Son nouveau maître entreprit de la rincer à l’aide d’une éponge. La jeune esclave ne put s’empêcher de tendre ses muscles. A chaque fois qu’on la touchait c’était ainsi. Elle avait bien trop souffert des coups et des sales blagues de ses anciens propriétaires. Elle était devenue bien plus attentive à leurs gestes. Et elle devrait apprendre ceux du Docteur également. Ce la viendrait avec le temps. Pourtant il ne semblait pas dégager une colère ou une violence particulière à cet instant. Ni une sorte d’excitation morbide qu’elle pouvait ressentir lorsqu’elle était sur le point d’être violée. Visiblement, il se contentait de rester méticuleux dans chacun de ses gestes, nettoyant son corps avec soin. Zuë se laissa faire sans bouger.
Il lui avait alors expliqué pourquoi ses yeux l’intéressaient. Une histoire de peur que la jeune esclave ne comprit pas trop sur le moment.
« Si Zuë ne peut pas voir ce que lui fait le Docteur, elle n'aura pas peur, non ! »La jeune femme n’était pas vraiment de cet avis. Certes, elle ne voyait rien mais, lors d’acte pareil, ce n’était pas forcément un avantage. Du moins pour elle. L’acte sexuel était trop complexe pour qu’elle puisse deviner ce qui se tramait dans la cervelle des hommes ou des femmes qui profitaient d’elle. Ils réagissaient à des impulsions parfois animales qu’elle ne pouvait anticiper… des impulsions parfois très violentes d’ailleurs…
La réponse à sa seconde question, Zuë l’écouta attentivement. En dehors de ses oiseaux et de son cheval, le Docteur vivait seul ici. La suite l’intrigua bien plus. Elle n’était pas sa première esclave. Ce n’était pas étonnant en soit mais, ce qu’il l’était, c’était qu’il tienne à lui faire savoir que de trahison, ces esclaves étaient morts après avoir obtenue la liberté. Est-ce que son maître s’étonnait qu’un esclave, même plus ou moins bien traité, ne fuie à la première occasion ?
Lorsque sa toilette fut terminée, Zuë se laissa entourée de la serviette qui lui fut proposée. Elle sortit de la baignoire et quitta la pièce avec l’aide de son maître. Elle commençait à se sentir moins mal à l’aise dans cet environnement. Pour le moment, cet homme ne lui faisait aucun mal et prenait soin d’elle, comme à une personne que l’on apprécie. Mais n’y avait-il pas du sadisme derrière tout ça. Peut-être endormait-il ses futures victimes ainsi… Zuë avait déjà vu ça…
La petite esclave fut très attentive aux indications de son maître et à l’organisation des pièces. 1.2.3. Il ouvrit la troisième et entra, Zuë à sa suite. La pièce devait être assez grande. Une odeur de lessive propre planait, ce qui rendait la pièce un peu plus respirable que les autres. Mais sans savoir pourquoi, Zuë eut du mal à se sentir à l’aise. Surement à cause de ce que pouvait représenter une chambre à ses yeux…
« Ici, chambre du Docteur et de Zuë. Deux lits, oui ! Zuë avec le Docteur pour se donner. Dormir dans l'autre lit après ! Ou avec le Docteur si elle veut, oui, oui ! Zuë peut choisir, le Docteur s'en moque. Zuë peut aller et venir dans la chambre comme elle veut, oui, oui ! Fouiller, jamais. Jamais, non non ! »La jeune femme hocha la tête, signe qu’elle avait compris. Ce qui la troubla ne fut pas d’entendre qu’elle devrait se donner, ça elle l’avait bien compris. C’était son devoir d’esclave après tout. Ce ne fut pas le fait non plus qu’on lui offre un lit. Certains maîtres aimaient faire illusion d’un certain confort auprès de leurs esclaves, comme on peut en donner à un animal avant de le mener à l’abattoir. Non ce n’était rien de cela. Mais seulement le fait qu’on lui laisse le choix. Cela lui était encore inconnu jusqu’ici. Sous condition de ne pas fouiller et reverser n’importe quoi. Dommage pour Zuë qui était de nature plutôt curieuse…
