Faire naître l'ordre dans le Chaos? (PV Apollon)

"Debout mes trésors..."

Délicieuse et chantante, la voix d'Eris s'éleva dans le Tartare, horriblement doucereuse, annonciatrice de désastres... Elle était si suave et pourtant si claire... Un enchantement pour qui l'écoute. Et pourtant si terrible... Car assurément, chaque fois qu'elle s'élève, c'est que la déesse prépare un mauvais coup... Et en l'occurrence... Ses créatures célestes quittèrent l'immobilité de leur refuge pour se mouvoir aux côtés de leur déesse. Kraken et scorpion géant, guêpe, serpent et autres monstres peuplaient ses écuries.

"La vie est si belle..."

Un sourire narquois étira les lèvres charnues de la belliqueuse divinité, toujours friande de plus massacre, plus de confusion, plus de... Chaos.

"Approchez, regardez... C'est un jour nouveau, et le monde des mortels est en paix..."

Presque attendrie, elle invita ses monstres à contempler avec elle un globe terrestre, lui permettant d'observer simultanément les terranides et les terriens. Les uns allaient et venaient, se battaient pour certains contre des monstres, vendaient des esclaves... Quant aux humains, ils grouillaient contre une fourmilière dans laquelle Eris mourrait d'envie de donner un coup de pied. Son sourire s'étira.

"Mais pas pour longtemps... Leur vie ne tient qu'à un fil, et si je le coupe, le monde sombrera dans le chaos... Un extraordinaire chaos..."

Enchantée par cette perspective, elle se sentait au bord de l'euphorie. Écartant les nuages qui l'empêchaient de voir ses futures victimes, elle glissa sa main dans ses cheveux et en enroula un autour de son index, se l'arrachant sans un instant d'hésitation. Le laissant se perdre sur la terre, elle la regarda trembler lorsqu'il entra en contact avec elle, sur toute sa longueur, ce qui la fit rire aux éclats. La fourmilière venait d'être dérangée, et le rire de la déesse s'éleva dans tout le Tartare. Mise en joie par son petit désastre matinal, qui ne serait que le premier d'une longue lignée, elle s'évapora et quitta son Tartare adoré pour admirer de plus près l'effet de ses actes. Du sommet de l'Olympe.

Ses cheveux diaphanes battant la mesure de son pas alors que, féline, elle passait les portes du domaine de Zeus, elle vint s'assoir négligemment auprès de cette ouverture, semblable à celle qu'elle avait dans son Royaume mais vue de beaucoup plus près. Comme précédemment, son rire s'éleva en Olympe. Eris avait frappé.

Dans les magnifiques et immenses jardins de l'Olympe, des nymphes au charme irresistible pour n'importe quel mortel, s'amusaient comme des enfants, s'aspergeant d'eau, jouant à cache cache ou se tenant aux cotés du dieu solaire, comme hypnotisé par la beauté de la mélodie que ce dernier jouait.

Apollon se sentait bien seul en ce moment. Certes, il venait de faire son retour il y a quelques jours seulement, mais il était triste de constater que bon nombre de divinités étaient absentes. C'était surtout sa chère soeur jumelle, Artémis qui lui manquait, les deux jumeaux étant inséparables bien longtemps. Les doigts du dieu des arts, parcouraient les cordes de sa cythare d'or, jouant un requiem qu'il avait lui même composé, comme à son habitude.

Bien sur, de par son statut il pouvait partageait sa couche avec  n'importe quelle nymphe, mais il préfèrait séduire d'autres partenaires à la beauté encore plus resplendissante. Soudain, l'une de ces cordes se brisa, s'enroulant comme un serpentin. c'était plutôt rare ce genre de choses.

- Zut, voila une corde de casser. Cela ne présage rien de bon en général.

Il regarda la corde en question, rompu net. Il eut tout a coup une sorte de flash. Il perçu une aura étrange non loin d'ici. Il se leva brusquement, ce qui surprit ses servantes.

- Que se passe t il, seigneur Apollon ?

- Ce n'est rien, mes enfants, je crois que je viens de saisir le sens du sinistre présage.

Un sourire apparut sur ses lèvres. En effet, il venait de reconnaitre cette mystérieuse et puissante aura qui provenait de l'entrée du sanctuaire. Cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas perçu dans les parages. Il descendit les quelques marches qui le séparait de la plaine herbeuse.

