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Cletus Kasady... Un type qui a passé l’essentiel de sa vie, soit des asiles de haute sécurité, ou en prison. Il a commis son premier meurtre à six ans, en poussant sa grand-mère du haut d’un escalier, juste pour voir si les humains pouvaient voler. On dit souvent, en psychiatrie, que la folie ne naît pas, qu’elle s’acquiert à l’occasion de grands traumatismes ou d’une enfance traumatisante, mais Cletus fait partie de ces exceptions. Un cas encore incompréhensible pour la psychiatrie actuelle. Il n’y a aucune once de moralité en lui, aucune once de décence ou d’empathie. »
Après avoir tué sa grand-mère, il avait participé au déchirement de sa famille. Quand il avait torturé le chien de sa mère, cette dernière l’avait atrocement battu, et son mari, en tentant de la calmer, l’avait tué. Pervers et manipulateur, Cletus avait témoigné au procès, en décrivant son père sous les pires tableaux, le condamnant à mort. En réalité, partout où Cletus avait été passé, il n’avait laissé que désolations et souffrances dans son passage. Un fou dangereux, un psychopathe sanguinaire, et, comme si les enfants avaient vu en lui sa malveillance, quand il avait été dans un orphelinat, il avait été battu par les autres. On aurait pu le prendre en pitié, mais Kasady n’était pas une victime, ni un bouc-émissaire. Il avait brûlé l’orphelinat, et avait ensuite disparu, pendant quelques années, des services légaux. On ne pouvait guère retracer son itinéraire qu’à travers les meurtres qu’il avait laissé derrière lui, des morts qui ne correspondaient à aucun profil connu. Kasady avait tué de jeunes femmes après les avoir violés, oui, mais aussi des vieillards, et même des enfants. Parfois, il tuait la première personne qu’il croisait dans la rue, parfois, il torturait toute une famille.
Depuis l’un des hélicoptères qui les amenait vers leur cible,
Chris Redfield écoutait silencieusement le rappel du briefing. Kasady était un individu qu’il aurait certainement pris plaisir à molester un peu à l’époque où il faisait partie des S.T.A.R.S., une unité d’intervention d’élite de la police de la défunte ville de Raccoon City.
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Kasady a fini par être arrêté, et c’est là que les choses se compliquent. »
On disait que, depuis la fin de la guerre froide, le monde était devenu plus sûr. De cela, Chris était loin d’être convaincu. Jadis, l’ennemi était visible, les frontières étaient claires. Maintenant, dans le monde de l’après-guerre froide, une nouvelle menace avait éclaté, une menace que les gouvernements et, de manière plus générale, les peuples, avaient cru bon d’étouffer sous la menace soviétique : la criminalité internationale, et sa conséquence la plus néfaste, le
terrorisme. Les attentats du 11-Septembre avaient été la prise de conscience mondiale de la menace terroriste, mais il y avait aussi eu, dans la même période, l’incident de Raccoon City.
Raccoon était une ville des États-Unis, une métropole qui avait prospéré grâce à une très puissante société pharmaceutique, Umbrella Corporation. Umbrella était une société mondiale, une transnationale très diversifiée, avec un chiffre d’affaires qui l’avait placé près de grands groupes comme Exxon ou Wal-Mart. La société avait été fondée par le triumvirat : Ozwell Spencer, Edward Ashford, et James Marcus. La société avait été fondée pour exploiter des armes d’un nouveau genre, dans un cadre militaire : les virus. Le but d’Umbrella avait toujours été la guerre bactériologique, en vendant aux gouvernements ses recherches en vue de créer des épidémies, ou d’améliorer les capacités de soldats à l’aide de virus génétiques, le premier de ces virus, découvert par les trois fondateurs, étant le virus Progenitor. Ils avaient vendu leurs recherches à l’OTAN, dans le cadre du conflit contre l’URSS, et l’OTAN avait financé leurs recherches. Umbrella avait implanté à Raccoon City le cœur de ses activités, plusieurs de ses principales usines, ses laboratoires, et Spencer y avait fait construire son manoir, dans les hauteurs de la ville.
Umbrella avait ainsi développé Raccoon, et l’avait détruite. Vers la fin des années 1990’s, Chris avait participé à une mission de sauvetage dans le Manoir Spencer. On parlait, depuis plusieurs semaines, de disparitions inquiétantes, de chiens dangereux s’en promenant aux voyageurs et aux touristes, dans cette région. Les STARS, une équipe de police d’élite, ressemblant presque à des militaires, avaient envoyé une première équipe, l’Unité Bravo, enquêter sur place. L’Unité ne donnant plus de réponse, le STARS avait envoyé une autre unité, Alpha, dont Chris faisait partie. C’est ainsi que la vie de cet ancien pilote de l’US Air Force avait changé pour de bon en découvrant que le manoir Spencer était un manoir de façade, vide, dissimulant l’accès à l’un des laboratoires d’Umbrella, où la firme avait mené des expériences visant à transformer les gens, par le biais du Virus-T. Ces expériences, qui avaient initialement pour but de lutter contre la mort, avaient créé les chercheurs en zombies, contaminant aussi les animaux mangeant de la chair infectée. Chris s’était battu au sein du manoir avec sa coéquipière, Jill Valentine, et ils avaient réussi à sortir du manoir, mais l’infection s’était répandue jusqu’à la ville.
