Bloody Crusade [Karen Takahashi]

Les gyrophares attiraient les badauds comme le fromage happait les rats.

« Quelle horreur…
 -  Encore lui ? »

Dans l’obscurité agitée de la nuit, les trombes d’eau exprimaient toute la tristesse des officiers de police face au sinistre spectacle, spectacle qui, hélas, commençait à devenir routinier. Le spectacle d’un cadavre décharné, abandonné le long des rails de la gare de Seikusu, entre deux wagons de marchandises. Un sinistre spectacle auquel avait eu droit un cheminot alors qu’il faisait une ronde. Le halo de sa lampe-torche avait éclairé le corps inerte, désarticulé, abandonné là. L’enquête préliminaire devrait rapidement permettre d’obtenir son identité, en comparant son visage face aux portraits disponibles dans les registres de la police : Andrea Taylor. Une étudiante australienne qui était venue à Seikusu avec des amies, dans le cadre d’un voyage touristique le long du Japon. Andrea, un joli minois, avait disparu de son hôtel il y a quelques jours. Ses amies avaient fait un signalement à la police. Rien de bien particulier, de prime abord. Les disparitions nocturnes étaient fréquentes, a fortiori avec des touristes… Mais là, c’était une tout autre ampleur. Quelque part, cette fille avait fait une mauvaise rencontre. Une mauvaise rencontre, au mauvais endroit, et au mauvais moment.

Elle était la nouvelle et dernière victime en date d’un psychopathe qui sévissait dans la région de Seikusu. Vu l’état de ses victimes, la presse l’avait surnommé « Werewolf ». Le Werewolf avait pour cibles des adolescentes ou de jeunes femmes, qui étaient toutes récupérées dans des bars ou dans des discothèques. Les examens toxicologiques effectués sur les corps révélaient en effet de grandes traces d’alcool dans leur organisme, datant d’il y a plusieurs jours. Ces filles avaient subi un calvaire, et il suffisait de voir l’état de leurs corps pour s’en rendre compte. Le Werewolf les avait torturés pendant plusieurs jours, et les avait dévorés. Cet élément était admis. Le tueur était un cannibale, dont le mode opératoire consistait à attacher ses proies aux poignets ou au cou (les corps avaient des marques rouges fortes à cet emplacement, signe que les liens étaient probablement en fer, ou en acier), puis à les tuer. Les détails n’étaient pas encore révélés au public, bien entendu, mais les victimes avaient souffert. Elles étaient décédées de leurs blessures. Il leur ouvrait le ventre, mangeait des organes, et les laissait là. Des traces de griffure et d’ecchymoses sur le reste du corps, notamment les jambes et les bras, laissaient entendre qu’il s’amusait aussi à les griffer… D’où le surnom attribué. Tout ce que les médias avaient divulgué, c’était un tueur en série qui lacérait ses proies.

Le Werewolf sévissait maintenant depuis plusieurs semaines, et l’enquête piétinait. En étudiant les différentes victimes, les endroits où les corps avaient été largués, la police avait déterminé une zone d’action, et ratissait tous les endroits où un homme pouvait entreposer une femme pendant plusieurs jours, sans que personne ne l’entende. La chose était d’autant plus compliquée que le périmètre d’action du Werewolf impliquait une zone industrielle désaffectée s’étalant sur plusieurs kilomètres, et éventuellement la forêt, où il pouvait tout à fait commettre ses forfaits dans une cabane perdue au milieu des arbres.

« Pauvre fille… Elle avait quoi ? À peine 20 ans. Elle pourrait être ma propre fille.
 -  On coincera ce fils de pute. »

La pluie continuait à s’abattre, redoublant d’ardeur. Les empreintes génétiques n’avaient rien donné. Le Werewolf n’était pas recensé dans les bases de données de la police. Les examens scientifiques avaient permis de déterminer qu’il était visiblement corpulent et grand. Cependant, plus l’enquête avançait, et plus la piste s’axait autour d’un maître-chien, ou de quelqu’un disposant de puissantes bêtes. Sur les corps, les membres de la police scientifique avaient trouvé des empreintes de mâchoire, et, grâce à leurs ordinateurs, avaient pu reconstituer des mâchoires. Il s’agissait de mâchoires d’animaux, comme des chiens, voire des loups… Même s’il semblait probable que ce soit des chiens. De gros chiens. La police orientait donc son enquête sur les chenils, explorant la moindre piste possible.

Et elle avait raison. De cela, une femme en était sûre. Silhouette solitaire, elle longeait les trains en pistant une odeur particulière.

*Il ne m’échappera plus éternellement…*

Rayne, la Dhampir, chasseuse de vampires et de monstres, était sur la piste du Werewolf, avec cette intime conviction que l’homme se cachant derrière ce sobriquet n’était pas qu’un simple homme. Non, elle sentait en lui quelque chose de sauvage, ce que son odeur confirmait. Grâce à ses sens surdéveloppés, Rayne le savait. Elle soupçonnait la présence d’un Lycan, et elle savait que les choses allaient dégénérer sous peu… Car le Werewolf ne choisissait pas ses cibles au hasard, contrairement à ce que la police pensait.

