Sa tête résonnait légèrement, et une nouvelle fois son souffle était haletant, mais elle ne ressentait aucune appréhension. Perdu. Il semblait que le Demi-Dieu gagnait la course, par tricherie. Mais un sourire toujours incrusté sur ses lèvres la belle nymphe eut un léger rire, à peine tremblant. Doucement, son ventre se calmait mais le monstre, lui, s'excitait de secondes en secondes. L'agressivité, la cruauté, le désir augmentaient. Elle ne paraissait pas ressentir une quelconque tristesse à cet échec. Elle laissa aller sa tête en arrière, sa chevelure de feu étalée autour de son visage comme une flaque ensanglantée alors que la langue curieuse d'Aleksander découvrait la peau fragile de sa gorge. Un gémissement lui échappa, doux, à peine audible. Elle releva simplement le genoux pour décaler un peu le jeune homme bien entreprenant. Elle était en colère mais elle ne le montrait pas. Et même ... Elle accédait à ses demandes silencieuses. Elle se recula un peu pour faire frotter le genoux contre son intimité, mais surtout pour que sa bouche brulante soit placée sur le haut de son torse. Elle ne le regardait pas, le corps éveillé par le désir. Son esprit l'était aussi, et sa voix, chantante, suave, comme le murmure de la débauche lui-même, s'éleva dans la mélodie de leurs deux souffles rapides.
" - Vous avez perdu." Elle gardait cette habitude tout droit venue de son statut de Nymphe de vouvoyer ses victimes et amants. Elle fit entendre un nouveau rire et ses dents se fixèrent dans le haut de Aleksander, avant qu'elle ne tire d'un coup, plus fort que jamais, ses dents si acérées n'ayant aucune problème pour déchirer le tissu.
" - Il me semble que je suis toujours habillée." Elle donna un nouveau coup de dent, déchirant de plus belle et sans pitié le haut de son amant. Et aussi brutalement, elle enfonça ses crocs dans le torse du demi-dieu, juste assez profond pour laisser une morsure qu'elle caressa du bout de sa langue, la perle de sang finissant entre ses lèvres alors qu'elle remontait ses lèvres en embrassant la peau chaude de l'homme. Elle savourait chaque parcelle de la peau de ce nouveau jouet.
" - Alors ... Vous attendez quoi ? Je ne vais pas m'enfuir. Promis." Elle releva le menton pour mordiller le sien alors qu'elle souriait légèrement. Incapable de bouger, elle finit son ravage sur ses habits en mordillant par moment la peau, ou suçotant par endroit, comme pour se venger d'être immobilisée. Et dans un nouveau rire léger, elle susurra doucement.
" Gage du perdant." Avec son regard sérieux, elle se releva à la force de ses abdos pour presser sa poitrine contre son torse et ses lèvres contre ses lippes dans un long soupir de plaisir. Le jeu commençait à peine.
♦
Oooh, now that I am free,
swimming with the many fishes of the stream.
Yeah, and I am welcome here,
we all just connected swimmingly.
Streams of life digress
like water running through my veins.
Il y avait d'abord eu la Création, ensuite la Disparition, l'Amour, la Haine, la Naissance, la Vie qui comme le courant continuait de s'enfuir jour après jour. Il y avait eu le Cygne et le Rhin, mêlés dans une ultime caresse pour donner naissance à leur plus beaux pantins, aux plus belles gardiennes des profondeurs. Il y avait eu les Richesses enfouies sous la surface du fleuve et les corps inanimés des plus aventureux. Il y avait eu les Cadavres et l'Incompréhension, le Charme et la Peur, la Mort et le chant des sirènes d'eau douce. Il y avait eu cette enfant à la chevelure de feu, brûlante de découvrir un monde inconnu, impatiente de reproduire les gestes de ses ainées et de prouver son habilité à plaire aux hommes les plus durs de la Rive. Il y avait eu cette jeune femme aux yeux de rubis pétillants de jeu, qui ne savait toujours pas pourquoi les hommes venaient se noyer entre ses bras. Il y avait eu cette Obsession pour celui qui résista le premier. Il y avait eu la Création et lentement la Destruction naissait du sein du dernier né.
Rive du Rhin du Lac, Seerhein à quelques kilomètres du l'Obersee, le Lac Inférieur de Constance. XIIème Siècle, année 1178.
Elle avait toujours aimé le Lac de Constance, le calme de la surface éclatante, les rayons faibles du soleil, et le silence des vignes. Mais ce qu'elle aimait encore plus c'était les pêcheurs qui s'aventuraient sur l'étendue translucide pour profiter au maximum des ressources halieutique de ce Lac resplendissant, à l'eau claire et fraiche. Au Nord, il y avait les maisons sur pilotis où les familles attendaient le retour parfois impossible des pêcheurs. Ils étaient des proies faciles, toujours plus facilement attirées par l'Or que refermait le fond marin que par les poissons frivoles qui se perdaient inconsciemment dans leurs filets. Les marins d'eau douce avait cette capacité dangereuse de ne voir en la jolie nymphe qu'une gardienne des ondes. Et quand ils plongeaient pour atteindre un des trésors les plus éclatants, elle les gardait auprès d'elle. Son père avait toujours dit de charmer les plus imbéciles pour prévenir le vol. Une fois décidés par la nymphe à se dépouiller de leurs habits et à sauter dans l'eau, il suffisait de les noyer. Les Filles du Rhin poussaient les plus faibles à faire dans l'immédiat ce qu'ils auraient voulu faire plus tard, voler les entrailles du Fleuve. Mais la plus jeune des trois, la plus tendre et mystérieuse, innocente et froide pourtant, tueuse sans remords mais remplie d'incompréhension ne pouvait plus obéir à la méthode parfaite de son père. Elle ne comprenait pas, elle n'arrivait pas à saisir comment les plus courageux étaient pourtant assez faible pour se laisser charmer.
Elle avait passé des jours à se glisser entre les pilotis, zigzaguant entre les bouts de bois enfoncés dans les galets doux du fond du lac pour parfois laisser apparaître sa tête incandescente entre les maisons et observer les humaines. Qu'avait-elle de plus pour faire mourir des hommes bêtement alors qu'elles, semblaient parfois encore plus belle, avec leurs cheveux secs et leurs habits vulgairement cousus. Pourquoi charmait-elle ? L'interrogation résonna dans son cerveau durant de longues journées à errer dans le Lac... Et se laissant porter par le courant du Rhin, elle délaissa les pêcheurs idiots et les vignobles du Lac pour glisser dans le fleuve et en suivre le lit ondulant au rythme du souffle des vaguelettes qui se formaient. Nue, son corps abandonné au flot serein, Brit restait étalée sur le dos à quelques mètres de la surface, fixant de ses yeux andrinople le ciel assombri par un orage dont le ciel accouchait. Elle remonta soudainement à la surface en ébouriffant ses cheveux alors que dans une longue inspiration elle semblait sortir d'un rêve cauchemardesque, les yeux hagards. Elle avait vu l'ombre d'un homme au dessus d'elle, elle en cherchait maintenant le détenteur alors que des goutes perdues s'éclataient contre son crane en tombant des nuages charbonneux. Elle posa son regard innocent sur l'homme qui se tenait près de la rive, semblant reprendre des forces en s'abreuvant de l'eau du Rhin. Elle contemplait la stature imposante de cet inconnu alors qu'un long frisson parcourait sa peau, remontant le long de sa colonne vertébrale, chatouillant ses reins puis sa nuque, dévalant sa gorge pour faire frémir tout son corps blanc comme la neige la plus pure. Elle ne pouvait détacher les yeux de cet homme. Son père lui avait envoyé un inconnu pour comprendre enfin, n'est-ce pas ?
