Oui, oui, encore oui. Freyja s'était encore attirée des ennuis. L'origine de ses problèmes remonte à quelques jours de ça, suite à un accrochage avec un groupe d'hommes pas très net trainant dans une petite rue de Nexus en compagnie de plusieurs jeunes filles aux attributs animaux variés. Enfin... « en compagnie »... C'était vite dit. Ces hommes les trainaient grâce à quelques chaines lourdes et bruyantes, reliant l'esclave au maitre. La jeune femme aux pouvoirs semi-divins se mit donc en travers de la route et expédia en enfer les malfrats et libéra les terranides après leur avoir partagé les ressources de leurs acheteurs éphémères. Elles avaient de quoi fuir, maintenant, qu'elles en profitent ! Ce bref récit est digne d'un conte, certes, mais l'histoire ne s'arrête pas là.
Confiante, la scandinave faisait abstraction de toutes représailles, comme si elle se sentait invincible. Sauf que, malheureusement, certains Grands de Nexus aux mœurs discutables n'appréciaient pas tellement que l'on se débarrasse de leurs employés de la sorte. Même en restant sous l'apparence de Frig, elle devait se faire à l'évidence : elle était grillée. L'idée de se faire oublier quelques temps lui vint rapidement à l'esprit. Une idée forte alléchante en somme. Sans demander l'avis à son fraternel qui disposait d'une habitation au sein de la capitale économique de Terra, elle s'enfuit. Cet élan de lâcheté la hantait à chacun de ses pas, mais comme elle désirait revoir le soleil se lever le lendemain, il n'y avait pas mille alternatives. Freyja pouvait toujours se venger par la suite si elle le désirait, mais Frig ne comprenait toujours pas pourquoi son élan de bravoure la forçait à secourir tout ce qui est en détresse et à éliminer tout ce qui est potentiellement nuisible (ce qui l'amenait inévitablement à s'attirer d'énormes ennuis).
Malheureusement, lorsque la norvégienne s'engouffra dans la sortie ouest de Nexus, quatre hommes se mirent à sa poursuite. Ce fut donc au pas de course qu'elle parcouru son premier demi-kilomètre avant de se décider à éliminer ses poursuivants de manière rapide et efficace. Maintenant méconnaissables sous ce tas de chair sanguinolent, Adelheid pouvait continuer sa route « tranquillement » le long de cette plaine verdoyante. L'émeraude végétal ressortait de ce paysage grâce à ce ciel chargé de nuage bas signalant la probable venue d'une averse. Le reflet de ces nuages teintait la mer (visible en se tournant vers le nord) de cette couleur plomb tandis que le vent agitait les eaux dont les vagues venaient se fracasser contre la côte dans un éclatement aquatique. Le bruit résonnait en ce lieu vide de toute vie. La jeune femme tourna sa tête une dernière fois par dessus son épaule, citant un dernier « au revoir » à la cité d'or.
Sotte mais point stupide, l'héroïne s'était habillée de manière facile sans renoncer à l'élégance pour autant. Elle portait un bustier de cuir souple, couleur chocolat, afin de se sentir plus à l'aise dans ses mouvements, complété d'un mini-short de la même matière et de la même couleur, auquel était attaché une ceinture munie de poches, justement emprunté au frangin Friedrich. Il y avait une demi-douzaine de poches, réparties également à gauche et à droite. Leur contenue était varié, allant de la monnaie jusqu'à quelques outils comme une boussole ou un couteau suisse, voir même un fil et une aiguille ainsi que quelques médicaments terriens. Il faut aussi rajouter une paire de bas couleur marron, histoire de ne pas attraper froid par cet automne précoce. Une lanière de cuir agrémenté d'une autre poche faisait office de jarretière sur la jambe droite de la jeune femme afin de contenir une arme à feu subtilisé encore une fois au fraternel, avec, bien entendu, quelques munitions qui allaient de pair avec. Il y avait encore moyen de cacher une arme dans sa paire de bottes à lacets remontant jusqu'à mi-cuisse, mais pour le moment c'était suffisant ainsi. Pour finir, nous avons une cape de couleur vert foncé, idéale pour les sorties en milieu sylvestre ainsi que pour lutter contre le froid. La capuche est constamment relevée sur la tête de la scandiblonde, seule deux nattes d'un blond neigeux s'y échappent par l'avant, tombant jusqu'aux hanches de leur propriétaire.