Chacune de ces victimes étaient des femmes appartenant à un clan vampirique sévissant au sein du Japon. Chacune de ces femmes était des vampires appartenant à un clan moribond, qui reprenait du poil de la bête, en allant justement chasser de jeunes hommes ou de jeunes femmes dans des endroits nocturnes. Rayne était sur leur piste, et c’était en les traquant qu’elle avait croisé la route du Werewolf.

Quelqu’un s’était lancé dans une croisade contre les vampires, et Rayne, peu à peu, était en train de rattraper son retard sur ce dernier. Elle remuait le long de la gare, cherchant des pistes à l’aide de cette odeur qu’elle pistait.

« Karen ! Dépêche toi d'aller à la gare. Un autre corps à été retrouvé. »
La jeune brune relevait la tête de l'ordinateur sur lequel elle était penchée, tapant le compte rendu d'une enquête qu'elle avait terminée quelques jours plus tôt. Elle posait son regard sur le directeur de l'agence, qui n'était autre que son père et souffla alors, lascivement, avant de se redresser. Elle prenait soin de bien enregistrer ses notes, histoire de ne rien perdre et donc, de ne rien recommencer, avant de se déplacer vers lui et de s'abaisser dans une petite révérence.
« Bien père. »
Elle n'avait nullement besoin de demander de quoi il parlait. Cette affaire le hantait depuis des jours. Des corps de jeunes femmes avaient été retrouvés ci et là dans Seikusu. Désarticulés. Complètement éventrés, plusieurs organes manquant à l'appel. S'il ne s'agissait que de ça, l'agence ne se serait jamais penché sur l'affaire. Or, les marques de morsures retrouvées sur les corps, de griffures et surtout, le fait que ces jeunes femmes soient toutes issues de clan de vampire de la ville, avaient alertés l'agence qui enquêtait désormais sur l'affaire. Dans le dos de la police bien évidemment.
Se redressant, Karen regardait son père quelques petites secondes avant de quitter le centre de commandement, se dirigeant vers l'armurerie pour s'équiper. Une fois rendue, elle ôtait l'ensemble de ses vêtements, enfilant rapidement un pantalon de cuir qui épousait parfaitement les formes de son corps, ainsi qu'un haut moulant, sans manches. Par dessus cela, elle enfilait une veste de cuir rouge foncé. Deux Beretta se logèrent dans les holsters sur ses cuisses alors qu'un katana en argent prit place dans son dos. Terminant par enfiler des mitaines de cuirs noirs, elle se rendit dans les garages de l'agence où elle chevaucha une puissante moto et prit la route.

Une chevauchée fantastique dans les rues de Seikusu, à toute vitesse. Karen adorait ce genre de moment. Se retrouvant totalement seule avec elle-même. La vitesse lui faisait un bien fou et lui apportait toujours un lot de sensation assez étonnante. Pendant ce petit moment, ce trajet qui le séparait de la gare, Karen réfléchissait à ce qui se passait dernièrement dans sa vie. Elle faisait un travail des plus excitants. Un travail dans lequel elle excellait. Sous son casque Karen souriait tout en esquivant une vieille dame qui traversait devant elle, ne l'ayant vu qu'au dernier moment. Soufflant, son cœur s'étant arrêté l'espace de quelques secondes, la jeune brune reprenait la totalité de ses pensées et de sa concentration en accélérant de nouveau pour se rendre, quelques minutes après, près de la gare. Elle posait sa moto dans une ruelle sombre, à l’abri des regards, et contournait les forces de l'ordre pour pénétrer sur les lieux, discrètement.
« Je suis sur place. La police a déjà bien investit les lieux. J'espère pouvoir retrouver quelques preuves nous donnant une idée plus précise de ce qui se trame en ce moment avec les vampires... »
« Très bien, fais attention à toi. On coupe le micro pour te laisser pleinement concentrée. Contact nous dès que tu as du nouveau. »

En entendant le micro se couper, Karen reporta son attention sur la scène qui se trouvait plusieurs mètres devant elle. Pour se faire, elle avait escaladé avec aisance un petit toit d'un hangar tout proche, histoire de balayer les lieux d'un point de vue assez haut. Et de repérer quelques choses qui pouvait avoir échappé aux humains en bas. Elle voyait clairement la victime et grimaçait légèrement. Elle se promettait de lui rendre une petite visite à la morgue plus tard dans la soirée pour l'étudier plus sérieusement. Rapidement, ses yeux firent le tour des lieux, tout en se déplaçant. Au loin, une petite ombre interpella son attention. Sans chercher à comprendre, la belle brune se décidait alors à suivre cette dernière, quitte à perdre du temps si cela s'avérait inutile. Elle ne voulait rien laisser passer. Sautant de son toit, atterrissant tout en douceur et en légèreté sur le sol, Karen se faufilait à travers les ombres pour suivre cette personne qu'elle avait repéré, n'arrivant pour le moment pas à voir de qui il s'agissait. Était-ce le tueur qui revenait sur les lieux de son crime pour s'extasier devant la scène ? Elle devait le savoir.