- Je n'en n'ai pas pour longtemps, juste le temps d'aller voir ce qui se passe et d'aller dire bonjour à une vieille connaissance.

Il disparut alors soudainement. Il réapparut prés de l'entrée du sanctuaire des dieux ou trônaient de magnifiques statues représentant les divers dieux de l'Olympe. il aperçut une jeune femme au teint sombre et à la longue chevelure blanche, accoutré de manière très provocante, mettant ainsi ses attributs en valeurs.

- Je me doutais bien que c'était toi, Eris. Cela fait longtemps que je ne t'ai point vu.

le dieu solaire s'approcha de sa sombre soeur. Il se demandait bien quelle sinistre plan elle pouvait bien encore préparer, car question désordre et plan diabolique, elle tenait bien son rang.

- Je me doute que tu dois bien avoir une idée en tête, comme d'habitude. Alors que mijotes tu encore ? Si tu veux voir notre père, saches qu'il n'est point ici.

Une voix sonnant étonnamment familière tinta aux oreilles de la déesse, la faisant se retourner et poser ses orbites blancs sur son origine. Un mince sourire étira alors les lèvres charnues de la belliqueuse créature, alors qu'elle détaillait sans en avoir l'air, prouesse permise par l'absence d'iris dans ses yeux blancs, le plus lumineux de ses frères, qui lui faisait l'honneur de se tenir devant elle. Elle se leva même à son approche, et daigna matérialiser son corps dans sa totalité, troquant le carcan de fumée habituel qui lui tenait lieu de chevelure ainsi que celui, plus sombre, qui lui servait de "jambes", pour des cheveux diaphanes légèrement ondulés, tombant allègrement sur des chevilles fines munies de bracelets d'argent tintinnabulants comme les clochettes des nymphes du Dieu à chacun de ses pas.

"Trop longtemps mon frère... A mon humble avis."

Son sourire s'élargit d'avantage à sa question et elle feignit l'innocence la plus totale.

"Moi? En es-tu sûr?"

Elle le laissa dans l'ignorance, le sourire qu'elle affichait plutôt malicieux cherchant à le tromper, jusqu'à ce qu'elle termine par rire avec douceur. Elle ne se moquait pas du Dieu, juste du fait qu'elle soit capable de faire autre chose que de semer la discorde partout où elle allait.

"Très bien, tu as raison. Quoique je m'ennuie sincèrement ces derniers temps. Peu d'hommes s'aventurent en mer, de ce fait que je ne peux pas les conduire à leur perte en faisant intervenir les sirènes, quant à explorer des contrées inconnues..."

Elle poussa un profond soupir et glissa ses doigts dans sa chevelure couleur de neige, qu'elle rejeta dans son dos. Par tous les Dieux, elle avait oublié à quel point c'était contraignant d'avoir un corps matériel!

"Je suis contente que tu aies pris la peine de venir me voir, malgré ceci."

Son index désigna la cythare d'or du Dieu solaire, et plus précisément la corde rompue net. Plus douce, elle sourit de nouveau à Apollon et, même si l'Olympe n'était pas sa demeure principale, Eris y avait sa place tout autant que les autres Dieux, et connaissait bien les lieux. Elle invita donc le conducteur du char céleste guidant le soleil à s'introduire avec elle dans le palais des Dieux d'un geste leste de la main.

"Pousseras-tu l'audace jusqu'à prendre un verre de nectar en ma compagnie?"

La déesse de la discorde prit sa forme divine, une apparence plus humaine qu'elle gardait pour les autres divinités ou les êtres de haut rang. Elle n'avait pas changé d'un pouce, malgré toutes es années, c'est l'avantage d'être un immortel.

- Je ne t'en voudrais pas, aprés tout chacun sa spécialité.

Il ria de bon coeur avec elle. Elle avait beau avoir un caractère un peu abrupte et des goûts assez macabres, elle n'en demeurait pas moins de plaisante compagnie quand elle voulait, tout comme lui quand on touchait à sa soeur ou à sa mère. Elle lui fit remarquer qu'elle s'ennuyait ces derniers temps.

- Tiens , c'est bizarre, moi aussi vois tu. Cela ne fait pas longtemps que je suis revenu sur l'Olympe et personne n'est la. Aucune de mes muses n'est la pour m'accompagner, Dyonisos n'est pas la pour nous servir son si bon vin, ma soeur non plus, je n'ai également pas vu notre frère ainé, Arés. Sans doute est il encore parti guerroyer dans l'une de ses campagnes sanglantes ?

