A force de traîner à gauche et à droite au Japon pour trouver sa Muse, de l’inspiration, des décors ou encore des accessoires pour ses futures films X qui devaient révolutionner le genre : Lissandre avait découvert le moyen de voyager au-delà d’un seul monde. Comme quoi, l’argent permettait de faire beaucoup de choses quand il était utilisé avec un objectif.
Début avril. Pâques était très proche. Et Lissandre, habillée toujours de sa combinaison moulante de latex rose, rehaussée de style d’un blouson couleur or, avait décidé de partir en voyage. Sur un autre monde pour le coup. Elle se disait que si une telle chose de science-fiction était possible : alors pourquoi est-ce que le Lapin de Pâques ne pourrait-il pas exister lui aussi ?
Sur Terra, les sourires, l’argent et l’optimisme sans fin de Lissandre avaient payé. Les informations qu’elle avait collectées indiquait la présence d’un « lapin spécial ». Ce lapin avait été vu du côté d’une forêt dont elle n’avait pas retenu le nom. Cause en était de son excitation grandissante. Pour dire, elle n’avait même pas pensé à engager un ou deux mercenaires pour assurer sa sécurité. Elle était pourtant une proie facile. Et pas seulement parce qu’elle était une femme isolée. Mais aussi parce qu’elle en était une colorée et moulée de ses formes féminines. (bien que Lissandre soit du genre plate…)
Suivant les indications, elle était entrée dans la forêt. Les yeux grands ouverts, sa tête tournait de droite à gauche et de gauche à droite à la recherche des œufs colorés. Avec son imagination fertile (qui tirait à la fois d’un esprit enfantin et à la fois d’un esprit d’écrivain de scripts X), Lissandre s’attendait réellement à trouver des œufs géants. Elle imaginait déjà sa chambre avec quelque uns de ses trésors. Tout comme elle imaginait déjà quelques autres dans la cuisine. Elle taperait dessus et se délecterait de ce chocolat d’un autre monde.
*Il faut que je te trouve, Lapin de Pâques ! Où es-tu ? *
Soudainement, il y eut des pierres plates dans le sol de la forêt. Lissandre s’arrêta et se retourna. Comment avait-elle fait pour se retrouver là ? Car, en regardant derrière elle, elle ne voyait plus de sentier. Est-ce qu’elle s’était perdue dans ses rêveries et son instinct avait fait le reste ? Ou est-ce qu’elle avait été ensorcelé par le Grand Esprit de la Forêt ? Si une telle entité pouvait exister, bien entendu.
*Peu importe ! Je suis sure que je me rapproche du Lapin ! Je suis tellement excitée par cette rencontre !! *
Elle avait donc suivi le chemin dallé. Le chemin s’était élargi et des pierres avaient commencé à « pop-és ! » sur les côtés, formant ainsi une sorte de barrière. Le chemin était balisé et annonçait la salle du « Big Boss ». Le Lapin de Pâques était tout proche !
Sauf que le Lapin n’était pas un « il » mais un… « elle » ? Lissandre fronça les sourcils. Elle continua à se rapprocher, remarquant qu’elle était entrée dans une petite clairière de forme ronde. Au centre se trouvait –très probablement- la personne qu’elle recherchait tant. Mais c’était une femme. Et en regardant de tous les côtés, mis à part un chemin dallé et un cercle de pierre parfait au centre, il n’y avait pas trace d’œufs colorés.
« Ca veut dire que Pâques n’est pas réel ? Je veux dire, tu n’es pas le Lapin de Pâques ? »
Lissandre n’avait même pas pensé à se présenter. Le choc de la révélation lui avait fait perdre –momentanément- sa joie de vivre. Elle se rapprocha tout de même de la femme. Elle n’allait pas repartir après avoir tant marché et tant rêvé. Sans compter qu’elle n’en avait plus le moral. Elle avait ce visage boudeur des enfants. On se demandait même si elle n’allait pas se mettre à pleurer.