Au milieu des wagons et de la pluie, Rayne s’avançait, pistant sa proie, pistant les quelques rares indices que la pluie n’était pas en train d’effacer. La terre devenait de la boue, effaçant les traces de pas, mais Rayne finit par les voir. La pluie, pour l’heure, les moulait davantage dans la terre, et elle suivit les empreintes. De grosses traces de pas. Le Werewolf avait des bottes, et, plus Rayne avançait, plus elle sentait des traces… Et elle sentit une odeur de nicotine, tout en s’approchant d’une entrée de service latérale. Est-ce que le Werewolf était un cheminot ? Rayne s’avança un peu, sortant des rails et des trains. Au loin, elle entendait les bruits de la police, le déplacement des agents de police. Eux aussi quadrillaient le secteur, mais étaient beaucoup plus lents que Rayne. Il ne fallait pas contaminer la scène de crime, après tout. Ils enfilaient des charlottes, des gants, toute une combinaison, afin de ne retrouver aucun cheveu, aucun poil, d’un agent de police sur la scène. Vu la taille de la zone, il leur faudrait plusieurs jours à ratisser la zone… Et, pendant ce temps, le Werewolf aurait l’occasion de poursuivre sa sanglante et vampirique croisade. Rayne, elle, privilégiait la rapidité, mais elle reconnaissait que, contrairement à de simples humains, ses sens affutés et perfectionnés lui permettaient d’agir plus rapidement.

Délaissant ainsi les trains, sans savoir qu’une femme était en train de la suivre (ou feignant de ne pas le remarquer, car Rayne, en tant que vampire, disposait d’un sixième sens lui permettant de repérer les groupes sanguins), Rayne se rapprochait de la sortie. L’odeur de nicotine était toujours là, et elle se rapprocha d’un parterre d’herbes sauvages et de buissons longeant un mur. La Dhampir fléchit le genou, et écarta un buisson, puis trouva un mégot. Elle l’attrapa délicatement, entre deux doigts, et l’observa en fronçant les sourcils, avant de la renifler. Elle sentait l’odeur du Werewolf dessus, et lécha le mégot.

*Une Camel…*

Une cigarette japonaise, qui appartenait à la Japan Tobacco… C’était toujours mieux que rien. Rayne conserva avec elle le mégot. C’était de la dissimulation de preuves, mais, quand les experts de la police scientifique récupéreraient ce mégot, elle ne voulait pas figurer parmi la liste des suspects. Elle se redressa donc, puis s’approcha de l’entrée de service. C’était un portail métallique, et Rayne vit que la chaîne avait été cadenassée. Elle traînait dans la boue, ce qui excluait probablement le fait que le crime ait été commis par un cheminot. Rayne écarta le portail, et sortit de la gare. Des traces de pneus se trouvaient sur le sol, et, encore une fois, Rayne caressa le bitume, et lécha ses doigts…

*De la terre…*

La Dhampir se redressa. La pluie continuait à s’abattre sur ses cheveux. Les grosses traces de pneus laissaient supposer une grosse voiture, et l’odeur disparaissait à partir d’ici. Le Werewolf s’était arrêté ici, et était reparti. Rayne regarda autour d’elle, et porta sa main à son oreille, appuyant sur une oreillette.

« Des pistes ?
 -  Une cigarette…
 -  Tu te mets à fumer ?
 -  C’est une Camel, je pense qu’elle est à lui. »

L’homme à qui elle parlait s’appelait Severin. Quand Rayne travaillait pour la Brimstone, il avait été son agent de liaison. Les deux agents avaient été démobilisés après que Kagan ait ravagé une ville en tentant de provoquer la fin du monde. Néanmoins, il y avait plusieurs pistes, car il y avait des caméras de sécurité, auxquelles Severin avait accès.

« C’est un 4x4 Cruiser, finit par announcer Severin. Humm… Je devrais pouvoir avoir sa plaque d’immatriculation… »

Rayne hocha lentement la tête. Les pistes finissaient toujours par apparaître. Là encore, les deux indépendants allaient plus vite que la police, qui devrait faire tout un tas de paperasse pour obtenir les bandes de vidéosurveillance. Severin obtint le numéro de la plaque, et l’identité de son propriétaire, ainsi qu’une adresse… À Seikusu.

« Une ferme dans la forêt… File sur ta moto, Rayne, tu pars pour un trekking en forêt.
 -  Chouette ! »

Rayne se déplaça rapidement, rejoignant, elle aussi, une moto. Sans casque, elle grimpa sur cette dernière. La moto se trouvait dans une étroite ruelle, et la Dhampir fila. L’adresse donnée par Severin était celle d’une ferme à quelques kilomètres de la ville, dans les profondeurs de la forêt. L’adresse du Werewolf ? Ou un piège ? Vu les précautions prises par le Werewolf, cette piste avait l’air… Trop simple. Mais il ne fallait pas oublier que, tôt ou tard, un suspect pouvait toujours commettre des erreurs de base.

Restait à espérer que celle-ci en était bien une.

