Perdue cette nuit . . . [PV]

Il est tard. Très tard quand même. Tard pour trainer seule dans la rue. Seule et saoule. Kuko avait beaucoup trop bu ce soir-là, au pub. Elle avait enchainé verre sur verre. Un, deux, trois. Quatre, cinq, six. Sept, huit . . . dix . . . « Garçons encore un verre ! » Oui, encore un verre. Et encore un autre. Jusqu'à ce que Kuko, complètement ivre, ce fasse sortir du pub. À cette heure là il était vingt-deux heures trente, à peine !
La jeune femme avait erré dans la rue, bourrée. Elle avait chaud. Elle avait dégueulé. Sur la chaussée, bueurp. Bueurp. Kuko n'arrêtait pas de dégueuler. Plusieurs fois, c'était affreux à voir. Mais bientôt il n'y eu personne, la rue se vida. Kuko avait encore très chaud. Elle arracha les bouton de sa chemise, un par un, elle avait tellement chaud. Sa chemise bleu pâle était ouverte, laissant voir son soutien-gorge en dentelle bleue aussi, sur un bermuda marine. Et des Doc. Martins noires.

Kuko eut en fait le temps de décuver en fait. Elle marcha, bêtement, de traviole, avant de s'évanouir. Par terre, sur le béton dégueulasse. Pendant plusieurs heures, encore une fois. Avec des spasmes. Affreux, tout bonnement immonde. Jamais Kuko n'avait pris une cuite pareille. Et pourtant elle en avait pris des cuites, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Mais pas comme celle-là, non, jamais.
Alors à deux heures du matin, Kuko se réveilla, ayant un peu décuvée mais quand même un peu . . . mal. Elle voyait un peu double. Elle se releva, les cheveux gras et violâtres. La bouche pâteuse. Seule, dans la rue. Elle regarda le ciel en clignant des yeux. Elle parlait toute seule, comme une idiote. Kuko poussa sur ses pieds et arriva debout, elle se rattrapa car elle allait tomber. Pfff . . . quelle journée de merde . . .

La rue était sombre et déserte. Des canettes de bière par terre, des bouteilles cassées . . . une odeur nauséabonde . . . Mais où elle était à la fin ? Kuko avait beaucoup marché en fin de compte, beaucoup trop. Elle était bien loin de son appartement et elle se perdait dans les rues du quartier de la Toussaint, si sale et malfamé. D'ailleurs Kuko commença à sentir une présence derrière elle . . .

Des rues sombres. Une fin de soirée. Des bouteilles partout, et, par endroit, des punks qui maudissent le monde ou passent le passant à tabac. Témoin silencieux de ce bateau à la dérive, une mouche vole de rue en rue, à la recherche d'une poubelle capable de faire office de nourriture.
Mais rien. Rien de rien. Tout a déjà été volé par des charognards autres. Des humains criant famine, des chiens et des chats de gouttière, des corbeaux et des corneilles... Rien n'avait été laissé pour les plus petits.

Telle est la loi de la jungle. Telle est la loi de la vie. Les plus petits s'effacent ou serve de nourriture aux plus gros.

Et justement, en parlant de ça... Depuis plusieurs mois maintenant, une présence sombre avait bouleversé la chaine alimentaire sociale du quartier de la Toussaint. Au début, ce n'avait été que des cas isolés. Des évènements auxquels on n'accordait aucune importance. Après tout, qui peut se soucier d'un crime perpétré sur un pauvre gars dont tout le monde se fiche, ou d'une pute qu'on abaisse au rang d'objet utilisable puis jetable?
Mais la rumeur avait fait son chemin. Et maintenant, il faisait mauvais trainer dans les rues du quartier la nuit. Pourtant, on en croisait encore qui marchaient dans les rues, par orgueil, par non foi aux rumeurs, ou simplement par obligation.
La mouche voyait tout ça depuis sa naissance, il y a quelques heures. Aussi, cette présence ne la gêna pas outre mesure. La présence avait été là à sa naissance. Où était le problème?

