Tu te ballades ce soir. C'est drôle, j'ai l'impression que tu ne fais que ça, te promener, le soir, la journée, à la recherche de sang, d'amour, de miséricorde, de pitié, de punition, de je ne sais quoi. Tu es toujours aussi calme et tranquille que d'habitude, ton visage pâle ne reflète aucun sentiment. Aujourd'hui, tu es là, dans ces rues sombres, durant cette nuit, pour une seule et unique raison. Tu as besoin de sang. Tu es faible, encore plus fragile que d'habitude. Une victime, tu as besoin d'une victime, de son sang qui coule doucement dans ta gorge, qui colore tes lèvres d'andrinople et de carmin. Ce sang si bon, qui laisse un gout amer dans ta bouche, un arrière gout de mort, de pourriture...
Ce sang qui t'aide à te sentir mieux, qui te permets de survivre, de garder cette jeunesse, ces traits de jeune femme, cette peau de bébé, cette peau douce, ces yeux qui surveillent le monde de ton regard clairs, ton regard de femme fatale. Tu ne souris pas, tu respires à peine, ta robe frotte contre la peau de tes genoux, tu aimes le contact avec le tissu. Il est temps de te décrire. Ce soir, ta robe n'est pas celle de d'habitude. Elle est encore plus proche de ton corps, elle moule encore plus tes formes de jeunes femmes, le haut du corset colle ta poitrine, laissant apercevoir la fin du tatouage. Le bas de ta robe moule ton ventre plat, s'arrêtant vers bas de tes cuisses, quelques centimètres au dessus de ton genoux. Ta robe est noire, tu es seulement une silhouette, une belle silhouette qui cherche.
Cherche ta proie. Tu passes devant des bars. Des victimes inoffensives, bourrées d'alcool, de drogues, prête à dormir, ce sont des victimes faciles. Leur sang est un peu altéré, bien sûr, mais toujours bon. Tu choisis si tu les tue, ou si tu les épargnes. Ca dépend de ton caractère, de ton humeur, de leurs têtes. S'ils sont totalement bourrés et ne font pas de vagues, ils se réveillent avec deux trous dans le cou, et c'est tout. Sinon, ils ne se réveillent pas. Tu peux être sans pitié, toi, quand la mauvaise humeur y est. Ce soir, il te faut une victime bien fatiguée. Tu as trop tardé pour demander ton du de sang. Tu es fatiguée, tu auras du mal à invoquer plus de deux ou trois colombes, si jamais ta victime est en forme, n'a pas bu.
Tu traines toujours devant un bar. Tu attends que quelqu'un d'intéressant sorte. Et là. Là voilà, ta victime. Un homme. Jeune, sang...fabuleux. Ton corps se raidit, ta langue passe sur tes lèvres, les humidifie. Ce sang. Tu avances rapidement derrière lui. Dans tout ton corps, un frisson parcoure ta peau, tes cils se mettent à papillonner. Il est bien bourré. Il est bien saoul. Il a du mal à avancer. Oh, ce sang...Ca sera un délice, un repas de roi, un vrai régal. Comment un humain peut avoir un sang de cette qualité ?
Tu l'as suivi. Ton pas léger est rapide, il n'a pas du t'entendre. Bourré comme il l'est, il ne doit même pas savoir que tu es là, non ? Tu veux son sang, juste son sang, ce sang qui vient chatouiller ses papilles. Tu accélères. Ta colombe sur ton épaule lance un cri. RAH ! Merde ! Elle aurait du se taire, ta colombe ! Il va se retourner maintenant. Agis, vite ! Ta voix froide s'élève dans le silence d'une ruelle abandonnée. Vous êtes seuls.
"-Oh, bonsoir..."
Attends ? Tu essais de faire quoi, là ? De lui faire croire que tu viens de le rencontrer comme ça ..? Tu viens de le suivre pendant dix bonnes minutes, Lollipop ! Puis...Raaah ! Tes cheveux reviennent devant tes yeux, tu es prêtes à repartir. Mmm. Qui te dis qu'il ne te connais pas, hein ? Toi, l'Orchidée, la Fatale ? Tu es bête, non ? Tu l'as suivi, tu veux son sang, son si bon sang qui respire ... l'héroïsme ? Non, tu déconnes. C'est sans doute quelqu'un de courageux, de fort...C'est ce que te dit son sang. Tu veux le gouter. Tu lui fais dos. Mais tu hésites. Ta colombe piaille encore, bougeant ses ailes sur ton épaules. Elle s'envole et vient se poser sur le haut de la tête de l'inconnu. Tu te retournes, sifflant pour que ta colombe revienne vers toi. Tu ne sais plus quoi faire. Vois sa réaction face à toi et à ta colombe qui commence à gratter son crane.