Mira resta immobile, pensive, tandis qu'elle observait Springtrap se débattre. Heureusement que son filet était solide. A la façon dont il remuait, la mercenaire en conclut qu'il était toujours aveuglé par le flash lumineux, et donc qu'elle pouvait prendre un échantillon d'ADN sans trop de risque. Soudain, le terranide se mit à beugler encore une fois sur le fait qu'il n'était pas Inferno, utilisant des arguments qui devaient sans doute lui paraître convaincants, mais qui l'étaient bien moins pour la jeune fille.
« Tout ça, ce ne sont que des mots. Je n'en serais sûr que lorsque j'en aurai la preuve formelle et indubitable. Alors ne bouge pas et ça ira plus vite. »
Mira alla vers Springtrap en vitesse, lui prit un cheveu dans un mouvement rapide et s'éloigna dès qu'il se mit à grogner en signe de protestation. Avec ce cheveu, elle allait enfin pouvoir vérifier si ce malade mental était juste un détraqué qui vivait en solitaire dans un hôpital abandonné ou son insaisissable adversaire. Elle activa son kit portatif d'analyse ADN, un outil blanc de forme rectangulaire qui contenait la séquence ADN d'Inferno grâce à un échantillon récupéré sur son masque. La comparaison allait prendre moins d'une minute puisqu'il s'agissait d'une simple vérification, mais le temps parut s'écouler très lentement pour la jeune fille. Cet appareil allait peut-être lui apporter la preuve qu'elle avait enfin terminé sa mission, qu'elle allait pouvoir rentrer chez elle l'esprit léger et continuer à vivre sans craindre en permanence pour sa vie et celle de ses proches. Non pas qu'elle n'avait pas aimé tout ce qu'elle avait vécu en étant sur Terre, mais la compagnie de sa sœur lui manquait, et elle souhaitait vraiment rentrer au plus vite.
Le résultat arriva enfin... et Mira vit tout son enthousiasme s'envoler d'un seul coup.
« Résultat négatif. »
Cette fois ci, il n'y avait plus de doute possible : Springtrap n'était pas Inferno, c'était juste un dingue comme il y en a tant sur Terre. Depuis le début, ce qu'il clamait sur son identité était bien la vérité. Mais cette révélation entraînait une autre question : qu'allait elle maintenant faire de ce type ? Elle ne pouvait pas le conduire dans une prison humaine parce que c'était un terranide, la prison Eternum n'aurait jamais voulu de lui et elle ne se sentait pas l'envie ou le courage de lui mettre une balle dans la tête. Elle n'était pas le genre de chasseuse de primes qui se livrait au meurtre gratuit, même si ce type était une belle ordure. Une seule solution lui paraissait envisageable : le laisser dans son hôpital et espérer que personne d'autre ne serait assez téméraire pour s'y aventurer. Cette solution pouvait paraître irresponsable et dangereuse, mais c'était la seule qu'elle avait. Elle alla se mettre à genoux près de son ennemi, mais toujours en restant assez loin pour ne pas se faire arracher un morceau de chair.
« Bon... il semble que tu m’ai dit la vérité. Malheureusement, je ne peux pas te mettre en prison ou te tuer, alors je vais juste m'en aller et te laisser ici. Mais pour être sure que tu ne vas pas essayer de me massacrer dès que je te tournerai le dos... »
Mira décocha une seringue hypodermique de sa ceinture et la planta dans la peau de Springtrap. Elle se fit mordre le doigt entre temps, mais ça valait le coup.
« C'est un tranquillisant. Quand il fera effet, je t'enlèverai ce filet et puis je partirai. Tu te réveilleras dans les trente minutes qui suivront. »
La mercenaire attendit patiemment que le produit fasse effet, observant son ennemi se débattre et beugler comme un animal, ne cessant de répéter qu'il allait se venger un jour ou l'autre. Et quand il sombra dans le sommeil, la jeune fille retira le filet qui l'entravait. En le voyant ainsi, elle se dit qu'elle avait eu une chance folle de s'en sortir vivante. Il était si fort, si dangereux, et si dingue... Elle aurait pu se faire violer et dévorer par cette créature. Et maintenant qu'elle semblait s'en être sorti, la vie lui semblait bien plus fragile. Elle quitta la pièce accrochée à cette nouvelle mentalité, puis courut vers la fenêtre du premier étage qu'elle avait brisée pendant sa première sortie et fila en un éclair, toujours en se retournant de temps en temps pour s'assurer qu'elle n'était pas suivie. Heureusement, elle parvint à quitter l'hôpital sans encombre.
Elle put rentrer au lycée et retrouver sa chambre sans encombre, mais elle ne se sentait pas plus sereine pour autant. Après être passée si près du viol et de la mort et avoir été torturée psychologiquement pendant si longtemps, elle ne parvenait plus à fermer les yeux sans revoir l'horrible visage de son bourreau qui, en ce moment même, devait s'être réveillé et devait être en train de hurler toute la rage accumulée en lui. La jeune fille se rendit vite à l'évidence : elle ne se sortirait pas de cette situation toute seule. Et elle ne connaissait qu'une seule personne qui pouvait lui venir en aide.
Deux minutes plus tard, Mira était à la porte de la maison de sa sœur. Ce fut cette dernière qui lui ouvrit, visiblement surprise de voir sa cadette débarquer à l'improviste. Ni une ni deux, la jeune fille sauta dans les bras de son aînée et se mit à pleurer, évacuant ainsi toute la tension et la peur qu'elle avait accumulée au cours de cette terrible soirée. Durant toute la nuit qui suivit, les deux sœurs restèrent ensemble pour discuter de ce qui était arrivé. Camille dut user de beaucoup de diplomatie, de plusieurs jours d'entraînement physique et mental, ainsi que d'un peu de magie pour calmer sa jeune sœur. Et finalement, trois jours après être arrivée, elle repartit en direction de la Terre. Après tout, sa mission n'était pas terminé. Et avoir survécu à Springtrap lui donnait encore plus de motivation pour réussir.
Encore deux jours après ça, un paquet arriva à l'hôpital abandonné, envoyé par Mira à l'intention de son seul occupant. A l'intérieur se trouvait une copie du vinyle d'Elvis qu'elle avait détruit pendant sa fuite, avec une petite note l'accompagnant :
En remplacement de ton disque préféré. A jamais,
Mira.
De cette façon, elle mettait définitivement un terme à cette histoire.