Le terranide: la victime idéale.

      Aïe !

       Selene ressentie une vive douleur à la cheville qui la fit sauter sur place. Elle s’était sans doute encore fait mordre par un serpent venimeux. Il faut dire aussi qu’il n’y a que les imbéciles pour marcher dans les hauteurs herbes les jambes à l’air. L’immortelle dégaina alors son katana et se mit à taillader la végétation qui dissimulait son ennemi. Elle s’escrima pendant trois bonnes minutes avant de convenir que le reptile avait dû fuir la vengeance de l’immortelle à vitesse grand V, la laissant frustrée et essoufflée. Heureusement pour elle, « l’imbécile » n’avait rien à craindre du poison qui avait dû être neutralisé en quelques secondes par son merveilleux don.

       Ça faisait trois jours que Selene errait dans les terres sauvages. Son sens de l’orientation pourtant très approximatif lui avait permis de trouver la tribu terranide qu’elle cherchait. Son commanditaire lui avait demandé de tuer leur chef qui refusait de lui vendre quelques esclaves en échange de babioles. Tuer des terranides ne lui posait pas vraiment de problèmes et elle avait accepté le boulot sans se poser de question. Elle avait donc réussi à trouver le village des humanoïdes au bout de quelques semaines alors qu’il ne fallait que quelques jours pour y aller. Puis, l’immortelle avait rempli sa mission sans trop de problèmes. Il faut dire aussi qu’il ne fallait pas être un grand maitre de la discrétion pour s’introduire dans un village de paille et trucider un chef endormi dans sa hutte.

       Mission accomplie ! Il n’y avait plus qu’à aller chercher la récompense, mais voilà… Elle était encore perdue. Elle n’avait absolument aucune idée d’où elle allait, et errait un peu au hasard dans des terres envahis par des sauvages en espérant dénicher une quelconque civilisation. Son employeur devait surement croire qu’elle était morte maintenant. Si seulement ça pouvait être vrai…

       Selene écarta rageusement une branche de bois mort qui lui barrait le passage et continua d’avancer dans les landes arides. L’herbe sèche et cassante qui crissait sous la semelle de ses chaussures et le vent qui se glissait entre les buissons d’un gris étain, était le seul bruit audible. La jeune fille remonta la pente d’une colline qui surplombait le plateau dans l’espoir d’apercevoir quelque chose à l’horizon. Une fois au sommet, elle mit sa main en visière et observa les alentours. Il n’y avait rien à part une vue figée d’un paysage hétérogène. Des forêts, des marais, des prairies, mais pas le moindre signe de civilisation.
       Selene découragée trouva une vieille souche dure comme le fer, décolorée par le soleil et polie par le vent. Elle s’y assit en essayant d’éviter les petits cactus en forme de boutons de rose qui poussaient dessus et poussa un soupir. Il faisait chaud et son débardeur rouge lui collait à la peau. Avec sa jupe courte, il était le seul à protéger sa nudité. Mais bon, en pleine nature, Selene se fichait bien de la pudeur. La seule chose qui l’empêchait de se promener nue est qu’elle avait besoin d’un minimum de vêtement pour fixer ses armes et les dissimuler. Rien de bien méchant ; seulement son katana et ses couteaux de lancer.

       Soudain, alors que l’immortelle allait s’endormir contre le bois chaud, des clameurs lui parvinrent. En bas de la colline, des terranides agitaient leurs lances et leurs arcs dans sa direction. La jeune fille leur lança un regard curieux alors qu’ils commençaient à monter la colline. Qu’est-ce que lui voulait cette bande de ploucs ? La réponse à cette question, Selene crut la deviner lorsqu’elle reconnue la race des terranides. Ce devait être les guerriers de la tribu dont Selene avait supprimé le chef. Ils venaient sans doute se venger. Cette hypothèse fit bien rire l’immortelle. Que pouvait faire des bestioles armées de silex contre elle ? Pas grand-chose. Elle se mit même à s’esclaffer lorsqu’un terranide mit une flèche à son arc, le banda et visa. Tsssss… Comme si un arc fait avec une branche et une ficelle pouvait l’atteindre à cette distan….

       Aaaaaah, hurla l’immortelle alors qu’une flèche venait de lui transpercer la cuisse.

       Elle s’écroula sur le sol sous l’effet de la douleur mais eut la présence d’esprit d’arracher le projectile avant que la blessure ne se referme autour – un des très nombreux inconvénients de son pouvoir - . La flèche ôtée, la blessure se referma aussitôt et ne laissa que le sang qui avait eu le temps de s’échapper sur la peau intacte de sa cuisse.

       Finalement, Selene dut admettre qu’elle avait peut-être légèrement sous-estimée ses adversaire. Elle opta donc pour le plan B et se mit à dévaler la pente opposée à toute vitesse pour mettre le plus d’écart entre ses poursuivants et elle. Selene n’avait aucune chance de leur échapper mais elle pouvait peut-être les disperser pour rendre les combats plus équitables.

Il n’avait pas fallu beaucoup de temps pour qu’après son arrivée dans une taverne, Mach se fasse abordé par un homme lui proposant une mission. D’ailleurs, ce dernier avait visiblement vu ses armes et avait déduit qu’il s’agissait d’un mercenaire ou tout autre guerrier travaillant pour de l’argent, et cela avant même que le jeune homme n’ait pu aller voir le panneau des missions de ce lieu. N’ayant pas de rasons de s’opposer à lui, ne serait ce que pour écouter ce que ce dernier avait proposé, le soldat et l’homme, vêtue assez richement, s’assirent à une table et commandèrent à boire. Là, Mach apprit qu’on lui demandait d’aller éliminer un chef de tribu Terrande qui s’opposait à ses ambitions. Mais, aussi qu’il n’était pas le premier qu’il dépêchait sur les lieux et cette mission, mais que cela faisait plus d’une semaine qu’il n’avait pas de nouvelles de la personne et supposait qu’elle avait échoué. Ce qui pouvait aussi signifier que l’individu qu’il traquait était assez fort. Mach pt d’ailleurs ainsi négocier sa paye et se voir offrir celle-ci avant son départ. Bien entendu l’homme refusa de la verser intégralement, et donc le jeune soldat devrait revenir chercher le reste, une fois la mission accomplit.

