I – Introduction.
Le vaudou est un art magique plutôt obscur. Bien sûr, il existe comme partout des bons sorciers, comme des mauvais. Les bons luttent contre les forces du mal, mais se privent également d’une bonne partie de leur pouvoir. Alors que les mauvais utilisent leur plein potentiel. Être un mauvais sorcier ne veut pas dire uniquement répandre le mal. Les mauvais sorciers guérissent aussi. La seule différence, c’est qu’ils ne se sentent pas l’obligation de guérir tous les maux du monde.
Les pouvoirs d’un sorcier vaudou couvrent tous les domaines de la magie. Ensorcellement, potion, divination… Ils n’ont pas de limite. L’énergie d’un sorcier vaudou lui vient de la nature, évidemment, mais également des ténèbres qui couvrent le monde. Voilà pourquoi les mauvais sorciers vaudou sont extrêmement difficiles à vaincre.
Certains, même, font l’acquisition de l’immortalité. Cela nécessite des sacrifices, mais ils ne reculent devant rien pour devenir plus puissant encore. Leur âme se noircit, et bien souvent, les sorciers du côté obscur sombrent dans la folie au bout de quelques siècles. Ils ne peuvent être vaincus que par des entités supérieures. Divinités, ou bien confrères.
Actuellement, la sorcière vaudou la plus puissante de Terra se nomme Céleste Trahan, et ceci est son histoire.
II – Céleste Trahan.
Céleste Trahan, âgée de 28 ans au terme de cette fiche, est une jeune femme d’apparence froide et terrifiante. Haute d’un mètre soixante, elle paraît toutefois beaucoup plus grande. Pesant à peine ses soixante kilos, elle demeure néanmoins impressionnante. La magie qui l’entoure lui donne une aura dangereuse. Seuls les plus courageux osent l’approcher, et lui parler.
Son regard brillant, sombre comme les ténèbres dont elle se sert, vous donne l’impression qu’elle peut lire en vous. Elle le peut, d’ailleurs, mais se garde bien de le faire savoir. Les traits de son visage, bien dessinés, lui confèrent une apparence majestueuse. Tour à tour durs ou bien délicats, ils décrivent son humeur bien mieux que n’importe quelle lecture de son esprit. Son nez, droit et aristocratique, dénote une ascendance noble. Peut-être même royale. Elle étire rarement ses lèvres gonflées et carmines en un sourire agréable. Le plus souvent, elle a un rictus cruel ou bien désinvolte.
Sa longue chevelure brune coule dans son dos comme une rivière d’ébène, souplement ondulée, venant frôler une chute de rein aussi délicieuse qu’elle puisse l’être. La face avant est tout aussi généreuse que ses fesses rebondies. Une poitrine bien dotée orne son buste, haute et ferme, narguant insolemment son vis-à-vis. On remarque d’autant plus son ventre plat, bien dessiné, sa taille de guêpe et ses hanches fertiles.
Enfin, pour terminer ce portrait physique, on a une paire de jambes longues et fuselées, galbées comme il le faut, avec des muscles parfaitement dessinés. Ses pieds, plutôt petits, se glissent facilement dans ses petites sandales qui possèdent souvent un talon assez conséquent. Elle préfère paraître grande, et son style vestimentaire hétéroclite renforce bien souvent cette impression. Elle ne porte en général que des robes à multiples voiles, suggérant un corps aux courbes délicieuses dont elle est fière. Mais elle aime aussi à arborer des pantalons de cuir, ou bien des jupes courtes, dévoilant plus que ce que la décence le permettrait, flirtant outrageusement avec les bonnes mœurs.
Ce qui la rend impressionnante, en plus, c’est sa démarche. Légèrement chaloupée, gracieuse et féline, elle attire le regard, et provoque les bas-instincts de tous les êtres qu’elle rencontre. Son attitude désinvolte ne met pas vraiment à l’aise, pas plus que la manie qu’elle a de passer sa petite langue sur ses dents bien alignées, comme si elle allait dévorer quiconque s’approcherait un peu d’elle. Ses tatouages aussi, peuvent gêner. Des motifs obscurs, terrifiants, couvrant son corps et se mouvant d’eux-mêmes grâce à sa magie. Sans compter les peintures rituelles, lorsqu’elle exerce son pouvoir…
De nature imprévisible, Céleste peut très bien se montrer affable et délicieuse à un instant, pour redevenir froide et grognon au suivant. Elle prend un malin plaisir à défier ses interlocuteurs, jouant avec les limites de l’acceptable. Elle n’a aucun remords quant à ce qu’elle fait, ne servant qu’un but : Le pouvoir. Elle en veut toujours plus. Elle ne recule devant rien pour parvenir à ses fins. La seule limite qu’elle s’impose, c’est de ne pas blesser les êtres auxquels elle tient. Sinon, tous les coups sont permis.