- Quand a se rendre sur terre...pfff, pourquoi faire, pour se mêler à des êtres insignifiants ? Il n'y a plus de grands héros comme dans l'ancien temps, c'était pourtant si plaisant, on s'amusait bien.

Il faisait référence à la guerre de Troie et a d'autres depuis, bien qu'il y avait longtemps qu'il n'y en avait pas eu. Elle semblait heureuse de le revoir aprés tout ce temps.

- Je n'allais pas te laisser seule, aprés tout, tu ne fais peut être pas partie des 12 dieux de l'Olympe mais tu est tout de même une déesse, fille de Zeus, nous sommes frères et soeurs et tu y as ta place comme nous tous.

Elle lui tendit la main et la saisissant délicatement. Puis, il passa son bras en dessous de celui de la déesse, avant de la mener dans l'olympe, vers les jardins qu'il appréciait tant.

- Viens donc avec moi, nous allons festoyer, et tant pis pour les absents !

Aprés avoir traversé les jardins, ils arrivèrent bientôt dans l'un des sanctuaires d'Apollon. les nymphes qui s'amusaient comme d'habitude, s'arrêtèrent alors , étonné par la présence de la nouvelle venue. Elles la reconnure  cependant bien vite, la saluant et s'agenouillant à son passage, comme le stipulait son rang.

- Eris Sama, Nous vous souhaitons la bienvenue, majesté !

Arrivé dans l'un des salons du dieu solaire, donnant sur le jardin, Apollon invita sa soeur prendre place sur l'une des banquettes. il en fit de même avant que les nymphes ne viennent leurs servirent quelques mets sucrés et salés accompagnés d'Ambroisie et d'une coupe remplie de nectar.

- Alors, sinon a part sa, que se passe t il dans ton royaume ? As tu des nouveaux jouets ? des nouveaux serviteurs assez particuliers ? racontes moi tout...

Sur ces paroles, il prit une grappe de raisin, avant de commencer a grignoter les grains.

Eris n'était pas l'une des douze... Mais qui étaient ces douze? Zeus, Héra, Aphrodite, Artémis, Apollon, Arès, Hermès, Dionysos, Héphaïstos, Hadès, Déméter et Athéna... Son frère jumeau était dans les douze... Pourquoi n'y était-elle pas? Peut-être parce qu'elle était beaucoup plus efficace dans l'ombre. Les Dieux majeurs jouissaient d'une renommée, d'une certaine aisance avec les mortels. Mais les Dieux et Déesses comme elle, non. Et c'était mieux ainsi. Comme ça, on ne les soupçonnait point. On ne pouvait les accabler de maux qu'ils causaient pourtant. La preuve? Le fait que les lauriers de la guerre de Troie eurent été remis à Arès alors qu'ils couronnaient sa propre victoire et son propre savoir faire. Jamais son frère n'aurait eu assez de subtilité pour penser à quelque chose d'aussi simple, et pourtant de si ingénieux. Mais bon... Tant qu'elle y trouvait son compte... Peut-être finirait-elle par se venger de lui, un jour. Et peut-être alors oublierait-elle sa rancoeur? ... Nous sommes en droit d'espérer!

Toujours est-il qu'à cet instant, ces projets étaient relayés dans une zone à l'écart, en retrait, puisqu'elle avait choisi de se consacrer à Apollon, une fois n'est pas coutume. Le plus beaux des Dieux, et le plus à même d'éveiller l'appétit charnel... Quel dommage qu'Eris n'était pas aussi sensible que ses soeurs... Dans le cas contraire, elle en aurait volontiers fait son quatre heures, et comme n'importe quelle femme en sa présence, elle se serait troublée. Tel n'étant pas le cas, elle devrait se contenter d'un peu de nectar et d'ambroisie, ce qui lui allait tout autant. Après tout, satisfaire un Dieu de l'amour n'était-il pas une chose difficile, au-dessus de ses moyens même? Peut-être, qui sait?

Si elle ne répondit pas dans la foulée aux paroles d'Apollon, elle n'en pensait pas moins et hocha doucement la tête. Quant il aborda le sujet de son frère, sa tête se détourna et elle grimaça légèrement, arborant une mimique exaspérée. Si elle avait eu des orbites, ils se seraient levés au ciel. Déjà qu'il occupait une partie de son esprit, il fallait en plus qu'il occupe une partie de ses conversations... C'en était trop. Manifestation de sa colère, fugace, les mortels en payèrent le prix d'un orage. Et même si sa rancoeur s'évanouit relativement rapidement, l'orage lui, perdura bien jusqu'à ce que les nuages n'aient plus une goutte à faire pleuvoir.