De son point de vu en hauteur, Karen avait une vision parfaite sur l'ensemble de la zone balisée et pouvait ainsi voir ce que les trois quarts des personnes présentent ignoraient. La nuit était bien sombre et associée à cette météo qui déversait des trombes d'eau, la jeune brunette était ainsi totalement camouflée. Elle pouvait alors agir sans avoir peur de se faire repérer par la police qui était assez occupée à relever le plus d'informations et de preuves possibles concernant ce meurtre. Karen n'en avait que faire. Ce qui l'intéressait à cet instant, était cette personne qu'elle voyait au loin, cachée dans l'ombre, suivant une toute autre voie que les policiers. Une personne qui avait l'air d'agir par elle-même, sans appartenir aux forces de l'ordre. Se pouvait-il que cette personne soit le tueur tant recherché par l'organisation ? Possible. Même si au fond, la petite brunette ne le pensait pas vraiment. Les yeux fixés sur cette personne, Karen décidait alors de descendre de son point de vu pour se rapprocher d'elle. L'eau continuait de s'abattre sur la zone, inondant de plus en plus le tout alors que la belle brune passait d'ombre en ombre, silencieusement, se rapprochant comme elle le pouvait de cette personne. Elle apercevait alors qu'il s'agissait d'une femme. Assez bien faite pour être précise. Ses cheveux rouges étaient on ne peut plus voyant et Karen se focalisait sur cela pour la garder dans sa ligne de mire. A première vue, cette dernière n'avait rien de monstrueux. Mais avec son expérience, Karen savait qu'elle ne pouvait se fier aux premières impressions. Tout en suivant la jeune femme, elle passa non loin du corps désarticulé de la victime. Dans l'ombre, elle s'arrêta un petit instant pour observer l'état de ce dernier.
« Il l'a vraiment… détruite celle là... »
« N'oublie pas qu'il s'agit de vampire... »
Elle soupira alors, levant les yeux au ciel avant de reporter son attention sur la jeune femme, ayant eu peur d'avoir perdu cette dernière.
« Se pourrait-il que notre cible soit une femme ? »
« A toi de le découvrir. »

Appuyant sur l'oreillette pour couper la communication, Karen regardait une dernière fois le corps de la victime avant de reprendre sa traque, suivant silencieusement la jeune femme qu'elle avait repérée et qui continuait d'avancer dans l'ombre. S'il s'agissait du dit monstre, Karen ne pouvait l'attaquer en ce lieu. La zone étant remplie de policier, il y aurait beaucoup trop de perte de se lancer dans un combat. C'est pourquoi elle ne faisait rien, la suivant simplement en espérant trouver un endroit plus calme pour appréhender cette dernière. Chose qu'elle pensait pouvoir faire rapidement en la voyant quitter la scène de crime et pénétrer une ruelle, non loin de celle où elle avait garée sa moto. Si elle pouvait pénétrer plus profondément, nul doute que la jolie brune allait rapidement agir. Cependant, elle fut décontenancée en pénétrant à son tour la ruelle et en voyant la rouquine chevaucher une superbe bécane. Mettant les gaz, cette dernière quitta les lieux dans un hurlement de moteur. Ni une ni deux, Karen courut vers sa propre machine pour suivre la belle. Pendant quelques secondes, elle perdit de vue la rouquine mais pu rapidement la rattraper sur la route. Cette dernière roulait à toute allure, esquivant les voitures et autres automobiles avec une facilité déconcertante. Karen était certes entraînée et avait de très bon réflexe, mais cette jeune femme était de loin supérieur à elle dans ce domaine, elle ne pouvait le nier.
« Mais où va-t-elle… »
Se demandait Karen tout en la suivant de quelques mètres. Elle savait, au fond d'elle, que la rouquine l'avait sans doute remarqué. Cela n'empêchait pas à la jeune femme de continuer sa poursuite, apercevant alors se dessiner non loin d'elle une large forêt.

Un vampire avait naturellement des talents surdéveloppés par rapport aux humains, des sens amplifiés. Quand on disait qu’un vampire était un mort-vivant, c’était une grossière erreur. Par son lien intime avec le sang, un vampire avait des sens beaucoup plus développés, et, était, en ce sens, nettement plus vivant que les humains. Cependant, Rayne était un cas particulier. Elle était une pisteuse, une traqueuse, une chasseuse. Elle traquait et supprimait les vampires. Partant de ce principe, ses sens vampiriques étaient encore plus développés. Et, comme elle était habituée à pister, elle réalisa rapidement qu’elle était suivie. Elle filait le long de la ville sur sa moto, sans aucun respect pour les limitations de vitesse, les feux rouges, ou même les sens interdits. Slalomant entre les voitures, sans tenir compte des klaxons furieux que certains automobilistes pouvaient faire, Rayne filait vers le périphérique de Seikusu, une autoroute urbaine qui entourait la ville. Dans son dos, elle voyait régulièrement, par le biais des rétroviseurs, une cible qui la pistait… Et, surtout, elle sentait son sang. Chaque individu avait une odeur sanguine particulière, spécifique, et, plus un vampire s’entraînait, plus il était capable de les dissocier, et de les repérer.

