corps a changé mais il ne sait pas si la métamorphose est définitive. Il jette un œil à l'horloge du salon et réalise que sa mère risque de rentrer du travail d'une minute à l'autre. Pris de panique, comme s'il avait commis une grave bêtise, il décide de quitter les lieux au plus vite. Il retourne dans sa chambre, enfile un jean noir déchiré aux genoux (trop grand pour lui à présent) en quatrième vitesse et met ses DocMarteens sans prendre le temps de les lacer. Il prend au passage son vieux manteau en cuir noir et se précipte vers la porte d'entrée juste à temps; il entend la voiture de sa mère renter dans le garage...
Camille ne sait pas trop où aller. Il est bien sûr hors de question d'aller au lycée comme ça. Il ne peut pas non plus aller voir sa grand-mère, ni personne de sa famille d'ailleurs.
Camille s'assoit sur un banc d’arrêt de bus et réfléchit. Il y aurait bien son pote pote Shinji qui vit dans un petit logement étudiant dans le campus de Seikusu. Voilà, Shinji saura quoi faire, lui; il a toujours de bonnes idées.
C'est une belle journée qui s'annonce, le ciel est bleu, aucun nuage à l'horizon mais la température à l'aune de l'automne est parfaitement supportable. La rue est très calme, Camille habite dans un quartier résidentiel assez chic, et seul un jogger est visible un peu plus loin.
Camille se replonge dans ses pensées et tente de réfléchir à ce qui aurait bien pu lui arriver sans réussir à trouver une explication plausible. C'est alors qu'elle entends une voix dans sa tête, comme un écho lointain et étouffé:
#Hey! Elle est sexy cette gamine. Je la mettrai bien dans mon lit....#
Camille regarde autour de lui, mais il n'y a personne à proximité, juste le jogger qui s'approche en courant.
#La vache, qu'est-ce qu'elle est belle, je lui mettrai bien mon... hé! Mais, mais qu'est-ce qui m'arrive? Je dérape un max là, c'est juste une gamine et ma femme m'arracherai la tête si je faisait une connerie pareille...#
Camille regarde le jogger: C'est un trentenaire en pleine forme, brun, athlétique en tenue ridicule de jogging vert-fluo. Il regarde fixement Camille en approchant de lui.
#Oh putain, elle me regarde. Si seulement j’osai, je lui ferai avaler ma bite en entier.#
Camille a juste le temps d’apercevoir l'érection de l'homme dans son corsaire moulant quand il passe devant lui avant de disparaître au coin de la rue.
*Mais putain? C'était quoi ça encore? J'ai entendu les pensée de ce type?*
Camille prend alors conscience qu'avec son nouveau corps, seuls les garçons vont être attirés par lui, ce qui ne risque pas de faciliter ses relations avec les filles.
C'est alors que la faim se remet à gargouiller dans son bas-ventre. Une faim entêtante, presque douloureuse qui met vite fin à ses réflexions; de toute façon le bus arrive.
Sans trop réfléchir à sa destination, Camille entre dans le bus, valide son titre et trouve rapidement une place vacante.
Il y a un peu de monde dans le bus sans qu'il soit bondé et Camille, soulagé, constate qu'il n'entend les pensées de personne.
Il est plongé dans la contemplation de ses mains et de sa magnifique peau noire quand un homme viens s’asseoir à côté de lui. Camille reconnaît le jogger croisé un peu plus tôt, il a dû prendre le bus un arrêt plus bas dans la rue.
*Mais il m'a suivi, le pervers!*
Camille s'apprête à se lever mais la faim le reprend de plus belle, vrillant ses entrailles. Plié en deux, les bras croisés autour du ventre, Camille halète et transpire, comme pris d'une violente fièvre.