Une Chasse... (PV Anéa)

Caïrn courrait. Tout ses muscles contribuaient à l'effort physique. Allant aussi vite qu'un cheval au galop, il traversait les cours d'eau, les talus et autres buissons comme si c'était seulement des obstacles pour les insectes et autres rongeurs plus petits que lui. Son oeil valide recherchait toute piste pouvant lui permettre d'aller plus vite. Sa langue sortait de sa gueule, lui permettant de transpirer abondamment.

Cela faisait 3 jours et 4 nuits qu'il était chassé par une créature. Il ne pouvait reconnaître l'odeur de ce qui le poursuivait, mais une chose étaient sûr pour lui, c'était sa peau qui était en jeu ! Sans ralentir, le guerrier essayait de semer sa poursuivante. Oui, il avait remarqué que c'était une créature féminine. De grande beauté apparemment, mais le Loup ne voulait pas vraiment la rencontrer. Elle avait des ailes, ce qui lui permettait d'aller bien plus vite que lui.

Soudain, une falaise était devant lui. Parfait, il était arrivé à l'endroit prévu. Sans même prendre le temps de s'arrêter, il sauta. En dessous de lui, un lac magnifique. Caïrn ressortir de l'eau, fatigué, essoufflé, mais en vie. Il se mit à sourire. Aucune créature ne pouvait le rejoindre maintenant. Il se mit à siffloter tranquillement, quand soudain ...

Cours Forest, cours ! Mais tu n’échapperas à Anéa. L’ange déchue ressent clairement l’aura, si puissante d’ailleurs, et qui lui provoque un frisson. Une aura démoniaque ? Elle en doutait sérieusement, mais elle devait se rapprocher pour en être sûre. Mais dans ce cas, c’était impossible. La créature était trop rapide dans les bois, et malgré sa rapidité et sa souplesse, la jeune femme avait bien du mal à la suivre à travers la forêt. Même au pas de course. C’est pourquoi elle avait décidé de la suivre par les airs. D’un geste franc, elle sauta sur quelques branches pour atteindre la cime des arbres, et put ainsi déployer ses grandes ailes blanches aux pointes noirâtres.

Les airs…Un endroit où elle pouvait suivre n’importe qui, à distance raisonnable, prête à fondre en piqué sur ce qu’elle poursuivait. Mais il était bien rare qu’elle le fasse réellement. Ce n’est pas qu’elle n’aimait pas voler, non, au contraire, elle adorait ça. Juste que cela attirait beaucoup l’attention sur elle, et la jeune femme ne supportait guère cela.

Endurante, sa chasse s’était faite déjà sur plusieurs jours, ne s’arrêtant même pas pour dormir ou même se nourrir. Nombres de fois, la créature avait essayé de distancer sa poursuivante, voulant la semer. Mais même ainsi, Anéa ne le lâchait pas d’une semelle. Son aura puissante lui parfumait les narines, et même si elle ne l’avait pas en vue, la jeune femme savait parfaitement où il allait. Vers un précipice…Un grand sourire étira ses lèvres pulpeuses. Il était fichu. Aucun échappatoire possible, à part s’il préférait sauter ! Mais alors que la mi-démone pensait le trouver au rebord du ravin, elle ne trouva rien. Seul un bruyant « Plouf ! » se fit entendre. Bordel ! La créature aurait plongé ?

Il ne fallut pas longtemps à Anéa pour apercevoir une tête trempée remonter à la surface, nageant vers les berges. Si elle se croyait désormais hors de danger, elle pouvait se mettre le doigt dans l’œil ! La voyant regagner la terre ferme sans se soucier de quoi que ce soit, l’ange partit en piqué, tel un faucon pèlerin fondant sur sa proie. Et c’est à une vitesse folle que la mi-démone fonça sur la créature. Énorme d’ailleurs. Et si Anéa s’était trompée ? Trop tard de toute façon. Son pied vint frapper dans la nuque de la créature, qui vola vers les premiers arbres, les arrachant de toute sa masse à son passage.

Cela l’aurait assommé sûrement. Posant pied à terre, l’ange fit disparaître ses ailes, qui ne servaient plus à rien désormais. L’aura de la créature était toujours là, et ne semblait plus bouger. Pourtant, elle ne savait toujours pas si elle avait affaire à un démon ou non. Néanmoins, elle avait vu la créature rôder près de clans d’esclavagistes démoniques. C’était sûrement l’un d’entre eux. Anéa s’approcha doucement, sans pour autant être trop près. On ne sait jamais comment l’autre pourrait réagir.

