Cher journal,
Aujourd'hui, j'ai enfin déménagé au lycée où je vais vivre pour, d'après ce que j'ai compris, les trois prochaines années. Cette journée toute entière m'a mise à l'épreuve, tu vas vite t'en rendre compte.
Pour commencer, on m'a amené à l'établissement en question. Le centre dans lequel je vivais jusqu'à maintenant était à l'autre bout de la ville par rapport au lycée. Je n'aurais jamais pu faire le trajet toute seule, mais ils ne m'ont pourtant pas bien aidé : j'ai fait le trajet complet dans un véhicule assez moche, conduite par un type qui avait un air louche et qui n'a pas décroché la mâchoire de tout le trajet... Sauf au bout d'une demi-heure de route, où il s'est arrêté en disant simplement "on est arrivé." J'ai juste eu le temps de sortir ma valise et de claquer la portière que déjà il était repartit. Ni bonjour, ni au revoir. Moi qui avais seulement besoin qu'on me rassure.
Heureusement, ma valise n'était pas bien lourde. Elle ne contenait que quelques vêtements - pour la plupart identiques - que l'on m'a donné au centre, toi-même, un nécessaire de maquillage dont je ne savais toujours pas me servir, un pyjama, des cahiers et des livres qui allait visiblement me servir tout au long de l'année. Par contre, je n'avais aucune idée de ce que j'étais sensée faire... A peine arrivée que déjà je me sentais perdue. J'étais seule, face à un grand bâtiment derrière une grille grande ouverte. D'autres étudiants, garçons comme filles, dans la même tenue que moi, étaient présent et faisaient des trucs tout autour. J'étais visiblement la seule à ne pas savoir quoi faire. J'avais envie de pleurer, mais j'ai tenu bon.
J'ai eu au bout de quelque minute d'errance parmi cette foule que je n'osais regarder - certains d'entre eux me lançaient des regards étranges - finis par attirer l'attention de quelqu'un qui semblait sincèrement s'intéresser à moi. C'était une femme, qui s'est présentée comme une "gardienne" ou une "surveillante", je ne sais plus... Enfin, comme gardienne du dortoir des filles. Elle m'a expliqué que les garçons et les filles dormaient dans des bâtiments séparés, c'était la première bonne nouvelle de la journée. Par contre, je me sens assez honteuse, car j'ai déjà oublié son nom.
Elle m'a guidé jusqu'à ma chambre. J'espère sincèrement me souvenir de tout le trajet, il y avait plusieurs bâtiments, chacun ayant plusieurs étages, chacun ayant plusieurs chambres... Mais au moins, j'étais dans la mienne. J'ai pensé à défaire mes affaires, et j'ai remarqué alors que pour mon plus grand malheur, il y avait deux lits distincts. Je vais devoir partager toute mon année avec une autre fille. J'espère qu'elle sera patiente avec moi, je commence à peine à comprendre les modes de vie des humains de ce monde.
J'ai donc décidé de l'attendre avant de défaire mes affaires, ne voulant prendre aucun risque de commettre une erreur. Il y a une fenêtre dans cette chambre, j'ai contemplé longtemps ma nouvelle ville. Elle semble si immense, si effrayante. J'ai dû passer une bonne heure à attendre. Alors que je commençais à espérer que le deuxième lit ne servirait à rien, que je serais seule à dormir, le bruit de la poignée de la porte qui se tourne m'a fait sursauter.
C'était elle !