S’est ainsi qu’après tout les réglages nécessaires  à l’accomplissement de sa mission, comme connaître le lieu de vie de la tribu en question, et le moyen de s’y rendre, ou s’approvisionner en munitions pour la bataille à venir, que Mach quitta Nexus en direction du village Terranide. Ainsi, quand après quelques jours de marches silencieuses, et quelques pauses pour se reposer ou se nourrir, le jeune homme, finit par trouver le village en question. Cependant, au lieu d’y pénétrer tout de suite, il se dissimula sur le flanc de la colline, sa cape aidant pour beaucoup à le rendre invisible, et se confondre dans la nature, grâce à sa méthode de fabrication. Il sortit alors le viseur de son arme, pour s’en servir de jumelles et se mit à scruter le village. L cherchait à la fois sa cible, et des traces de son prédécesseur, dont l avait apprit que s’était une femme brune, portant une arme à feu et un katana d’après le vendeur. Sans compter que sa tenue vestimentaire était celle que portait généralement les hommes, et donc pantalons et vestes assez sombres d’après ses informations.

Mais, quelle fut sa surprise, lorsqu’il découvrit un village saccagé, plein de cadavre. La demoiselle avait donc finit son travail, sans grande difficultés apparemment, mais, laissant donc Mach se demander pourquoi celle ci n’était pas rentré à Nexus pour recevoir sa paye ? S’en fichait-elle ou avait elle une raison différente ?  Il alla même suggérer que la mission n’avait pas été accomplit, par absence du chef en question ou de sa fuite, ce qui la poussait à la poursuivre. Quoi qu’il en fût, il allait devoir aller vérifier dans le village lui-même pour trouver la dépouille du dit Terranide. Il s’apprêta alors à se lever, pour rejoindre le village, visiblement sans risque. Mais, il se ravisa vite, lorsqu’il vit un groupe de guerrier armés d’armes diverses et variées, mais qui semblaient primitives le faire avant lui. Ceux-ci étaient de la même tribu vit la colère et la rage qui leur prit en voyant la dépouille des membres de leur groupe, femmes et enfants comprit.

- Ils semblent être en rogne, mais je vais profiter d’eux pour trouver mon prédécesseur, et m’assurer qu’elle ait fini le boulot !

Dit Mach calmement, repositionnant son viseur sur son fusil d’assaut, alors que la tribu criait de rage, et cela était très audibles avant qu’ils ne se mettent en quête du coupable. Et visiblement chercher la piste de celui-ci ne leur était pas difficile. Le soldat se mit alors à les suivre discrètement, tentant de caler son rythme sur le leur, qui était assez soutenu. Il aurait pu agir à tout moment, la surprise étant de son côté, en plus d’une attaque dans le dos, mais, il jugeait plus utile de leur laisser trouver la jeune femme avant d’agir. Ainsi, Mach suivit leurs traces, sans pour autant conserver le visuel sur le groupe de guerrier, pendant plusieurs jours.

Quand soudain, une clameur s’éleva devant Mach, qui se dit rapidement que les guerriers devaient avoir trouvé celle qu’ils poursuivaient, et ne chercherait pas à faire de cadeau. Le jeune homme souriant, se disant qu’il allait pouvoir enfin passer à l’action accéléra son rythme pour rattraper la troupe par l’arrière et venir en aide à la jeune femme. Mais, quand il les rattrapa, de visu du moins, ceux-ci grimpaient rapidement une colline, alors que quelques uns décochaient des flèches en direction du sommet. Mach n’eut d’ailleurs que le temps de voir une silhouette avant que celle-ci ne disparaisse de l’autre côté, semblant fuir l’adversaire en surnombre. 

- Rien pour me facilité la tâche hein !

Dit-il alors un peu amusé, alors qu’il épaula son arme avant de viser le retardataire de la troupe, et tirer dans le dos de ce dernier. Celui-ci s’écroula vers l’avant, une balle entre les omoplates, sans savoir ce qu’il s’était passé. Et grâce au silencieux qui ornait le bout du canon de son fusil, le coup de feu n’avait produit presqu’aucun bruit, et en tout cas pas suffisamment pour que les camarades du Terranides n’eussent remarqué sa chute. Mais, il ne tenta pas un second tir, car les autres avaient tout de même déjà atteint le sommet de la colline et allaient disparaître de l’autre côté. Et le temps qu’il les rattrape serait tout autant mit à leur avantage pour rattraper eux leur proie.  Ainsi, le soldat se releva, ne se souciant même pas de se dissimuler, alors qu’il se mit à courir et commença à son tour à monter la colline. Il se disait d’ailleurs qu’il risquait de bien pouvoir s’amuser avec unetelle position surélevée, tout en étant hors de portée de ses poursuivis, puisqu’il se trouvait être le chasseur actuellement.

       Selene courait à toute vitesse sur le sol poussiéreux, projetant des nuages de terre rouge à chaque foulée. S’enfuir dans cette direction avait été une très mauvaise idée, car le terrain était totalement à découvert. L’immortelle aurait jurée qu’il y avait une petite forêt qui lui permettrait d’éparpiller ses poursuivants et de les tuer un par un mais il faut croire qu’en plus d’avoir un sens de l’orientation défaillant, ses compétences de cartographe étaient très douteuses.
       La jeune fille absolument furieuse de sa nullité profonde s’arrêta net et fit face à ses adversaires. Ils pouvaient la charcuter autant qu’il leur plaira, elle allait tous les massacrer. Et ce, même s’il y avait le risque qu’elle soit tuée. Enfin, « tuer » était le mot employé pour dire « évanoui ». Selene était une vraie immortelle et ne pouvait pas mourir, par aucun moyen. Ce n’était pas un de ces espèces de faux immortels qui clamsent lorsqu’on leur coupe la tête ou bien quand on leur plante un pieu dans le cœur. Non. Là, il s’agissait d’une vraie, respectant parfaitement la définition du mot « immortalité ». Malgré ça, elle pouvait être vaincue. Il suffisait qu’on lui inflige une blessure qui tuerait un humain sur le coup. Dans ce cas-là, son pouvoir n’avait pas le temps de la régénérer avant qu’elle ne meurt, et cela la plongeait dans l’inconscient pendant plusieurs heures. Des heures qui étaient judicieusement utilisées par ses adversaires pour l’attacher et lui faire regretter de ne pas être morte, une fois réveillée. Et après on s’étonne qu’elle soit devenue folle ?