Caïrn reçu le coup dans la nuque. Un coup qui pourrait être fatale aux créatures normalement constitués. Heureusement, Caïrn n'est pas vraiment normal. Sa nuque était après tout celle d'un loup. D'ailleurs, il tenait plus du loup que de l'humain, en passant. Son cou était donc résistant, certes pas indestructible, mais plus résistant que la moyenne. Ce qui empêcha à l'os de se briser.

Mais cela ne lui permit pas d'éviter un vol plané, arrachant arbres, arbustes et autres plantes qui étaient en travers de sa route, bien qu'involontaire. Le Terranide roulait boulait, sans pouvoir s'arrêter, avant de rencontrer un grand chêne, qui le stoppa dans sa façon singulière de se déplacer.

Caïrn avait mal, Caïrn avait faim, Caïrn en avait plein le dos de se faire courir après comme un lapin lors d'une battue. D'ordinaire, c'était lui qui chassait les proies et non l'inverse ! Que deviendrait le monde si ce sont les prédateurs qui se font chasser par les proies hein ? C'est pas naturel ! Il fallait rétablir la balance.

Caïrn, non sans avoir mal, fit craquer son cou, ses doigts ainsi que son dos. Il était furax, fallait qu'il passe sa colère sur quelqu'un. Il vit la responsable de ses problèmes depuis quelques jours. Sans prendre le temps de courir, il se dirigea vers la jeune femme.

J'sais pas c'que tu veux l'poulet, mais j'commence à en avoir marre, tu m'course d'puis quatre nuits, j'en est ma claque. J'te défie, toi contre moi, épée à la main, et au sol !

Sans attendre la réponse de la jeune femme, il cracha dans ses mains, se les frotta, et pris son épée. Et quel épée ! Elle devait faire la taille de la jeune femme, et au moins le double de son poids. Et Caïrn la maniait comme une simple épée à deux mains.

Avant d'commencer, j'tiens à dire qu'celui qui va t'buter c'nomme Caïrn Loktar, ou Caïrn Dents Écarlates !

Caïrn se mit en position d'attaque, son épée bien au dessus de sa tête, comme lorsque les samouraïs se préparent à l'attaque. Et il attendait, son oeil unique brillant du feu de la vengeance et de la colère.

Anéa avait bien fait de ne pas trop s’approcher de l’endroit où avait roulé-boulé la créature. La jeune femme entendit un craquement d’os, sûrement ceux de la bête démoniaque. Puis soudainement, elle fit un pas en arrière : l’aura, déjà puissante, émanait encore plus désormais. En colère ? Probablement, ce qui fit sourire l’ange déchue, alors que des pas lourds s’approchaient d’elle. Et lorsqu’enfin, la créature apparut clairement devant elle, ses yeux s’écarquillèrent de surprise, et un peu d’incompréhension. Un loup-garou ? Non, ce n’est pas possible. Un Terranide-loup ? Si puissant, ça existe ? Un démon sous cette forme, possible ? Raaaah, c’était bien la première fois que le don de sentir les auras lui faisait défaut.

Et mince, si ça se trouve, la mi-démone s’était complètement trompée ! Non, non ! Elle ne pouvait y croire. Elle avait clairement vu cette énorme bestiole près du centre d’esclavagistes démoniaques, camp qu’elle observait depuis une semaine. Même si ce n’était pas un démon, il pouvait très bien être leur allié ! De toute façon, l’immense boule de poil avait l’intention de réduire en miettes la demoiselle qui l’avait poursuivie sans relâche pendant quatre nuits. Hin…Un sourire étira les lèvres charnues de la mi-démone. L’arme gigantesque ne l’impressionnait pas, de même pour la façon de la porter. Son imposante carrure ne faisait nullement peur à Anéa.

- Ne parles pas trop vite, sac à puces.

S’il croyait avoir facilement l’ange déchue, il se trompait royalement. Toujours ce satané sourire aux lèvres, elle vint chercher de ses mains, deux armes. Non, elle n’en prit qu’une, égalité contre la boule de poil, qui au fond, ne sentait plus trop le démon…Sortant son sabre arabe, un crissement se fit entendre, alors qu’elle le décrochait de sous son pantalon. La jeune femme prit alors sa pose habituelle, légèrement accroupie, son sabre symétrique à son bras, lame vers l’extérieur. Ce n’est pas elle qui donnerait le premier coup…

- Vas-y ! Qu’est-ce que tu attends ?