Rayne ignorait qui était cette femme, et elle fila de plus en plus vite, évitant un embouteillage à hauteur d’un feu rouge sur un boulevard, en filant sur la gauche. Des phares l’aveuglèrent, et elle fila entre les voitures, puis partit sur la gauche, grimpant sur le trottoir, filant dans une galerie commerciale. Elle entendit des piétons hurler, se plaquant contre les murs, longeant plusieurs restaurants, et arriva de l’autre côté de la galerie. L’humaine continuait à la suivre.

*Elle est tenace…*

Il était peu probable que ce soit un policier, et Rayne soupçonnait plutôt une femme envoyée par le clan vampirique attaqué par le Werewolf. Étant donné son passif, et les multiples vampires qu’elle avait tué, Rayne pouvait tout à fait croire qu’elle était sur la liste des suspects.

« Qu’est-ce que tu fais, Rayne ?
 -  On me piste… »

Severin était l’homme de l’ombre. Il glanait les informations et faisait office d’assistant technique pour Rayne. C’était un homme fiable, l’un des rares en qui Rayne avait confiance. Comme elle, il était en guerre personnelle contre Kagan et contre son clan. Kagan était le père de Rayne, un ancien vampire qui avait tué sa mère après l’avoir violé et torturé, et en avait profité pour incendier tout le village natal. Kagan avait laissé Rayne dans la nature, afin que cette dernière revienne à lui, et soit formée différemment des autres filles de Kagan, Ferril et Ephemera. Rayne avait rejoint la Brimstone, et sa haine s’était mélangée aux objectifs de la société secrète. Severin, quant à lui, avait eu un parcours un peu différent. Il avait été amoureux d’Ephemera, et continuait à traquer Kagan, dans le but de retrouver cette dernière. Le duo, après la destruction du clan de Kagan, avait traqué ce dernier au Japon, à Seikusu. Il s’était rendu à Terra pour reformer un nouveau clan, mais conservait encore des liens avec la Terre. Son orgueil bafoué l’obligeait à continuer à rester ici, afin de trouver un moyen de se venger, et d’asservir l’humanité.

Est-ce que le Werewolf était lié à Kagan ? Est-ce que Rayne pourrait en faire un allié ? La Dhampir l’ignorait, et, pour l’heure, elle allait se débarrasser de la femme qui la pistait. Pour cela, elle suivait les indications de Severin, qui la suivait en temps réel depuis son ordinateur, grâce à une balise GPS implantée dans sa moto. Rayne fila sur la gauche, s’engageant dans une rue plus petite, puis partit à nouveau à droite, sur une rue piétonne, la moto filant entre deux plots. Elle dévala des escaliers, longeant une rambarde, jusqu’à atteindre, en contrebas, une petite cour pavée avec des parterres d’herbes et une fontaine au centre. Rayne arrêta la moto, et bondit sur la fontaine, attendant l’arrivée de sa poursuivante.

Cette dernière ne mit pas longtemps à arriver, et Rayne écarta les bras, en déployant ses lames dhampir, qui formaient comme des extensions de ses propres bras.

« Quel est le clan qui t’envoie, jeune femme ?! » demanda Rayne sur un ton fort et menaçant.

Elle était prête à se battre, car, généralement, les serviteurs des vampires ne cherchaient pas à discuter, faisant de l’excès de zèle.

En tout cas, cette poupée était très mignonne, ce que Rayne lui reconnaissait fort volontiers.

Les vampires avaient souvent très bon goût en ce qui concerne le beau sexe.

« La garce... »
Grimaçais Karen alors qu'elle accélérait encore, évitant du mieux possible les véhicules qu'elle doublait. La jeune femme qu'elle avait aperçut plus tôt sur la scène de crime roulait à une allure folle sur les routes de la ville, n'ayant que faire du monde, de la vitesse et du danger que cela occasionné pour les autres. Dans un sens, ce comportement ressemblait fortement à celui de la brunette lorsqu'elle poursuivait une proie en pleine mission. Cependant, voir cette dernière effectuer tout ça sans la moindre difficulté et avec une précision chirurgicale agaçait fortement l'inspectrice. De la jalousie ? Peut-être bien oui. Mais ça, elle n'allait sûrement pas l'avouer. Bien ancrée sur le siège de sa moto, couchée même complètement sur sa bécane, la belle brune restait concentrée au maximum pour éviter une faute et suivre de près la rouquine qui continuait sa chevauchée sur les routes de la ville.
« Que se passe-t-il ? »
Elle avait oublié qu'elle n'avait pas coupé le micro lors de la dernière communication.
« Je suis mon instinct, cette femme à l'air suspecte. »
« Fais attention de ne pas causer de dommages. »
Grognant, elle coupait alors son oreillette pour avoir la paix et se concentrer totalement sur sa cible qui prenait de la distance. La circulation étant plus dense, Karen se demandait comment elle faisait pour être aussi efficace dans sa course. Ne pouvant la perdre, elle accélérait alors aussi.