       L’immortelle dégaina son sabre et attendit le premier terranide. Sans doute le plus courageux - ou alors tout simplement celui qui courait le plus vite-. Celui-ci s’arrêta devant la jeune fille et leva sa lance pour faire signe à ses compagnons de rester à distance. Il darda sur Selene un regard haineux. C’était une sorte de terranide chien. Absolument répugnant, mais ça, c’était l’avis de Selene.

       Je te tuerai de mes mains, femelle, grogna-t-il avec un accent qui laissait entendre que la maitrise de cette langue était difficile pour lui.

       Selene haussa les sourcils surprise qu’un sauvage parle une langue qu’elle comprenne. La lame levée, elle l’observa tourner autour d’elle en lui lançant des regards chargés de mépris. Bien entendu, ça ne faisait ni chaud, ni froid à la petite brune qui attendait patiemment que la créature s’empale d’elle-même sur sa lame. Enfin, une patience qui n’allait pas durer longtemps… constatez !

       Je veux un combat loyal humaine, annonça le terranide. Si tu me bats, tu seras… *BAM !*

       Le coup était parti tout seul… Enfin, pas exactement. Il est vrai que Selene lassée, avait sortie son Colt et tiré une balle entre les deux yeux d’un fier guerrier qui semblait vouloir lui lancer un duel honorable. Seulement, Selene n’avait absolument aucune considération pour ce que les idiots appellent « l’honneur » et n’avait aucune envie de jouer au noble épéiste.

       Un grand silence suivit le bruit mât du corps qui s’écroule sur la terre rouge. Les camarades du terranide chevaleresque regardèrent son corps inerte puis se mirent à pousser des hurlements de rage, chargeant l’immortelle avec une furie incontrôlée. Selene se mit à sourire. Le combat contre un adversaire armé d’un katana était très technique et la colère - qui pouvait certes donner un élan d’agressivité - faisait totalement disparaitre le sang-froid d’un guerrier. Et ça, c’était fatal contre une femme expérimentée qui sait parfaitement comment réagi un combattant soumis à la rage. C’était très simple en fait. Il levait son arme et courait vers sa cible en hurlant, puis se servait de leur élan pour l’abattre avec force sur son adversaire.
       C’est ce que les terranides firent et c’est pour cette raison qu’ils moururent. Selene feignit, esquiva et trancha le terranide emporté par son élan. Elle fit de même avec les trois autres, qui ne semblaient pas vouloir adapter leur stratégie et moururent aussi bêtement qu’ils avaient vécu.

       Selene secoua son katana et une gerbe de sang s’écrasa sur le sol asséché. Même si elle enlevait l’excédent de sang, elle devrait tout de même nettoyer sa magnifique lame. L’immortelle allait d’ailleurs s’occuper de cela lorsqu’un vrombissement la fit sursauter ; une flèche empennée de plumes noirs venait de passer à quelques centimètres de son oreille. En effet, sur le flanc de la colline, trois archers vidaient leur carquois sur elle.

Alors que la tribu de Terranide, visiblement d’apparence canine, venait d’atteindre le sommet de la colline, Mach en était encore au bas de la pente. Cependant, l était arrivé bien vite au niveau de la dépouille de celui qu’il avait abattu, et donc ses compagnons n’avaient pas remarqué l’absence. Un sourire amusé apparut d’ailleurs sur son visage alors que son regard croisa brièvement celui sans vie de sa victime.  Lui aussi d’ailleurs laissa celle-ci derrière lui à grandes enjambées, puisque son équipement était si rudimentaire qu’il n’avait aucune valeur, sans compter le manque de temps qu’il faudrait ne pas négliger en sachant que la première mandater par son patron actuel, si elle l’était bien, était toujours en position délicate. 

- Ptain, cela va être du tir au pigeon !

Laissa t il entendre avec un sourire amusé, alors qu’il arrive au sommet de la colline, et voit un paysage totalement dégagé s’offrir à lui. D’ailleurs, la jeune femme l’a comprit elle aussi et met fin à sa fuite pour faire face à ses adversaires. Mach se demanda alors pourquoi avait elle fui au final, puisqu’elle venait de perdre l’avantage de la pente qu’elle aurait eut de l’autre côté. En effet, il est bien plus facile de défendre une position surélevée. Le jeune homme prit alors son temps pour mettre un genou à terre, option qu’il avait jugé plus adéquate pour réagir vite.

Cependant, quand l mit son arme à l’épaule pour commencer à choisir ses cibles, il remarqua vite que ces dernières s’étaient arrêtées à quelques mètres de la jeune femme, et qu’un seul homme armé d’une lance s’approchait de leur proie. L’idée qu’il voulait un duel à la loyal effleura vite l’esprit de l’ancien soldat qui avait sa tête dans son viseur, prêt à appuyer sur la détente. Ainsi, même s’il put voir ce dernier prononcer quelques mots, il ne pouvait rien entendre d’ici. D’ailleurs en guise de réponse, celui-ci se retrouva avec un trou au milieu de la tête, avant de s’effondrer.

- Et bien, ce n’est pas très honnête tout cela. Mais, bon, on s’en fiche de ce genre de futilités.

Dit le mercenaire, en riant légèrement à ce commentaire, sachant que cela allait se gâter néanmoins, puisque la mort de leur second leader allait remettre la petite bande folle de rage. D’ailleurs, il ne fallut pas attendre longtemps pour que leurs cris de rage se fassent entendre, même de Mach, qui calibrait sa cible sur un autre Terranide. Ainsi, son premier coup de feu fut tiré lorsque la charge vers la demoiselle fut donnée.  Et un nouveau chien s’effondra, un trou dans la tête le traversant visiblement de part en part, sur la largeur de visage, contrairement aux deux autres.