La fuite de la scandinave se transforma rapidement en une randonnée agréable. C'est normal, elle n'avait pas encore quitté les terres appartenant à Nexus. Des plaines étendant leur vert à pertes de vue s'étalaient sur son chemin, parfois on y trouvait un bosquet ou quelques habitations et des fois lorsque la chance faisait un petit signe : un cours d'eau ou un lac. S'arrêtant la nuit, préférant la nature aux auberges, Frig restait « elle-même ». C'est à dire qu'elle n'eut pas vraiment besoin de faire intervenir Freyja pour le moment ce qui n'était pas plus mal. Elle gardait ses forces pour un cas de danger extrême afin que la barbaresse soit dans un état irréprochable. Cela faisait maintenant trois jours qu'elle était partie. Trois jours passé à errer dans ce magnifique cadre, mais plus pour très longtemps... Voilà l'aube du quatrième jour. Le paysage restait le même à quelques détails près, mais pourtant, il semblait étrangement plus hostile. Quelque chose ressortait dans cette scène, une impression... animale. Cette sécurité que la jeune femme ressentait dans les décors précédents s'estompait peu à peu pour céder la place à ce sentiment de danger permanent. Maintenant, une question se posa dans la tête de la norvégienne. « Qu'est-ce que je fais ici ? Pourquoi je continue mon chemin ici au lieu de faire demi-tour ? ». La réponse est toute bête : l'excitation de l'inconnu. Oui, Adelheid aimait sentir l'adrénaline en elle. Cela lui donnait du courage, ce qui est illogique, mais la preuve que tout est possible. De plus, malgré toute cette marche, elle n'était pas dans un état de fatigue. Grande marcheuse, elle se posait de temps à autres tout en respectant son rythme de marche, sans parler de son régime alimentaire qu'elle maintenait à peu près équilibré. Lorsque l'on fait preuve de débrouillardise, il est plus que possible de vivre dans la nature.
Voilà le pourquoi de sa venue en ces terres hostiles.
Pour le moment elle n'avait pas sentit trop de danger, si ce n'est un troupeau de bêtes sauvages s'élançant férocement dans ces steppes sans fin. C'était encore des animaux inconnus pour la jeune femme qui ne faisait que découvrir une chose parmi tant d'autres. Elle baissa sa capuche et leva son regard vers le ciel chargé. L'atmosphère pesait, les nuages n'allaient pas tarder à déverser leur hectolitres d'eau, si ce n'est pas un orage qui éclatera avant la fin de la journée. Contradictoire, n'est-ce pas ? Se découvrir la tête alors que la pluie est imminente ! Non, ce geste avait pour but principal de faire respirer son cuir chevelu. La scandinave regarda autour d'elle, sondant les horizons afin de trouver des repères géographiques et temporels. L'astre solaire entamait sa longue journée de dur labeur, il était encore tôt. Tiens donc, là-bas débute une chaîne de montagnes, pas bien grandes, certes, mais ça fait du beau pays à visiter. Pourquoi ne pas y faire un tour ?