Elle ne s'attendait cependant pas à ce que cette dernière tourne dans une petite rue puis emprunte une voie piétonne. La maudissant, Karen la suivait alors, roulant moins vite que précédemment, ne voulant pas renverser un piéton qui n'avait rien demandé. Elle trouvait cette femme complètement folle et dangereuse et devait tout faire pour l'arrêter rapidement. La voyant disparaître dans ce qui semblait être des escaliers, la brunette lui emboîta le pas et descendit les marches avant de se retrouver sur une place, au milieu de laquelle trônait une belle fontaine. La moto de la rouquine se trouvait sur la dite place et cette dernière avait prit place en haut de la fontaine. Arrivant sur les lieux, Karen dérapa avec sa bécane et descendit de celle-ci. En voyant sa cible lui faire face, des lames dans les deux mains, la brunette se mit à sourire en coin en dégainant son propre katana, avançant lentement sur la place. Ce dernier n'était pas un katana basique. Ne connaissant cependant pas exactement les matériaux qui le composait, Karen savait qu'il était incassable et possédait un tranchant à toute épreuve.
S'arrêtant à quelques mètres, elle ne pu froncer des sourcils en entendant la question de la rouquine.

« Un clan ? Je n'appartient à aucun clan ma belle. Mais toi, que faisais-tu sur la scène de crime ? Venais-tu contempler ton œuvre ? »

Une question qui allait sans nul doute décider de la suite des événements. Soit la rouquine était à l'origine de ces morts des derniers jours, et allait répondre de ses actes par la lame de l'inspectrice. Soit elle n'avait rien à voir dans l'histoire et enquêtait d'elle-même. Comme si elle était une proche d'une des victimes cherchant vengeance ou réparation. Dans tout les cas, pouvait-elle la croire sur parole ? Elle en doutait. Elle aurait, en tant normal, voulu éviter un combat inutile. Mais au vu de son état d'excitation, se défouler pourrait lui faire le plus grand bien. Regardant toujours la rouquine, Karen souriait en coin, la trouvant assez attirante et s'en voulant déjà de devoir abimer son corps si jamais elle répondait mal à la question posée. Le katana fermement maintenu dans la main, la brunette attendait patiemment une réponse de la cible.

Un clan ? Je n'appartiens à aucun clan ma belle. Mais toi, que faisais-tu sur la scène de crime ? Venais-tu contempler ton œuvre ? »

La réponse fusa rapidement, et Rayne fronça les sourcils. Aucun clan ? Elle n’aurait pas menti là-dessus, les fanatiques humains étaient trop idiots et trop fiers d’être prédestinés à être de futurs vampires qu’ils ne masqueraient jamais leur allégeance. Cette femme était donc une simple inspectrice... Rayne avait du mal à y croire, car, non seulement elle ne portait pas d’uniforme, mais, comme elle, elle n’avait pas particulièrement tenu à se faire remarquer sur la scène de crime. Avec la pluie qui tombait, sa tenue sexy et provocante moulait davantage le corps de cette femme, ce qui fit sourire Rayne.

*Accordons-lui le bénéfice du doute...*

Les lames de Rayne luisaient dans la nuit, et la femme avait brandi son katana. Rayne bondit alors en contrebas, faisant un salto au passage, et se rétablit avec une main en avant, les jambes pliées, dans une posture très féline, faisant voleter un peu de poussière autour d’elle. Elle se redressa, puis écarta les bras... Et ses lames se rangèrent, filant en arrière.

« Si c’était moi qui avait tué ces nanas, ma chérie, je n’aurais pas exposé mon ‘‘œuvre’’... »

Elle n’avait pas besoin d’alliés... Mais cette femme avait réusis à la suivre sans perdre trop de temps, ce qui, pour une humaine, était une vraie prouesse. Rayne avait fait ce petit parcours frénétique à travers les rues et les ruelles dans l’espoir que la femme arrive à la suivre. La Dhampir n’avait aucun mérite. Elle avait des réflexes surdéveloppés, car elle contrôlait son sang à la perfection, et pouvait modifier la circulation sanguine pour donner autour d’elle une impression de dilatation temporelle. C’était difficile à expliquer, et c’était lié à l’adrénaline. Severin lui avait expliqué en des termes scientifiques, mais elle n’avait rien compris. De ce que Rayne avait humblement compris, en contrôlant son sang, elle pouvait augmenter ou diminuer la propagation de l’adrénaline dans ses veines, et fonctionnait alors plus rapidement. Ses réflexes étaient tous aiguisés, lui donnant l’impression que le temps était ralenti autour d’elle. L’inconvénient de cette faculté était qu’elle était épuisante, et que, si Rayne était trop dans ce mode de concentration, elle finissait avec une sensation de vertige terrible et une migraine à vous fendre le crâne en deux.

Ignorant qui était cette femme, et ayant aussi besoin d’informations, Rayne ne tarda pas à enchaîner, tout en marchant un peu :

« Ces femmes étaient des vampires appartenant toutes au même clan... Le clan de Zetsu Amon, l’un des plus puissants clans vampiriques du Japon. Ces femmes traquaient de jeunes mâles suffisamment idiots pour s’épancher dans leurs poitrines dans les bars et les night clubs. Je les traquais pour remonter la filière... »

Une tactique classique quand on s’attaquait à un clan. La piétaille était sans importance, il fallait viser au-dessus. C’était exactement la méthode employée par la police dans la traque des réseaux et du crime organisé. Le dealer de base était sans importance, et ne servait qu’à mettre la main sur le fournisseur, et, au-delà, sur un moyen de démanteler toute l’organisation. Ici, le fournisseur, c’était le Maître du clan, que Rayne pistait, dans l’espoir de tomber sur le Grand Maître, Zetsu Amon.