Sa bouche retrouva un maigre sourire et elle laissa son bras s'emparer de celui du Divin.

"Tu es bien trop aimable de reconnaître mon appartenance au panthéon grec Apollon..."

Sa phrase étaient bien sûr lourde d'ironie, mais ne visait qu'à souligner le fait que les paroles de son frère aurait pu aisément la vexer, si elle n'était pas au-delà de tout cela. La preuve, elle préférait en rire plutôt que de se braquer et de semer la zizanie partout sur son passage pour punir l'affront qu'elle essuyait avec dignité. Elle inclina légèrement la tête, son sourire se faisant un peu plus large, afin de signifier son assentiment. Ils n'attendraient pas d'être au complet, ils festoieraient en duo. Ils traversèrent donc les jardins de concert et la déesse ne pu retenir une expression de surprise en entendant le surnom que lui donna la nymphe. Ca la contraria d'ailleurs, bien qu'elle n'en montra rien.

Comme il lui indiquait une banquette, elle s'y allongea de tout son long avec une grâce telle que seule une déesse aurait pu démontrer et accepta la coupe de nectar avec gratitude.

"Je crains qu'il ne s'y passe rien de bien jovial... J'ai dû me séparer de mon plus fidèle et talentueux serviteur, ce qui me contrarie énormément. Et toi? Il y a longtemps que tes nymphes ont pris l'habitude de montrer leur déférence aux Dieux en usant de suffixes propres à une nation qui n'a rien de commun avec celle dont nous sommes les fondateurs?"

Grosso modo, elle lui demandait poliment, avec un ton des plus posés et d'une voix les plus douces... Nom de Zeus, pourquoi foutre ta nymphe m'a appelé Eris Sama? Comme quoi, la déesse belliqueuse et discordieuse était capable de démontrer un plus qu'impressionnant self control.

Sa grande soeur avait toujours était a part dans le panthéon Grecque, ni intégré dans les 12 dieux majeurs, comme son frère Arés et ne s'accordant généralement pas avec ses frères et soeurs, Eris avait en quelque sorte toujours était une déesse à part. Déjà que Arés n'était pas des plus apprécié en Olympe à part Aphrodite, Eris l'était encore moins. Apollon faisait pourtant fit de ses préférences et de ses rivalités, il avouait une haine sans borne au humains, alors qu'il s'entendait bien avec la plupart des dieux, même si l'amour réciproque qu'il y avait avec sa soeur jumelle Artémis pouvait paraitre assez étrange.

- Les 12 Olympiens ne sont que les dieux préférès et les plus appelés durant l'antiquité Grecque, les temps ont changé depuis et  ces temps de disettes et de guerre ont du te faire gagner en puissance, car tu est plus resplendissante que jamais. Et puis, ce n'est que Zeus, notre père qui a décidé qui siégerait sur l'Olympe. En cela, nous ne pouvons contester.

Quand il parla de son frère Arés, il perçut une soudaine gêne et la déesse ne lui répondit pas. Il sentit qu'il devait y avoir eut une dispute entre les deux jumeaux comme il pouvait y avoir entre lui et Artémis, même plus rarement. il laissa donc tomber cette discussion.

Il remarqua également que la remarque de l'un de ses nymphes à, l'égard de la déesse la surprit. Elle ne manqua pas ensuite de lui en faire part. Cette remarque de sa soeur le fit rire.

- C'est simple, ce n'est qu'une question de protocole pour marquer notre différence. La race humaine nous est insignifiante, des pions avec les quelles nous pourrions jouer aux échecs. Nos serviteurs sont plus puissants mais sont tout de même sous nos ordres. En leurs inculquant un certain respect envers ceux qui leurs sont supèrieurs, mêmes des dieux mineurs ou des demis dieux, ils montreront à leurs tours l'exemple envers les humains. Et puis je dois avouer que j'aime assez cette notion de hiérarchie que posséde ce peuple japonais.

Ses yeux s'illuminaient alors qu'ils parlaient de superiorité et de respect et d'allégeance.

- C'est  bien ce que je reproche à Athéna, être proche des humains, quelle irrespect pour la race des dieux.

