" Allez, debout, gros sac ! "Le réveil fut un peu brutal pour le demi-orc.
Edmund était venu le réveiller assez tôt pour qu'il puisse l'accompagner au grand marché. C'était assez courant que cela se fasse ainsi, surtout lorsque les vivres s'amenuisaient un peu trop vite à son goût. Le cuisinier de la Clairière était assez stricte sur tout ce qui concernait la nourriture. Il se sentait toujours pousser des ailes lorsqu'il ramenait des aliments plus exotiques les uns que les autres, afin de ravir les papilles des Muses, ainsi que des clients et de la mère maquerelle.
" En route, mauvaise troupe ! "Droekor ronchonnait. Sa nuit fut courte. Il faut dire que le demi-orc, bien qu'un peu rustre, était du genre jovial et s'entendait facilement avec tout le monde. C'était aussi pour sa taille, sa singularité, qu'il était apprécié par la gente féminine. Il était rarement contre, mais les femmes qui voulaient se payer ses services, notamment ses extras, devaient signer un document qui affirmait que la Clarière n'était en rien responsable si des demoiselles se plaignaient de douleurs après avoir « consommé » le Colosse. Fort de ses deux mètres trente-huit, il ne passait pas inaperçu et éveillait bien des fantasmes auprès des demoiselles. Rien ne lui résistait, pas même la plus frigide des demoiselles.
La nuit dernière, il avait dû en satisfaire deux...Deux amies, amantes, qui cherchaient quelque chose de nouveau. Qui aurait pu croire que la petite bourgeoisie avait ce genre de penchants ? Quoiqu'il en soit, les deux jeunes femmes s'en étaient données à cœur joie et s'en étaient allées vers les trois heures du matin, Droekor les ayant escortées jusqu'à bon port.
Il grogna contre Edmund, se leva de son immense lit, nu comme un ver, avant de s'approcher de son armoire et de s'habiller simplement. Une tunique blanche ne lui cachait pas vraiment le torse, et encore moins son long gilet aux couleurs des eaux profondes. Même s'il n'allait qu'aider le cuisinier dans sa recherche de vivres, il restait néanmoins qu'une Muse et représentait la Clairière en dehors des murs. Il se devait d'être propre et séduisant à la fois, et à sa façon également, sans dénaturer ce qui faisait son charme de nounours. Un pantalon de cuir, ajusté d'une large ceinture, ses bijoux habituels...Le voici enfin prêt. Il rejoint ensuite le cuisinier à la grande entrée du bâtiment, avant que le duo ne se dirige vers le marché.
Les ruelles encore sombres étaient presque désertes. On avait beau être en plein centre de Nexus, une des plus grandes métropoles de Terra, il ne faisait pas forcément très bon de se promener dans l'obscurité de la ville. Seuls les plus téméraires se baladaient pour atteindre leur destination, beaucoup se rendaient au marché. Sur la grande place publique, plusieurs étales étaient déjà installées. Les marchands voulaient être les premiers, histoire de ne pas être gênés lors de leur installation et l'acheminement des marchandises. Beaucoup venaient pour y acheter les vivres pour leur boutique, quand d'autres s’agglutinaient déjà devant les estrades des marchands d'esclaves. Le Colosse grimaçait à chaque fois. Il aurait pu y être pendant longtemps s'il n'avait pas tapé dans l’œil de Céleste. Il lui en était grandement reconnaissant. Elle lui avait offert une seconde vie et il lui en serait redevable tout le reste de sa vie.
Edmund commençait à amasser diverses sacs aux bras du demi-orc, jusqu'à ce qu'il soit satisfait de ses achats. On aurait presque dit une demoiselle de la noblesse nexusienne en train de faire les boutiques tendances avec son valet. Allez savoir si une coquette robe allait bien à Edmund...Rien qu'à cette pensée, Droekor pouffa sans réellement se retenir, le sourire aux lèvres et les yeux rieurs.