« Celui qui les a tués est lancé dans une croisade contre les vampires, mais il ne réfléchit pas à un plan d’envergure. Chacun de ces meurtres est un message lancé contre Amon, et, connaissant Amon, sa réponse risque d’être sanglante. »

Elle reprit ensuite :

« Et, pour les questions classiques, je m’appelle Rayne. Je traque les clans pour des raisons qui me regardent, et toi... Mis à part avoir un joli cul bien moulé, tu restes une humaine, une proie aux yeux des vampires. Et, comme mon petit discours ne t’a pas fait fuir, j’en déduis que tu en sais un long sur les vampires... Je me trompe ? »

Karen se tenait face à la jeune femme, le katana en main, prête à en découvre si besoin est. Elle ne quittait pas des yeux la belle aux cheveux rouges, cette dernière se jetant de son perchoir pour venir rejoindre la brunette sur le sol avant de ranger ses deux lames derrières ses bras. Tout en gardant son arme en main, Karen abaissait ce dernier, montrant qu'elle était prête à parler mais tenait tout de même à rester en garde. Après tout, elle ne connaissait pas la jeune femme et après les risques que cette dernière avait prit pour lui échapper, elle était assez consciente de son potentiel. Rapidement elle prit la parole, insinuant qu'elle n'était pour rien dans le meurtre sanglant des filles retrouvées plus tôt. Pouvait-elle la croire ? Pour le moment Karen écoutait simplement les dires de la belle, voulant tout savoir avant d'émettre un avis clair et précis sur la situation.
Bien que détruisant souvent toutes les créatures qu'elle rencontrait dans ses missions, Karen laissait toujours le bénéfice du doute s'installer avant d'agir. Elle n'était pas du genre à obéir aveuglément aux ordres et foncer tête baisser. Même s'il lui arrivait d'agir sans réfléchir parfois… La jeune femme qui lui faisait face était entrain de s'expliquer. Pour sûr, elle aurait très bien pu ne rien dire et profiter du fait que l'inspectrice était à pied pour pour s'enfuir avec plus de facilité. Karen l'imaginant sans mal pouvoir escalader les parois des immeubles et fuir sur les toits sans aucune difficulté. Après tout, bien que d'apparence humaine, elle ne semblait pas l'être pour autant. Du moins, pas complètement.

Qu'était-elle au juste ? La brunette se le demandait, la regardant de toute part tout en écoutant attentivement l'histoire qu'elle lui contait. Elle lui parlait de clan vampirique, d'un certain Zetsu Amon, que les corps retrouvés était ceux de vampires de ce même clan. Elle indiquait même enquêtait depuis quelques temps sur le clan, traquait le bas de la chaîne pour remonter petit à petit la filière. Une tactique que Karen connaissait assez pour l'avoir maintes fois utilisé. Pour la rouge, la personne qui était à l'origine de ces meurtres ne réfléchissait pas comme il le fallait et le soit disant Amon allait répliquer de manière assez sanglante. Si elle disait vrai, une guerre était sur le point d'éclater et d'autres victimes allaient sans nul doute apparaître d'ici peu. Comment pouvait-elle empêchait ça ? Sans le voir concrètement, Karen était déjà entrain de croire la jeune femme qu'elle ne connaissait pourtant pas. Elle secoua alors la tête, resserrant son emprise sur le manche de son Katana qu'elle avait doucement laissé filer entre ses doigts, essayant de se reprendre. Elle n'eut même pas le temps d'émettre un son que la belle se remit à parler, se présentant cette fois-i comme si elle lisait dans l'esprit de l'inspectrice.

« C'est une bien belle histoire que tu me racontes là Rayne. Comment puis-je te faire confiance ? »

Lui demanda-t-elle alors en la regardant avec toujours autant d'insistance avant de ranger son arme et s'avancer vers elle. Elle venait de se rendre compte qu'elle n'avait pas répondu à la politesse de la jeune femme et ne s'était pas présenté. Elle n'avait absolument pas à le faire. D'ailleurs si l'agence l'entendait à ce moment là, il était évident qu'elle allait se faire insulter.

« Je m'appelle Karen. Je travaille pour agence gouvernementale secrète qui traque et s'occupe des phénomènes paranormaux de cette ville. Et comme tu as pu le remarquer, j'en sais pas mal sur les vampires oui. Même si maintenant, je pense que tu en sais plus que moi. D'ailleurs… ta façon de parler avec autant de dédains des humains me laisse croire que tu n'en es pas totalement une. Je t'écoute… qu'es-tu ? »

Elle en était certaine. Rayne n'était pas une simple humaine. Et pas une vampire non plus. Bien qu'elle en sache suffisamment pour pouvoir les traquer et les tuer, Karen n'était pas une experte pour autant et la question de savoir si une hybridation entre humain et vampire existait lui brûler dès lors les lèvres. Très intelligente, Karen disposait d'un sens de l'observation assez remarquable, lui permettant de déduire rapidement et facilement tout un tas de chose, ne se trompant que très rarement. Et pour l'heure, elle était quasi sûr de ce qu'elle avançait. Du moins, de ce qu'elle pensait concernant la jeune femme. En attendant de savoir, elle reprit la parole.

