Voilà qu'une nouvelle éreintante journée de marche prenait fin. Mais aujourd'hui était une journée particulière. Lorsque Kohana et son fils s'arrêtèrent pour la nuit, la cité-état de Nexus était en vue. Le lendemain, ils pourraient rentrés dans ses murs.
* Vers le milieu de journée, ce qui nous laissera le temps de trouver un logis*
Plutôt que d'épuiser leurs dernière forces, les deux voyageurs s'arrêtèrent à l'orée d'une forêt. Le ciel était dégagé, mais les étoiles perçaient difficilement le noir-encre de la nuit. Que cela n'importe, le territoire de Thekos et les landes dévastées étaient bien loin d'eux, alors pourquoi se refuser d'allumer un petit feu ? Ainsi Kohana pourrait faire revenir les quelques bouts de viandes séchées qu'ils leur restait avec quelques baies amassée sur la route.
Depuis 5 ans, Kohana et Yûto vivaient à l'écart de toute civilisation dans le territoire Thekos. La jeune femme avait bien pris garde à ce que personne ne puisse soupçonner l'existence d'un être masculin sur de telles terres. Durant les premières années de la vie, il n'est pas difficile de cacher le sexe d'un enfant. Pourtant, ne voulant pas tenter le diable, Kohana n'était jamais allée fréquenter les peuples du territoire Thekos.
Maintenant que l'enfant avait grandi, la jeune mère avait décidé de retourner à Nexus. Cette ville... qui lui avait tant pris et tant donné. En effet, lorsqu'elle avait atterri à Terra, ses pas l'avaient conduite auprès de Don, un esclavagiste réputé de Nexus qui lui avait totalement retourné le cerveau. Puis, au fil des rencontres, Kohana avait développé des "amitiés" très particulières avec différentes "personnes".
Et elle avait rencontré Bélial... un démon qui l'avait pris sous son aile. Esclave à Terra, Kohana était devenue mère entre les bras de Bélial. Mais tout ceci lui semblait si loin à présent... après son accouchement, elle s'était enfuie loin de tout. Elle restait néanmoins profondément marquée et attachée à ses anciens maîtres. Les reverrait-elle un jour ? La question n'est pas là, ce n'était pas l'intention qu'elle avait en revenant à Nexus.
Son fils grandissait et il lui fallait faire face au monde et aux êtres qui le peuplaient le plus rapidement possible s'il voulait pouvoir survivre et se faire une place. Kohana n'avait pas d'ambition particulière au sujet de Yûto mais elle voulait qu'il soit heureux et qu'il ne vive pas au crochet de quelqu'un. Depuis longtemps elle lui avait appris à se débrouiller seul.
Dès son plus jeune âge, elle avait dû le laisser seul à de nombreuses reprises pendant de longues périodes. Il avait appris à chasser dès qu'il avait su marcher et courir. Son vocabulaire était correct bien que loin d'être recherché, mais ses connaissances en matière de plantes et d'animaux était déjà bien avancées.
Kohana leva les yeux au ciel. Le crépuscule s'était installé. Elle envoya Yûto ramassé quelques branches pour alimenter le feu.
"Mais ne t'éloigne pas" le prévint-elle.
Le conseil était inutile. L'enfant n'avait pas envie de s'éloigner de sa mère avec qui il partageait un lien affectif très fort. De plus, ses petites jambes n'étaient plus capables de l'envoyer vagabonder dans la forêt, et la fatigue s'emparait déjà de ses membres.
Pendant qu'il cherchait du bois, Kohana rassembla quelques pierres pour fabriquer un foyer, puis elle alluma le feu. Ses doigts fouillèrent dans le sac qu'elle transportait et en retirèrent deux morceaux de viande séchée. Il en resterait encore un pour le lendemain qu'elle laisserait à Yûto. Elle se contentera de racines et de baies.
Habituée à se sacrifier durant ses longues années, Kohana avait perdue la gracieuse formes qui l'enrobait si joliment autrefois. Toutefois, son jeune âge lui avait permis de garder un corps ferme, même après son accouchement. Sa poitrine, bien qu'un peu plus petite, se haussait toujours fièrement sous sa gorge. Et ses hanches, bien que les os apparaissent, dévoilaient une courbure agréable au regard. Son visage avait toutefois vieillit plus que d'ordinaire, ses traits étaient tirés et de larges poches se développaient sous ses yeux. C'était le visage émincié d'une femme prête à tout pour son enfant et qu'un apport de nourriture plus régulier et plus abondant permettrait de remettre d'aplomb ! En effet, tout le corps de Kohana respirait encore la jeunesse.