Olympe ferme la lourde porte de Chez Mère sur les bruits de La Ville. Le bâtiment est si bien construit que l’on n’entend plus rien, une fois entre ses murs. S'adossant contre le bois épais, elle soupir et ferme les yeux, tenant contre sa poitrine une tenue emballée.
« Tout va bien ? »
Le Gnoll qui sert de gardien du bordel en ce moment, la regarde de son poste. Il s’approche et l’aide à se remettre sur pied correctement, prenant le paquet d’entre les mains de la prostituée.
« Merci beaucoup. »
Même une créature aussi peu encline à la douceur que Galanard devient presque délicat lorsqu’il s’occupe de Olympe. Son regard a ce don. Vous apaiser au point où vous en oubliez si vous étiez énervé ou non…
« Vous pouvez déposer ça dans ma chambre ? Je vais aller saluer Mère et… »
Olympe ne termine pas sa phrase. Elle faut souvent ça. Parle et s’arrête lorsqu’elle se rend compte qu’elle bascule dans les futilités. Pour que ça ne devienne pas inconfortable, elle sourit, l’air de s’excuser, puis tourne le dos et s’en va.
…
« Mère. Des nouvelles de ces recrues ? »
« Ah Olympe. »
La vieille femme déposa ses binocles sur le bureau devant elle et se leva pour aller embrasser son « aînée » (statut de prostituée la plus élevée dans la hiérarchie. Cela n’a rien à voir avec son âge) sur les deux joues. Avec chaleur et une pointe de reproche dans la voix, elle soumis Olympe à un questionnaire en bonne et due forme.
« Alors ? Tu m’as manqué mon petit. Comment était-ce ? Les clients ont-ils été corrects avec toi ? N’en ont-ils pas voulu plus que ce qu’ils pouvaient payer ? Olympe…tu as l’air fatiguée. »
La main en peau de parchemin lui effleure le visage et disparaît dans les replis des vêtements de Mère. Elle tend une petite bourse à Olympe.
« Tiens. Et dis moi tout. »
Olympe prit la bourse sans vérifier le contenu. Cela serait vexant pour Mère, qui verse l’argent de poche avec une rigueur toute militaire. Hors de question de donner moins ou plus sans prévenir l’employé au préalable. La putain enfoui donc la bourse dans les replis de sa tenue et remercie Mère, avant de se laisser tomber fond un fauteuil.
« C’est aller. Ils en ont beaucoup demandés, mais ils ont payés. »
Olympe tend à Mère une sorte de petite boîte remplie de papiers colorés. (Des billets de banque. Toute monnaie est accepter, mais Mère est encore perturbée lorsque ça ne brille pas.) Mère l’accepte et la range, non sans un regard gourmand sur l’argent que contient la boîte.
« Je pense qu’ils sont fidélisé. »
« Bien. De mon côté, les recrues vont arriver d’ici quelques jours. Deux semaines maximum. Ce sont des esclaves qui se sont échappés d’un harem. Si j’ai tout compris. Notre contact m’a dit qu’il va essayer de ne pas se faire repérer. Ce serait con que nous nous retrouvions avec le propriétaire sur le dos… »
Olympe sourit. Oui, ce serait bête. Dangereux surtout. La Ville ne peut pas commencer à se mettre à dos des seigneurs. Mais Mère refuse de laisser des personnes dans la misère. Seulement, peu de recrue restait au bordel. Certaines préféraient sortir et trouver un autre travail. Ce qui était compréhensible. Après avoir écouter patiemment Mère radoter quelque peu sur les événements qui se sont produits durant l’absence de Olympe, cette dernière prend congé.