D’ailleurs leur rage était telle que personne ne sembla se préoccuper de la façon dont l’homme venait de mourir. Enfin, sans doute que la femme s’en était aperçu, mais, elle fut elle aussi rapidement occuper par les autres qui l’attaquaient assez bêtement, puisqu’ils ne semblaient pas contrôler vraiment leurs gestes. En tout cas, la vitesse d’exécution de la demoiselle fut telle que Mach n’eut pas le temps de placer un second tir qu’elle avait déjà éliminé ses assaillants les plus proches.  Mais, le calme apparent que cela engendra fut de courtes durées, puisqu’une flèche manqua de peu la jeune femme.

- Merde !

Jura le jeune homme en tournant son arme vers le bas de la colline sous lui, où il avait oublié de se rappeler que certains avait des arcs et donc n’avaient pas besoin de s’approcher de la jeune femme pour l’atteindre. Quelle erreur de sa part, il aurait du s’en souvenir, et commencer par eux. Mais, sa réaction fut rapide, et son premier tir, bien que moins bien placer que les précédant atteignit le Terranide à la poitrine, le faisant s’effondre, et certainement bientôt mort, si ce n’était pas déjà le cas. Cette fois par contre, la mort ne passa pas inaperçue, puisque la proie de ceux-ci était encore assez loin d’eux, et ne pouvait guère être la cause du tir, ne serait ce parce qu’ils l’avaient en visu. Se tournant alors vers l’endroit d’où venait le coup de feu silencieux, les hommes-chiens virent Mach, et commencèrent à le mettre en joug.

Mais, l’un d’entre eux n’eut guère le temps de tirer qu’une balle vint se loger dans son épaule gauche et le fit tourner sur lui-même de moitié alors qu’il lâchait son arc. Cependant son dernier comparse ne manqua pas de tirer une nouvelle flèche, malheureusement, se fut à son tour de souffrir de sa position en contrebas, puisque sa visée ne fut pas juste, bien que la flèche vint se planter dans le sol à seulement un mètre de l’ancien soldat. Celui-ci sourit amusé, mais ne comptant pas lui laisser le temps d’en tirer une seconde, déjà en préparation. En effet, une nouvelle balle sortit du canon de son fusil et vint se loger dans la poitrine du Terranide qui s’immobilisa un regard hagard vers l’homme à genoux, qui rabaissait progressivement, mais avec lenteur son arme, signe que le danger était passé. Le corps inanimé de son adversaire s’écroula au sol et dégringola de quelques mètres la pente de la colline.

Il en restait tout de même un de vivant, mais avec un bras dont il ne pourrait se servir, alors que Mach le regardait, en se relevant et baissant son arme, un instant avant de la relever, mettre en joug le dernier adversaire, en partie étourdit de la vitesse à laquelle ses compagnons étaient tombés, et qu’il ne tarda pas à rejoindre avec un nouveau coup de feu qui lui fit un troisième œil sur le front.  Le mercenaire ne montra aucune pitié dans son regard ou ses gestes, alors que la dépouille rejoignait celle de son compagnon plus bas. Mach plaça alors son arme contre son ventre, en signe de repos et qu’il avait écarté tout danger actuel. Il se tenait debout au sommet de la colline, son regard plongeant vers le bas où se trouvait la jeune femme qui ne pourrait pas le manquer maintenant.

       Selene esquiva une flèche et s’affaissa immédiatement sur son genou. Elle dégaina une nouvelle fois son semi-automatique tout en rangeant dans un même mouvement fluide son katana. Elle tint l’arme à feu à deux mains pour plus de stabilité et aligna le viseur avec son œil directeur. Elle n’eut pourtant pas à tenter ce tir difficile car le terranide qu’elle visait fut abattu d’une balle. Selene eut une idée de la localisation du tireur grâce au mouvement du terranide projeté par l’impact de la balle et ses yeux violine se posèrent sur lui alors qu’il ajustait sa viser pour tuer de nouveau.

       L’immortelle n’était pas du genre à accueillir l’aide les bras grands ouverts. Pour elle, l’aide avait toujours un prix ou une raison. L’homme empêchait peut-être les terranides de la tuer pour le faire lui-même. Elle se mit donc à courir à toute vitesse vers la colline. Le tireur était trop occupé avec les sauvages qui l’avaient pris en cible pour s’occuper d’elle et voir qu’elle se rapprochait à toute vitesse de sa position.
       Lorsqu’il eut abattu le dernier ennemi et qu’il allait donc s’intéresser de nouveau à la jeune fille, elle pointa son arme sur lui. Elle était parvenue à revenir en bas de la colline et commençait seulement à monter la pente. A cette distance, il fallait être un tireur émérite pour atteindre sa cible et c’était totalement impossible si la dite cible se mettait en mouvement. Par contre, Mach n’aurait aucun mal à l’abattre avec son fusil. Malgré ces statistiques plus que défavorables, la petite brune tenait toujours fermement son arme et approchait de Mach plus doucement cette fois, pour que ses mouvements ne parasitent pas sa visée.

       Elle était confiante, tout simplement car l’homme l’était aussi. Il avait raison de l’être, car en cas d’affrontement il la toucherait sans doute avant elle, mais il était loin de penser qu’elle se relèverait de n’importe quelle blessure. Enfin… presque. Mais il y avait peu de chance qu’il arrive à atteindre sa tête où sa colonne vertébrale. A cette distance, sa cible prioritaire serait plutôt une cible plus large tel que son buste.
       Lorsqu’elle se fut suffisamment approchée de l’homme pour qu’elle n’ait pas besoin de crier pour se faire entendre, elle s’arrêta tout en le gardant en joug.

       Vous parcourez les terres sauvages au hasard dans l’espoir de dénicher des jeunes filles à sauver, ou bien vous avez un but plus professionnel ? demanda-t-elle avec un soupçon d’ironie.

       Même si Selene admettait à demi-mot que Mach l’avait effectivement « sauvé » - encore faut-il déterminer de quoi il l’a sauvé – elle ne semblait pas du tout reconnaissante. Elle le regarda à travers le viseur de son arme avec une méfiance habituellement réservée aux repris de justice.