Ingénue et ignorante, elle restait à distance, battant des pieds pour sortir légèrement de l'onde claire, sa voix cristalline et son chant appris de ses soeurs se mêlant au claquement de la pluie sur le fleuve.
" - Au plus profond, loin de tous les sons, gisent les trésors, entourés des corps. Au plus profond de l'onde, loin du monde, gisent les mystères échappés à l'air. Toi étranger, rejoins les, toi inconnu, viens chercher ton dû et entends frémir mon rire dans les profondeurs de mon coeur." Elle n'avait jamais osé se rapprocher de la Rive car le Rhin son père lui avait toujours interdit de poser le pied sur les galets de peur qu'elle ne profite de l'air, et de ses jambes pour découvrir l'immensité terrestre. Incapable de marcher, elle ne bravait pas les ordres de l'onde et elle plongea pour réapparaître encore assez loin de cette statue de chaire. Dansant dans cette eau qui était son plasma, son oxygène, le ventre de sa mère et son habitat, impuissante pour couper le cordon ombilical qui la nourrissait encore et de s'enhardir pour poser le pied sur la rive et comprendre pourquoi les hommes prenaient la stupide décision de la rejoindre, la Fille du Rhin entendait au loin, sous la surface du fleuve, les cris de ses soeurs qui la mettaient en garde.
Il n'était pas comme les autres, il ne fallait pas s'y fier. Celui-là n'était pas faible, ma soeur, rejoins nous, abandonne, les cieux t'interdisent sa présence, l'orage gronde. Mais Brit voulait comprendre et rempli de l'inconscience de la jeunesse, du courage de l'innocence, elle esquissa le plus doux de ses sourires.
" - Rapprochez vous de moi, illustre chevalier, venez sous mon toit pour me raconter vos exploits." La féérique créature de l'eau, née de l'Union d'un Dieu et d'une Enfant Maudite respirait la fragilité, l'incompréhension, encore incapable de se forger son caractère dans un monde qu'elle ne comprenait pas. Mais bientôt peut-être, l'Elu de ses yeux lui donnerait les réponses à ses questions muettes, car qui mieux qu'un humain pourrait lui expliquer les agissements des autres de son espèce ? Si le Rhin et son courant agile l'avait mené devant cet inconnu, alors il serait la clef à la vérité.
Without a reason left to live,
lonely air I breathe.
And as she takes her final breath,
yesterday becomes a memory
as I am learning to let go of the dead.Elle avait vu la mort sous toutes ses facettes, ses visages les sombres, les plus gais, les plus glauques, ridicules, parfois même étranges. Oui, elle avait cotoyé la mort depuis des siècles et sa mémoire lui ramenait souvent des bribes de bulles éclatant à la surface alors que les derniers effets de l'air dans leurs corps s'évaporaient avec leur vie. Cauchemar qui leur paraissait alors sans fin, le temps s'étirant, les secondes devenant des souffles enlacés, les minutes des gémissements paniqués, les quart d'heures des corps flottant à la surface de l'eau claire, comme des bouts de bois imbibés de liquide dont les rides avaient grossies, prête à éclater. Ils avaient bu tant d'eau que leurs poumons en étaient explosés, comme des ballons baudruches. Oui, la mort avait été cruelle pour eux, sans pitié et parfois plus souriante, quand ils la tenaient dans leurs bras, serrant ce corps fragile et innocent contre eux, comme une poupée de chaire incompréhensible, parfaite dans son rôle de charmeuse, charmante à souhait avec son masque de séduction, incapable de se laisser aller, continuant sempiternellement de les noyer, alors qu'ils caressaient ses seins nus. Les frissons la parcouraient, comme autant de rires perdus de ses soeurs qui observaient sa technique à parfaire, le mouvement de ses doigts lascifs sur leurs épaules pour les pousser au plus profond des entrailles du Rhin. Les frémissements disparaissaient une fois leurs mains ballantes, mortes, froides. Elle voulait comprendre, elle désirait la vérité, et il était là. Lui, face à la mort, il avait trouvé la parade, il avait su dire non. Pour la première fois, le battement de coeur de la créature marine s'accéléra, vigoureusement, passionnément alors que son regard de braise croisait celui de l'inconnu. Face au visage rayonnant et joueur de la mort, il avait su prononcé le mot le plus dur, invraisemblable, froid. Non. Il ne voulait pas de ce rôle. Et par la même, il retirait à Brit son masque le plus triste de Pierrot manipulé. Elle le fixait, bouche entrouverte, son corps offert à la lumière pâle qui crevait les nuages. La pluie et l'orage s'éloignaient, trainant avec eux les pensées de la nymphe au loin du Rhin. Ses mots étaient comme des paroles incompréhensibles, ses tournures de phrases lui paraissaient étranges, ces sous-entendus sans queue ni tête.
" - Je ne vois pas ce que vous voulez dire, étranger. Mais si vous voulez écouter mon rire, venez." Quand soudain, comme un éclair, comme un coup de poing dans la rate, elle vit le bouclier se lever, le chevalier cavaler, sautant sur l'inconnu aux réponses enfouies dans son coeur, dans son âme, dans sa gorge, dans ses yeux. Il n'était pas d'ici, peut-être ne croyait il pas aux richesses du fleuve, elle pouvait saisir l'accent étranger en fin de ses phrases qui se concluait sur une note grave et basse. Sa langue ne fourchaient pas mais son langage et sa voix laissaient par moment apparaître une nationalité différente. Elle ne savait pas pourquoi, mais s'il disait non à la mort, elle pouvait au moins lire l'intelligence dans ses yeux. Il n'était pas avide de trésor. Il était avide d'une denrée qu'elle ne connaissait pas, que son corps de vierge n'avait jamais touché, que ses frémissements ingénus ne pouvaient pas décrire. Un cri aigu lui échappa, la panique crispant ses traits alors que déjà l'homme sur la rive réagissait. Sa voix cristalline se brisa alors que dans une impulsion de tout son être, elle s'éleva dans l'air, dévoilant ses jambes avant que son visage plonge dans l'onde fraiche, trempant de nouveau sa chevelure sanguinolente alors que l'eau éclaboussait la surface parfaitement limpide. Elle se rapprocha du bord, son pied rippant contre un des galets, elle glissa un peu, se remettant sur le ventre pour frotter son corps nu au sol, se rapprochant au maximum des deux hommes. Incapable de se lever, elle était allongée la tête hors de l'eau en les fixant.
