C’était une nuit comme plein d’autre, avec son lot de crimes, de malveillance. Il pleuvait, pour une fois, la journée avait était maussade et humide, la nuit serait sûrement pareille, en pire. Perché au sommet d’un immeuble, sa cape battant au vent, le chevalier noir surveillait la ville du haut des toits. Impassible tandis que la pluie battait sa tenue sombre. Une gargouille bien étrange.
Depuis quelques jours, il était sur la piste de Crane. De la drogue entrait illégalement dans la ville, et s’il avait d’abord cru que la Huntress et la famille qu’elle défendait étaient responsables et avaient un lien avec Crane, il fut bien obligé d’admettre que non, de simples vendeurs de came. Oh rien de bien joli assurément, mais entre des fournisseurs aguerris qui ne font qu’entretenir des toxicos, et un fou dangereux qui rève de plonger le monde entier dans un cauchemars par le biais de gaz et autres substances… forcément le choix était vite fait.
Crane était là en tout cas. Des hommes de mains à lui avaient rendez vous dans un entrepôt sur les dock. Ah les docks, il les visitait souvent. A croire que puer le poisson était une lubie de criminels. Dans l’oreillette de son masque, l’Oracle lui confirma que la liaison satellite confirmait leurs sources. Deux fourgonnettes noires venaient de déposer quelques hommes de mains, tous affublés d’un sac de toile sur la tête. Des hommes de mains de l’épouvantail, qui d’autre ?
Le chevalier noir se laissa doucement tomber en avant, dans le vide, et alors qu’il prenait de la vitesse, sa cape se rigidifie et le voila qui plane à tout allure. L’air en haut est froid, tandis que les routes, la circulation et les passants qui s’agglutinent malgré la pluie, sont chauds. Condition idéale pour planer. L’air chaud monte, Batman garde donc son altitude et semble réellement voler.
Dans les docks, il atterrit lourdement sur le toit en taule d’un entrepôt voisin. Les fourgons ne sont plus là, plus de traces des hommes. Par contre, il y a autre chose. Sûrement pire. Harley. Le Chevalier noir pose un genou à terre, et la regarde entrer. Etrange. Quinn sans le Joker ? Quinn au même endroit supposé que Crane ? L’histoire ne lui dit rien qui vaille, et l’Oracle semble tout aussi surprise.
« Que fait cette folle ici ? Elle va tout faire capoter. »
« Elle fait partie du plan… ce n’est pas une coïncidence. Je crois que l’épouvantail n’a jamais posé le pied ici… Je suis idiot, le gaz… le Joker aussi en utilise beaucoup, je me suis uniquement focalisé sur les angoisses des victimes. »
« Soyez prudent. »
Fin de la communication. Il se redressa, une fois certain que Quinn ne le verrait pas descendre de son perchoir et revint sur le plancher des vaches sans un bruit. Il se fraya alors un chemin jusqu’à l’intérieur de l’entrepôt. C’était sombre, presque totalement noire en fait. L’entrepôt était d’ailleurs étrangement agencé. Un couloir longeait le périmètre. Une porte permettait d’entrer dans ce qui semblait être une salle réfrigérante. Du moins les murs n’était pas de simple plaque de plâtre. Du béton, et au moins une couche métallique interne. Le chevalier noir remercia ses optiques de nuit, il était pratiquement nyctalope, marcher dans le noir ne lui pose donc aucun problème.
Alors pourquoi ces frissons ? Pourquoi cette impression effrayante ? Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’une fine couche de poudre hallucinogène est déjà éparpillée au sol, et sur les murs. On pourrait croire qu’il s’agissait de poussière, mais non. Quoiqu’il en soit, il suivit la voix de la jeune femme, et lorsqu’elle s’adressa directement à lui, il surgit dans son dos, la poussant sans la moindre douceur vers la double porte menant vers la pièce centrale. Il s’y engouffre à son tour, c’est effectivement une chambre froide.
« Tu sais que je n’aime pas frapper les femmes, Quinn… mais tu es tellement exceptionnelle que je me permets sans problème une entorse à mon crédo… Où est le Joker, et qu’est-ce qu’il t’envoie faire ici ? »
La phrase est à peine finie que l’obscurité devient lumière. Tout s’allume autour d’eux, les néons du plafond sont puissants, et la pièce est presque blanche. Il y a une table au milieu, une grande table et des chaises ainsi que…des gens , Le chevalier noir détourne son attention de l’Arlequin et s’approche des gens. Les types qui sont entrés en fourgon… ils sont là, mais mort. Ils sont assis à table, tous déguisés en épouvantail sauf deux. L’un, gros et barbu a été maquillé, probablement à l’aide de peinture, en Harley. Il est en bout de table. Face à lui, un type vaguement décidé en Batman. Une scène de thé macabre.
L’épouvantail leur laisse le temps d’apprécier les lieux, et sa voix vient finalement s’élever. Les murs sont truffés d’électroniques, des caméras, des micros et des hauts parleurs.
« Je me suis dis, Batman que tu devais sûrement avoir peur des clowns… Quant à toi, jolie harpie, je t’ai juré de faire la fête avec Batman, sous tes yeux. Je crois m’être mal exprimé… tu vas faire la fête avec lui. Si la situation avait été plus simples pour vous, j’aurais dis que cette expérience te servira de leçon… mais à quoi bon t’en donner une puisque tu ne sortiras pas d’ici vivante. »
Le chevalier lança un coup d’œil vers Quinn. S’allier avec le Joker est déjà sacrément bizarre, mais le faire avec l’épouvantail ? Il fit volteface, tester la porte sait-on jamais. Une pression sur la poignée et… et des murs jailli alors une petite brume. Quelques secondes suffisent à faire tousser et fléchir le Détective.
« Quinn… ton maillet… la porte »
Et à peine achève-t-il sa tirade que son esprit s’obscurcit. Mais un temps seulement, puisque le voilé tiré de l’inconscience par… l’Opening d’un Cartoon Bug Bunny qui résonne entre ses tempes. Quoi de neuf, Docteur Crane ?