Elle fut attentive à toucher tout le mobilier autour d’elle que lui présenta le Docteur. Elle devait prendre ses marques et cela était apparemment très important pour son nouveau maître. Il lui indique ensuite une armoire où étaient mis quelques vêtements à sa disposition. Encore une nouveauté. Elle était l’impression d’être choyée, comme si elle était une simple invitée. Mais elle ne l’était pas. Elle nota bien l’interdiction d’ouvrir la seconde armoire. Elle se demanda bien pourquoi. N’avait-il pas l’intention de lui faire faire sa lessive ? Dans ce cas comment pourrait-elle ne pas avoir accès à ses vêtements ? Une autre question à poser peut être… Mais il ne tarderait pas à lui faire savoir ce qu’il attendait exactement d’elle dans cette maison. Peut-être simplement occuper ses nuits…
Elle le sentit ensuite s’éloigner à l’autre bout de la pièce. Il prit quelque chose et se dirigea de nouveau vers elle. Il attrapa son bras qu’il tendit et Zuë sentit une aiguille s’enfoncer dans son bras. Elle laissa échapper un sifflement, l’aiguille n’était pas bien fine. Lorsqu’il eut terminé, elle replia son bras contre elle et se massa l’intérieure du coude. L'explication de Docteur ne tarda pas...
Quoi ? Il venait de lui injecter une sorte de virus potentiellement mortel ?! Il était complètement fou. Zuë détestait les piqures et frémit à l’idée qu’elle devrait en subir quotidiennement afin de ne pas souffrir de cette fameuse maladie. C’était malin. Surement un moyen pour lui de s’assurer qu’elle ne s’échapperait pas, tout en lui laissant la possibilité d’une certaine liberté dans ces lieux…
Elle était sur le point de lui demander s’il était bien sûr de lui, s’il n’y avait pas de risque qu’elle en meurt dans les prochaines minutes, mais le Docteur quitta la pièce. Quelques minutes plus tard, elle entendit l’eau couler dans la salle de bain.
Retrouvée seule dans la grande chambre elle se rapprocha du grand lit à baldaquin de son maître et passa la main sur les draps. Ils n’étaient pas tous neufs mais propres et parfaitement tirés, bordant le lit avec une certaine méticulosité. Zuë se demanda s’il l’avait fait lui-même ou bien si s’était l’œuvre de son ancienne esclave. Qu’avaient-ils puent subir dans cette pièce avant elle ?
Zuë se rendit ensuite vers sa petite armoire. Elle était encore simplement enveloppée dans une serviette de bain et il ne lui avait pas interdit de se rhabiller. Elle ouvrit la porte et une odeur d’humidité mélangée à celle, plus douce, d’un produit nettoyant s’en échappa. Elle balaya les tissus d’une main. Les précédentes esclaves les avaient-elles portées ? Elle sortit quelques vêtements étendus sur des cintres afin de définir ce qu’ils étaient. Des robes en majorité plutôt légère et qui n’étaient visiblement pas neuves. Quelques rares sous-vêtements également et une ou deux tenues de nuit. Elle ne s’attarda pas longuement et attrapa ce qui lui semblait être une culotte qu’elle enfila. Elle choisit ensuite au hasard une robe dont elle appréciait le tissu et se décida à la porter également.
Elle fouilla encore un instant et se décida à prendre également ce qui ressemblait à un foulard.
Ceci fait elle se rapprocha de son petit lit où elle s’assit. Elle profita alors de l’absence de son maître, toujours dans la salle de bain, pour détacher avec précaution le bandage autour de ses yeux. Elle le posa délicatement sur ses genoux puis du bout des doigts, frôla les cicatrices toujours présentes autour de ses yeux vides et boursoufflés. Rien ne semblait s’être infecté mais rien ne semblait guérir non plus.
Elle était désormais l’esclave d’un Docteur certes complètement tordu et légèrement effrayant, mais elle avait noté que ce devait être également une sorte de chimiste. Il détenait de nombreux liquides aux odeurs plus étranges les unes que les autres. Restait à savoir si ce fameux Docteur avait réellement des connaissances en médecine… Peut-être pourrait-il alors remédié au côté le plus disgracieux de Zuë. L’aider à retrouver un vrai visage. Même aveugle elle tentait de faire attention à son apparence. Et était incapable de dire si elle était jolie ou non.