Elle courtise le danger, s’attaquant parfois à plus puissant qu’elle, sans ressentir de peur Si elle meurt, c’est que ça devait en être ainsi. Mais tant qu’elle peut continuer, elle continue. Elle ne renonce presque jamais. Les seules fois où ça peut arriver, c’est quand l’un de ses proches est en danger. Elle ne mettrait pas délibérément la vie de ses amis en danger. Par contre, les autres, elle s’en fiche comme de sa première dent perdue.
Détestant qu’on lui mente, elle peut se montrer très rancunière, et sa vengeance n’aura d’égal que la tromperie effectuée. Equitable dans ses quêtes vengeresse, elle possède un sens de la justice qui lui est personnel. Elle se fiche des lois et des règles Seules comptent les siennes. Honnête la plupart du temps, elle ne ment que lorsque c’est nécessaire, et jamais à ses proches.
Elle sait se montrer vicieuse et tordue, rusée manipulatrice et machiavélique. Elle ne dévoile jamais ses plans, et à une furieuse tendance à agir en solitaire. Bonne commerçante, elle monnaie ses dons sans remords, et se montre toujours juste, intègre et consciencieuse. Elle ira jusqu’au bout de la commande, si ça ne nuit ni à ses proches, ni à elle.
Secrète, elle n’a jamais paré à quiconque de son histoire, et ne se livre que très rarement.
A ce jour, on sait que Céleste possède de nombreux pouvoirs, parmi lesquels figurent la nécromancie, la divination, la science des sortilèges, l'art des potions, l'immortalité ou encore la capacité de discerner les portails menant dans les dimensions divines, infernales et paradisiaques. Mais ce dernier don, elle ne l'a encore jamais utilisé.
III – L’enfance.
Il faut remonter vingt-huit ans en arrière, pour commencer son histoire. Ses parents, deux sorciers vaudous très puissants, régnaient en maître sur le bayou couvrant la frontière d’Ashnard et des Landes dévastées. Reine et Parfait Trahan étaient tous deux avides de puissances et de richesse, ce qui les conduisit à proposer leurs services à l’Empereur d’Ashnard.
Reine tomba enceinte peu après, et la mit au monde au sein même du palais, dans les riches appartements qu’on avait mis à leur disposition. A peine née, Céleste fit déjà preuve de grands pouvoirs. Eduquée par les meilleurs, elle grandit dans un univers sombre et se forgea sa personnalité solitaire. Suivant l’exemple de ses parents, elle eut très vite l’ambition d’acquérir encore plus de puissance. Elle commença très tôt les sacrifices, dans ce but. Certains nouveau-nés au palais disparaissaient mystérieusement, et n’étaient retrouvés que des mois après, exsangue et momifiés.
Céleste ne faisait pas de distinction de classe. Que ce soit des nobles, ou des moins nobles, elle les sacrifiait pareillement. Ses parents se doutaient de quelque chose, mais trop préoccupés par leur soif de richesse et de pouvoirs, ils ne firent rien pour l’en empêcher.
En grandissant, la petite se rendit compte qu’elle pouvait communiquer avec les animaux, et même, leur imposer sa volonté. Chose que ses parents ne pratiquaient pas. Ils ne voyaient pas l’intérêt de frayer avec les bêtes. Elle s’entraîna alors, très dur, et finit par devenir une experte. Dès lors, elle utilisait les animaux qu’elle contraignait pour exécuter ses quatre volontés. S’intéressant ensuite aux potions, elle inventa même de nouvelles recettes, et commença à écrire ses connaissances dans un grimoire qu’elle scellait magiquement pour être la seule à pouvoir l’utiliser. Elle l’appela : Le Livre des Ténèbres. Elle y consignait les recettes connues, et celles qu’elle inventait. Elle y ajoutait aussi les sortilèges et autres maléfices, et toutes les connaissances du vaudou qu’elle possédait.
Au fil des ans, le petit carnet devint une véritable encyclopédie qui ne la quittait jamais. Il grossissait, et grossissait encore, engrangeant le pouvoir et les connaissances de Céleste. Si elle n’avait pas eu le pouvoir de lui donner l’apparence d’un simple cahier de brouillon, il aurait été énorme et impossible à transporter.
Et c’est ainsi qu’elle atteignit cet âge que l’on dit « ingrat » : L’adolescence.
IV – L’adolescence.
Cette période débute avec l’arrivée de ses premières menstruations, et un accroissement de son pouvoir. Comme son corps, qui mûrissait, sa magie devint plus puissante encore, et sa fertilité ne faisait aucun doute. Elle en eut la confirmation à treize ans, lorsqu’elle se lia avec un des fils des nobles d’Ashnard. Plus âgé qu’elle de trois ans, il lui ravit son innocence, et lui fit découvrir des sensations qu’elle n’aurait même pas imaginé. Dès lors, elle ajouta un nouveau chapitre à son livre, consacré au sexe et à tout ce qui y était lié. Elle inventa des charmes et des potions, cherchant à atteindre la connaissance ultime de ce domaine.