De retour à ses quartiers, Olympe est bien heureuse d’être de retour. Quitter la maison pendant des jours est contraignant. Habituée à son confort, les voyages ont tendances à la fatiguer. Pourtant, il y a quelques années, elle était au contraire heureuse de partir de temps en temps de la ville. Mais avec le temps, peut-être l’âge ou les habitudes et les attachements auprès des employés et de Mère, rendent les séjours en dehors de La Ville presque pénible. Ce sera amusant les vingt-quatre premiers heures…
Lasse, Olympe se laisse laver par Alice, une de ses protégée. Son minois et ses oreilles pointues en font une prostituée attendue malgré sa petite taille.
« Alice, je vais me reposer un peu. Prépare la nouvelle tenue pour mon réveil. »
La jeune créature acquiesce et termine de préparer Olympe, la laissant ensuite se mettre au lit.
….
A son réveil, Olympe a chassé de son corps les dernières fatigues du voyage. Celles que le bain n’est pas parvenu à décrasser. Elle se frotte les yeux et va enfiler la Robe qu’elle a rapporter de son voyage, laissant le tissu fin caresser son corps frissonnant. Le métal de l’or était froid sur sa peau encore chaude de la chaleur du lit. Mais fidèle à elle-même , jusque dans la solitude, elle ne laisse rien paraître, sa peau seule réagit par un frisson.
Une fois habillée, pieds nus comme la plupart des employés du sexe de la maison, elle sort de ses appartements après avoir tout juste pris la peine de brosser ses cheveux ou de mettre un peu de rouge sur ses lèvres.
Ses pas la dirigent à l’entrée, où elle salue les employés qui attendent les clients et le Gnoll à l’entrée.
« Merci d’avoir déposé mon colis hier. »
« Oh ..c’est rien. »
Le Gnoll ne sait pas accueillir la gratitude. Olympe lui sourit simplement et va voir la loge des recrues. Actuellement, elle en avait 4 sous son aile. Alice, mais également des jumelles de race inconnue, adepte de magie noire, Marie et Ange. Puis la plus ancienne qui va bientôt passer prostituée si elle le désire, Astrid. Ancienne princesse ayant fuit son royaume pour éviter un mariage forcé. Olympe l’aime beaucoup, mais sent que la jeune femme ne restera pas ici. Mère pense l’envoyer chez Père, où elle aurait plus sa place.
« Olympe ! Tu viens nous expliquer de nouvelles choses ? »
« Oui. Installez-vous et en silence. On va lire un peu. Il n’y a pas beaucoup de client, autant en profiter. »
La pièce où se trouve le petit groupe se trouve près de l’entrée de derrière. Une entrée pour les vendeurs au porte à porte et les commis. La porte principale étant réservée à la clientèle et aux prostituées. Des panneaux l’indiquent dans la rue (si on sait lire dans une des trois langues qui sont chacune de plusieurs royaumes.), mais il y a également une personne devant la cathédrale qui saura vous guider.
Baignée dans la pénombre d’un lustre auquel il manque quelques ampoules, les recrues sont dos à la porte ouverte, toutes dans leur tenue de recrue, une petite robe sobre de couleur sombre, à écouter les histoires libertines qui sortent des lèvres gourmandes de Olympe. Face à la porte, elle lève de temps en temps ses yeux pour savourer les expressions de son public, mais également pour s’assurer qu’on n’a pas besoin d’elle. Car à l’accueil, ce soir, il n’y a pas grand monde, si ce n’est quelques employés, qui seront potentiellement pris à un moment ou un autre, par un client.
« …les cuisses de la pucelle était ouverte devant la jeune femme. C’était la première fois qu’elle avait loisir d’observer le con d’une semblable. Quelles jolies lèvres rosés…humides….une fleur qui s’ouvre. Ce fût l’image qu’en eu l’héroïne…. »
La voix est basse. Un chuchotement parfois, durant le récit qui raconte l'histoire de deux femmes. Il est également important pour que les recrues se familiarisent totalement avec la différence entre les physiques et les sexes. Olympe continue, bien que son regard se lève de plus en plus vers la porte, tandis que quelqu'un approche.