Mach, au sommet de sa colline, était en train d’éliminer un à un les Terranides armés d’arc, qui s’en prenaient à la jeune femme. Celle-ci put d’ailleurs profiter de la diversion pour se rapprocher de l’homme, dont, naturellement, l’attention était tournée vers ses « proies ». Ainsi, quand il eut éliminé le dernier des hommes, le jeune homme se releva, et jeta un regard dans la direction où la femme se trouvait. Bien sur, celle ci n’était plus là, mais au pied de la colline, la grimpant, arme à feu à la main, mise en joug vers lui. Cela le fit sourire, d’un air amusé, et il se contenta de baisser son arme, sans quitter la demoiselle du regard.  Il montrait ainsi, que son intention n’était pas de s’en prendre à elle aussi.

Il la laissa s’avancer, sans ciller malgré la menace du pistolet qu’elle pointait sur lui, alors qu’elle ne tarda pas à prendre la parole pour demander les raisons de la présence de ce pseudo chevalier servant, si on tenait compte de ces propos. Le mercenaire ne put d’ailleurs s’empêcher de rire suite à celles-ci, alors qu’il plaçait son arme, comme si l’utilité immédiate était loin d’être utile. Signe de présomption sur ses forces face à la demoiselle ? Non, plus une réalité dans le sens où si Mach avait voulu levé son arme pour lui tirer dessus, le temps qu’il la mette en joug, celle-ci aurait eu largement le temps d’appuyer sur la détente, et avec le temps qu’elle avait eu pour prendre sa visée, nulle doute qu’elle toucherait un point vital.

- J’opterai pour la seconde, puisque j’ai été embauché par le même type que vous pour le même travail.

Dit-il simplement, bien que cela devrait être suffisant pour que la demoiselle comprenne que son employeur s’était imaginé que celle-ci avait échoué dans la mission, ou l’avait abandonné, et ainsi donc demandé à un autre mercenaire de s’en charger. Bien sur, cela aurait très pyu être une autre explication comme par exemple un manque de confiance total de l’employeur en les capacités de chacun, et avait donc fait appel à l’autre comme sécurité.

- Le reste s’est du bonus disons. Je suppose que vous avez donc éliminé leur chef, je me trompe ?

Avec ses mots, Mach montrait aussi qu’il n’avait pas fouillé le village, même s’il l’avait sans doute atteint et suivit ensuite la bande de guerrier plutôt que de s’assurer de la mort de la cible et rentrer à Nexus récupérer la prime de fin de mission. Cela serait sans doute même surprenant pour la jeune femme, qui en plus de voir un homme calme, malgré sa position de danger face à une arme pointée sur lui, qui elle ne se serait sans doute pas fait prier pour rentrer chercher la récompense, même si elle n’était pas celle qui avait accomplit la mission. Surtout que le jeune homme avait volontairement fait un détour pour lui porter assistance. A moins que le mercenaire, selon elle, pensait trouver le chef dans le groupe de guerrier et l’ait suivi exprès.

Il semblait un peu se ficher du ton qu’elle avait employé, et le fait qu’elle ne se montre pas reconnaissante. Bien qu’en fait, on pourrait simplement dire que ce n’était pas ce qu’il avait cherché à faire ou avoir en lui portant secours. Il était d’ailleurs rare que Mach agisse pour avoir ce genre de chose, si cela n’entrait pas dans le cadre d’une mission, tout comme il n’aimait pas avoir de dettes envers quelqu’un. Ainsi, il se tourna pour redescendre la colline part là où il était mont.

- Il ne nous reste donc plus qu’à retourner chercher notre paiement pour la mission accomplie !

Dit-il en descendant la pente lentement, sans trop se soucier de savoir si la demoiselle suivrait ou non, et ce qu’elle ferait de son arme pointée sur lui.

       Lorsque l’homme baissa son arme, Selene en fit autant. Elle voulait seulement se défendre et non l’attaquer. Comme la menace avait disparu, l’agressivité de Selene s’était envolée avec. Elle gardait cependant une sorte de méfiance à l’égard de l’homme. C’est pourquoi elle était à l’affut de chacun de ses mouvements, prête à bondir au moindre geste brusque.
       Il eut ensuite l’amabilité de répondre à sa question. Ce qui finit de la rassurer sur les intentions du jeune homme. Enfin… rassurer était un bien grand mot puisque le fait qu’il y ait deux personnes pour une même mission faisait d’eux des rivaux. Disons plutôt qu’ils n’allaient pas s’entredéchirer tout de suite.
       Elle répondit ensuite par l’affirmative à sa question comme quoi ELLE avait accomplie la mission. Lui n’avait fait que constater que le boulot avait été fait. D’ailleurs si Selene avait été à la place de ce mercenaire, elle aurait sagement attendu que les terranides le zigouillent – Quitte à les aider un peu - et aurait ensuite prétendue que c’était elle qui avait accomplie la mission. En effet, il y avait peu de chance que l’employeur paye deux primes pour un seul et même contrat. Mais de doute évidence ce n’était pas l’avis du mercenaire puisqu’il l’encourageait à aller chercher leur prime… LEUR prime ?
      Selene dévala à son tour la pente de la colline pour rattraper le jeune homme. Elle rangea son arme au passage et freina maladroitement pour se mettre à sa hauteur.

       Hé, toi ! Le héla-t-elle. J’espère que tu ne t’imagines pas que je vais partager la prime avec toi. C’est moi qui ai éliminé la cible. Toi, à part te balader dans la cambrousse et faire du tir au pigeon, tu n’as absolument rien fait.

       Selene est une emmerdeuse. Ça, c’est un fait. Mais pour une fois, elle avait raison. Il était hors de question qu’elle partage son dû avec quelqu’un. Cependant, elle ne comptait pas tuer le mercenaire pour autant. Les règles du voyage étaient bien ancrées dans le crâne de l’immortelle. C’était des règles éprouvées et toujours vraies. « Assistance mutuelle en terrain hostile ». Ça voulait dire qu’elle avait moins de chance de se blesser en restant avec lui. De plus, elle n’allait pas le lâcher d’une semelle de peur qu’il arrive avant elle à Nexus et qu’il ne réclame la récompense pour lui tout seul… Oh ! Et accessoirement, le mercenaire pouvait faire office de boussole puisqu’elle était toujours complètement paumée.