Telle une adorable spectatrice d'un spectacle qui allait sans doute, la faire paniquer comme jamais. Car à part la violence lors d'une noyade, elle n'avait jamais rien observé d'autre. Et le sang ne coulait pas souvent quand ses soeurs et elle noyaient leurs victimes. Le sang qui colore amèrement l'onde.
And the little prey was running in the woods, and the little prey was crying in the woods, and she wanted to love him, and he wanted to understand her. But then, in only one second, she hits her head on his chest, she begins to panick, she starts to loose her mind. He catches her hand, he kisses her lips, she faints. His behaviour had changed, and she prefered to forget that man's flaw is flesh. Human corpses floating side by side,
washed up with the distant moonlit tide.
Only she can save our sorry souls,
priceless freedom coming at a heavy cost.
But I can't turn back hands of time,
she knows her purpose is to die.
I've sacrificed all that I love and care about,
I'm drowning in the flood.Believe me when I say that love is the easiest way to die. You know, down the river lies the secret of your life and far beyond the water, regardless of your lies and flaws, still lives the memories of the past. None will talk about it, but for all there's only one thing to remember : You were what you hated and you loved what you were. Black and gloomy, the night was an embush to make you realise that nothing else matters. The livid moon reflected in the livid water was watching you while you were tasting love. And as you were drowning in the deep sea, you learnt that breathing was an offering just like the sun is a present. Now it's too late to enjoy the present, you had the past you deserved and your future is over. I glanced at you when you shouted but I saw nothing less than an open-heart crying for feelings. I watched you walk away beside the lucky one who felt for the last time the taste of sex and lust. En face de deux pupilles ébahies, devant deux rubis scintillants, deux hommes se faisaient face, dans un combat de regard et de souffles masculins. Une choppe sombre s'était de nouveau formée au dessus du fleuve et de son lit calme, mais les nuages et le caractère capricieux des cieux n'y étaient pour rien. L'aura sombre de destruction et de folie, de violence et d'envies d'Havoc s'infiltrait derrière chaque buisson, se glissant telle une vipère galeuse entre chaque grain de sable et chaque galets trempés. La Nymphe, visage gentiment posé dans la paume de ses mains, et coudes enfoncés dans l'eau, étouffait entièrement sous le souffle de terreur qu'inspirait l'inconnu de la Rive. Son corps tout entier frissonnait alors que son esprit voulait l'éloigner au plus de cet endroit, de cet instant, effacé sa mémoire pour refaire de son cerveau une tabula rasa, et lui réapprendre la vie pour mieux la garder pure. Elle se sentait en danger, même si le combat qui se préparait, menaçant et meurtrier, n'allait sans doute pas la blesser. Ses instincts les plus primaires la poussaient dans ses retranchements les plus profonds, l'éloignant au mieux d'un bord bientôt ensanglanté. Au rythme de son coeur défonçant la paroi de ses poumons comme pour s'échapper et trouver un autre abris, se mêlait maintenant les tressaillements et grincements divers d'une armure lourdes et ridicules. Chaque mouvement devenait une torture aux yeux de la Fille de l'Eau même si le chevalier semblait savoir gérer la souffrance qu'il s'infligeait lui même. Tel un damné idiot, il avait déjà scellé son destin, comme un nageur plongeant avec des plombs aux pieds, il avait déjà décidé de perdre. L'étranger, vif et découvert ne ferait qu'une bouchée de ce monstre d'acier, alourdi par le fer qui l'entourait. Déjà statufié et cloué au sol au moment même où il quittait sa monture. La conclusion de cet affront semblait clair à la Fille de l'Eau, malgré son inexpérience. Il avait dit non à la mort délicieuse de la tentation, il avait refusé le charme doucereux du pantin de chaire, il ne pourrait donc pas fléchir sous le visage tortueux de la violence.
L'inconnu à la chevelure amarante et grenat, aux yeux alizarines et vermeils n'avait peur de rien. Ni de la mort, ni de la violence, ni des mystères, ni des mythes. Il ne serait pas battu ce soir. Et après l'effort, il lui dirait de sa voix grave et tonitruante, les secrets les mieux gardés de l'âme humaine. Il ne pouvait mourir sans lui donner les détails de ce qu'elle ne pouvait comprendre, sans expliquer de ses gestes larges ce qui charmait les hommes dans un être de l'eau. Les yeux rivés sur le corps à la musculature si saillante de l'Inconnu, elle ne pouvait détacher ellipse de sang du corps sauvagement taillé de cet humain. Mais dès que les mouvements martiaux commencèrent à prendre vie devant la Fille de l'Eau, elle fut incapable de rester calme. Les crissements des pas dans les galets sablonneux, les grognements guerriers qui s'échappaient des deux corps masculin, les gestes brusques et belliqueux l'empêchaient de se concentrer et ses pupilles incendiaires suivirent les reflets des timides rayons de soleil sur la lame d'Havoc. La choppe d’annihilation s'était encore alourdie sur la scène, comme si un marionnettiste pervers et sadique appesantissait le poids du décors sur ses pantins articulés. Elle ne paniquait pas, abandonnée sur la rive, telle une poupée de chiffons délaissée par son créateur qui s'occupait maintenant de bien plus intéressant, deux mannequins de bois qui pouvaient s'entretuer dans le fracas des armes. La mort se réjouissait, trouvant finalement sa Livre de Chair à découper dans un cadavre quelconque. Le mythe qu'évoquait Aleksander laissa Brit insensible, alors que peu à peu, son hameau de pureté rougissait.
