Cimbaeth n’était pas de bonne humeur. A qui la faute ? Il regarda la jeune femme qui entra la première, plus sculpturale et au teint plus halé de sa compagne… l’autre était pale comme un cul et cela ressortait encore davantage à cause de la noirceur de sa chevelure. Il se contenta de hausser les épaules quand la première se présenta. Ainsi, c’était elle qui l’avait coiffé sur le poteau…. Mauvais perdant il n’aimait pas davantage l’idée d’avoir été battu que celle d’avoir à faire à la personne qui l’avait battu ! Il grommela une sorte de bonjour sans chercher davantage.
Quant à la comparse, alors c’était elle la cliente ? Soit. Il se contenta d’un mouvement de tête, les dénudant professionnellement toutes les deux, histoire de voir si elles étaient armées, les fouillant de son regard d’aigle, mais sans pour autant les reluquer ! Enfin, il entendit les questions de la « patronne », sa cliente... enfin non, sa potentielle cliente. Il ne répondit que quelques instants plus tard, comme s’il faisait en sorte de choisir ses mots.
« Pour me contacter, ne pas chercher à me coiffer sur le poteau t’aurait permis d’avoir un accueil plus aimable, enfin bon, Ghost, pour répondre à tes questions, j’ai pour habitude de travailler seul, donc non, le travail en équipe n’est pas dans mes habitudes, mais je suis sûr que si le jeu en vaut la chandelle, je pourrais m’en accommoder, tant que chacun connait ses compétences. Ensuite, non, je ne connais pas personnellement le cristal noir, je suis juste sûr qu’il ne s’agit pas d’une rumeur, ne serait-ce que parce que tu ne m’aurais pas posé la question…. »
Il regarda alors celle qui avait déposé le carton d’invitation…
« Ne te formalise pas de l’absence de mademoiselle ou de vouvoiement ainsi que de déférence, le respect n’est dû à personne, il se gagne, que l’on fasse quelque chose qui mérite ma déférence et je varierai peut-être de ton. Enfin bref. »
Il lui fit un petit sourire avant de finalement reprendre avec la dernière question, celle qu’il n’avait pas traité.
« Enfin, concernant l’argent…. Il n’a aucune valeur, le voler est trop facile, alors autant trouver autre chose à m’offrir, je ne suis pas cupide, ni avare, ni avide, ce n’est pas mon genre. On ne m’achète pas ainsi… à toi de trouver quelque chose qui puisse m’intéresser, ce n’est pas mon travail, si on ne peut m’offrir ce que je veux, je ne vois pas l’intérêt d’agir… enfin bon, soyons honnêtes, si des voleurs peuvent l’être… si c’était une question d’argent, tu ne te serais pas donné tant de mal que ça pour me trouver, non ? »
Il sourit, amusé. Comprendrait-elle que la seule chose qui l’intéressait, c’était l’impossible, le frisson de frôler le danger, d’embrasser la faucheuse, de baiser la mort elle-même… il regarda la jeune femme, puis l’autre, attendant de voir si elles s’étaient renseignées…. Il était un électron libre, d’une certaine manière, s’il cessait de s’amuser, il laissait tomber…. Car sans frisson, il ne pouvait pas s’amuser et s’il ne s’amusait pas, pourquoi voler ?