Son geste simple rencontrait pour l'instant une inertie totale de la part de la femme qui l'avait tant aidé ! Qui sais peut-être n'y était-elle tout simplement pas habituée ? Apparemment vu les habitants de ce monde, c'est vrai qu'il devait être rare de recevoir une révérence. Oui, maintenant qu'il savait que la femme était un être de chair, il concevait l'existence de ces êtres de charbons. Informes et étranges, il les avait remarqué en entrant et depuis ne les avait pas perdu de vue. Tout comme eux d'ailleurs. Il se massait plus loin et ne semblait pas se tenter à approcher de sa personne. Sa présence en était-elle la cause ? Ou la femme qu'il venait de rencontrer était-elle d'une quelconque importance pour ces êtres étranges ?
En un sens sa question avait autant pour but de démarrer un lien avec cette véritable messie pour lui, que de découvrir les réponses aux quelques questions qui se bousculaient dans sa tête. Comment dire, même en se sachant sain d'esprit, ce monde incroyablement poétique devait avoir une raison d'existence, et le nombre moindre d'êtres humains avait surement une explication quelconque ! C'est ce qu'il espérait découvrir avec une partie de l'identité de son interlocutrice, et la discussion qu'il engagerait avec elle par la suite. De là son action, de là sa voix respectueuse, son ton doux et son respect aussi. Sans elle il ne serait plus désormais qu'un esprit faible au milieu des pierres et des ombres. Alors désormais que la saineté d'esprit lui était offerte, autant qu'il l'empêche de reprendre le dessus, et cela passait par la compréhension de ce qui l'entourait !
Mais une autre chose le titillait encore alors qu'il était plié en deux face à la femme. Il sentait encore son regard indescriptible sur lui quand il lui avait pris la main. Il se souvenait du corps froid comme de la glace, aux lignes douces et provocantes... Tout de la femme qui venait de le sauver lui trottait dans la tête, sans qu'il n’ait pu se l'expliquer ou se trouver une raison. Se plier avait aussi servit dans un sens à dissimuler ce qui devait être un affront dans ce monde monochrome. Deux tâches rouges sur ses joues, de celle qui n'exprime pas la gêne mais le coup de chaud. Il avait osé toucher un corps aussi magnifique et inconnu, il s'était mis au contact de cette infinie beauté de manière instinctive, amener par le besoin de réconfort et ... d'autres désirs ...? Non ce n'était pas possible il avait juste été un peu faible sur le coup et il avait surement du le faire uniquement parce qu'il avait besoin de sentir cette chair glacée contre la sienne, s'offrir le luxe de la connaissance de son manque de folie !
Il entendit tout du mouvement de la femme. Elle venait, avec une lenteur et une apparente agilité dans son mouvement, de s'agenouiller face à lui alors qu'il était encore dans sa position révérencieuse. Là, pour user d'un euphémisme, le fait qu'une femme s'agenouille face à lui, d'autant plus la femme qui encore un peu plus tôt l'avait sauvé de cette même position étrange et gênante, était une situation qui le plongeait dans une confusion et une gêne qu'il aurait tout fait pour corriger. Prêt à agir envers cette femme qui même agenouillée restait de cette dignité des personnes des hautes sphères, il allait se préparer à l'inciter à se relever quand la digne demoiselle lui prit le bras qu'il allait acheminer jusqu'à son corps. Muet, et ne comprenant décidément pas ce que cette femme pouvait lui trouver maintenant qu'il avait décelé une certaine noblesse en elle, il n'opposa pas le moindre résistance quand il sentit qu'elle l'intimait à se redresser, chose qui finit de le surprendre de la part d'une grande femme. Calqué sur le rythme de la femme, il en vint à suivre sa remontée, puis enfin de reprendre sa taille d'une tête au dessus de la sienne lorsqu'elle se mit à lui adressée la parole:
- Si le voyageur Darthestar se sens bien mieux, pourquoi il ne resterait pas droit comme un pieu ?