Welcome to my crazy word, with flesh for food, blood for drink, pleasure for sleep. Just don't forget to switch off the light, 'cause I don't need to see your face when you come in dying. Do you remember when times was cold and hours were days ? Do you remember when I didn't know your name but love your voice ? Do you just remember what was my face when I spent my life looking for you ? Do you want to remember who I was when you would kill for pleasure and lust ? I feel blood in my throat, I feel blood between my lips, I feel your hands on my hips. I'm falling in my best nightmare, the worst dream ever made by an immortal mermaid. I'm looking at you through the glass of my aquarium and I'm searching my air to survive in the water, my feet are tied and my mouth is closed, I can't breath nor die, I'm just there to suffer, staring at you even if you're letting me dying. Again and again, I'm thrown away in the aquarium, again and again you're smiling at me, and the water is made of blood. Your blood out of your body. Goute à goute morbide, elle avait détourné son regard innocent de la pièce mise en scène par le monstre de la rive, et elle distinguait le stupre vital dégoulinant du sol légèrement en pente dans le fleuve. Autour d'elle, comme un linceul andrinople se mêlant à sa chevelure de feu, le sang colorait l'onde qui s'agitait. Mais le Rhin arrivait trop tard pour éloigner son enfant du Mal incarné par Aleksander, et tel un poison long et dés-enchanteur, l’obsession était née dans les veines de la Nymphe. Le bout de sa langue profane et candide gouta à l'eau contaminée et le gout âcre et amère alarma les papilles fragiles de la créature innocente. Elle recracha le liquide intoxiqué alors qu'un frisson la parcourait. Elle releva les yeux et croisa la dépouille taillée par Aleksander, comme un sinistre présage, fumant de sang chaud qui continuait de gâter l'eau du Fleuve. La paniqua s'élança à l'assaut d'Brit mais elle resta clouée sur place, tandis que de nouveau, attirée par le fiel corrompu de l'hémoglobine, elle posait ses lèvres à la surface de l'eau sanguinolente. Instantanément, elle recracha en frémissant. Elle était incapable de s'éloigner, obsédée par cette scène morbide, ténébreuse, meurtrière, ultime. Le sang lui faisait peur et un haut le coeur la prit alors que son corps blanc lui même se retrouvait peint par l'onde flétrie. Mais elle ne pouvait plus détacher ses yeux enfantins, son regard incompréhensible et perdu du par terre de sang. Le rouge hantait son cerveau, sa vision, alors que sa main relacha son visage et qu'elle laissait couler tout son être sous l'eau qui la couvrait à peine, si peu profonde que le bout de son front n'était plus immergé.
Quand son visage doux et pourtant légèrement crispé par la peur et le dégout, l'angoisse et la tentation, se releva, elle découvrit enfin le visage de l'Homme aux réponses. Les gouttelettes d'eau s'écrasant à la surface du fleuve en coulant de ses cils ou du bout de son nez, elle papillonna quelques instants, comme si elle voulait chasser l'image de son esprit. Le clin d'oeil fit frémir son corps entier, enfiévrant jusqu'à son duvet le plus fin qui s'hérissa alors qu'elle haletait légèrement. Elle ferma de nouveau les yeux, dégoutée, hantée, maudite par cette vision, plaquant ses mains devant son visage alors qu'elle enfouissait son corps sous l'eau de nouveau, toujours dans l'incapacité mentale et physique de bouger, allongée sur la rive, tachée par le sang. Alors qu'il croquait dans son repas, riant lentement, la Nymphe entendait les appels de ses soeurs cherchant à la ramener dans les profondeurs, loin du bord dangereux. Mais elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait se résoudre à abandonner celui qui avait dit non par deux fois à l'ombre terrifiante de la mort qui planait autour d'eux.
Soudainement, le bras fin de la jeune innocente éclata l'onde, éclaboussant le sol et les chaussures de l'Inconnu alors qu'elle lui attrapait la cheville, difficilement. Elle plaqua son regard froid et pourtant rempli de cette pudeur candide dans ses yeux sanguins et bestiaux.
" - Vous êtes monstrueux mais vous seul savez, vous que rien n'émeut, ce qu'est la vérité. Dîtes moi ce que raconte la légende concernant le Rhin, vous qui au cours de vos voyages, avait appris à apprécier la chair de vos frères, cannibale pariât éloigné des courants humains." La tension se mêlait à son envie de savoir, et son corps enfin réveillé de l'engourdissement passé se crispa alors qu'elle paraissait prête à s'éloigner de la Rive à n'importe quel instant. Le danger avait endormi ses instincts, le spectacle avait obsédé son esprit mais l'acte de pure horreur semblait avoir ranimer la Nymphe qui fixait le seul homme à avoir résisté devant elle, par deux fois, à l'appel doucereux de la Mort. Et dans un élan de curiosité, elle utilisa sa pression sur son pied pour se relever doucement. Ou du moins, essayer, ne restant debout qu'un instant avant de tomber brutalement en arrière, ses jambes tremblantes, incapable de la retenir, elle s'écrasa dans l'onde frivole, en couinant brutalement, son dos claquant contre la surface.
Une question subsistait au vu de l'état de choc inconscient de l'être de l'Eau. Serait-elle capable d'échapper au danger qui pouvait la guetter ? Car à la vue du bain de sang qui l'entourait vers la Rive, Brit semblait se paralyser à nouveau, prenant conscience du Monstre qu'elle côtoyait.
He saw me shiver, he saw me cry. I thought he was dead but that was only an illusion. Under my skin I can feel his bones and his anger, he haunts my dreams, I'm lost, I'm trapped by the figure of this horrible man. Don't forget me, in your closet, I forgave you long time ago. For the first time after years even centuries in this river, Brit was facing a noble man. All in his words, in his acts, in his violence and language contrasted with this thought... Nevertheless, the daughter of the river was quite sure. He had killed Death herself, he had lookef her right in the eyes and then... He had helped her. In fact, maybe it was only this movement which made her think of his birth title. At that moment, she was not ready to believe in anything else that fate. Her fate, her life, her heart had fallen in the hands of this gentle warrior. From the river to the human, from the Rhin, her daddy, to Aleksander, her lover. Her innocence mixed with the dark ora of the night was begining to make her soul trembling. She was transgormed by the reddish eyes of the savage and Brit was convinced that Aleksander was the only one at the very moment he touched her. The thoughts in her head began to complexified and her eyes closed, she spend a few seconds feeling a heart following Alexander's heart rythm. Just like two lovers heart, her pride erased by the man power. She was afraid of speaking, afraid of moving, even afraid of breathing. She was truely afraid of breaking the charm and ending this dream like scene. She had lost her part in the water, she was looking at it drowning in the river. For now on, only one thing could exist.. Aleksander. Her heart, her feelings, her lies ans her devotion, without even knowing it, he had won all her body and soul.En cet instant précis rien ne comptait plus. Son souffle mêlé à celui de cet inconnu, ses yeux vermillons plongés dans les siens elle se perdait totalement. Elle en oubliait la notion de danger, de vie, de temps, d'espace. Elle était incapable de faire un geste, même d'obéir à ses conseils pourtant si précis. Il voulait lui apprendre la liberté. Sans le savoir c'était exactement ce qu'il faisait, il lui ouvrait la porte de l'espoir et du changement, il la poussait vers un avenir radieux à la découverte de la vie. Du soleil, du sol, de cet air libre qui effleurait seulement son visage, de la vie réelle. Cet homme tout droit sorti d'un rêve éloigné de toute réalité la portait et l'escortait loin de l'amour virtuel du fleuve qui l'etreignait mortellement. Le visage rougi par des sentiments qu'elle n'arrivait pas à identifier, Brit ressera son étreinte lascive sur les épaules du jeune homme alors que sa chevelure andrinople se collait à son dos cambré. La voix de l'homme s'infiltrait dans son coeur comme le mielleux poison d'un vin sirupeux. Elle faisait entrer en resonnance le besoin d'attention, la folie innocente, l'imprudence de la nymphe dans une symphonie de réactions désaccordées. Elle essayait a peine de suivre ses indications pour tenir sur ses jambes fragiles qui ne semblaient pas vouloir lui offrir cette liberté tant désirée.
