Silencieusement, avec le plus grand respect auquel je pouvais faire part, j'écoutais attentivement Cathleen qui, à ma demande, narra son histoire. Un récit très peu enthousiasme il fallait l'avouer ! Inconsciemment, je serrais les poings, faisant pénétrant mes griffes dans la chair de ma paume. En l'apparence, d'un point de vue externe, j'étais calme, rien ne pouvait montrer ma fureur intérieur. Certes, il m'avait eu comme esclave et m'avait fait connaître des tourments que je ne saurais oublier mais, ne sachant pas pourquoi, le fait de savoir qu'il s'était pris à la magicienne m'énervait au plus haut point. Dans un geste remplit d'empathie, une de mes mains remonta vers mon cou maintenant libéré de son carcan de métal et massa l'un des côtés de la gorge. Bien sûr, je ne savais pas pourquoi j'avais fait ce geste, mais je l'avais effectué sans vraiment m'en rendre compte.
La suite de son récit est encore moins plaisante. Des souvenirs douloureux de son passé semblaient lui refaire surface durant ses songes. Quelle atrocité ! Dans de telles circonstances, il n'était guère possible de pouvoir profiter d'une nuit de sommeil et d'un repos réparateur nécessaire à une bonne santé. Chaque nuit serait synonyme de cauchemars pour elle. Instinctivement, mes oreilles s'abaissèrent, démontrant ainsi par ce simple geste, une tristesse que je ne pouvais exprimer par de simples mots. La seule chose censée à faire était de réussir à trouver un moyen pour que Cathleen puisse dormir sur ses deux oreilles sans crainte la remontée de souvenirs enfuis. Ne sachant pas pourquoi, l'une de mes mains pris l'une des siennes et exerça une légère pression dessus. Rien de brutal dans ce simple geste. Non, il avait été fait comme pour souligner un soutien moral.
Elle ne dit rien pendant un instant. A quoi peut elle bien penser ? Bien qu'elle tente de les retenir, je peux facilement distinguer quelques larmes couler le long de ses joues. Jamais je n'aurais dû lui poser pareille question ! Idiote que je suis...Je ne souhaitais aucunement la voir dans un si piètre état. La seule chose que je puisse faire est d'attendre. Tout était silence dans la pièce. Un silence pesant certes, mais nécessaire. Après quelques instants, elle finit par relever son visage, ses pupilles de couleurs verts émeraudes reflètent la peine qui erre dans son âme. Entre-ouvrant la bouche pour prononcer une phrase de réconfort, je la referme aussitôt, n'en trouvant aucune étant apte à l'aider à mieux se sentir. A vrai dire, la seule chose qui pouvait lui redonner son sourire était son frère, Alastor. Où était-il en ce moment ? Que lui était il arrivé depuis sa disparition ? Tout cela était un mystère....
La voix de mon amie s'éleva de nouveau dans les airs, me faisant sortir de mes réflexions silencieuses. Aucun son ne sort d'entre mes lèvres tandis qu'elle dicte un changement soudain de sujet. C'était peut être la meilleure chose à faire en effet. Hochant juste la tête en signe d'affirmation, je la laissais s'exprimer sur le nouveau thème de discussion qui venait de s'établir : Prouver que j'ai bien été achetée par elle tout en me garantissant une totale liberté de mouvement. Il fallait sans dire que trouver une solution ne serait pas chose aisé. Réfléchissant tout en tapotant des doigts sur la table, je me mis à cogiter, avant de prendre la parole quelques secondes plus tard.
« Pourquoi ne pas faire en sorte de me « marquer ». Enfin, de poser une marque visible qui prouverait que je....suis....enfin que je t'appartient ? Bien sûr, le fer rouge est à proscrire....J'ai un douloureux souvenir avec ce dernier »
Un très douloureux souvenir même. Je me demande même, si il lui serait possible de me retirer cette satané marque. Bien que le collier de métal avait été enlevé, le seul fait d'avoir encore ces initiales marqués à même la chair renforçait ce statut d'esclave que j'avais acquis. Un grognement de frustration naquit du fin fond de ma gorge. Cependant, je chassais bien vite ces souvenirs néfastes d'un mouvement de main, me remettant ainsi par la même occasion les idées en place.
« Mais, une simple marque ne servira pas à grand chose...Il faudrait aussi un document de type « administratif » non ? Une sorte de papier que je pourrais montrer et qui garantirait ma sécurité et bien sûr ta propriété.... »
Je laissais un léger sourire naître sur mon visage, tandis que ma main droite avait retrouvé la balle posée à même la table. Les doigts s'occupaient à la faire tournoyer sans que je n'ai besoin de poser mon regard sur la sphère. Bien sûr, parler ainsi d'un rapport maître-esclave pouvait paraître troublant, mais j'avais une totale confiance en Cathleeen. Jamais elle ne me ferait un coup fourbe et je savais qu'à la fin de cette discussion, je retrouverais ma liberté perdue.