Le problème, il se situait sur ces deux doigts, imprégné, faits, même, de cette présence, qui se refermèrent sur l'insecte, laissant échapper son dernier BZZZZ avant de retourner au silence.
Au bout des doigts, une main. Au bout de la main, un bras. Au bout du bras, un corps. Daclusia observait, silencieux comme toujours, cette jeune femme aux cheveux violets qui s'était affalée sur la chaussée quelques heures plus tôt. Ce serait la proie de ce soir.
Il avait fait en sorte que le dernier bourdonnement de l'insecte soit un déclic qui réveillerait la demoiselle. Alors qu'elle se réveillait, le JYL observait rapidement la scène.

Elle était dos à un mur. Derrière le mur, d'environ deux mètres et demi de haut, un terrain vague, où flottaient quelques papiers au milieu des ordures. Sur le mur, une affiche pour le concert d'une quelconque idole, aux cheveux vert fluorescents. Sous cette même affiche, une boite en bois, assez fragile d'apparence, où jonchaient cadavres de bouteilles et canettes vides. Entre elle et le chasseur, une dizaine de mètres. A mi chemin, du côté du JYL, un trou permettant de rejoindre le terrain vague. De l'autre côté de la route, une ruelle. Un cul de sac jonché de morts subites, de flaques de bières et de saké, et de plusieurs poubelles. Un escalier de service, où manquent à l'appel les étages deux et trois. Le bâtiment formant la ruelle semble être un vieil entrepôt désaffecté. Un entrepôt à jouets, à en juger par la pancarte. La porte d'entrée se trouvait du côté du bâtiment le plus proche de la jeune femme.
Hormis ça, rien. Pas un passant, pas une voiture.

Sourire. Craquement de doigts sonore. D'un pas assuré, les mains dans les poches, et de son nouveau corps adolescent, Daclusia s'avança vers la jeune dame, lui tendit la main pour l'aider à se relever, et lui conseilla, le visage affligé d'un grand sourire:

" Vous ne devriez pas dormir comme cela au milieu de la rue mademoiselle. Il pourrait vous arriver malheur... *l'étreinte de sa main se resserra sur celle de la demoiselle* Comme me croiser, par exemple...

Kuko entendit vaguement la voix d'un adolescent, adolescent qui lui tendait la main pour qu'elle se relève, main qu'elle agrippa, main qui l'agrippa. Elle ne voyait pas parfaitement et, une fois sur pied, elle ne se rendit pas compte que le gamin avait – en apparence – à peine quelques années de moins qu'elle. Mais dans sa connerie, elle se crut la plus forte.
La demoiselle se pencha et ramassa à terre une bouteille de bière miraculeusement intacte. Elle la leva vers le jeune homme comme pour trinquer, et se mit à boire au goulot les quelques misérables gouttes qu'il restait. Enfin, elle jeta la bouteille à terre et se lécha les babines. Pfff . . . même bourrée elle restait d'une sensualité provocante. Sa langue s'attarda sur sa lèvre supérieure, comme si elle se préparait à un doux repas. Oh comme elle se trompait . . .

Kuko s'approcha du gamin, si proche qu'elle lui faisait sentir son halène de bière. Elle le regarda dans les yeux, il était vrai qu'il était plus petit qu'elle. Elle ne souriait pas, l'ivre, aussi elle gueula au jeune homme d'une voix rauque :

- Tu veux t'amuser, gamin ?

Quelle gueule elle avait, avec ses fringues sales et sa chemise ouverte. Elle ressemblait à une pauvre pute bourrée et égarée, droguée et malmenée. Enfin, c'est ce qu'elle allait être, la malheureuse, sans le savoir évidemment. La pauvre conne répéta sa question, plus fortement encore, rapprochant encore plus sa bouche de celle de l'adolescent.

- Tu veux t'amuser, gamin ? ?

Elle rigola. Elle se croyait supérieure, elle se croyait face à un gamin puceau et apeuré. Kuko alla frapper la fesse du garçon de sa main crasseuse. Comme elle se trompait, mon Dieu comme elle se trompait . . .

