C'était une petite ville cotière, rien de très particulier à son propos. Située dans les contrées du chaos cependant, elle était donc fortifiée pour se prémunir d'attaques, qu'elles fussent de bêtes sauvages ou de hordes tribales. Pourquoi s'intéresser à cette ville ? Car sur la place publique se trouvait une personne forte étrange. De la stature d'une jeune fille, mais avec le regard d'un adulte, une tenue très minimaliste laissant voir une trop grande partie de sa peau brune, une abondante chevelure noire, des membres à l'apparence étrange de pierre verte, des sabots en guise de pieds, et un papier à la main.
Chi-You tenait l'affiche en main, et plus elle lisait les petites lignes détaillant ce qui était à attendre et promis, plus cela l'excitait. Un sourire s'était formé sur ses lèvres et s'élargissait peu à peu, et les gens autour d'elle commençaient à faire des détours pour éviter de passer trop près de cette folle. Car oui, malgré son petit gabarit, Chi-You pouvait mettre les gens mal à l'aise. D'une part ses membres en jade, d'autre part sa quasi-nudité, mais surtout, son sourire carnassier, le genre de sourire qui dévoile les dents façon requin qui va vous mordre. Mais la déesse se moquait éperdument de ce que le commun des mortels pouvait penser d'elle, elle ne se préoccupait que de ce qui pouvait l'intéresser. Et cette affiche l'intéressait énormément.
Elle l'avait obtenue des mains d'un homme qui se disait être matelot au sein d'une flotte militaire, une marine comme il disait. Chi-You, attirée par la curiosité, l'avait écouté parler de la chef de cette flotte, l'Amiral, recrutait à tour de bras des volontaires en vue d'étendre les frontières de son empire. C'est alors que l'âme de l'humaine Chi-you, dont était issue la déesse, avait réagit. Ancienne chef de guerre et conquérante, tout ce récit avait ravivé ses vieux souvenirs. Sentant une recrue potentielle, l'homme lui avait tendu un tract, lui expliquant que le bureau de recrutement, en réalité un navire, se trouvait pour le moment amarré au quais de la ville. Si elle voulait tenter sa chance, elle n'avait qu'à monter à bord. Puis il s'éloigna, laissant Chi-You s'interroger.
La déesse pesait le pour et le contre. De part sa nature, un esprit divin né de la cristallisation d'une infinité de croyances, prières et consciences autour d'une âme humaine, elle ne pouvait ignorer celle-ci quand elle réagissait à un élément. Des images lui vinrent en tête : une armée galopant, menée par son général, la clameur des combats, la chaleur des festins après une victoire... Aah, la nostalgie... D'un autre coté, hors de question de se mettre au service de n'importe qui ! Chi-You avait pas mal de travers, notamment sa fierté et sa fâcheuse tendance à faire comme elle veut, quand elle veut, où elle veut. Cette fameuse Amirale aurait intérêt à trouver grâce aux yeux de la déesse si elle voulait la voir rejoindre ses rangs.
Finalement, Chi-You trancha : ça ne coutait rien d'aller voir.
Trouver le navire en question fut facile. Pour être exact, ne
pas le trouver relèverait de l'exploit, tant il était tape-à-l'oeil. chi-You emprunta le ponton pour monter à bord, et une fois sur le pont se retrouva face à une table, à laquelle était assis ce qu'elle supposait être un recruteur.
" Désolé petite, on ne prend pas de gamine dans nos rangs. "Chi-You tiqua. Elle savait qu'elle était petite de corps, mais détestait qu'on lui en fasse la remarque. Alors être prise pour un enfant... Rageuse, la déesse s'avança vers le bureau et posa violemment son coude droit dessus, la main tournée vers la gauche en poignée ouverte.
" Viens voir si je suis une gamine ! "Elle l'invitait à un bras de fer. L'homme s’esclaffa, et accepta son invitation.
Tu veux jouer à ce jeu-là gamine ?Chi-You eu un léger rictus. Le segent commença à bander les muscles, d'abord un peu, puis insista, insista, insista. Le bras de Chi-You ne bougeait pas d'un poil. L'homme commença à pousser de plus en plus fort, son visage rougissait sous l'effort, ses veines saillaient. Pourtant le bras de la déesse ne semblait pas décider à plier. Le rictus de Chi-You s'accentua. Puis elle décida de mettre fin à la plaisanterie. Elle mit toute sa force dans son bras et projeta le poing de l'homme vers la table, outrepassant complétement sa résistance. La brutalité du choc pulvérisa la table, et le sergent fut projeté à terre sous la soudaineté de la puissance du mouvement. Chi-You se redressa, frottant ses mains l'une contre l'autre.
" Alors, je suis toujours une gamine ? "