Tout juste n'étaient ils bons qu'a être des partenaires d'une nuit. L'une des nymphe apporta ensuite une table rempli de plats plus savoureux  les uns que les autres, ou se trouvait bien sur, l'ambroisie. Apollon gouta ensuite une coupelle de vin, cru de son frère Dyonysos, que lui servit l'une de ses nymphes. Il claqua des mains et des danseurs et danseuses apparurent bientôt. Il se leva se dirigeant vers sa soeur avant de s'assoir a ses cotés, lui tendant la coupe.

- Goute moi ce nectar, c'est le dernier cru de Dyonysos. J'avoue que je ne sais comment il fait pour créer pareil boisson.

Agacée. Voilà dans quel état était Eris. Que ce fut à cause des paroles, qu'elle trouvait à la limite de l'insulte, du Dieu de l'amour ou bien par l'appellation que lui avait donné cette petite dinde de Nymphe, finalement, elle venait à comprendre pour quelles raisons elle préférait la solitude de son tartare et non l'oisiveté qui régnait en maîtresse sur l'Olympe... Fille de ses propres enfants sans doute, paresse et nombre de défauts... Quoiqu'il en soit, de la part de maîtres du monde, c'était inacceptable. Et, cassante, Eris ne se priva pas pour le faire remarquer à son frère.

"Et bien pas moi. Je suis d'origine grecque, pas japonaise. Donc, si j'avais la chance inégalable de revenir dans tes pénates, je te serai gréée de préciser à tes prêtresses de m'appeler soit par mon nom, soit par mon titre mais de s'abstenir de m'affubler de ridicules suffixes appartenant à une culture dont je ne me sens en rien proche."

Déchaîner sa colère contre les habitants de ce petit archipel lui plaisait, mais adopter leurs coutumes, leur manière...? Jamais, hors de question. Les dieux de l'Olympe étaient grecques, et même si ça lui faisait mal de l'avouer, elle était choquée qu'Apollon s'accommode ainsi d'une culture avec laquelle ils n'avaient rien à voir. Sans doute avait-il des facultés d'adaptation qu'elle-même n'avait pas... Cette réflexion suffit à la radoucir. C'était forcément cela. Forcément, il voulait s'adapter pour survivre, puisque lui ne pouvait tirer sa puissance que des cultes qu'on lui vouait alors qu'Eris pouvait la ponctionner partout où elle le voulait.

"Tout dépend de ce que tu appelles "proche", je pense."

Aussi solitaire soit-elle, elle aimait se confondre parmi les humains, parfois, pour y instaurer le chaos, quoi d'autre?. Alors peut-être Athéna souhaitait-elle simplement dispenser la connaissance et la réflexion, ses domaines de prédilection, aux humains? Peut-être n'avait-elle pour seule distraction que cette échappatoire et s'en satisfaisait? Eris aimait la discorde et la désolation, mais ça ne l'avait pas aigrie pour autant, et elle ne se sentait pas obligée de médire sur tous les Dieux en leur absence. Le seul auquel elle aurait aimé faire subir ses foudres étant son jumeau, qui ne perdait rien pour attendre.
Quoiqu'il en soit, son frère divin préfère en rester là, changer de sujet. Et Eris ne lui en tint pas rigueur, bien au contraire. Elle lui sourit donc et se saisit de la coupe que lui tendait Apollon avant d'y porter les lèvres.

"Tu as raison... C'est une merveille. Nous avons chacun nos domaines de prédilection. Dionysos le vin, toi la musique et la beauté... Chacun ses talents."

Le sourire de la déesse se fit plus large.

La réponse de la jeune nymphe qui fit une révérence devant la déesse de la discorde, pour la saluer, comme le stipulait son rang, ne paru pas satisfaire la déesse. Apollon remarqua la grimace qu'affichait le visage d'Eris. Il n'eut même pas besoin d'en parler par la suite, elle le fit a sa place, paraissant sensiblement énervé.

- Bien, bien, pas la peine de t'énerver, ma chère. J'avoue que ces dernières temps, celles çi sont assez naive, a vrai dire je viens de les prendre à mon service car je suis un peu a court de serviteurs en ce moment, tu dois également connaitre sa. Les temps ou les croyants se faisaient nombreux sont rares et je manque de serviteurs, j'ai donc pris ce que je trouvais et malheureusement, elles n'étaient pas Grecques mais Japonaises. Du coup, elle gardent quelques reflexes, malgré leurs formations. Je te prie de m'excuser si cela te dérange...