L'alcool peut faire perdre la raison à un homme, et ce à un point inimaginable. Ce fut ce que pensait, non sans amusement, Daclusia, en réaction à la petite scène que lui jouait Kuko. Elle buvait une bouteille qui trainait au sol depuis probablement plusieurs soirs, et se léchait les babines comme si elle était celle en train de dominer la scène. En apparence peut être... En apparence seulement...
Si elle avait été dans un état normal, elle aurait peut être été sensuelle. Mais sa gueule d'ivrogne, son haleine puante, ses cheveux gras et ses vêtements sales... Non. Elle était plus ridicule qu'autre chose, comme ces Narcisses qui se prennent, dans leur mégalomanie, pour des êtres sublimes.

En toute franchise, jamais, ô grand jamais, Daclusia n'aurait pu se résigner à s'amuser sur quelque chose de semblable. Trop bourrée pour pouvoir prendre conscience du danger et pour faire preuve de l'ingéniosité nécessaire pour s'échapper. Et en plus... Qu'elle était laide, en ce moment présent!
Aussi, il allait lui faire un petit cadeau sur ce point. Il serait devenu galant? Aucunement, il faisait surtout cela pour lui...

Laissant la jeune femme approcher le plus près possible, écœuré par son haleine chargée en houblon, il attendait le moment propice pour agir. La main aux fesses du JYL fut le détonateur. Feignant de s'abandonner, les paupières closes, il se redressa aussitôt que la main de la jeune femme lui atteignit le derrière. Ses lèvres atteignirent celles de Kuko, sa langue s'immisçait entre ses dents, lui caressait le palet, tandis que lui forçait à moitié la jeune femme à se plier, le dominant de toute sa petite taille. Ses yeux ardents plongèrent dans les siens, alors que de leur profondeur, ils happaient son regard tel le serpent hypnotisant sa proie.
Le baiser passait peu à peu au stade de violence, la langue de Daclusia résistant à tous les efforts de la demoiselle pour l'extirper de sa propre bouche. Et alors que cette bataille avait lieux dans les bouches, une pilule commençait lentement à glisser le long de la longue langue du JYL, avant d'arriver au niveau de la gorge de Kuko, et d'être poussée par la langue qui l'avait transportée ici, entamant sa chute dans le système digestif de la jeune humaine.

Cette pilule, elle devrait commencer à en ressentir les effets très bientôt. C'était un comprimé dessaoulant, auquel le chasseur avait rajouté un petit quelque chose... Un puissant aphrodisiaque, ainsi qu'un produit de son cru qui accentuait n'importe quelle sensation, qu'elle soit douleur ou plaisir, auditive ou gustative, en clair qui augmentait considérablement la sensibilité de chacun des cinq sens.
Cette tâche effectuée, Daclusia enleva finalement sa langue de la bouche de la demoiselle, avant de se lécher les babines, non sans afficher une grande satisfaction sur son visage. La vapeur venait de s'inverser, et pour bien entamer la nuit qui avait encore quelques heures à offrir, il fit le premier geste. D'un ample coup de pied retourné, il expédia la jeune fille plusieurs mètres en arrière, contre une bouche à incendie qui marchait encore parfaitement bien, achevant de la dessouler, et lavant, par la même, ses cheveux, ses vêtements et son corps.
Un être humain normal aurait sûrement eu quelques côtes cassées. Mais il ne fallait pas oublier le grand sadisme dont faisait preuve Daclusia. Non seulement il avait accentué les douleurs et plaisirs de cette jeune femme, mais en plus l'avait il rendu bien plus résistante, pour au moins le temps que durait le cachet, c'est à dire bien assez longtemps pour qu'il puisse s'amuser pleinement. En effet, quelque chose qui meurt à la moindre torture est bien moins amusant...

De sa position, le JYL souriait, pleinement satisfait de la réussite de son médicament, qu'il n'avait pas encore eu l'occasion de tester. Ce serait également le moment de voir si il y a certains effets secondaires... Indésirables... Alors que Kuko se relevait du coup qu'il lui avait porté, Daclusia lui lança joyeusement:

" Et ce n'est que le début si tu ne commences pas à courir très vite! "