       En tout cas, tu négocieras avec l’employeur pour ton argent, mais moi, ça ne me concerne pas.

       Voilà ! Maintenant, que les choses étaient dites, elle devança Mach et se mit à marcher en tête... Sans oublier de jeter quelques regards en arrière pour savoir vers où il fallait aller.

Le combat terminé, Mach avait vu la jeune femme pointer son arme en sa direction, mais la baisser à son tour, lorsqu’il le fit, montrant qu’il n’avait l’intention de l’affronter. En effet, il se contenta de répondre à ses questions, rechargeant son arme avant de la remettre en bandoulière, en cas de pépins sur le trajet du retour, pour ainsi réagir plus promptement. Il n’avait pas gardé le silence pour autant, puisqu’il avait du répondre aux questions de sa camarade, sur la raison de sa présence ici, et il l’avait fait sans mentir, comme la tonalité de sa voix pourrait le faire comprendre à la demoiselle. Celle-ci pourrait d’ailleurs le prendre pour un idiot, puisqu’il se montrait à la fois sincère, et n’avait pas cherché à profiter de la situation pour en tirer avantage en laissant la mercenaire se faire éliminer pour empocher la prime.

Il lui tourna alors le dos, pour se mettre en route pour Nexus, invitant la jeune femme à le suivre, si elle voulait récupérer leurs primes.  Vu l’accélération que fit celle-ci pour le rattraper, et se placer à ses côtés, il se dit bien vite que cette conclusion ne semblait guère convenir à sa partenaire, qui ne tarda pas à le confirmer oralement, alors que le soldat souriait, en attendant cette remarque.

- Tu verras cela avec notre employeur. Et puis d’une certaine façon, je m’en fiche un peu, ce balourd m’a filé déjà une partie de ma paye avant le début de la mission, pour les frais qu’elle engendrerait…

A ses mots, il se doutait qu’elle ragerait, mais bon, lui avait sans doute mieux négocier son coup.    D’ailleurs, l’argent avait véritablement servi en partie pour l’achat de munitions, et autres frais pour l’organisation, comme la nourriture. Mais, il lui en restait quand même un peu en poche.

- Et si tu n’es pas contente, ce n’est pas à moi qu’il faudra te plaindre, mais notre cher employeur. Se sera à lui de débourser l’argent de nos honoraires. Et s’il ne comptait pas nous voir revenir tous les deux, il ne pourra s’en prendre qu’à lui au final.

Là, le sourire espiègle qu’il affichait montrait clairement que Mach s’imaginait la tronche du mec lorsqu’il verrait les deux mercenaires qu’il avait embauchés revenir demander leurs soldes.  Ainsi, l’ancien soldat, qui vit la jeune femme prendre la tête par la suite, se montra tout de même assez conciliant, puisqu’il ne chercha pas à lutter pour savoir qui aurait la récompense, et même mieux, il venait d’émettre l’option, que cela serait à leur employeur  de faire avec leurs réclamations. En tout cas, il se mit à sourire en voyant la demoiselle se retourner fréquemment pour s’assurer qu’l était toujours là, et donc qu’il ne la devance pas pour rejoindre Nexus.

- J’ai quelque chose sur le visage, ou tu as simplement peur de te perdre ?

Demanda t il alors à la jeune femme, en regardant son dos. Il ne cherchait pas à presser le pas, et ne se montrait donc pas spécialement pressé de rentrer à Nexus pour récupérer la solde avant elle en tout cas. Et il s’amusait même de la situation, sans savoir qu’il avait mit le doigt sur la principale raison qui avait que la guerrière ait mit tant de temps à rentrer.

       Selene n’eut aucune réaction notable lorsque Mach lui révéla qu’il avait eu une avance. C’était tout à fait normal pour des chasseurs de prime expérimentés. C’était une garantie que si l’employeur leur faisait faux bond, ils n’avaient pas tout perdu dans l’affaire. Mais pour avoir ce genre d’avantage, il fallait être un mercenaire illustre, une bon négociant ou une personne de confiance, et à Nexus, une personne de confiance signifie : « quelqu’un qu’on peut retrouver facilement pour lui faire la peau en cas de coup bas ». C’était le cas de Selene qui possédait un manoir et un titre de noblesse acheté à grand frais, ce qui lui retirait tout son prestige.

        A mesure que l’immortelle jetait des regards discrets derrière, elle voyait l’amusement du mercenaire grandir, ce qui eut pour vertu de l’exaspérer considérablement. Lorsqu’il la taquina légèrement, elle se braqua et lui fit face de manière à ce qu’il s’arrête.

        Je regarde ce que je veux, et dites-toi bien que je connais cette région puante comme ma poche, fit-elle en le menaçant de son doigt tendu vers lui. Et puis, si tu ne veux pas que je te regarde tu n’as qu’à passer devant. Après tout, je ne vois pas pourquoi une dame devrait se donner la peine d’ouvrir la marche.

        Oui, en effet. Ce que disait Selene n’avait aucun sens. Elle se contredisait, était de mauvaise foi et mentait de manière éhontée. Avec obstination, elle se plaça derrière le mercenaire et commença à le suivre à la trace. Elle comptait bien garder le silence maintenant, quoiqu’il dise. Ses yeux fixaient obstinément ses chaussures avec une concentration sans doute destinée à s’empêcher de bavasser.

* * *

       Au bout de deux heures de marche, le crépuscule commençait à s’installer sur les terres sauvages. Le soleil déclinant zébrait les collines basses d'ombres obliques. Selene marchait toujours en silence derrière Mach, lui infligeant son silence en guise de punition arbitraire et sans fondement, et ce, même si elle ne se rendait pas compte qu’un tel comportement était une réelle bénédiction pour lui. Cependant, Selene commençait à fatiguer. Ca faisait quatre ou cinq jours qu’elle n’avait pas mangée et la sensation de faim commençait à amenuiser sa volonté - Non pas ses forces qui ne pouvait décliner en raison de son étrange pouvoir qui lui prodiguait les nutriments nécessaires à sa plénitude physique -. En mission, Selene mangeait rarement par souci de rapidité et d’économie. Pourquoi se trimballer avec un sac lorsque manger est un luxe et non un besoin ? Toutefois, ça ne l’empêchait pas d’avoir du mal à suivre le rythme.

