Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits
Soupirant, Mélinda referma le livre qu’elle était en train de lire, et le balança sur la table. Les poèmes terriens étaient, soit inutiles, soit dépressifs. De manière plus générale, la poésie n’était vraiment pas dans les goûts de Mélinda. Elle bâilla, abandonnant le poème de Baudelaire, et regarda par l’une des fenêtres la forêt se trouvant à l’entrée du manoir. Au moins, la description du ciel de Baudelaire était relativement fidèle au ciel de Seikusu. La météo annonçait qu’une tempête tropicale approchait de la ville, et le vent commençait à être fort. Un orage n’allait sûrement pas tarder à éclater, et la vampire espérait que les groupes électrogènes allaient tenir. La dernière fois qu’un orage similaire s’était abattu sur la ville, les générateurs n’av aient pas tenu le coup, plongeant le manoir dans une épaisse obscurité.
Se mordillant un ongle, Mélinda rebroussa chemin. Elle était dans sa grande chambre, et chercha un autre livre. Elle essayait de s’imprégner de la culture terrienne, mais la poésie, c’était bien trop pour elle. Un coup de tonnerre se fit alors entendre. Tournant la tête, Mélinda se mit à espérer que les éclairs ne dureraient pas. Ses petites protégées n’avaient généralement pas peur des éclairs, mais elle pensait surtout à
Liana, sa neko. Cette dernière avait très peur des éclairs, et, quand elle les entendait, elle se réfugiait généralement sous un lit, en tremblant de tous ses membres.
Mélinda sortit de sa chambre. C’était Jeudi, milieu d’après-midi. La plupart des filles n’étaient pas là, en cours. Akira, sa fille vampirique, traînait encore dans le manoir, du côté de la bibliothèque, sûrement, donc assez loin de Mélinda, qui se mit à marcher dans les couloirs de son manoir. Lors des tempêtes, ce dernier, de style victorien, devenait assez lugubre.
Pour rentrer dans le manoir, on pouvait, soit passer par le portail d’entrée, soit tenter de contourner par les murs. Cependant, le manoir avait sensiblement amélioré sa sécurité, en ajoutant, outre des caméras, des appareils qui permettaient de détecter la magie dans un périmètre qui faisait le tour de la propriété. Entrer à l’improviste était donc difficile, voire même impossible. Quant au portail d’entrée, il était généralement surveillé par un vigile, un ancien flic âgé répondant au nom d’Edgar.
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La dernière fois qu’un orage de cet intensité a éclaté, une neko est débarquée dans ma vie... Si on en croit la loi des séries, quelque chose va forcément finir par débarquer ce soir...*