Elle restait les yeux noyés dans les siens, les deux orbes de rubis miroitant de ses sentiments chamboulés. Tout au fond de son esprit, désunifiant l'harmonie de cet amour indéfinissable qui naissait en elle, les cris, les rires, les paroles du Rhin et de ses soeurs qui la rappelaient a la raison. Mais être déraisonnable semblait plus délicieux, et au fond de cet être marin la plus pure des luxure avait trouvé refuge,se blottissant au creux de ses cotes. S'il voulait lui donner l'opportunité de marcher était ce pour fuir avec elle ? Découvrir l'immensité de terre qui s'étendaient devant eux ? Imaginait il, lui l'être monstrueux qui nourrissait ses appetits demonesques de chaire humaine, imaginait il , donc, lui faire partager le délicieux parfum de la bruime sur les herbes nouvelles ?
Et brutalement le charme se brisa, comme un miroir éclatant en illuminant ciel et terre de ses reflets livides et agressifs. Naissant comme un tremblement nerveux de sa carotide, puis grandissant dans un frisson qui parcouru sa colonne vertébrale avant de se reprendre telle une tumeur mortelle dans son corps entier qui se crispa dans un spasme. La panique avait engourdi ce sentiment étrange qui faisait s'hérisser le duvet de ses bras. Alors qu'elle reprenait ses esprits, ses yeux se voilerent d'appréhension. Elle avala doucement sa salive et repoussa légèrement l'homme comme pour prouver que ses jambes pouvaient la supporter. Mais cela ne semblait pas vraiment le cas, et elle se rattrapa a lui incapable de tenir sur ses jambes pourtant musclées. Le vertige s'empara d'elle et elle cacha son visage dans le creux du cou de l'homme aux Réponses en haletant légèrement. Leurs souffles n'etaient plus synchronisés, elle mordillait sa lèvre inférieure, papillonnant des cils, un grognement rauque s'échappant de sa gorge alors qu'elle relevait les yeux vers le ciel engourdi par les nuages. Et enfin, alors qu'elle enroulait une jambe autour de celle d'Aleksander pour affermir son appui, sa voix si frêle s'éleva.
"-Qu'est que la luxure et la séduction, pourquoi des hommes se laissent si facilement prendre en nos filets, nous qui ne voulons que leurs corps pur ? Pourquoi vous n'avez vous pas coulé dans les pièges caché ? Expliquez moi étranger, ces choses impossible à saisir. Vous qui savez contrôler votre destin et vous emparez du mien, liez mes incompréhensions à vos réponses sans façon. Car aujourd'hui, Vous avez rit au nez de la mort qui vous remercie."Avouait-t-elle inconsciemment que les sentiments incompréhensibles qu'elle ressentait offrait au demi-dieu sa totale présence ? Elle même ne savait pas ce que ses mots rimés voulaient vraiment dire... Elle ne se comprenait plus. Elle le fixa une seconde en arrêtant peu à peu de trembler. Ses forces retrouvées elle était capable de se tenir debout, inspirant lentement en battant des cils, une main glissant dans la gorge d'Aleksander alors qu'elle murmurait.
"-De votre monde je ne connais rien et de mon coeur, seul vous en avez gagné la clef, sans que je puisse espérer savoir ce que vous y découvrirez. Jamais, nixe n'eut ressentit, sentiment aussi ... Malaisé."♦
My name is Calypso,
I kept him here for years,
Now i let him go
Rien ne l'avait plus surpris autant depuis de longues années. Elle avait pu sentir son souffle brulant, ses lèvres se pressant aux siennes emportées par le désir et l'excitation, elle avait pu saisir le tressaillement de ses muscles éveillés par l'appel de la chaire, elle avait pu le voir résister puis abandonner toute lutte face à son égémonie... Et il était partit. Disparu. Aussi rapide qu'une ombre, aussi fragile qu'un souvenir, transformé comme dans un rêve, d'amant parfait à tueur psychotique. la Fille de l'Eau entendait geindre la froideur dans son ventre, la bête grandissant soudainement. Sa proie, sa victime, son jouet s'était enfuit tellement vite, comme une pièce tombant dans l'eau et trouvant le fond en l'espace rapide de quelques secondes. Lui avait trouvé la parade malgré la faiblesse de son corps et de son cerveau a avoir la force d'écouter son coeur et de s'éloigner. Pour tuer ? Pour chasser ? Pour disparaitre simplement ? Elle ne savait pas et les questions se mélangeaient en une bouillie désordonnée d'idéaux meurtris, de rage, de vexation, de frustration. Elle se perdait et tentait à la force de sa perversion de sortir de la torpeur dans laquelle le demi-dieu l'avait laissé. La créature néfaste et charbonneuse qui dormait dans l'ombre avait laissé son flot de haine et de besoins s'épandre dans ses veines comme un poison mortel, le nectar noirci par la haine accélérait son souffle et la pulsion de son coeur contre ses tempes. Elle se sentait vulgairement jetée au travers d'une route comme une poupée de chiffon délaissée par sa jeune propriétaire, déchirée puis envoyée dans une quelconque benne à ordure... Elle était vexée. Son charme pourtant reconnue par l'animal Alexsander n'avait pas suffit à lui assurer son repas. L'appétit d'Brit ne faisait que croitre plus la lune aux rayons livides continuait son chemin dans le ciel, se glissant lentement à son apogée. La boule de feu qui grognait dans le ventre de la nymphe n'avait rien d'aussi blanchâtre et elle lui brulait les entrailles comme un acide la dévorant de l'intérieur. Il était essentiel qu'elle nourrisse la bête avant qu'elle n'en devienne sa première victime... Mais Aleksander n'avait pas été éloigné de la liste des prétendants. Ce soir, quoiqu'il lui en coûte la sublime rouge au regard incandescent, goûterait au mieux aux chairs les plus intimes de ce mâle rugissant. La lionne dechiqueterait son prédateur. Une obsession était née au fond des orbes rougeoyantes de la belle nymphe, et derrière son sourire énigmatique une idée avait fleurie, comme une rose qui allait montrer ses pétales rosies par la douce lumière de l'aube. Aleksander serait sien, le lionceaux mourirait sous les crocs acérés de l'infanticide. La lionne avait accouché d'un monstre... La Rose Noire repartait en chasse. Mais cette fois, le jeu n'était plus.