       Nous devrions nous arrêtez pour la nuit, fit-elle d’une voix assurée. Cette région n’est pas sûre après la nuit tombée.

        Ca, Selene n’en savait absolument rien, mais c’était une bonne excuse pour ne pas lui dire qu’elle était fatiguée et que marcher sur un terrain accidenté ne l’amusait plus du tout. Elle chercha rapidement des yeux un endroit où s’abriter et en trouva un. Sur cette étendu d’herbe jaune, il y avait un amas de rochers plantés dans le sol, comme si quelques dieux capricieux les avaient jeté négligemment de leur royaume céleste. Même si, ils ne protégeaient pas vraiment de la pluie, ils avaient le mérite de couper le vent froid qui soufflait entre les collines.

       On s’arrête ? Geignit-elle à l’adresse de l’homme qui marchait devant elle. On peut monter un camp là-bas.

       En quelques enjambés, elle le rattrapa et montra du doigt sa trouvaille. Selene lui décocha un regard plein d’espoir qui semblait vouloir transmettre le « s’il te plait » qu’il était hors de question qu’elle prononce à haute voix. La vérité c’est que s’il voulait continuer jusqu’à ce qu’il fasse vraiment nuit, elle n’aurait d’autre choix que de le suivre puisqu’elle ne savait toujours pas où elle était – il faut dire que marcher en regardant ses pieds n’aidait pas à se repérer non plus -

Marchant tranquillement derrière la jeune femme, Mach avait répondu à ses questions, ou simplement ses commentaires, qui ne la montrèrent finalement que sous un angle d’avare qui ne voulait rien partager des butins. Ce qui d’un certain côté laissait Mach indifférent, puisque cela ne le regardait pas après tout, et cela serait un problème qu’elle devrait régler avec leur employeur. Et soit, il s’en mêlait pour avoir sa part, vu qu’il avait tout de même fait une partie de celui-ci dans un sens en consacrant du temps à cette mission. Soit, il laissait tomber littéralement, se contentant de l’avance qu’il avait eue, et ferait ainsi plaisir à la demoiselle qui n’aurait pas besoin de partager donc.

Puis, il avait remarqué que sa camarade se tournait souvent pour le regarder, et tout en souriant, il ne put s’empêcher de poser sa question. Ce que la jeune femme sembla prendre comme une moquerie, et le ton employé et l’expression du visage le laissait clairement pensé. Celle-ci s’arrêtant donc, se plaçant face à Mach, ne pouvant faire autre chose que l’imiter, alors quelle le pointait du doigt. Le commentaire, sur un ton froid, auquel il eut droit ne le fit finalement que rire, comme si cela l’amusait, malgré que la demoiselle n’avait guère l’être d’avoir cette envie là.

- Pourtant, on ne croirait pas, mais si vous le dites, je ne vais pas vous contredire.

Se contenta t il de répondre, alors qu’il se retrouva rapidement en tête de colonne pour guider la jeune femme. Qui venait la de se contredire de nouveau, puisque se placer derrière indiquait davantage qu’elle pourrait suivre Mach sans avoir à tourner la tête pour s’assurer qu’il suivait bien, et donc qu’elle était dans la bonne direction. En effet, si elle avait trouvé sa présence si dérangeante, pourquoi continuait-elle à le suivre dans ce cas ? Elle n’en aurait pas eu besoin si elle connaissait la route, et arriver ainsi avant Mach à Nexus pour s’assurer que la récompense soit toute à elle. Même si le mercenaire lui avait déjà dit qu’elle pourrait l’avoir sans problème.

En tout cas, sa partenaire se tut, comme pour le punir, et la marche continua donc dans un silence relatif, avec quelques regards de la part du jeune homme par-dessus son épaule à certains moments, bien moins rapprochés que ceux qu’avait fait sa compagne. Et ceux-ci étaient pour s’assurer qu’elle ne se faisait pas distancer, et donc caler son rythme sur celui de la jeune femme. La semer aurait sans doute été aisé, mais, cela aurait rendu son treck inutile au final, comme toutes les paroles qu’il aurait pu sortir depuis.

Ainsi, le crépuscule commença à se montrer, et l’obscurité prit la place progressivement de la lumière, laissant pour le moment un ciel orangé au dessus de la tête des deux jeunes gens. Mach songea à s’arrêter au moment, où il vit ralentir sa partenaire, qui ne tarda pas d’ailleurs à lui dire que se serait plus prudent car la nuit était souvent bien plus dangereuse que le jour pour les voyageurs. Il acquiesça donc de la tête, alors qu’elle cherchait un coin pour se reposer du regard à présent, sans trop avoir entendu sa réponse, ce qui le fit sourire. Lui aurait sans doute pu continuer d’avancer sans problème, et la dangerosité des lieu ne le perturbait pas, surtout qu’il savait se dissimuler parfaitement s’il le voulait, ce qui le rendait presque indétectable.

Il regarda alors les environs pour voir à son tour l’amas de pierres qui se trouvait au milieu de cette prairie désertique. Cependant, avant qu’il ne puisse se faire une idée, sa camarade l’avait rejoint et lui demandait une nouvelle fois de s’arrêter, en lui montrant les dites pierres pour monter le camp. Chose qu’il ne put finalement pas refuser, bien qu’il n’en ait pas l’intention, lorsqu’il vit le regard suppliant de la demoiselle.

-Oui, je ne suis pas increvable de toute façon

Répondit Mach finalement, ce qui était vrai, car même s’il aurait pu poursuivre la route, il aurait fallu qu’il s’arrête tôt ou tard pour se reposer, puisque Nexus n’était pas encore à côté. Détournant sa route pour se diriger vers l’amoncèlement de pierre, le duo ne tarda donc pas à l’atteindre, et Mach profita alors que le jour soit encore là pour se mettre à chercher du bois pour le feu.

-Tu as prévu de quoi manger dans ton équipement, ou bien on doit se partager mes rations, voir aller chasser un peu ?

