Les démons pouvaient être généreux. Une générosité qui n’était jamais désintéressée, mais qui, malgré tout, existait bel et bien. Et cette générosité, en ce moment, venait de se manifester. Alastar laissa à Shad le temps de se reposer, et, quand la Louve rouvrit les yeux, ce fut pour constater qu’Alastar était déjà là... À croire que le brave Incube ne voulait pas la quitter. Shad se réveilla rapidement, et Alastar avait bien noté qu’elle ne pouvait plus reprendre sa forme démoniaque. Restait à savoir si c’était temporaire ou définitif.
«
Je vois que l’idée de m’invoquer t’attire plus que l’or... Ce qui est bien. C’est le signe que tu préfères la Luxure à l’Avarice. Néanmoins, j’ai profité de ton somme pour faire un tour dans les caves... »
Alastar se redressa, et récupéra un coffret situé sur une table, puis le tendit vers Shad. La clef était insérée dans la serrure, et, à l’intérieur, il y avait de multiples pièces d’or, ainsi que des gemmes et des pierres précieuses. De quoi se faire une petite fortune chez les joailliers et les banquiers de Nexus. Le Diablotin n’avait pas menti. C’était bien une belle fortune que Shad avait, sans aucun doute de quoi s’acheter une propriété dans le centre-ville de Nexus. Oh, bien sûr, elle pouvait acheter une grande bâtisse, mais ce n’était qu’un capital de départ. Elle n’aurait pas les moyens d’entretenir sa demeure ensuite, car, à Nexus comme ailleurs, il y avait des taxes foncières, élevées en fonction de la superficie du terrain. Mais elle avait, en tout cas, de quoi s’acheter pas mal de trucs.
Ceci fait, Alastar, qui était assis sur le coin du lit, lui montra un parchemin, entouré d’un fin ruban rouge.
«
Voici notre contrat... »
Alastar enleva le ruban, et déplia le parchemin, faisant mine de le lire, avant de tourner sa tête vers elle :
«
Pour m’invoquer... Tu devras dire : ‘‘Ô noble Alastar, j’ai la rondelle en feu, et je souhaite que Le Diablotin vienne me défoncer le cul’’ ! »
Il la regarda pendant quelques secondes, avant de sourire malicieusement :
«
Non, je plaisante ! Ha, pour qui me prends-tu ? La formule est d’un classicisme affligeant... »
Fier de son effet, de sa petite plaisanterie insipide, l’Incube tendit le parchemin à Shad, qui put ainsi lire, par elle-même, les mots à employer... Et, c’était, effectivement, d’un «
classicisme affligeant » :
« Alastar Magoa, je te somme d’apparaître ! »
Le parchemin détaillait différentes conditions, et indiquait que Le Diablotin fournissait des prestations sexuelles en rapport avec la Luxure. Néanmoins, il ne fallait pas s’attendre à un contrat détaillé, avec une série de clauses et de sous-clauses, comme les Nains aimaient le faire. Il s’agissait juste d’un contrat d’invocation, indiquant que Shad Hoshisora pouvait invoquer l’Incube quand elle le souhaitait, et sans contrepartie, l’invocation étant, en réalité, la contrepartie des services que Shad avait fourni au clan. Quand on avait réussi à sceller un Grand Ancien, avoir droit aux services d’un Incube, c’était bien le minimum possible, non ?
«
Tout te convient ? » finit-il par demander.