Il ne pouvait qu'aller en son sens, et afin de prouver qu'il allait mieux et qu'il respectais ce qu'elle lui disait, il resta droit et fier face à elle, prêt à répondre de quoi que ce soit. Plus il sentait la douceur et la gentillesse qui pouvait émaner de cette personne au visage de marbre, et plus il sentait que son apparent stoïcisme n'était vraiment que la couche de sable craquant qui cachait un cœur à l'aune de la beauté de la femme. D'autres avant lui avait du se faire cette réflexion si ils avaient un jour rencontré cette charmante femme. Pour l'instant elle ne lui avait rien dit par rapport à sa question, mais ses gestes avaient déjà parlés pour elle. De la noblesse, de la bonté, de la dignité et une certaine sagesse, elle remplissait beaucoup de ces critères que l'on donne aux gens à hautes responsabilités, généraux des armées, dirigeant des grandes sociétés, ou encore maitres des villages ou d'un bout de territoire. Oui elle était surement quelqu'un d'important, autant pour lui que pour les ombres de ce monde ... Enfin il devrait dire le peuple de ce monde.
-Il n’y a plus de soucis je vais bien mieux ! Excusez moi je ne voulais pas vous gênée par mes gestes.
Bien malheureusement la femme s'écarte de lui légèrement, lâchant son bras qu'elle avait pour l'instant maintenu de sa main aux doigts fins et gelés. Il commençait à s'habituer à son contact, comme avec cette femme orageuse qu'il avait rencontré dans une vieille maison abandonnée, et de la revoir partir ce coup-ci était une déception pour lui, sachant au fond de lui qu'il aurait préféré qu'elle reste avec sa main douce sur son corps. Autant de chose qu'il désirait mais qu'il ne montrait pas, fort d'un certain respect de la jeune femme et d'une envie de ne pas la gênée outre-mesure par ses demandes incessantes ou son comportement qui porte à l'incompréhension depuis le départ. Il la laisse donc s'écarter d'un pas et regarde sa gestuelle avec un sourire. Tout est poésie dans la gestuelle d'une femme, et cette incroyable demoiselle n'y faisait pas exception bien au contraire, la regarder se déplacer était un véritable plaisir visuel, autant de par la personne que par cette finesse de chaque geste.
Une fois à quelques pas de lui, il la vit se replacer dignement et dans un geste presque artistique mettre la main sur son cœur. Sa main gauche, la plus proche. Cela le surprenait sachant qu'il utilisait toujours la droite. Mais il n'allait pas faire note de ce simple mouvement et il prit juste le plaisir de la voir faire. Ce geste fait elle pris son inspiration, surement pour répondre à son invitation à se connaitre tout les deux. Il allait pouvoir connaitre le nom de l'incroyable demoiselle qui l'avait sauvé.
- Cette fleur s’appelle Alma Ignis Lilium Weyland Ruine, reine de ce pays qui ne connaît pas la bruine…
La … La reine ? Il s’attendait à tout sauf à ça. Il imaginait une gradé, une femme importantes d’un courant civil, mais il ne pouvait imaginer qu’il avait actuellement affaire à la reine de ce monde. Et il avait osé lui parler d’égal à égal, lui, un simple chasseur ! Non même plus un simple chasseur, un errant, un manant qui désormais trouvais son fruit aux arbres des campagnes et qui prenait son eau à la rivière même. Lui, l’être en dessous de tout dans la société il avait osé parler aussi simplement et malhabilement à une telle femme ? Pour un peu il aurait de nouveau reprit sa station inclinée, mais il savait dans le fond qu’elle n’accepterait pas cela, le redressant immédiatement par la même technique que plus tôt, technique à laquelle il ne pouvait se soustraire à moins d’un gros effort contre sa propre envie de la sentir contre lui. Il se demandait encore comment il pouvait tenir debout. En n’importe quel autre lieu il se voyait déjà punit par de nombreux gardes, ou arrêté et mis en prison pour une lourde sentence. Mais là non …
Elle abaissa sa main auparavant posée contre son cœur… elle le regardait simplement, peut-être s’attendait-elle à une réaction de sa part ? Malheureusement il était une nouvelle fois rentré dans un état tétanique, et seul son cerveau continuait de tourner. Alma Ignis Lilium Weyland Ruine … De par sa royale lignée elle avait héritée d’un grand nombre de seconds prénoms en plus de son nom. Alma devait être le premier donc, en second Ignis, le feu … Cela convenait avec la couleur cendrée de ce monde… En était-elle alors l’offre de résurrection ou de destruction ? Au vu de son caractère il penchait plutôt pour la première théorie. En troisième, Lilium… La fleur de lys, la pureté immaculée de l’être … Il ne savait pas si cela touchait son caractère, mais son corps semblait si parfait qu’il ne pouvait douter du sens premier de ce prénom ! Enfin, Weyland lui restait obscur, mais son nom de famille, Ruine, l’intriguait. Alors qu’il allait réfléchir à ce que cela pouvait expliquer ou engager, elle prit la parole.
