L'homme confirma ses pensés. Elle soupira quand elle comprit qu'il comptait l'emmener. Elle s'enserra dans son peignoir et lorsqu'il lui demanda de fermer les yeux, elle ne le fit pas. Elle s'attendait à avancer et trouvait donc sans logique de lui demander de clore les yeux dans sa propre maison. S'il voulait l'empêcher de voir où ils aillaient, elle se voyait plus avec les yeux bandés dans une voiture. C'est alors qu'une chose invraisemblable se produisit. Elle eut l'impression que son corps se faisait happer par une force invisible. Dans un réflexe, elle tenta de s'accrocher à la première chose venue. Ce fut un pan de la chemise de celui qui l'enlevait mais ce ne fut d'aucun secours.
Elle ouvrit la bouche pour crier mais aucun cri ne franchit ses lèvres. Elle demeurait là, les yeux exorbités par l'effroi, bouche ouverte, son cri pétrifié brûlant sa gorge, glaçant son coeur, fixant le vide sans oser respirer. Ce n'était pas possible ! Elle devait faire un cauchemar ! Elle allait s'éveiller ! Il n'y avait que dans ses rêves, dans ses nuits les plus tourmentées qu'elle avait croisé pareille apparition. Cela ne pouvait être. Elle avait l'impression de perdre la raison, en voyant le paysage changer devant elle. Elle ne pouvait pourtant détacher ses yeux de la pièce où elle était immobilisée.
Et puis tout s'arrêta. Elle se retrouvait là sans savoir quoi faire. Lui ne se préoccupait pas vraiment d'elle. Il parlait mais elle n'écoutait pas vraiment. En le voyant sortir de son champ de vision, elle reprit un peu ses esprits. Son regard se porta sur l'ensemble de la pièce. Elle chercha une fenêtre et dès qu'elle la vit, s'approcha en courant presque afin de voir l'extérieur. Ce qu'elle vit tenait plus d'un paysage des milles et une nuits. Il y avait quelque chose dans ce paysage qui lui faisait une impression étrange. Quelque chose encore impalpable pour les yeux novices de Svetlana. Pour elle, ses prunelles devaient lui jouer des tours. Il était impossible de passer du Japon à un pays oriental, quel qu'il soit, en si peu de temps.
Sans comprendre, elle voulu fuir aussi loin qu'elle le pouvait. Cependant, sortir ainsi, en peignoir, n'était pas la meilleur chose à faire. Le léger bruit de l'eau la fit sortir de sa torpeur. Elle n'était pas seule et ne devait pas l'oublier.
- Des questions...
Elle parlait plus pour ne pas attirer l'attention qu'autre chose. Et pourtant des questions elle en avait. Bien sûr qu'elle en avait. De nombreuses. Et la première question qu'elle se posait était de savoir si l'homme qui l'avait mené là était digne de confiance. Ses yeux se posèrent alors sur les vêtements qu'il avait négligemment posé sur un coin d'une commode. S'il avait prit des vêtements, c'était bien pour qu'elle les utilise.
- Et bien...par où commencer...j'aimerai savoir...que s'est il passé ? Où sommes nous ?
Il n'y avait pas de sous vêtements et cela n'avait pas de quoi étonner la jeune femme. Il n'avait simplement pas eut le temps d'en prendre et encore moins de choisir. Svetlana soupira et se tourna de façon à être dos à l'assassin. Une étrange pudibonderie après s'être montrée nue dans la salle de bain. Elle fit couler le peignoir à ses pieds ce qui était bien plus simple que de contorsionner son corps. Elle prit la jupe d'un rouge sang, ce rouge qui rappelait tant sa patrie à son époux. A cette pensé, elle grimaça. Maintenant il y baignait dans le sang. Quelques fils dorés rappelaient la valeur de la jupe et dessinaient de fins motifs.
- Et puis surtout, qui êtes vous exactement ? Que me voulez vous, qu'allez vous faire de moi ?
Bien sûr elle avait entendu des rumeurs sur des faits inexpliqués, des êtres étranges, la magie...mais de là à ce que ce soit vrai. Elle espérait que son sort n'aillait pas être trop grave, surtout que Svetlana mettrait le cas échéant tout en oeuvre pour ne pas retourner à l'état d'esclave. Sa mort étant dans les options.
Elle enfila le haut qui créaient des pans de tissus donnant l'impression que Svetlana portait une robe. Elle torsada la ceinture autour de sa taille, cachant ainsi habilement la démarcation entre les deux tenues. Lorsqu'elle bougeait, elle dévoilait ses jambes avec sensualité sans pour autant tomber dans la vulgarité. Le dos était nu mais les cheveux longs masquaient presque la peau délicate.
Enfin habillée, elle se retourna pour faire face au jeune homme. Elle ramassa le peignoir qu'elle entoura de ses bras. Elle ne savait pas vraiment quoi faire et restait bêtement debout à attendre des réponses éventuelles de l'assassin. Elle n'était visiblement pas à l'aise et sa peur remontait à cause de l'appréhension des réponses.