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La Reine Noire

Humain(e)

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samedi 09 septembre 2017, 23:45:42

Le Royaume de Mylnyth avait jadis été l’un des plus vieux royaumes elfiques du Grand Continent. Un royaume ancestral, qui partageait ces terres avec d’autres royaumes depuis des siècles. Leurs relations n’avaient jamais été totalement cordiales, en réalité, et il y avait bien eu des conflits, mais les Royaumes avaient toujours tenu, notamment face aux menaces venant des contrées barbares reculées, ou d’envahisseurs marins émanant de continents secondaires situés autour du Grand Continent. Mylnyth était le plus grand des royaumes, très prospère, très vaste, avec de multiples terres fertiles, des montagnes, des gisements, et une grande armée. Du moins, c’était le cas avant que le royaume n’abandonne son statut de royaume, et ne devienne un Empire.

Aujourd’hui, l’Empire de Mylnyth avait inféodé tous les autres royaumes, et réussi à démanteler les clans barbares dans les contrées sauvages, au terme de vastes campagnes douloureuses. Le Grand Continent était sous le contrôle de ce puissant empire, un empire qui avait su tiré profit des technologies naines situées dans des montagnes abandonnées pour se doter de cuirassés lourds, d’armes à distance efficaces, et, surtout, de redoutables canons usant de la poudre. Mylnyth s’était doté d’artificiers, et avait pu balayer quantité de châteaux ennemis grâce à cela, sans parler de leurs redoutables canons lançant des boulets enchaînés. Les batailles impériales avaient mis en pièce les glorieuses cavaleries elfiques, les boulets enchaînés fauchant comme du blé des dizaines de chevaux par salves.

La guerre avait été âpre, et, l’un après l’autre, les royaumes étaient tombés. Et, plus les royaumes tombaient, plus l’Empire grossissait. Les villes s’étaient développés, urbanisées, et les soldats s’étaient progressivement déshumanisés, dotés de solides armures, d’injections et de stimulants. Mylnyth s’était dotée de solides mines, extrayant quantité de matières précieuses, et mettait sur point une importante force d’invasion destinée à envahir le reste du monde. Une invasion massive, utilisant de multiples navires, mais également des engins volants, à savoir de redoutables zeppelins, qui étaient en construction dans les ateliers et les arsenaux militaires de l’Empire.

Économiquement, l’Empire de Mylnyth ne s’était jamais aussi bien porté. Les puissantes familles avaient énormément d’or, mais également les pauvres, car il y avait beaucoup de travail dans les ateliers, les usines, ou encore les mines. Mais cet essor économique s’accompagnait aussi de changements sociétaux importants, qui avait amené à une profonde restructuration, non seulement politique, mais aussi sociologique. Pour comprendre l’évolution, il fallait remonter aux origines de l’actuelle souveraine de l’Empire : l’Impératrice Thalia.

Thalia était, à l’origine, la Princesse du royaume de Mylnyth. Elle était littéralement revenue d’entre les morts, car, il y a de nombreuses années, sa famille avait été victime d’un redoutable putsch. Un massacre sanglant de toute sa famille dans leur palais ancestral, une belle demeure longeant de grandes cascades. Thalia s’était enfuie, mais, en courant le long d’un des murs entourant la villa, elle s’était reçue une flèche dans le dos, et était tombée dans le vide. Son corps n’avait jamais été retrouvé, et elle avait été déclarée morte, son cadavre probablement emporté au large.

En réalité, Thalia avait été secourue par une alliée inattendue, une jeune femme qui passait par là, en recherche de recrue potentielle pour sa Reine Noire. Nanaël, une Ange déchue, avait vu le putsch de loin, et avait sauvé Thalia en volant rapidement, la ramassant avant qu’elle ne se brise en mille morceaux sur les rochers. Hélas, la flèche qui avait touché Thalia était une flèche à la pointe havekar, une pointe particulière. Dotée de crochets internes, cette pointe s’ouvrait dans la plaie, élargissant cette dernière, et diffusant aussi un poison redoutable. Nanaël avait usé de sa magie blanche pour la maintenir en vie, et l’avait surtout amené devant sa Reine, Lucinda, la fameuse Reine Noire.

