Pour Meiko, la journée n'avait pas été bien longue... comme tout les autres jours. En effet, une journée est longue quand on ne trouve pas le moyen d'en occuper les vingt-quatres heures. La kappa trouvait TOUJOURS le moyen de ne pas s'ennuyer. En même temps... après avoir passé un bon nombre d'années à se faire chier dans les marais de Terra, on ne peut que trouver le simple fait d'être humaine pa-ssio-nant. Passionnant, de faire n'importe quoi, passionnant, d'avoir deux jambes pour botter les fesses de ceux dont la gueule ne nous revient pas... enfin. Passionnant, quoi.
Tiens, d'ailleurs, pas plus tard que ce matin, elle avait tenté l'expèrience du boulot de marchande d'esclaves. Bon, c'était assez amusant, mais elle avait arrêté au bout d'une matinée (d'ailleurs, y avait qu'elle pour faire ça.). Les esclaves chopés par un proprio gentil que Meiko avait mis dans son lit pour le foon, avaient fini en liberté, conditionnelle ou non, léchant les pieds de leur maîtresse pour la remercier... bah, ça l'énervait, cette domination physique et mentale, beaucoup trop de poids sur les épaules pour être marrant. Et l'argent ? Il n'y avait que les simples humains d'esprit pour être aussi vénals, elle était une créature de l'eau, de la nuit en particulier, capable d'avaler le plus grand des colosses en quelques bouchées. Elle n'était pas humaine, et ça, personne ne le savait.
Ce qui amusait aussi grandement Meiko chez les humains d'ailleurs, c'était leur incapacité à se mettre d'accord... Nan, mais franchement. Définir un seul Dieu était déjà assez compliqué, et qu'est-ce qu'ils faisaient ces abrutis de petits hommes ? ils en inventaient d'autres, une flopée, que dis-je, une rimbambelle de petites divinités. Et ils se faisaient embrocher comme des poulets par l'Ordre, à la fin. Je dis bien inventer, car c'est ce que Meiko pense. Elle ne croit nullement aux Divinités, comme elle ne croit nullement à Dieu. Elle croit en elle, la Kappa, créature des Eaux, et c'est déjà bien suffisant.
Tout ça pour dire, que si la blonde avait pénetré dans cette église, c'était parce que le temps avait lâché un putain de torrent de pluie, et qu'elle avait été OBLIGEE de s'abriter. Oui, bon, d'accord, c'est une créature des eaux mais elle connaissait trop bien les humains pour savoir qu'une donzelle, assise sous la pluie à attendre que l'orage lui tombe dessus, ça n'était pas la chose la plus naturelle du monde. De plus, sa jolie couverture de belle blonde, au contact de l'eau, aurait complètement sauté, dévoilant le monstre qu'elle était. Il lui fallait donc agir en circonstance, même si elle aurait adoré patauger sous les flaques, mouiller son haut blanc comme la neige, et se faire sauter dessus en toute impunité...
Quoi, à côté d'une église ?
Rooh, ce qu'vous pouvez être puritain. è_é
« Aaah, ça fait du bien ! ♥ »
Oui, et ça, c'est Meiko qui entre par la grande porte de l'église, en toute discrètion, comme elle est habitué à la faire. Elle est tellement discrète d'ailleurs, que toutes les têtes (ridées et moches pour la plupart), se retournent sur elle, dans une expression qui ne donne pas tellement envie de devenir leur amie. Mais la kappa se contrefichant bien de ce que l'on peut penser d'elle, du moment que l'on pense bien qu'elle est une humaine bête comme ses pieds, n'en fait pas une affaire d'état. D'ailleurs, comme elle est blonde en plus, ça perfectionne l'image de stupidité qu'elle tient à donner, hahaha~
Elle parcourut l'église, de ses talons hauts de dix centimètres bleus, mais aussi de son regard bleu comme la lagune. Il tombe sur un cas intéressant.
Un cas autre qu'une vieille femme laide et fripée, venu ici pour prier en attendant de colporter les ragots avec ses copines en sortant.
C'est une jeune femme. Une belle demoiselle, dont le visage endormie donne l'image d'une enfant sage. Sa peau nacrée qui scintille au millieu de la pierre âpre du bâtiment, son kimono rouge, soyeux... elle est l'exacte perfection dans ce monde gris et sourd, au millieu de cette cavalerie de personne âgées venu rechercher l'espoir qu'ils n'auront jamais, ou du moins, seulement un certain temps.
Elle semble marginale, et ça plaît à Meiko. Celle-ci aime tout ce qui est en dehors de la norme.
S'approchant silencieusement du corps endormie, elle s'asseoit à côté, posant ses fesses recouvertes de sa jupe bleu sur la pierre froide et lisse de l'Eglise. De plus près, cette fille semble encore plus différente des autres. Son oeil gauche recouvert d'un bandage, Meiko en déduit qu'elle est borgne. Ce qui n'enlève rien à l'ovale gracieuse de son visage, et à ses cils deu deuxième oeil qui effleurent sa joue, tant ils sont longs.
La kappa ne se rendra pas compte qu'elle regarde fixement cette fille pendant de longues minutes, bien plus qu'elle ne regarde quelqu'un d'habitude. En plus, elle la regarde... différement, si l'on peut dire. Ses joues légèrement rouges, son habituel sourire coquin remplacé par quelque chose de plus doux, dessiné par un trait d'affection non justifié.
Serait-elle tombé amoureuse ?