« Au vu de tes capacités, je ne pense pas qu'une aide te serait utile mais je te l'offre tout de même. L'agence n'accepterait pas que je rentre bredouille de ma mission en te laissant faire à ta convenance… N'ai crainte, je ne leur révélerais rien te concernant. Si cela peut te rassurer. »

Rayne était loin, très loin, d’être un modèle de vertu pour jeunes filles. À voir les carnages sanguinolents que la Dhampir laissait derrière elle, le concept de « mort propre » lui était inconnu. La femme face à elle lui expliqua s’appeler Karen, et appartenir à une agence secrète, chargée de lutter contre toutes les activités paranormales. Rayne se contenta d’un léger soupir goguenard.

*Encore une agence...*

Était-ce la Brimstone ? Rayne avait fait partie de cette ancienne organisation religieuse, spécialisée dans la lutte contre les clans vampiriques terriens. La femme lui demanda ensuite ce qu’elle était, ce qui fit doucement sourire Rayne. Difficile de la prendre pour une humaine, n’est-ce pas ? Elle marcha lentement vers elle, un sourire amusé sur le coin des lèvres.

« Je suis Dhampir, ma cocotte... Mi-humaine, mi-vampire... Ma mère était une simple fermière irlandaise qui a été violée et tuée par mon père... Sous mes yeux. Kagan. Ton agence a peut-être quelque chose sur lui... »

Kagan était un seigneur vampirique, un Maître vampire très puissant, qui avait été, il y a quelques années, à la tête d’une redoutable invasion vampirique. Lui et sa famille avaient développé un horrible appareil, le Linceul, permettant de générer dans le ciel un nuage sanguin, qui avait pour effet de renforcer les vampires. Kagan avait fait déferler son armée dans toute la ville, provoquant des carnages sanguinolents. Rayne, qui était sur place, avait échoué à empêcher Kagan de réveiller le Linceul. Un échec qui lui avait coûté sa position au sein de la Brimstone.

Cependant, elle avait pu stopper Kagan par la suite. Elle pensait même l’avoir tué, mais il s’avérait que les mauvaises herbes avaient la vie dure. Si Karen travaillait dans une agence luttant contre les menaces paranormales, Kagan devait figurer en bonne position.

« La spécialité de Kagan était d’être cruelle avec ses filles... Je le haïssais, pour le meurtre de ma mère, et, si la Brimstone ne m’avait pas récupérée à l’époque, j’aurais fini comme étant l’une de ses filles. Et oui, ma poulette... J’ai fait partie d’une agence moi aussi. La Brimstone, des chasseurs de vampires... Maintenant, je travaille à mon propre compte. J’ai tué des vampires, mes propres frères, mes sœurs, j’ai massacré des nazis à l’époque de la Seconde Guerre Mondiale... Comme Jorgen Wulf. »

Elle se retourna lentement, en marchant un peu, faisant claquer ses talons aiguilles sur le sol, et reprit :

« Wulf faisait partie d’un programme nazi visant à retrouver des forces occultes, et avait mené un vaste programme visant à récupérer les Reliques de Belial... La dernière se trouvait dans un vieux château abandonné en Allemagne, le long des Alpes bavaroises. La tanière d’Hedrox, un puissant vampire monstrueux. L’une de mes plus importantes missions. Hedrox a été tué, Wulf est mort entre les mains de Belial, et j’ai réussi à empêcher la résurrection de Belial. »

Elle se retourna vers elle, et se rapprocha à nouveau, avec un nouveau sourire narquois sur les lèvres, et sa main caressa brièvement l’une de ses joues. Un contact tactile qui ne dura que quelques secondes, à peine, Rayne retirant rapidement ses doigts.

« Si ce petit cul moulant existe, tout comme ce joli minois, c’est en partie grâce à moi... Bon, je ne dis pas que la réincarnation de Belial aurait été la fin du monde, mais... Disons que le monde se porte mieux sans lui. Maintenant, même si plus aucune société secrète ne veut de moi, moi et Severin, mon coéquipier humain, continuons à traquer et à éliminer les vampires... Même si c’est un peu plus personnel chez moi. Kagan est toujours en vie, et je sais qu’il s’est allié avec Amon... »

La Dhampir s’humecta ensuite les lèvres. Elle s’écarta un peu d’elle, en croisant les bras, dévoilant ses longues lames, qui se frottèrent entre elles.

« Maintenant, honnêtement, que tu me fasses confiance ou pas, je m’en moque... Pour moi, tu restes une rookie. J’ai pour habitude de travailler seule, mais... Vu comment tu es collante, si je te laisse dans la Nature seule, il y a neuf chances sur dix que tu te rues comme une petite sotte, et que tu fasses tout foirer. »

Comme on pouvait vite le comprendre, Rayne ne serait pas la plus aimable des partenaires...