Quelques heures de marches permirent à la scandiblonde d'atteindre son but. Maintenant, la route montait et elle jugea plus judicieux de suivre un semblant de sentier en terre battue. Ce n'est pas l'escalade qui lui fait peur, loin de là. Contrairement à ses airs de jeune fille coquette aux allures d'aristocrate, c'est une véritable aventurière que nous avons là. Capable du meilleur comme du pire... La route monte, elle monte, et Frig doit avouer que cette marche devient d'une fatigue lourde à porter. Sans parler de ces quelques gouttes de pluies venant réveiller ces fragrances de terre et d'herbe sèche... La douche était prévue, oh que oui ! Elle devait se dépêcher d'atteindre un endroit au sec avant de continuer son exploration des lieux, car l'alpinisme en pleine pluie n'est pas des plus simples ni des plus agréables. Sa course fut récompensée : un endroit à plat ! C'est après un soupir de soulagement exprimant sa victoire sur les conditions météorologiques qu'Adelheid vint se poser contre une paroi rocheuse, reposant son dos et ses jambes de cette longue et pénible marche. Néanmoins quelque chose raviva sa curiosité. Un air songeur anima son visage de poupée, puis elle se redressa pour inspecter le sol devant cette paroi composée uniquement de roches. La terre était légèrement battue, les herbes écrasées... C'était un signe de vie ? Quelque chose allait et venait à cet endroit. Quelque chose, oui... Elle leva les yeux vers l'énorme rocher. Tournant autour, la norvégienne le toisa de tous les côtés à la recherche d'un mécanisme ou autre chose, tandis que ces gouttelettes d'eau se transformaient en une petite pluie. Le manque de patience appela les services de Freyja. Cette dernière se posta devant l'énorme rocher afin de pouvoir le faire glisser latéralement, révélant ce qu'il dissimulait donc. Ses petits bras poussèrent de toute leur force, une grimace d'effort marqua le visage de la demi-déesse alors qu'elle grognait en déplaçant cette énorme masse jusqu'à ce qu'une entrée assez grande pour elle se fit apparente. Ni une, ni deux, elle s'engouffra à l'intérieur en quête d'un abri au sec.
Une fois debout à l'intérieur de cette étrange cavité, les yeux d'argent de l'héroïne inspectait les moindres recoins de l'endroit, ou du moins ce qui était visible avec le peu de lumière pénétrant à l'intérieur. Elle baissa derechef sa cape, libérant ainsi pleinement ses cheveux nattés. Quel lieu étrange... Lentement Freyja commença à en faire le tour, ses yeux se posant sur ces étranges inscriptions sur les murs. On dirait du jargon scientifique, mais du jargon scientifique... taillé sur de la roche ? Vu l'imprécision des traits, leur auteur ne devait pas être des plus doux. Elle pouvait aussi voir quelques objets résider sur divers cailloux faisant office de meubles. La nature avait-elle donc meublé cet endroit pour qu'il corresponde aux attentes et aux envies de son propriétaire ? Maintenant son regard se posa sur cette énorme peau de bête autour de laquelle elle marchait avec précaution, comme si même morte elle allait lui sauter dessus. La scandinave leva brusquement la tête vers l'entrée de cette caverne. Un bruit suspect venait de se faire entendre à l'extérieur. Freyja recula lentement jusqu'à ce que sa colonne vertébrale frappe ce mur rocheux. Là, elle avait peur. Oui, elle avait vraiment peur.
Ce qui faisait office de porte d'entrée se vit ouvrir en plus grand, laissant un peu de luminosité gagner les parages. La jeune femme, toujours cachée dans un pan d'ombre, leva légèrement la tête vers le chef de ces lieux. Ses yeux reflétèrent la lumière tel des perles blanches nacrées, cela trahissait presque sa présence. La créature lui faisant face était d'un gabarit impressionnant, si bien qu'on pourrait croire avoir affaire avec une bête sauvage. Mais quelque chose interpella la barbaresse. Cet endroit est rempli d'une connaissance et d'un génie hors du commun. Si cela était bel et bien l'œuvre de cet être lupin, alors il devait connaître quelque chose sur les institutions humaines. La situation avait de quoi être insolite... Plus le temps de réfléchir, Freyja se trouvait dans le territoire de cette énorme boule de poil, sans y être invitée qui plus est. Elle devait donc fournir une explication rapide et claire sur sa venue ici. Se raclant la gorge discrètement, elle s'avança d'un petit pas afin de garder une petite marge de sécurité à l'arrière, « au cas où ».
- Mes hommages, noble créature. Je m'excuse de mon intrusion, je ne cherchais qu'un endroit à l'abri de cette pluie, et surtout pour me reposer. Mon chemin me mena ici, ce n'était point dans mes attentions de séjourner... chez vous.
Sa voix était glaciale, mais le ton employé l'était beaucoup moins afin de dissimuler sa peur. Jamais encore elle n'avait rencontré une telle créature. Il faut bien un début à tout.
- Maintenant, si vous le voulez bien, je pourrais... disposer ?
Ceci-dit accompagné d'un signe gestuel de la tête vers la sortie bloquée par cette bête. La scandinave ne souhaitait vraiment pas avoir à se défendre contre elle, bien qu'elle serait capable de riposter si on venait à l'attaquer.