La
colonie maritime de Town’s Bay faisait partie de cet ensemble de villes construites et développées par Nexus dans ses eaux territoriales, s’étendant sur de nombreux milles nautiques au-delà de la côte. Un ensemble d’îles, sauvages ou habitées, qui formait de multiples archipels, séparant Nexus d’autres royaumes insulaires plus éloignés, comme les Îles Mélisi. Les colonies maritimes de Nexus constituaient une zone importante pour Nexus, car elles étaient l’ouverture concrète de Nexus sur la mer. Or, le commerce maritime international était l’une des principales et plus importantes revenus d’argent de la cité-État. Pour lutter contre les pirates et les dangers océaniques, Nexus avait dû progressivement s’implanter sur ces colonies, les exploitant également. De multiples denrées émanaient ainsi de ces îles. Town’s Bay, par exemple, était un important port de pêche, et l’une des plus importantes villes coloniales.
Il était donc naturel qu’Elena et Adamante y fassent une halte. La Reine de Nexus avait un agenda assez chargé en ces terres. Outre une visite amicale de la plupart des colonies, afin de renouveler la confiance et le soutien de la Couronne à ses terres éloignées, il fallait aussi discuter d’un traité avec les sirènes de Nexus. Ces dernières vivaient dans un royaume océanique, Arcnos, qui se situait au-delà des Îles Mélisi, mais qui était historiquement lié aux Mélisains et, partant de là, aux Nexusiens. Arcnos avait ainsi régulièrement protégé les marins malchanceux chutant dans la mer. Le royaume était dirigé par une femme, la
Reine Moïra, et cette dernière avait récemment appelé à l’aide les Mélisains. En effet, leurs terres étaient assiégées par de multiples ennemis, et, si Arcnos tombait, les fonds océaniques seraient bien moins sûrs. Un problème préoccupant, et qui avait finalement amené la Couronne à envisager un traité en déployant sa Marine.
Tandis qu’Elena était restée à Town’s Bay pour discuter avec le Gouverneur, Adamante, elle, avait pris les devants. Voguant à bord d’un solide bateau, le
Strickjaw, elle rejoignait un ensemble d’îles assez sauvages, appréciées pour leur beauté sauvage, mais aussi dangereuse. Les fonds marins étaient remplis de
carcasses de bateaux, de funestes rappels des dangers de la mer.
«
Nous approchons de la crique ! lança un homme.
-
Parfait... Mais pas d’imprudence. »
Le capitaine du navire ordonna d’abaisser plusieurs mâts, afin de faciliter les déplacements du
Strickjaw, car la fenêtre était étroite. Une mince ouverture entre deux falaises menait à la
crique de l’Esnival, l’accès à une île vierge, cerclée de falaises et de récifs, ce qui faisait que cette crique était le seul moyen d’aller ici, à moins de faire un large détour, ce qu’Adamante ne pouvait pas se permettre. Se rapprochant, le
Strickjaw ralentit donc sa course, tout en se déplaçant, se rapprochant de cette ouverture dans la paroi.
Les marins retinrent leur souffle en voyant les hauts murs de pierre les entourer... Puis le vaisseau s’enfonça dans la crique, et largua plusieurs ancres, qui se plantèrent dans le sable.
«
On est amarrés ! »
Parfait... Rassurée, Adamante ordonna qu’on mette un canot, et plusieurs marins la portèrent jusqu’à la plage. L’équipage du
Strickjaw pouvait légitimement se demander ce qu’ils faisaient ici, dans cette crique sauvage. Adamante avait choisi de venir seule, car ce qui l’amenait ici n’était pas politique, mais magique, et, si l’agenda de la Reine n’avait pas été si chargé, elles seraient peut-être venues ensemble... Pour sa curiosité.
Adamante devait retrouver une sirène ici, dans cet endroit discret.