Cette dernière se trouvait dans un monde à part. Lucinda était une magicienne d’un niveau exceptionnel, si puissante que, dans le monde dont elle était originaire, elle avait accompli un rituel différent, impliquant un très grand sacrifice, afin de disposer d’une réserve magique telle qu’elle avait déplacé son château dans une dimension parallèle à part. En fait, elle avait créé une nouvelle dimension, un « pocket universe » dans lequel elle s’était installée. Dans ce monde, elle était une véritable Déesse, omnipotente, qui, depuis ce monde à part, envoyait ses séides dans d’autres zones du Multivers pour recruter des troupes, et étendre son influence. Car, ce que la Reine recherchait par-dessus tout, c’était de créer des cultes. Le pouvoir était une chose qui la fascinait, et, grâce à sa puissante magie, elle pouvait s’imprégner de l’énergie spirituelle que dégageait la foi. Ceci tendait à faire d’elle une véritable Déesse, chose qui était techniquement impossible, puisqu’elle était née mortelle... Mais, concrètement, c’était ce qui se passait.

La Reine avait soigné la jeune Thalia, et l’avait éduqué... À sa manière. Thalia avait passé des dizaines d’années en compagnie de la Reine Noire, suffisamment pour pouvoir se former, s’instruire.

« Tu seras leur Reine, ma chérie... Une femme forte, instruite, qui les surclassera par son savoir, et par son intelligence » lui susurrait-elle à longueur de journée, généralement au milieu d'ébats longs et intenses.

Lucinda lui avait montré d’autres mondes, des technologies incroyables, et lui avait expliqué que son monde avait le potentiel de développer de telles machines. Elle avait initié Thalia à la magie, et l’avait surtout béni, en la dotant de son sang. Étant déjà une elfe, Thalia avait une longévité exceptionnelle, mais le sang de la Reine Noire avait achevé de la transformer, d’en faire l’une de ses favorites. Lucinda l’avait marqué à jamais. Son sang lui offrait une vitalité exceptionnelle, mais permettait aussi à Thalia, peu importe où elle se trouvait, d’être toujours proche de sa Reine.

Lucinda avait ensuite relâché Thalia dans son propre monde, avec l’aide de ses guerrières, et d’une armée. Elle avait repris le pouvoir, et, peu à peu, avait étendu son influence, en appliquant les principes de la Reine. L’une de ses premières mesures avait été d’abolir les anciens cultes, et de déclarer un culte monothéiste fondée sur une véritable divinité, et non sur des idoles factices... Une religion fondée à la gloire de Lucinda. Il y avait évidemment eu des rebellions, des tentatives de coups d’État... Mais l’Impératrice n’était plus la petite fille qu’elle était jadis, et avait su développer son pouvoir, régnant d’une main de fer... Tout en autorisant aussi à son peuple quelques libertés, notamment liées à son culte.

Peu à peu, le culte avait fini par se développer, notamment par le fait que Lucinda venait régulièrement sur ce monde. De fait, elle revenait au moins une fois par an, lors de l’anniversaire du couronnement de l’Impératrice. Autant dire que les sceptiques avaient tendance à s’incliner quand ils voyaient Lucinda arriver.

Et aujourd’hui était justement le jour anniversaire. Thalia avait construit un gigantesque Palais, avec une grande pyramide au centre, et une énorme place devant, la Place Divine, avec une immense statue en marbre représentant la Reine. Une foule compacte s’était accumulée ici, et attendait que la Déesse vienne à eux. Pour cela, ils attendaient que les Grandes Prêtresses sortent de la Cathédrale. Une procession qui comprenait une personne à sacrifier, et qui était menée par l’Impératrice en personne, puisqu’elle était la représentante de Lucinda sur ce monde.

La sacrifiée était une jeune vierge, très belle, sélectionnée à la suite d’un important concours, et de grandes sélections. Elle était conduite à un autel dressé au centre de la Place, devant la statue de la Déesse, pour y subir son sacrifice...

...À savoir se faire saillir par l’Impératrice, pour appeler la Déesse.

Et une ferveur de plus en plus forte commençait à régner dans la place.
DC d’Alice Korvander.

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