Je poste ici le début d'une pièce que je commence à écrire dans le but de la jouer un jour. Les avis sont les bienvenues. Je posterai au fur et à mesure la suite.
Pour ceux qui cherchent un sens ... Je suis passionnée par la guerre et ses conséquences sur les personnes fragiles.
ACTE 1
Scène 1
La scène est dans le noir.
Swann : Froid. Froid, noir. Souffle froid, lumière noire. Obscurité. Peur. Rien de plus, rien de plus dans mon esprit. Y’a qu’ça, y’a qu’cette merde qui roule, roule, s’enroule dans les limbes d’mon cerveau décharné. Le Froid il me mord, il me dévore, il enlève toute la peau sur mes os. Froid. J’ai tellement froid. T’as pas froid, toi ? Pourquoi tu réponds pas ? Putain, pourquoi t’es silencieux ? T’es pas une tombe, non ? T’es quoi ? L’froid, il vient bouffer mes cellules grises, je perds la boule. C’est ce noir, tout est la faute du noir, du noir. Mes orbites sont comme vides. Mes yeux ils sont devenus noirs. La tête. Mal à la tête. Je sais pas ce que je fous là. Tu sais toi ? Réponds, merde ! Réponds-moi ! Le silence, c’est la mort. La nuit, le froid, le silence, c’est la mort. J’suis morte ? Tu crois que je suis morte ? Il fait si froid. Je sens la terre dans mes ongles qui grignote mes os, ma peau à vif, mes chaires recouvertes de saleté. D’la boue, d’la pluie, du noir, d’la terre, des bruits. C’est un silence de sons. C’est tellement fort. Mal à la tête. T’entends ? T’entends le brouhaha de sons, de tonnerres comme si la foudre nous tomber dessus ? T’entends ? Ouais, j’sais, tu veux plus parler. Tu veux plus parler ou tu veux plus me parler ? Non, c’est différent. J’te jure, Nicolas. C’est différent. Tu ne sais pas. Hein ?
J’ai peur. J’ai peur du froid, du noir, du silence. Le ciel il me tombe plus sur la tête, il m’entoure, il m’enlace, il me prend et me transporte jusqu’à mon tombeau. Tu vois le linceul, là-bas ? Nico’, tu l’vois, le linceul de feuilles mortes, de sang séché, de munitions perdues ? Dis-moi, tu crois que c’est ta faute ? Non. Bien sûr. C’est jamais ta faute ! C’est jamais ta faute, putain ! C’est toujours celle des autres ! Ca t’arrange, sale idiot ! Tu penses à moi, parfois ? Un coup de fusil résonne. Ils sont là. Ils sont prêts. Nicolas, ils sont là ! Dis quelque chose ! Ca reprend, ça repart comme hier, comme la veille, l’avant-veille, le jour d’avant, c’est toujours pareil ! J’ai peur, Nicolas. Fais quelque chose ! Je veux pas que ça continue, je veux pas. J’ai mal à la tête. Ca reprend. Tu crois que c’est ma tête qui m’fait mal ? Tu crois que ça vient de ma tête, que c’est pour ça que … Un nouveau coup de feu une rafale semble s’abattre sur la salle. Je l’entends, tu crois ? Je l’imagine ? Répond. Réponds ! REPONDS ! DIS-MOI ! Nicolas, réveille-toi ! Pourquoi tu réponds plus ? Je sens même plus ta tête sur mes cuisses, je sens plus tes cheveux entre mes doigts. T’es devenu un poids mort, Nico. T’es mort ? Non. Sinon, y'aurait des vers dans la boue.
Tu crois à ce qu’ils disent les autres ? Tu sais, ils parlaient de l’art, du commerce, de l’art commercial. Tu te rappelles ? Tu crois que c’est l’avenir ? Non, je crois pas, moi. ‘Me semble pas. Qu’est-ce t’en sais, tu vas m’demander ? T’as toujours de ces putains de questions. Tu crois que l’art c’est l’avenir, toi ? Non, bien sûr que non. L’art commercial, c’est pas d’l’art, c’est de l’argent qu’on travestit, qu’on injure, qu’on prostitue. L’art, c’est la réalité qu’on salie, qu’on débauche, qu’on dévergonde. L’artiste, c’est un proxénète de la réalité. Tu veux pas bouger de mes cuisses ? T’es lourd, Nico. Tu crois que je sentirai les vers dans la terre, si t’étais mort ? Je suis pas sûre. J’ai l’impression de te voir, de t’entendre pourtant t’es silencieux. Et pourtant il fait froid. Froid, noir. Allez, bouge. Un bruit sourd résonne une nouvelle fois. La lumière se fait sur Swann. Elle est seule. Un habit quelconque sur les cuisses. T’as entendu ? C’est la nature qui se révolte ou les aut’ cons qui entrent dans la ville, qui viennent nous voler jusqu’à nos âmes. Je sais pas. Je suis comme toi, je suis pas sûre, je me tâte, je donne jamais d’avis, je me mouille pas pour l’un ou l’autre, je fais la fine bouche, celle qui sait qu’on veut son avis et qui se le garde comme une denrée rare ! Tu te reconnais, n’est-ce pas ? Mais t’as vu, tout le monde s’en fout, en fait de ton avis. T’as eu le choix, où tu l’as pas eu, quand on t’a envoyé sur le champ de bataille ? Ton avis, ils n’en avaient rien à carrer, tes chefs ! Ça t’a fait les pieds, tiens. Un nouveau coup de feu, suivi d’autres durant presque une minute. Tu vas pas me répondre en me faisant trembler ? T’es cruel, Nico. Tu es jaloux du Froid, c’est ça ? Lui, il caresse ma peau, c’est vrai, il mordille le lobe de mes oreilles, il joue avec mes frissons. Le noir me fait pleurer, le silence me fait hurler comme tu ne l’as jamais fait, même quand tu m’faisais peur, le soir, dans l’lit. Tu es jaloux, n’est-ce pas ? Tu es terriblement mignon, quand tu es jaloux. Tu fais la gueule comme un gamin, les plis de ta bouche sont malveillant, quand t’es jaloux, ton regard est rempli de désir, de haine. Tu te rappelles ?
Une silhouette sombre entre sur scène.
Nicolas : Ouais. Comme si c’était hier.
Un coup de feu, la lumière s’éteint.
Le titre est provisoire. Ouais, je cherche mieux, maaaaaais.