Toute une ville avait été détruite par les exactions d’Umbrella, qui avait fait le ménage en envoyant une tête nucléaire sur la ville, et en prétextant un incident au réacteur nucléaire. Cependant, malgré les soutiens d’Umbrella au sein du gouvernement américain, et malgré une armée de juristes qui avaient bataillé, Chris et ses alliés avaient réussi à faire tomber l’organisation, en révélant au grand jour leurs innombrables infractions. Son siège social étant à Paris, c’était finalement la justice française qui avait ordonné la dissolution de la société.
Cependant, malgré la fin d’Umbrella, son héritage avait perduré : le
bioterrorisme. Autrement dit, l’utilisation de virus et d’armes bactériologiques, émanant des recherches d’Umbrella. Quand la société avait commencé à s’effondrer, beaucoup de cadres ou de chercheurs avaient vendu leurs recherches aux plus offrants : dictateurs, terroristes, fondamentalistes islamistes... On trouvait toujours preneur. Face à cela, la communauté internationale avait fondé une agence de lutte contre le bioterrorisme, le BSAA, pour
Bioterrorism Security Assessment Alliance. Un organisme soutenu par l’ONU, une agence internationale regroupant les survivants de Raccon City, mais aussi d’autres membres, et dont le but était de lutter contre le bioterrorisme, et de mettre fin à l’héritage d’Umbrella Corporation.
Le rapport entre Umbrella et Cletus ?
C’est que Cletus Kasady était une arme bactériologique de grand danger. Quand la police avait enfermé le psychopathe, il avait côtoyé Eddie Brock, en devenant son camarade de chambrée en prison. Or, Eddie Brock avait été infecté par un parasite extraterrestre, un alien, et était devenu Venom, avant d’être appréhendé. Or, en prison, Venom avait donné naissance à un enfant, et cet enfant avait infecté Cletus Kasady, devenant Carnage.
Et Carnage était une menace redoutable. Il avait commis bon nombre de meurtres, avant d’être séparé de son symbiote, qui avait été envoyé dans l’espace.
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Et c’est là qu’on fait la jonction... Car le symbiote de Carnage a été récupéré dans l’espace, et la même personne qui l’a récupéré a, d’après nos informations, organisé l’évasion de Kasady. »
Cet homme était un industriel véreux, qui avait fait fortune dans l’informatique, connu pour être un rival de Tony Stark,
Michael Hall. Ce jeune Américain pétri d’argent avait récemment développé une nouvelle approche, dans les prothèses, en associant technologie et prothèse, afin de créer un lien symbiotique entre ses prothèses et le cerveau, par le biais d’une puce plantée près du cerveau, et d’impulsions électriques. Il avait récemment réalisé une conférence de presse à New York pour parler de son invention.
Une façade publique, car, en réalité, Hall avait accueilli, parmi ses actionnaires, un ancien cadre dirigeant d’Umbrella Corporation, et ils avaient décidé de récupérer Carnage, et de le reformer, avec, pour but, de créer une nouvelle génération de zombies et de monstres : des sortes de zombies-symbiotes qui seraient commandés par la puce de Michael Hall, formant ainsi une terrifiante armée.
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Nous approchons de Kantura » signala Chris en se penchant vers la porte latérale de l’hélicoptère.
Hall dirigeait une usine dans une région de l’Afrique subsaharienne, au milieu de la jungle. C’est ce qui expliquait pourquoi la branche africaine du BSAA avait été mobilisée, et, si Chris les avait rejoint, c’est parce qu’il enquêtait sur Hall, ainsi que sur le cadre avec qui l’homme travaillait, puisque ce cadre était un ennemi de Chris, que l’homme avait traqué dans toute l’Europe : l’ancien chef de l’Unité Alpha des STARS,
Albert Wesker.
Kantura était une petite ville qu’ils aperçurent rapidement. Elle était perdue au milieu de la jungle, sur une plaine, et les hélicoptères du BSAA se rapprochèrent.
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Rappelez-vous qu’on n’a reçu aucun signal de Kantura depuis plusieurs semaines. Tout laisse à penser qu’une bio-infestation a eu lieu. Il faut trouver le pathogène en question, et découvrir qui a fait cela. »
Chris avait aussi une raison infiniment plus personnelle d’avoir rejoint cette opération, car, récemment, son dernier combat contre Wesker l’avait laissé endolori. Il l’avait traqué avec l’une de ses plus vieilles partenaires, et Wesker l’avait tué : Jill Valentine.
Aujourd’hui, il faisait équipe avec une nouvelle femme, issue de la branche africaine du BSAA :
Sheva Alomar. Il la regarda, alors que leur hélicoptère se rapprochait d’une cour, suffisamment grande pour qu’ils puissent atterrir.
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Vous êtes prête ? »
C’était la première mission de Sheva au sein du BSAA, et le commandement avait donc estimé plus judicieux de la mettre près d’un individu expérimenté, comme Chris.
Il n’y avait plus qu’à espérer que le duo soit efficace...