Itomi Kowasaki était un homme riche et influent. C’était un redoutable banquier d’affaires, qui avait su gravir l’échelle sociale de son entreprise, et en était aujourd’hui un cadre influent, tant et si bien qu’il avait investi dans la construction d’une maison particulièrement moderne aux abords de Seikusu, le long des falaises, avec vue sur la mer. Un véritable paradis qu’il quittait rarement, Itomi étant un cadre travaillant pour son entreprise par le biais du télétravail. Il lui arrivait ainsi de travailler pendant toute la nuit par moments. C’était un banquier très doué qui travaillait sur la gestion de compte, la conception de contrats importants avec des grands groupes, la renégociation de prêts, les problèmes juridiques, et ce genre de choses. Un homme à tout faire, dont l’intelligence était reconnue par son entreprise. Pour autant, si Itomi était au télétravail, c’était aussi pour éviter un scandale. Il s’agissait en effet d’une sanction déguisée, car, ce qu’Itomi ne mettait pas sur son CV, c’est que sa secrétaire l’avait poursuivie pour harcèlement sexuel, et que la direction, pour éviter un procès, qui aurait pris des tournants médiatiques, avait réussi à transiger. Itomi travaillerait toujours au sein de l’entreprise, mais en étant désormais à distance. Un choix qui avait plu à tout le monde, sauf à Itomi.
Car, aussi fortuné soit-il, l’homme vivait seul dans son palace. Et, quand on vivait seul, on s’ennuyait. Il avait de l’argent à ne plus savoir quoi en faire, et avait même doté sa maison d’une intelligence artificielle moderne, qui s’occupait de son agenda, des tâches ménagères, et de tout un tas de choses. Elle lui indiquait quand dormir, quand planifier tel ou tel rendez-vous, mais ne pouvait guère se substituer à une présence humaine. Itomi avait bien pensé à la prostitution, mais il se savait sur la sellette au niveau de ses employeurs, et n’avait pas envie d’être surpris en pleine rue.
Fort heureusement, il avait fini par trouver une solution, et, ce soir, il était dans son grand salon. Itomi, non content d’être un brillant banquier, était aussi un véritable
otaku, et, plutôt que de se contenter d’un simple écran, il avait fait installer un équipement informatique très onéreux, qui aurait fait pâlir d’envie n’importe qui. Il avait un écran géant immense, et, grâce à son IA, pouvait commencer et écrire en parlant, par le biais de la reconnaissance vocale. Ce soir, il se trouvait dans son salon, dans son costume, et inhabituellement excité.
Sa webcam était allumée, et il était en direct avec une jeune femme se trouvant de l’autre côté de l’écran. Et, tandis qu’il parlait, ce qu’il disait était retranscris sur l’écran, à la virgule près, sans aucune faute, ou très peu.
«
Alors, c’est d’accord ? J’ai eu tes coordonnées bancaires, et je t’ai fait un premier acompte pour te montrer que je suis sérieux, Candy_Sugar. »
Candy_Sugar_<3, c’était le nom de la jeune femme en face de lui, qui avait été sélectionnée par le logiciel selon ses propres critères. Itomi avait créé un compte sur un réseau social très particulier, qui s’appelait «
Sugar Network ». On pouvait rencontrer deux types de profils : les
Daddies (qui pouvaient aussi être des
Mummies) et les
Babies. Ce concept, qui n’existait que depuis quelques années, connaissait un fort succès. Ses défendeurs parlaient d’une forme de mécénat moderne, ses détracteurs d’une variante de la prostitution. Le concept était en soi très simple.
Le
Sugar Daddy choisissait un
Sugar Baby, et se chargeait de l’entretenir, de lui fournir de l’argent pour ses occupations, en échange d’autres activités. Rien d’illégal là-dedans, somme toute. Et Itomi avait décidé de se connecter à cette application. Il avait renseigné ses coordonnées bancaires, et, après que les Administrateurs du réseau social se soient assurés qu’il n’était pas un
troll, lui avaient donné accès au réseau. Il avait téléchargé une application, et n’avait eu ensuite plus qu’à attendre que des
Babies le contactant, en indiquant ce qu’il voulait, par le biais de critères apparaissant sur l’application comme des
tags. Il avait donc mis qu’il voulait une «
adolescente », qui soit «
libertine », et prête à satisfaire ses désirs.
C’est ainsi que
Candy_Sugar_<3 était venue lui parler. Ils conversaient maintenant depuis une heure, et Itomi lui avait expliqué qu’il était prêt à la payer rubis sur l’ongle, mais, avant ça, voulait la soumettre à un test. Il avait mis sa propre webcam, permettant à la jeune femme de le voir, et attendait maintenant, non seulement qu’elle mette la sienne, mais aussi qu’elle fasse ce dont ils avaient convenu.
«
Je veux que tu te déshabilles, ma chérie. Lentement, en prenant ton temps, que tu m’offres un strip-tease digne de ce nom. Si tu me plais, je te fournirai plein d’argent, et je pourrais envisager de devenir ton Papa. »
Pour elle, c’était une bonne opportunité, car, même malgré la volonté des Administrateurs, on tombait fréquemment sur des
trolls, qui arrivaient à passer les mesures de sécurité. Mais là, elle était tombée sur un vrai et potentiel
Daddy... Et lui n’avait que l’embarras du choix, car le réseau comprenait davantage de
Babies que de
Daddies.
À elle de montrer qu’elle était au-dessus de la concurrence !