Demanda t il en rassemblant le bois au centre de ce qui allait être leur campement pour la nuit, avant qu’il ne ramasse quelques pierres pour en faire un cercle et ainsi circonscrire le feu une fois qu’il serait allumé. Sa question n’avait d’ailleurs pas été posée pour agacée la demoiselle, comme son ton calme le montrait bien. D’ailleurs, le fait de partager ses rations, qui n’étaient pas non plus nombreuses, et sans doute peu gouteuses, ne le dérangeait nullement non plus, puisqu’il l’avait mentionné. Il se contenta donc d’attendre la réponse de sa compagne, alors qu’il était en train de préparer le feu pour l’allumer.

       Selene poussa un soupir de soulagement devant la réponse du mercenaire et elle en poussa un autre lorsqu'elle se laissa tomber sur les fesses, reposant ses pieds endoloris par la marche. Bien entendu, elle ne proposa pas son aide pour la réalisation du feu de camp. Quitte à être une petite peste obséquieuse, autant l'être dans les moments qui lui permettent de ne pas lever le petit doigt. Elle observa donc avec un intérêt relatif, Mach s'échiner à préparer le combustible pour une feu  qui allait les réchauffer tous les deux.

       L'oisiveté de Selene lui avait tout de même permise de réfléchir au fait que ce mercenaire avait été très courtois et que malgré ses quelques moqueries, il ne l'avait pas rudoyé ou manqué de respect. C'est pourquoi, dans sa grande miséricorde, Selene allait « essayer » d'être aimable. Ce qui n'était pas gagné d'avance. Elle eut d'ailleurs l'occasion de mettre à l'épreuve sa nouvelle résolution lorsque l'homme lui adressa la parole.

       Mince! Il lui proposait de partager ses rations... C'est très gentil, mais ça l'empêchait d'être aimable en retour. Si elle acceptait, elle passait pour une pique-assiette et si elle refusait, elle démontrait encore son sale caractère. Une impasse! Comment voulez-vous être gentille si on ne nous en laisse pas l'occasion? Selene montra donc sa frustration en fronçant les sourcils. Encore un réaction que le pauvre Mach était dans l'impossibilité de comprendre.

       Si j'avais besoin de manger, j'aurais pris un paquetage pour transporter mes vivres, répondit-il d'une voix qu'elle essayait de rendre moi acerbe que d'habitude. De plus, je n'ai pas faim.

       Le ventre de l'immortelle choisi ce moment pour gargouiller bruyamment. Selene tenta de le faire taire en lui mettant quelques coups de poing mais ce ne fut pas couronné de succès. Honteuse, elle se recroquevilla sur elle-même et se maudit intérieurement. Elle n'avait décidément pas de chance. Coincée et perdue dans une région désertique avec un homme qui avait toutes les raisons du monde pour se moquer d'elle jusqu'à la fin des temps.

       J'ai l'air d'une idiote, n'est-ce pas? Fit-elle d'un air désabusé contre ses genoux. Je suis fatiguée, j'ai faim, je suis perdue et... je m'appelle Selene – ajouta-t-elle à l'adresse du mercenaire en extrayant finalement sa tête de ses genoux pour le regarder -.

       La transition pouvait paraître étrange mais tandis qu'elle se plaignait, Selene s'était rendue compte qu'elle ne s'était pas présentée. Un erreur qu'elle avait immédiatement voulu corriger mais ça n'avait absolument aucun rapport avec ce qu'elle était en train de dire. Un problème qui ne semblait pas la déstabiliser alors qu'elle observait son interlocuteur dans l'espoir qu'il se présente également.

Après une longue marche, souvent faite dans le silence, la jeune femme avait demandé à faire une pause, et Mach n’avait eut rien contre. Ils avaient donc rejoint un regroupement de pierres qui leur permettrait d’avoir un abri contre le vent pour la nuit tombante. Ainsi, une fois sur place, alors que la demoiselle s’asseyait paisiblement, ne cachant pas sa joie de poser son cul au sol, le mercenaire se mit à préparer le feu avant que l’obscurité n’envahisse totalement la région.  Une fois le feu prêt à être allumé, Mach s’accroupit donc devant, et sort son briquet qu’il enclenche pour faire apparaître une flamme qu’il repend au combustible.

Une fois ceci fait, il s’assit non loin du foyer pour ne pas perdre la chaleur dont ce dernier émane, et fouille son équipement pour en sortir de quoi manger. Il ne voit pas le changement d’humeur de sa camarade, ou du moins celle qu’elle adopte avec ses résolutions. Cependant, quand elle se voit proposer de la nourriture, il ne manque pas de la voir froncer les sourcils, d’un air mécontent. Et ses propos sont loin d’être agréables à entendre, même s’ils sont sur un ton plus clément, et que cela n’était pas le genre de chose dont Mach se vexerait.

- Je ne savais pas qu’un être humain n’avait jamais faim. Qu’il puisse tenir trois semaines sans manger oui mais bon, quand on peut subvenir à ce besoin pourquoi s’en priver. Enfin, je ne te forces pas non plus.

Dit-il calmement sans sortir de ration pour elle, et en prit une pour lui quand même. Mais, le ventre de la jeune femme se mit à grogner, et elle se mit à tenter de le faire taire de façon peu discrète, surtout que le bruit de ce dernier parmi tout ce silence n’était pas passé inaperçu. Le jeune homme ne put s’empêcher de rire avec une expression amusée sur le visage, alors qu’il envoyait une main cherché une seconde ration pour elle.  Il écouta alors parler de manière un peu honteuse, alors qu’il lui tendit la ration de nourriture.

- Juste un peu.

Dit-il en retrouvant son calme, mais conservant le sourire, alors que la jeune femme du nom de Selene avait enchainé sur tout ce qu’elle ressentait, admettant même des choses qu’elle avait nié bien plus tôt, et se présentait par la même occasion.

- Et moi Mach.

Se présenta t il à son tour, ayant laissé son sourire de côté pour reprendre son ton calme. Puis, une fois que la jeune femme eut prit la ration, il ouvrit la sienne et commença lentement à manger. Et il semblait le faire comme si s’était une habitude, bien qu’on ne puisse nier qu’elles étaient loin d’être délicieuse. Elles étaient mangeables, s’était le principal pour lui.