A ceux qui se le demandent encore, je répondrais :
Oui, Liirzyn hante toujours vos ruelles. Son petit regard sanguinolent vous immole encore dés qu'il se pose sur vous, et ses lames demeurent aussi aiguisées que ses propos. Vous aurez donc encore la (mal)chance de voir sa silhouette svelte et ses formes toutes neuves gambader allègrement sous vos lampadaires hoquetant leurs lumières. Mais, rassurez vous, maris trompeurs, politiciens influents ou autres cibles de vengeances personnelles dont cette chère brunette n'a rien à foutre : ce soir, elle ne vous cherchera pas de noises. Car, ce soir, Liirzyn n'est pas mandatée par une femme cocue. Et on ne lui a pas promis un maigre chèque contre un assassinat en bonne et due forme. C'est bien plus puissant que cela, l'offre qu'on vient de lui faire. Bien plus
grisant, surtout.
Une ligue. Voilà ce qu'on vient de proposer à la solitaire. Depuis que Liirzyn a repris forme humaine, elle a quitté peu à peu la société qui l'emploi, une sorte d'agence regroupant les meilleurs tueurs à gages de la région, la Terre et Terra confondues. Les liens, à l'heure actuelle, sont presque rompus. Et voilà qu'on lui propose de rejoindre une ligue d'assassins. Oh, temporairement, connaissant la jeune femme. Cette dernière préfère la jouer louve solitaire, indépendante, éloignée de tout et de tout le monde. Mais, pour une fois, on lui propose d'assassiner un
méchant. Vous savez, ce genre de personnes malsaines, repoussantes, puantes de vices en tout genre, les doigts tachés de sang. Et c'est avec un immense sourire conquis que la jeune femme lança un :
- D'accord.Ra's al Ghul admit un sourire, lui aussi. Sa carrure impressionnante n'effrayait guère la jeune tueuse. Elle s'alluma une cigarette, rapidement, avant de lui tourner le dos pour jubiler silencieusement. Plus Liirzyn devenait humaine, plus elle
ressentait. Tout en tachant de ne pas se laisser aller. L'idée de tuer pour sauver la planète ne la touchait que moyennement - ce n'est après tout qu'à 20 ans qu'elle avait pu toucher pour la première fois une fleur, n'en ressentant aucune émotion - mais l'idée de tuer tout court, ça, par contre ... C'était sa vie. Liirzyn, matricule 0904046385, était créée pour tuer. A la base, elle n'avait que l'allure d'une créature sanglante. Le fait qu'elle devienne peu à peu une femme n'était, selon elle, qu'une large erreur. Mais elle s'y faisait. Et ce type, là, qui avait fait appel à elle, détestait sûrement autant les humains qu'elle les méprisait. La base.
C'est alors vêtue de sa tenue habituelle - voir avatar - qu'elle quitta les lieux secrets dans lesquels on l'avait introduit tout aussi secrètement. Une enveloppe entre les doigts, un lance-flamme dans l'autre - Liirzyn aimait diversifier ses moyens de tuer, tout en conservant un Beretta et une lame toujours sur elle - elle se dirigea vers un café. Commanda un thé. Ouvrit l'enveloppe.
" Jonathan Baptister, surnommé Joe."
Liirzyn parcourut la suite sans rien dire, ne remerciant même pas le serveur pour le thé qu'il lui offrait. Ce
Joe, elle devait le buter. Voilà. Cela lui allait parfaitement. Le reste, elle n'en avait cure. Alors la tueuse froissa la feuille, avant de la ranger dans une poche de sa veste jaune. Elle but le thé d'une gorgée, et quitta la pièce.
Ce soir, elle chasserait. Comme avant. Sa proie traînait dans les quartiers chics de Seikusu, aussi se dépêcha t'elle d'arriver sur la Grand Place de la ville, pour se poser sagement sur la fontaine, une clope au bec. Liirzyn se pensait seule, là, à attendre que ce
Joe déguerpisse de son bar branché pour qu'elle lui offre un coup de lance-flamme dans le visage, histoire de toucher son chéque. Mais etait-ce vraiment le cas ?