- Je dois t'avouer qu'en constatant que la nation Grecque, pourtant si puissante par le passé, devienne un pays si minoritaire au temps actuelle, m'a profondement perturber.

En fait, tout comme sa soeur, il répugnait à devoir choisir des serviteurs non Grecques, mais il n'avait guére le choix, il fallait bien le reconnaitre. La déesse gouta au  vin de son frère, approuvant le fait que ce dernier était délicieux.

- Oui, comme tu dis, chacun son domaine et sa spécialité, et toi, a part semer la désolation, as tu d'autres domaines de prédilection ?

Le dieu répondit à son sourire charmeur, avant de poser une main sur sa cuisse, la caressant.

- Je veux dire par la, des talents cachés ?

La déesse ignorait si Apollon s'accommodait de toute ce qu'elle-même disait à dessein, afin d'être aimable, ou tout simplement parce qu'il n'avait pas d'avis tranché. Dans ses souvenirs, Apollon savait certes faire preuve de clémence, voire de candeur, mais elle ne se souvenait pas qu'il n'ait point eu d'avis propre. Qu'il choisisse les prêtresses qui lui faisaient plaisir, pour sa part, elle répudiait leur compagnie, et ne souffrait pas qu'on ne respecte pas ses racines. Elle ne jugeait pas, enfin pas vraiment, pour autant les choix de son frère. Quoiqu'il en soit, il est préférable qu'ils changent de sujet, ce qu'ils font rapidement du reste.

Sentir la main du Dieu sur sa cuisse fit très étrange à la déesse. C'était... Surprenant. Elle l'observa avec curiosité. Etait-ce un geste malencontreux ou calculé? Les sous-entendu qu'Eris croyait déceler dans les paroles du divin cependant ne laissaient pas de place à l'imagination, à moins que ses longs millénaires à semer la discorde ne l'aient conduite à avoir l'esprit particulièrement mal tourné. Quoiqu'il en soit, elle n'esquissa aucun mouvement supplémentaire, ne repoussant ni n'encourageant le Dieu à poursuivre, se contentant d'afficher un petit sourire mystérieux.

"Si j'en ai, ne crois-tu pas que ça ne serait que justice que les connaître soit une entreprise difficile? Quel intérêt de les cacher dans le cas contraire?"

Eris n'était pas une déesse des plus appreciés en Olympe, tout comme son frère Arés, car les deux êtres étaient synonymes de malheur et de désolation. Le dieu des arts en voulait toujours encore un peu à son frère, pour lui avoir piquer certaines de ses récentes conquêtes. De plus, Apollon comme beaucoup d'autres Olympiens, n'avait vraiment jamais réussi à savoir ce qui trottait dans la tête de la froide déesse. Elle était très mystérieuse et elle le restait encore aujourd'hui. Voyant que la déesse ne semblait pas vraiment réagir, il continua son petit jeu, essayant d'en savoir plus sur elle, tout en gardant certains sous entendus. Sa réponse évasive, ne le perturba pas plus que ça, au contraire, cela l'encourageait encore plus.

- Je me doute bien que ne soit pas facile, mais je suis prêt à relever le défi. Derrière cette froideur qui te caracterise, n'y a t il pas autre chose ?

La déesse cachait bien son jeu, car même avec ses talents divinatoires, Apollon n'arrivait pas perçevoir ce qu'il y avait vraiment derrière le miroir. Il était comme devant un mur.

- Ne prends tu plaisir qu'à semer la désolation et la discorde ? Remarque, je ne t'en tiendrais pas rigueur, en cela, tu est parfaite. Mais cela doit être un peu triste à la fin...A ce propos, si tu pouvais nous refaire une petite guerre de Troie, cela égaierait un peu la vie des dieux.

Sur ces mots, il constata que sa coupe était déjà pratiquement vide. Le vin était si bon qu'il l'avait bu comme s'il s'agissait d'eau ou de nectar. Il bu le reste d'une traite avant de se resservir un verre, resservant également sa soeur.

- J'ai une idée, faisons un jeu. Tu me donnes un indice sur l'un de ces fameux talents et à mon tour, je t'en donne un sur un des miens ou même sur l'un de mes secrets. Le premier à deviner le secret de l'autre peut poser un gage à l'adversaire, d'accord ?

Apollon avait toujours de ces idées farfelues venant d'on ne sait ou. Doté d'une imagination sans bornes, il n'était pas étonnant qu'il soit le protecteur des artistes.