Neuf mois plus tard, elle mit au monde un enfant mort-né, à l’insu de tous. Elle avait en effet remarqué l’absence de ses règles, au bout de deux mois, et avait usé de magie pour cacher l’arrondissement de son ventre encore juvénile aux yeux de tous, même de ses parents. Au bout du sixième mois, elle sut qu’il était déjà mort. Son organisme n’était pas encore assez mature pour le porter à terme.
Le cadavre issu de ses entrailles servi alors à l’élaboration de nouvelles recettes. Et c’est ainsi qu’elle découvrit la nécromancie. Elle parlait aux spectres, et ranimait des cadavres. Elle ajouta ce chapitre à son livre, et poursuivit son instruction avec tout ce qu’elle pouvait trouver sur le sujet. Elle n’hésita pas, pour s’entraîner, à profaner le lieu de repos de bons nombres d’ancêtres des Ashnardiens, réveillant ceux-ci avec son pouvoir et en faisant des marionnettes tout à fait dociles.
A seize ans, la jeune femme presque faite décida de franchir un palier. Ses parents étaient toujours à la recherche de richesse, et elle utilisa ses dons pour les piéger, pour les assassiner. C’était une nuit sans lune, et propice à tous les crimes.
Animant leur cadavres après leur avoir aspiré leur magie, elle donna le change, et put enfin voler de ses propres ailes. Quittant le palais, elle s’installa en ville. Elle acquit un local d’une surface plus grande encore que les appartements à sa disposition dans le palais, et lança sa boutique de vaudou. Elle finit par relâcher l’âme de ses géniteurs, absorbant les dernières connaissances qu’ils avaient, et les envoya droit dans les limbes, d’où ils ne sortiraient jamais, piégés pour l’éternité.
Sa boutique se fit connaître très vite, et attira un public nombreux et diversifié. Elle commença alors à entrer dans l’âge adulte.
V – L’âge adulte.
Son entrée dans cette période de sa vie se fit lorsqu’elle mit au monde, pour la première fois, un être vivant. A dix-sept ans, elle donna naissance à un petit Narcisse, bien vite suivi par son jumeau, Nathanaël. Occupée à sa boutique, elle n’oublia pas de sucer jusqu’à la moelle le pouvoir des deux nourrissons, avant d’engager une nourrice pour prendre soin d’eux. Elle était ivre de pouvoir, et tout en confectionnant des sorts et des potions pour ses acheteurs, elle avançait dans sa quête de l’immortalité.
Un jour, un soldat entra dans sa boutique. Il disait faire partis des Rougelames, du clan Burega. Il passa commande de nombreux poisons, qu’elle fut ravie de confectionner. A partir de ce jour, le contrat entre l’empoisonneuse et le clan Burega fut signé. Céleste était une commerçante honnête, et les transactions s’effectuèrent avec douceur.
C’est parmi les Burega qu’elle rencontra Silat. Jeune garçon que l’on formait au combat, il était l’un des rares êtres humains à décrocher un sourire sincère à la sorcière. Même ses propres fils ne parvenaient pas à avoir un geste d’affection, et pourtant, ils faisaient tout pour plaire à leur mère.
Le temps passait, et Céleste finit par découvrir le secret de l’immortalité. A vingt-et-un ans, elle exécuta le premier rituel menant à cette récompense, et sacrifia la nourrice de ses enfants à des entités supérieures pour recevoir le don divin.
Elle continuait de fournir les Burega en poisons, et maléfices en tout genre, mais traitait de plus en plus rarement avec les gens du bas-peuple. Elle n’offrait désormais la faveur de ses dons qu’à des individus ayant le moyens de les monnayer.
Elle tomba de nouveau enceinte à vingt-trois ans. Cette fois, elle mit ses connaissances à profit pour étouffer dans l’œuf cette vie naissante, absorbant le pouvoir qu’elle contenait. Elle offrit le fœtus mort en sacrifice aux dieux, recevant en récompense le secret de l’ambroisie qui assurait l’immortalité de qui en buvait. Elle jura sur sa vie et ses pouvoirs de garder ce secret pour elle, et le consigna dans son grimoire qui ne la quittait jamais. Elle n’en avait parlé à personne. Pas même au jeune Silat qui devenait un homme de jour en jour.
A presque vingt-huit ans, la ténébreuse sorcière était devenue la plus puissante de tout Terra, et son nom commençait à voyager, allant d’un bout à l’autre des civilisations peuplant le monde. On racontait qu’elle commandait aux morts, aux spectres et aux animaux. On disait d’elle qu’elle était la courtisane de Satan, et qu’elle exécutait ses basses-œuvres sur la terre. On la dépeignait comme une mortelle séductrice, tous ses amants ayant été retrouvés morts. On raconte aussi que ses deux fils, âgés de onze ans, étaient déjà de vrais démons, la protégeant mieux que tout garde du corps. Ils lui étaient tous dévoués, et leur vie lui appartenait.
Terrible et séduisante sorcière, Céleste continuait pourtant sa quête de connaissances, n’hésitant pas à se salir les mains pour obtenir ce qu’elle voulait.