Alors que j'étais en train de rajouter des points bleus sur la peau du type d'albâtre, je sentis des doigts se refermer sur moi, comme l'autre jour dans le quartier de la toussaint. J'ai beau me débattre, seules mes ailes peuvent battre frénétiquement. La main qui me retient se déplace, me rapprochant de celui qui avait osé m'attraper. J'ouvre la bouche, mais c'est un couinement qui s'en échappe alors que le déplacement d'air, et l'air impur de ce monde, m'étouffe à moitié. Je reprends calmement ce souffle qui me manque alors que l'homme parle. Je sens d'ailleurs une fragrance sucrée dans l'haleine de cet homme. Mon regard, d'améthyste observe la couleur d'or de cet étranger. Pas courant non plus ça, sur Terre. Je prend mon air boudeur, à ses mots, et penche la tête sur le côté, mes ailes battant toujours au cas où il me libèrerais.
Ce qui arrive bien vite finalement. J'en suis tellement surprise que mon corps s'élève brusquement dans l'air lorsque la prison de ses doigts disparaît. Et je n'entends presque pas la fin de ses paroles. Je redescend à sa hauteur, le fusillant du regard, et commence à râler :
• Nan mais hé ! Tu pourrais prévenir quand tu me lâche, hein ? On t'as pas appris les bonnes manières ?
Pour faire bonne mesure, je fais mine de dépoussiérer ma tunique courte. Ma voix, fluette, peut-être entendus par quelques humains. Je ne sais pas trop comment marche ce processus de sélection, c'est au hasard sans doute. Mais pour les autres, ce n'est que des bruits de clochettes. J'espère au moins qu'il comprend ce que je dis, parce que le mimer...
• Et puis ta Sainte Bible, j'en connais pas un mot alors tu pourras toujours attendre. C'est qui ce Christ ? Lui là-bas ? Jésus ? Ha oui, c'est vrai que son nom complet c'est Jésus Christ... Vous êtes compliqués, vous les humains...
Je prend une pause pour reprendre mon souffle, avant de continuer mes reproches.
• Et puis j'faisais quoi de mal hein ? Regarde, il est plus cool comme ça. Avant on aurait dit un vieux grincheux malade. De toutes façons, vous les humains, vous êtes des ignares et des imbéciles. Prend garde à mon courroux si tu m'énerves, brute !
Je sors ma lame de son fourreau, la brandissant victorieusement, avant de la pointer vers cet homme qui, ma foi, est malgré tout impressionnant. Mais chut, j'ai pas peur.