J’enfile mon maillot. Je sais pas pourquoi ni comment je me suis retrouvé avec ce truc dans mes bagages, mais bon, au moins je viens de lui trouver une utilité. Un truc bien pétant en plus, orange vif. Ca doit être un machin que j’ai chourré quelque part, parce que j’aurai jamais acheté ça. Toujours est-il que là, je suis à la piscine, du coup, hop, maillot de bain. Enfin, short de bain, plutôt. Je sors sous le soleil, mettant une main sur mon front pour me protéger les yeux. Oui, j’ai viré mes lunettes. Grande première. Mais j’ai pas envie de les abîmer. Maintenant, quelques petites explications : oui, la piscine, ça coûte un bras et ça m’apporte rien. Mais je viens de terminer un job... assez dangereux, j’ai été bien payé, et comme j’ai pas encore pu m’accorder un moment de répit depuis que je suis au Japon, bah j’ai décidé de claquer une partie de la tune dans une petite journée de farniente. Il faut que je bronze un peu, aussi. Je suis aussi blanc que le chibre d’un asiatique qui s’astique devant des pornos sans jamais sortir de chez lui. Sauf que je suis bien évidemment bien plus imposant qu’un chibre asiatique.
Je marche sur le bord de la piscine, en attendant. Il n’y a pas beaucoup de monde, d’ailleurs. Pourtant, le soleil est haut, il fait chaud. C’est la crise, ou quoi ? M’enfin. Si une ou deux jolies poulettes pouvaient se pointer, ça m’aiderait encore plus à me détendre, je crois. Je grimpe au plongeoir, histoire de me la péter un peu pour commencer. Dix mètres de haut. Dix putains de mètres. Ca va être monstrueux. Arrivé en haut, je m’approche du bord, je baisse les yeux, et un sourire éclaire mon visage. Ca va être bon. Je m’étire, laissant mes tatouages luirent au soleil, avant de réfléchir une seconde. Déjà, un mec qui plonge du dix mètres, ça attire les regards. Je vois deux ou trois personnes qui lèvent la tête. Et pour le spectacle, je me penche de côté, je lève mon bras vers le ciel, doigts tendus, et mon autre bras se plie au niveau de mon visage dans la même direction. Et je reste comme ça quelques secondes.
Et en me redressant, je remarque un grand black, super fin, les yeux écarquillés. Il refait le mouvement, le découvrant - bah ouai, je viens de l’inventer -, et d’un seul coup, il tourne les talons, et se barre en sprintant comme un dératé. Jamais vu un mec courir aussi vite. Il m’a pique mon mouvement, le salopard, ou j’ai rêvé ? J’entends à peine son pote qui lui lance :
« Hey, Bolt, tu vas où comme ça ?! »
Bolt. Un mec qui court super vite et qui s’appelle Bolt. Si c’est pas du cliché, ça ? J’éclate de rire, avant de me remettre sur le bord du plongeoir, prêt à prendre mon envol. Et mon regard est aussitôt attiré par quelque chose, dans l’eau. Est-ce un poisson ? Est-ce une torpille ? Est-ce un sous-marin ? Est-ce Superman ?? Et non, c’est une jeune femme ! Et quelle jeune femme. Je la vois à peine d’aussi haut, mais elle a l’air d’avoir une poitrine aquadynamique. Tellement, d’ailleurs, que je me prends les pieds dans le tapis - au sens figuré hein, un tapis a rien à foutre au bout d’un plongeoir -, et que je me sens tomber. Adieu, veaux, vaches, élégance. Je chute dans le vide, et je me sens soudainement comme une merde qui tombe doucement d’entre une paire de fesses blanches pour aller éclabousser l’intérieur de la cuvette. Et des éclaboussures, j’en fais un paquet en m’écrasant d’un plat du dos magistralement exécuté. Dix sur dix des juges. Je bois la tasse en même temps, évidemment, étant donné que le choc a fait mal et que j’ai ouvert la bouche pour hurler.
J’émerge rapidement en toussant, sans aucune honte, malgré tout, et je nage difficilement jusqu’à la rive. Où elle est, la donzelle ?
Je me hisse sur le bord du bassin, et sort de l’eau pour la chercher des yeux. Et quand je la vois, ils n’en reviennent pas. Je ne sais pas quel âge elle a, mais bon dieu... J’ai gagné ma journée, rien à poser mon regard sur cette délicate beauté qui la caractérise. Et comme j’ai jamais été timide, me voilà en train de m’en approcher, les mains sur les hanches, alors qu’elle s’extrait à son tour de l’élément liquide. Elle lève la tête vers moi, je croise son regard magnifique, et je manque de trébucher encore. Bon dieu, j’ai failli me noyer en tombant, et maintenant, je manque de me noyer dans ses prunelles azurées. Pfiou, je suis pas timide, mais je pourrais le devenir, pour le coup.
Mais non. Je me contente de m’asseoir sur le bord, les pieds dans l’eau, avant de tourner la tête vers elle avec un sourire.
« Je vous ai vu de là-haut. »
Je désigne le plongeoir d’un signe de tête.
« Et je dois dire que vous m’avez impressionné. William. Enchanté. »
Je lui tends la main, la tête légèrement inclinée de côté. Cette gonzesse, elle est incroyable. Et moi, très très con de l’aborder comme ça. Mais bon, ma vie est une connerie, alors pourquoi changer la donne ?