Son regard ne daigna même pas se relever vers moi avant que je ne franchisse le seuil de la porte. Et pourtant, je suis persuadée... Ou du moins ne serais-ce qu'une douce illusion, qu'elle se soit égarée derrière les rideaux de satin pour me regarder une dernière fois disparaître au détour d'une rue. Nous y sommes. Mise à la porte de mon premier foyer, celui où je serais née, choyée, éduquée - même si j'ai encore de nombreuses lacunes, disons que pour une terranide esclave, je possède des bases -, nourrie, et aimée... Du moins, je le croyais. Là aussi, cela n'aurait été qu'une simple illusion ? En tous les cas, à ce jour la douce enfant que j'étais aux yeux de ma maîtresse, est à présent à l'image d'une voleuse d'époux. Jamais ô grand jamais, je n'ai pourtant posé le moindre dévolu sur cet être que je ne considérait que bien peu. Lui en revanche, a vu sous un tout autre regard cette enfant Terranide, devenir une jeune femme. Je suis alors devenue un obstacle, une rivale pour ma maîtresse qui décida alors, de me faire quitter les lieux au plus vite. J'eus à peine le temps d'emporter quelques affaires avec moi, en réalité, hormis ce que je porte actuellement, je n'avais droit à rien d'autre. Mes affaires seront certainement remises à celle qui prendra ma relève. Quant à moi, je ne sais qu'elle sera ma prochaine destination. Me contentant simplement de talonner cet homme, missionné de me revendre au premier venu.
Je le suivais sans une once de rebellions, sûrement trop conditionnée à ma cause. Nul besoin de me soustraire à une laisse, ou une quelconque chaîne. En revanche, surement pour pour ne pas me faire oublier ma place et ma conditions, l'on vient à me nouer les mains sur le devant, par une petite cordelette qui me lacère quelque peu la chaire. Docile, je ne cherchais pas à m'évader. Pour quoi faire ? Mon statut ne me permettrait pas de vivre normalement, je serais rattrapée, punie... au meilleur des cas. Étant nulle libre de droit, je suppose que les autorités viendront rapidement de mettre la main sur moi, mais ce sort serait-il plus doux si une personne malveillante venait à me posséder. A dire vrai, aucune pensée ne me fit frémir. Loin de dire que je n'éprouvais pas de peur, mais je laissais les choses venir telles qu'elles sont. Je me laisse guider par cet inconnu, jusqu'à quitté Ashnard et nous trouver après une longue route, sur une terre que je ne connaissais pas.
Nous entrons dans ce qui semble être une auberge, un lieu plutôt distrayant et assez bruyant. Beaucoup de monde s'y trouvait, au moins, je passais un minimum inaperçu. L'homme m'intima de me poser contre le mur, dans un coin. Ce que je fis sans chercher à comprendre, pendant qu'il traversa les lieux à la recherche d'un potentiel acheteur. Surement, ne voulait-il pas m'avoir dans les pattes pour négocier mon prix. Ô, connaissant ma maîtresse, elle voulut certainement en tirer le meilleur. Une Terranide docile, élevée pour servir, et vierge qui plus est, devait bien se revendre au plus offrant. Je balaye du regard quelques échanges curieux qui se tournent vers moi, tandis que d'autres m'ignorent. Les Terranides sont pour certaines des objets convoités, d'autres nous voient plus comme des bêtes curieuses, et nous avons ceux qui semblent dérangés par notre présence. Oui, je les vois ces regards provocateurs, pervers, mais aussi de dégoûts. C'est à se demander lesquels sont les plus dérangeants. Mon air impassible les omit tous, restant contre ce mur, mains jointes, jouant nerveusement de mes doigts, tandis que mes oreilles s'agitèrent en paraboles sur mon crâne.