Akira Guramu faisait claquer ses talons en sortant de la voiture, accompagnée par plusieurs hommes élégants et massifs, portant, sous leurs longs manteaux, des costumes impeccables, et des lunettes sombres. Tenant entre ses doigts parfaitement manucurés une cigarette, Akira tira une bouffée en se rapprochant de la jeune femme qui attendait devant la porte de son immeuble. Elle portait la tenue courte et rose qu’on lui avait ordonné de porter, et Akira esquissa un très léger sourire.
Hitomi Tanaka était une jeune fille pleine de beautés, qui avait conscience du sort qui l’attendait.
À Seikusu, tout le monde connaissait les Guramu. Ils dirigeaient la ville depuis le château historique de Seikusu,
Muramasa-jo, un château-fort historique qui était tombé entre les mains des Guramu après la Seconde Guerre Mondiale. Le clan Guramu était, pour le dire simplement, le clan yakuza le plus puissant de la ville. Si Seikusu était son siège historique, le clan s’étalait d’un bout à l’autre du Japon, et même au-delà. L’
Oyabun du clan, Akihiro Guramu, était l’un des hommes les plus influents du Japon, dînant avec des Ministres, des députés, des juges... Le clan avait la mainmise sur quantité de trafics, allant des jeux à la prostitution, la drogue, et même des trafics plus internationaux, comme le trafic d’armes et de technologies transdimensionnelles venant de Terra, ou d’esclaves. Autrement dit, il n’était jamais bon d’être l’ennemi du clan, et, quand on avait une dette envers les Guramu, tout le monde savait qu’il fallait la rembourser.
Cette leçon, le beau-père d’Hitomi, Takeshi Tanaka, l’avait oublié. Cet homme était un joueur invétéré, véritable
addict qui dépensait son misérable salaire dans les tripots illégaux. Et il avait une dette particulièrement longue, sans aucune capacité de remboursement. Il y a quelques jours, deux Guramu étaient donc venus chez lui, et lui avaient fait comprendre qu’il n’était jamais bon d’être en retard. Le clan, ce n’était pas une banque. Quand on avait une échéance impayée non régularisée, les Guramu ne se contentaient pas d’envoyer un simple recommandé valant déchéance du terme, ils envoyaient les gros bras. Les deux Guramu avaient tabassé Takeshi, et s’étaient ensuite intéressés à sa fille. Elle avait paniqué, bien sûr, mais ils avaient veillé à ne pas l’abîmer, en la frappant au ventre. Les hommes qui battaient leurs femmes visaient toujours cette zone, car les coups à l’estomac, une zone très molle, ne laissaient aucune trace, tout en faisant très mal.
«
Vous avez plusieurs options pour rembourser vos dettes, Tanaka-san. Mais sachez que le clan ne croit pas en de vaines promesses, et n’offre pas de délais de paiement. Votre dette est due, et doit être remboursée. Mais le clan croit en la solidarité familiale des dettes. »
Akira sourit en se rapprochant. Elle portait une élégante robe de soirée sous une légère veste en cuir, et jeta sa cigarette au sol.
«
Bonsoir, Hitomi. Tu es vraiment très mignonne comme ça. Je suis Akira Guramu, fille d’Akihiro Guramu... Et, si tu veux conserver ta liberté, tu vas devoir la mériter. »
Le meilleur moyen de la rembourser était tout simplement de vendre Hitomi. C’était une menace claire, que les deux gorilles avaient lancé, tout en offrant une porte de sortie. Ils avaient les notes scolaires d’Hitomi, savaient qu’elle était plutôt une bonne élève... Pas le genre de filles qui méritaient de figurer dans la cave d’un riche pervers millionnaire occidental, ou dans le harem d’un riche émir à Dubaï. Hitomi avait en effet l’âge, elle avait eu ses premières floraisons, et même un petit-ami au lycée.
Pour éponger les dettes du père, c’était à la fille de se dévouer... Et, même s’il n’était que
beau-père, légalement, il était la famille d’Hitomi. Akira tendit sa main gantée, présentant des ongles interminables, et caressa doucement le visage d’Hitomi.
«
Officiellement, je suis une étudiante à l’université, donc, toi qui es lycéenne, nous partageons les mêmes locaux... Mais, en réalité, je dirige surtout toute l’activité familiale liée à la prostitution. Et c’est là que tu interviens, Hitomi... Avec ton physique d’Occidentale et ta chevelure blonde, beaucoup de clients vont t’aimer, et paieront très cher pour toi. Une soirée par semaine à servir des clients, ce n’est pas cher payé pour conserver ta liberté, tu ne trouves pas ? »
Autrement dit, pendant toute une nuit, Hitomi allait être la prostituée des Guramu. Akira, elle, serait sa maquerelle, et avait déjà un carnet de commandes bien rempli... Suffisamment pour les occuper jusqu’à l’aube !