Elle Attrapa ensuite le fameux foulard qu’elle avait trouvé dans son armoire et le mesura à l’aide de ses doigts. Il était de bonne taille. Elle entreprit donc de l’entourer autour de sa tête, se confectionnant ainsi un nouveau bandeau plus propre, faisant le tour de sa tête et attaché d’un petit nœud caché sous ses cheveux. Elle était ainsi bien plus présentable.
Alors qu’elle écoutait à nouveau le bruit de la tuyauterie de la salle de bain, elle se surprit à s’imaginer ce drôle de spécimen sous sa douche. Se posa alors la question s’il gardait son masque même à cet instant ou pas. Zuë fut déçu de ne pas pouvoir avoir l’usage de ses yeux à cet instant pour aller espionner le physique de son maître. Etait-il laid ou pas ? En tout cas il était de grande taille, elle en était certaine, et n’était pas gros non plus. C’était déjà cela…
Elle respira l’air ambiant à la recherche d’air un peu plus frais. Elle visualisa donc la position d’une fenêtre et s’en approcha. Elle l’ouvrit, elle n’était pas condamnée ou verrouillée. Elle passa la tête à l’extérieure et profita du vent frais qui fouettait son visage. Ici, les senteurs de la nature étaient bien plus fortes qu’à Nexus. Un véritable régal pour ses sens. Un sourire naquit sur ses lèvres. Elle avait enfin quitté cette satanée cité qui l’empêchait de respirer.
Soudain un croassement retentit au-dessus de sa tête. Zuë soupira. Encore un de ces foutus corbeaux. Lequel étais-ce, celui-ci ? Tumeur le blagueur ou bien l’autre…. Commet se nommait-il déjà… ah oui. Gangrène. Son maître lui avait dit qu’elle devrait finir par les apprécier elle aussi. Cela n’allait pas être facile.
Le volatile, dans un battement d’aile vint se poser près de la fenêtre ou s’était accoudée la jeune esclave. Il claque son bec à plusieurs reprises et laissa échapper d’autres croassements.
« Désolé tête de piaf, je n’ai pas de chair fraiche pour toi. Et quand j’en ai donné à ton copain la dernière fois, il m’a fait un sale coup. Alors fiche le camp tu veux ? »Elle tenta de l’éloigner à l’aide de « psssst, pssst » et de grand mouvement de bras mais le corbeau ne bougea pas d’un iota. Il sautait en claquant du bec, comme amusé par la situation. Zuë soupira. Elle recula dans l’idée de lui fermer la fenêtre au bec mais il fut bien plus rapide qu’elle et s’envola dans la pièce avant de se poser sur ce qui devait être l’armoire du Docteur. Zuë se retourna et se rapprocha.
« Oh non certainement pas, tu ne m’auras pas comme ça. Je ne suis pas aussi idiote. Va-t’en donc ! »Elle ne comprenait pas pourquoi ces satanés oiseaux tenaient tant à la faire tourner en bourrique et lui faire des blagues pareilles. Et pourtant sa curiosité était trop grande. Elle hésita puis dans un soupire s’approcha de la grande armoire. Elle s’arrêta devant et posa la main sur le vieux bois vernis. Ses doigts effleurèrent les poignées mais elle finit par se reprendre et recula. Hors de question de s’attirer des problèmes à cause d’oiseaux moqueurs.
Elle décida donc d’attendre patiemment le retour du Docteur. Si seulement elle avait pu voir, nul doute qu’elle aurait été risquer un œil dans la salle de bain… Mais en attendant, elle décida plutôt d’aller s’allonger sur son nouveau lit, ignorant l’oiseau qui croassait de plus belle.
« Oh ferme là, tu veux ? Ou je te transforme en cuisses de poulet grillées ! »Le corbeau se tu, puis s’envola et se posa sur la petite armoire de Zuë. Tandis que la jeune esclave commençait à s’endormir, épuisée, l’oiseau, lui, guettait sagement…