- Si ce pays parait un peu triste aux yeux du voyageur, ce dernier désirerait-il un peu de couleur ?
De la couleur il en avait déjà trouvée en cette reine si douce. Un vert d’espoir, un bleu de calme, un or de générosité et un argent de gentillesse. Plus il restait auprès d’elle et plus il avait la sensation de regarder une œuvre d’art vivante : Un don à la poésie qui fais trembler les troubadours les plus aisés, un corps tel que les statues en rougissent de jalousie, et un comportement que même des dieux ne saurait égaler. Dans le fond qu’était-il, lui, le pouilleux vagabond face à cette reine magnifique ? Il connaissait déjà la réponse mais ne l’osait exposée au su de tous, et surtout pas de cette femme qui aurait surement la générosité de le contredire immédiatement pour l’intimer à une autre image de lui-même.
Avant qu’il n’ai pu lui répondre, elle lui prit sa main et l’entraina à l’intérieur de la cité. Il ne savait absolument pas où elle le menait, mais il n’en avait cure. Il tenait entre ses doigts les douces et froides phalanges de la reine, et c’était à cela seul une raison de ne pas protester. Alors qu’elle le menait aux travers des ruelles et des rues de sa cité de pierre, il contemplait à la fois son dos magnifique et la poésie du lieu qui les entourait. L’un comme l’autre était, une fois la raison retrouvée, un véritable plaisir pour une âme aspirant à la sérénité, et au bonheur du monde qui l’entourait. La suivre n’était pas bien compliqué. On sentait en elle une certaine force, mais sois parce qu’il l’était plus qu’elle, soit parce qu’elle se retenait d’aller trop vite, il sentait qu’il pourrait possiblement aller plus vite qu’elle actuellement. Mais la voir de dos, pouvoir lui cacher son attrait à ses charmes et se laisser aller à ses rêves étaient un plaisir qui l’engageait à ne pas rejoindre ses pas.
-Euh je … Vous savez de couleur j’en ai déjà vu d’assez belle pour me rendre la raison, et votre pays, même si monochrome, est, je trouve, un monde vraiment beau et poétique. Dame Ruine, je suis flattée de l’importance que vous me donnez mais je suis un simple voyageur vous savez, bien loin de la reine que vous êtes !
Cela du moins il devait lui dire ! Elle s’affairait surement beaucoup trop pour un homme de son espèce, et elle avait surement des choses bien plus importante à gérée qu’un voyageur égaré au beau milieu d’une place. En y pensant, il se rendait compte qu’au fur et à mesure que lui et la reine avançait dans la ville, le nombre d’ombres derrière eux semblait augmenter, ces derniers reprenant leurs territoires en regardant partir le trouble-faite accompagné par leurs reine. En faite ils ressemblaient pour beaucoup aux êtres humains, seule leur apparence première semblait un peu flou mais sinon c’était des humanoïdes. Décidément cet endroit offrait un grand nombre de surprises. Tout deux toujours marchant, il raffermit sa main sur celle de la reine de manière un peu maladroite et se décidé enfin à s’avancer à sa hauteur, souriant, et pris sa cadence en lui gardant sa main.
-Où vous menez nous ? Je vous suivrais de toutes manières, alors autant me dire ce que vous compter me faire découvrir reine Ruine.
Dans le fond, qu’elle le mène en prison ou dans le lieu où elle vit, il s’inclinerait face à ses désirs, et respecterais chacun de ses choix. Il lui devait la vie et pour l’instant il ne pouvait se résigner à repartir à moins qu’elle ne le lui demande. C’est donc d’un pas lent, mesuré, et à la fois énergique qu’il poursuivit leur cheminement, un air radieux sur le visage.