Il ne fallait pas plaire, il fallait omnibuler. Il fallait que le demi-dieu à la chevelure brulante ne puisse plus respirer, penser, parler sans être obséder par elle. L'attirer avec des appâts habituels, ceux pour les hommes faibles de corps et d'esprit n'avait pas fonctionné et la proie s'était enfuie peut-être même effrayée, chamboulée de se voir ainsi traiter par plus fragile que lui... Alors, le charme ferait son effet. Aphrodisiaque fourbe qui s'insinuerait dans son coeur et les méandres de son encéphale... Tout les charmes de la belle créature marine viendraient à bout des derniers onces d'espoir de ce demi-dieu tant désiré, de cette aura destructrice qu'elle avait envie de suivre a la trace pour y mêler le cercle sombre de sa domination et de sa perversion. Un soupçon de peur s'infiltra dans les pensées d'Brit... N'était -elle pas en train de se focaliser elle même sur cet homme ? Le danger la lorgnait, et la malédiction qui faisait battre son appétit cruel n'accepterait pas un deuxième échec. La pitié n'était plus une option, il fallait qu'elle croque dans la pomme et savoure la chair d'Adam pour mieux atteindre son paradis à elle et l'enfouir dans l'enfer profond de l'agonie. A cet Alek qui l'avait délaissé, elle n'épargnerait rien. Il resterait vivant jusqu'à la fin de son reste cannibale. Sa vengeance aurait un délicieux goût acre et métallique d'hémoglobine.
Dans le jardin du Mal et du Bien
" - Il y eut une fois, dans le jardin du roi, une fée si bien attentionnée, qu'elle veillait à ses journées, lui offrant les plus belles activités, pour que jamais il Ne manqua d'amitié. La fée si occupée, cherchait à voir dans tous la beauté, et pressée de plaire au Roi le Rhin, elle lui offrit le plus délicieux des pantins, espérant qu'un jouet ne pourrait jamais blesser son aimé. Mais le Roi délaissé ne cherchait plus à jouer, et il voulait seulement découvrir, les sentiments et les rires. Enfermée dans sa passion, la Fée incapable d'écouter ses pulsions, devint taciturne, et chercha le fils de Saturne, pour se venger du roi, qui trahissait sa foi. Il ne répondait plus a ses présents, et ne voulait plus de ses pressentiments, il évitait le monde rêvé de cette fée qui l'avait enfermé loin de la réalité dans une cage dorée. Agacée et vexée, elle eut la crainte de voir la flamme éteinte de l'amour qu'un jour lui porta le Roi, et se prépara à ne plus entendre sa voix. Elle eut raison, le roi fatigué de ses cargaisons chargées de gage d'amour, la fit exclure de la cours un jour. Son coeur brisé, elle se fit vengée et acheva la vie, du pauvre Roi Maudit. Toujours amoureuse elle cherche encore, comment avouer ses torts, au seul qu'elle n'eut jamais aimé et qui ne la comprit jamais."
La délicieuse comptine résonnait dans la grotte, dans le bois vide, dans le silence lourd de la nuit bien entamée. La créature nue était entourée d'un air chargé d'ambition, son aura sombre plus que jamais fragmenté par le désir inquiétant qui en émanait. Elle avait toujours aimé le silence, cette ambiance paisible qui préparait aux plus grandes tragédies, cette absence de sons qui précédait la tempête comme si les animaux eux même avaient eu conscience du danger qui se profilait tel un serpent a la surface de l'eau, une vipère indétectable qui frappe vicieusement. Mais ce qu'elle aimait encore plus c'était ce doux clapotis de l'onde s'écrasant langoureusement sur elle même, le murmure inintelligible de l'eau agitée d'une cascade qui rencontre la surface calme d'un lac. Elle avait mouillé ses longs cheveux de bronze et ils s'étaient collés à la peau nue de la cambrure de son dos. Dénudée, seulement éclairée par l'astre lunaire, ses yeux de rubis brillants, elle laissait une pied jouait doucement dans l'eau alors que son corps était étalé sur une des larges pierres au milieu de lac non profond. Comme a l'âge d'or de sa vie en tant que nymphe du Rhin, la Fille de l'Eau dans son apparat naturel avait enroulé une tresse de fleurs dans sa jolie tignasse. Des gouttes ruisselaient le long de ses courbes voluptueuses et sa voix ensorcelante, héritée des plus sanguinaires sirenes continuait de chanter, librement, sonnant sans accroc. Elle savait qu'il était la. Il s'agissait de son intuition la plus forte... Elle sentait qu'il reviendrait ici. Que leur chemin se croiseraient a nouveau. Elle se laissa tomber de nouveau lentement dans l'eau en finissant sa mélodie, achevant son histoire aloès que l'eau lui arrivait a la limite des hanches. Ses fesses étaient légèrement immergée. Elle paraissait ailleurs... Elle paraissait dans son univers. Et elle n'en était que plus dangereuse. Tournant sur elle même dans un délicieux rire, elle scrutait toujours la foret. Quand il apparaîtrait... Cette image féerique lui sauterait aux yeux. Et l'aura dominatrice ne s'était pas évaporée. Il n'était qu'encore plus présent. De sa voix cristalline elle reprenait, ses intonations chaudes et pures.
" - Et le chevalier dansait, dansait, dansait ! Avant de glisser, glisser, glisser.. Et le chevalier criait, criait, criait ! Avant de se noyer, noyer, noyer. Et les nymphes l'aimaient, l'aimaient, l'aimaient ! Avant de le tuer, tuer, tuer ! Et les nymphes le désiraient, désiraient, désiraient... Avant de l'embrasser, l'embrasser, l'embrasser." Elle inspira doucement. Le gibier approchait. Il était peut-être déjà là.
La partie recommençait. Mais cette fois... Elle voulait être la victime. Elle voulait qu'il craque de lui meme, l'appâter pour qu'il la dévoré de toute sa violence masculine pour mieux le dévorer de toute sa cruauté féminine.
Some say love, it is a razor
That leaves your soul to bleed.
Some say love, it is a hunger,
An endless aching need.
I say love, it is a flower,
And you its only seed.Le gout du sang, l'odeur de l'hémoglobine, le toucher de ce liquide pas vraiment fluide sur la peau, et la folie douce une fois enivré par le terrible frisson de la chasse, par l'obsession de voir l'andrinople couler à flot et maculer le sol d'un léger tapis carmin, qui reflèterait le ciel bleuté et la lune exsangue. Le mouvement rapide des hanches contre les bassins, pour que les corps se touchent et se mêlent dans une danse rapide et frivole, au dessus de ce lac ensanglanté, la liqueur barbouillant leurs deux corps emmêlés dans un seul souffle passionnés. L'horreur la plus sordide et brutale mélangée à la sensualité folle d'une nuit de luxure, ardente et trouble, les caprices du cœur liés au fanatisme de la violence. C'était ça, le fantasme qui bouillonnait sous la peau brûlante de Brit, de mêler son corps à celui du Demi-Dieu dans une pure nuit de débauche. Rien de plus que ça. Les idées l'effleurent et les pensées la fuient... Elle voulait penser être une prédatrice, mais en l'instant présent, la Fille du Rhin se sentait seulement le gout de la séduction et du désir sexuel, comme une nymphomane en manque. Et ce malgré la bête qui hurlait, grognait, criait, dévorait ses intestins dans d'effroyables ordres... Elle ne sentait plus la faim. Elle ne ressentait que le désir, encore et encore, comme une mélodie oppressante dans le fin fond de son âme salie par le sexe et l'appétit de chaire. Comme si le désir sexuel n'était que l'emprunte effacé d'un autre désir, plus vif encore, plus humain peut-être, plus dangereux aussi. Le reflet d'un sentiment qu'elle ne voulait, ne pouvait plus comprendre ni saisir entre ses doigts, entre ses lèvres.
Quand leurs regards se croisèrent, la Nymphe esquissa un de ses plus fins sourires, au bords mystérieux, ses dents se dévoilant légèrement, son corps lascif mouvant délicieusement, dans un effet aguicheur tout droit héritier de ses longues journées à charmer les inconnus dans les fleuves les plus purs. Elle l'attendait. Elle l'attendait, sa voix enjôleuse reprenant doucement la suite de la chanson au rythme ternaire, le regardant rentrer dans l'eau comme ensorcelait par la mélodie de la Fille du Rhin. N'était-elle pas une sirène d'eau douce après tout ? Elle le fixait alors qu'il se laissait lourdement entrer dans l'eau presque fraiche du lac, ses yeux suivant l'arme ensanglantée qui se rangeait dans son fourreau, le torse parfaitement propre du Demi-Dieu lui paraissant tellement étrange. Elle savait qu'il avait chassé, qu'il avait tué, qu'il avait massacré. Et il était toujours aussi parfaitement propre que quand elle l'avait deshabiller. Elle avait envie de voir sa peau ensanglantée, de voir le sang se mêler à l'onde éclatante, de distinguer les gouttelettes vermeilles sur sa peau. Aussi brusquement qu'il s'était tombé dans l'eau, elle plongea, malgré le peu de profondeur qu'il y avait. Il pouvait la voir nager, frolant le fond de galets, s'approchait de lui, nue, sur le ventre, se glisser comme un serpent entre ses jambes, les lui écartant doucement alors qu'elle se tournait sur le dos, revenant derrière lui en battant doucement des pieds, le fixant étrangement de sous l'eau, avec son léger sourire. Le petit jeu dura presqu'une minute avant qu'elle ne disparaisse de sa vision, tel un fantôme à la chevelure de feu qui tournoyait avec elle. Le stupre qui coulait le long de ses veines s'accéléra et elle réapparut, dans son dos, lui donnant un brutal coup pour le faire s'immerger alors qu'elle attrapait son arme.
Elle ne laissa pas le temps à l'arme de toucher l'eau, la tenant entre ses doigts comme un trophée alors qu'elle parlait enfin, l'eau tombant doucement de ses cheveux à sa poitrine, sur ses boutons roses avant de s'écraser dans l'onde, en emmenant avec elles des dizaines de petits cercles venant caresser leurs jambes. Silencieuse, son sourire légèrement éteint, elle revint sur le devant en restant assez loin pour être toujours en possession de son Graal alors qu'elle scellait ses yeux incandescent dans ceux flamboyant du mâle en face d'elle. Elle sortait alors, lentement, sa langue pour faire passer le bout sur le sang de la lame, dans un pur miroir et reflet d'un stéréotype. Mais alors qu'elle se repassait du sang, elle inspira langoureusement, emplissant ses poumons en éclatant de rire. Et l'arme disparut, en arrière, dans la cascade, dans les brumes de l'eau s'écrasant, dans le bruit légèrement assourdissant. Elle se détourna doucement, la Fille de l'Eau passant ses mains dans ses cheveux pour qu'ils ne cachent plus rien de son corps et de ses courbes qu'elle ondulait dans la plus pure des perversions. A demi tournée vers la cascade, elle susurra, continuant de prendre tout son temps sans avoir peur de le voir s'enfuir une deuxième fois.
" - Maintenant ... Ce n'est plus que vous et moi. La femelle et le mâle, la bête et le prédateur." Elle laissa sa voix en suspend l'espace de quelques secondes bien comptées avant de reprendre avec un grand sourire. "
Et le chevalier pleurait, pleurait, pleurait ... Avant de saigner, saigner, saigner ! Et le chevalier jouissait, jouissait, jouissait ... Avant d'étouffer, étouffer, étouffer." Telle une bombe à retardement, après tout ce temps calme, lent, comme si elle faisait tout durer pour mieux en profiter, pour gouter à chaque minute en sa compagnie à le faire attendre, à le faire piétiner, à le frustrer, Brit fila sous l'eau, ses mains s'attaquant à la ceinture du jeune homme alors qu'elle restait sous l'eau, l'ayant par avant poussé dans un peu plus de fond pour qu'il ai les fesses bien immergées. De ses doigts agiles, de ses mouvements rapides et expérimentés, elle lui retira son pantalon. Plus précisément, elle lui bloqua les jambes de ce tissu trempé, du jean encore plus dur à déchirer, enrouler et ancrer à ses chevilles alors que les dents de la créature marine se plantaient dans le boxer qu'elle déchiqueta. Ses mains étaient maintenant placées sur les fesses d'Aleksander alors qu'elle restait toujours sous l'eau.
Elle découvrait sa peau. Sa langue s'aventura sur ses cuisses, l'eau le massant autant que la douceur de la nymphe. Ses dents saisissaient sa peau par endroit, très doucement, sans vraiment faire mal, ses lèvres discernant les contours du membre qu'elle était en train d'effleurer. Les yeux fermés, elle-même profitait de ce moment où une paix bien méritée l'entourait. Le crépitement de l'eau la berçant calmement, les battements de son coeur calmés par la chatouille du courant sur son épiderme. Elle frissonnait, le duvet de son corps créant une chaire de poule adorable alors qu'enfin, ses lèvres se fermèrent sur le gland du membre. Elle savait exactement ce qu'elle faisait, gardant seulement un petit peu d'eau dans sa bouche alors qu'elle laissait sa langue s'enroulait sensuellement autour de ce qu'elle gardait maintenant précieusement entre ses lippes. La Naïade réouvrit doucement ses orbes de feu et vint glisser ses doigts sur la chaire du membre, ne s'occupant pour l'instant avec une patience corrompue et vicieuse que de ce qu'elle avait déjà en bouche, pressant plus fort ses jolies lèvres rosées. Dans cette position, elle immergée malgré la profondeur toute relative, elle faisait doucement frotter sa poitrine volumineuse contre ses jambes nues, son corps fragile ne montrant que cette agilité due à sa race. La Nymphe dans son élément dévorait sa proie de sa bouche bien trop douée, sa langue s'aventurant toujours plus loin sur le membre qui caressait par moment l'intérieur de ses joues.
Le jeu était commencée, la partie entamée, et il allait devoir jouer toutes ses cartes pour sortir entier de cette entrevue, la seconde main d'Brit laissant une longue trace de griffure anesthésiée par l'eau. Ses ongles s'enfoncèrent de nouveau dans la peau d'Aleksander, mêlant au plaisir de cette langue agile, la vive et très rapide douleur de la griffure. Un mélange qu'elle savait contrôler à la perfection.
Ne pas ressentir la peur est un travail long et fastidieux, un apprentissage périlleux, un rapport aux choses changeant de jours en jours. Mais les siècles devaient aider et la mort apparaissait finalement comme une douce punition, un souffle de vie que la prise sur sa gorge insufflait dans ses veines en même temps qu'elle lui retirait la couleur de ses joues pâles. La vision floue d'une mort étrangement mielleuse ne l'effrayait pas et le visage froid du Demi-Dieu, sa détermination à se venger d'une morsure qui avait déjà disparue lui paraissait dérisoire. Tout cela lui apparaissait même comme une mascarade ridicule, un carnaval de mauvaises intentions qui allaient tomber en désuétude au moment où elle prononcerait les mots parfaits. Elle avait appris au fil des expériences à trouver les mots pour se faire pardonner les pires affronts, les pires actions. Que disait-on à la mort quand elle croisait notre chemin, telle l'Unique Déesse de ce monde ? On lui répondait, comme on s'était préparé depuis des années, on lui répondait avec un sourire calme et sûr "Pas aujourd'hui." Elle était prête à répondre à Aleksander. Le nom résonna dans son coeur comme une pique qui venait l'entrouvrir en son centre pour en faire couler les plus sombres secrets, une clef qui enfin trouvait la serrure pour libérer les souvenirs. L’adrénaline peu-être, ou son ambition de la tuer, ou son arrêt, sa certitude éreintée par une pensée étrange.. Elle ne savait pas pourquoi elle ne réagissait que maintenant, pourquoi les souvenirs remontait à la surface de son cerveau que de longues heures après alors que les siècles s'amoncelaient dans sa mémoire.
Mais le souffle du Demi-Dieu aux rubis étincelant tourna les pages de sa mémoire, et une effluve délicate de rêves, fantasmes et souffrances gourmandes. Soudainement, il effleurait sa gorge, il effleurait ses souvenirs. Il redécouvrait ce corps qu'il avait été le premier à pervertir. Son visage ancré dans son cerveau, son souffle devint haletant. Ce n'était pas de la peur ni de l'appréhension, ni de la colère. Non. C'était de l'excitation, c'était du plaisir, c'était les souvenirs qui la faisaient couler sous l'extase des sentiments qui l'avaient envahis ces jours là. Ces longs jours de bonheur, de chasse, de rires, de découvertes.
" - Tu m'as appris à vivre. Tu m'as appris à marcher, à gouter au corps humain. Tu m'as appris à avoir peur." C'était lui qui l'avait effrayé, c'était à cause de lui qu'elle avait compris que son corps était un objet, qu'elle était le désir incarnée et que les hommes n'avaient rien d'idiots, mais qu'ils cherchaient à enfermer ce corps dans une cage dorée pour en profiter. C'était lui qui lui avait appris que la vie n'est pas un fleuve de morts et de chants, mais bien plus sauvage, bien plus perverse. C'était lui qui lui avait fait assez peur pour qu'elle cherche à surmonter toutes les choses qui pouvaient lui barrer le chemin.
"
- Tu m'as empoisonnée, ta semence a grandit comme un poison mortel dans mes veines et ton aura destructrice a su dominer la mienne pendant les siècles sans que je ne puisse jamais m'en défaire. Tu m'as fait devenir le monstre que je suis, à la recherche de sang, de chairs, de sexe, tu m'as maudit en me laissant découvrir la terre et les hommes. Tu as été la porte de mon enfer et la clef de mon paradis. Tu as barré mon avenir de ton visage angélique et enflammé mon coeur de tes yeux de sang." Elle avait vécu pour lui. Oh jamais elle ne l'avouerait en face, mais l'enfant innocent et timide, fragile et incapable d'aimer avait vécu pour lui. Elle était devenue forte pour lui. Pour pouvoir un jour lui faire face et croquer dans sa peau comme il avait dévoré cet homme. Comme il avait dévoré son corps de violence et de luxure. Elle avait vécu, elle avait séduit, elle avait charmé pour ne plus devenir la victime d'un homme cruel comme lui, ne plus avoir peur de ses yeux et de ses sentiments, des siens, des leurs, des autres. Elle avait tout fait pour s'éloigner de l'ancien fantome de nymphe sage et pouvoir elle aussi faire le mal autour d'elle. Elle avait évoluée pour lui faire face un jour et lui dire qu'elle avait aimé leur nuit de sauvagerie, la souffrance étrange qu'elle avait ressentit au milieu de ce plaisir étrange et nouveau. Elle voulait le trouver, sans le chercher, sans se rappeler bien de son visage hors ses deux yeux rouges, ce souffle de folie douce et dominante, ce sourire de cruauté et de jeu. Elle voulait le dominer, le faire souffrir. Elle voulait ressentir tout à nouveau, tout recommencer. Elle avait vécu des siècles et sa mémoire ... Sa mémoire lui ramenait en boucle ce sentiment tellement nouveau, comme si silhouette d'antan venait se glisser entre eux deux lors de ces retrouvailles soudaines.
" - Tu m'as pris ma première fois, j'aurais rêvé te prendre ta dernière." Elle venait de le reconnaître. Elle venait de trouver l'homme qui hantait sa vie, qui hantait ses rêves, qui hantais ses espoirs. La cause de ses malheurs et bonheurs, la cause de ses rires et pleurs.
Elle avait grandit la boule au ventre de ne jamais plus recroiser cet homme et pouvoir avoir la chance de le regarder droit dans les yeux et lui avouer la vérité, simple et agréable, fruitée comme le stupre, dangereuse comme le venin. Elle avait disparu dans les ondes, comme une image floue d'un mirage brûlant.
" - Et maintenant, achève moi."Et maintenant, elle avait conclut sa destinée. Elle avait fuit une fois, quand elle avait saisit que la vie n'était pas si simple et que ce sentiment étrange existait, que l'homme n'était pas si parfait et qu'il pouvait cacher tant de défauts enviables. Elle l'avait laissé après une nuit qu'elle n'oublierait jamais. Elle le fixait, la bouche entrouverte. La langue un peu sortie, le regard tendrement emprunt de défi.
Brit semblait tellement différente. Comme cette petite innocente et sans connaissances qu'il avait croisé au détour d'une rivière, elle était la même. Exactement la même. Incapable de mentir. Incapable de se taire.