A tout moment, quelqu'un pouvait donner l'alerte. Vine n'était pas trop inquiet à ce sujet, car il se savait suffisamment rapide pour fuir ce lieu au plus vite, et ne pas se faire attraper. Mais convaincre la jeune esclave semblait important pour qu'elle le suive de son plein gré et non de force. Pour l'instant, elle cherchait à trouver la raison pour laquelle il l'enlevait, et surtout une excuse pour ne pas partir. Aimait-elle son statut, ou le fait de se faire vendre ? Les yeux de Vine s'agrandir quand elle lui raconta que les tentacules étaient quelque chose de normal chez elle. Il était persuadé de l'avoir vu avec des jambes. Peut-être que son esprit lui avait joué des tours, en tout cas, il avait le sentiment qu'elle disait la vérité. Sous l'effet de la peur, elle ne mentirait pas.
Elle ne croyait pas ses dires, ou elle demandait des preuves. Des preuves tangibles, il n'en avait pas. Tout ce qu'il savait, c'est ce qu'il avait entendu, et il doutait que ces individus aient tout notifié. La vente d'une esclave pouvait se révéler banale, surtout si l'on cherchait à s'en débarrasser le plus vite possible.
C'est ... C'était un homme et une femme, qui discutaient près du lit de mort d'un homme. Ils n'ont aucune intention de vous garder, et ils cherchaient quelqu'un pour vous acheter et vous soumettre à nouveau.
Il n'apportait pas beaucoup d'éléments nouveaux. Si elle devait le suivre, elle allait devoir se fier à lui et à ses dires. En tout cas, sa vie ici était terminée, elle ne serait plus jamais une servante de cette demeure. Même si elle décidait de revenir à l'intérieur ça ne serait pas pour longtemps, puisqu'on l'enverrait ailleurs. Une seconde lumière s'alluma dans la bâtisse, cette fois au rez de chaussée. Vine n'était pas dupe, la lumière provenait du couloir où il avait trouvé la porte barricadée. D'ici quelques minutes, la demeure grouillerait d'activité. On entendit une voix en provenance du manoir. Etouffé par la pierre et la distance, impossible d'en décrypter les paroles, mais elle avait surement crié pour qu'ils l'entendent partiellement.
Immédiatement, d'autres lumières apparurent. Tremblantes et mouvantes, ce devait être des bougeoirs ou des lampions que les habitants du manoir allumaient. Ils allaient forcément fouiller les jardins, et non pas la demeure. Si elle devait fuir, elle n'allait pas rester cacher à l'intérieur, non ? Vine dût prendre sa décision sur le moment. Qu'elle ait fait son choix ou non, il s'empara de la jeune femme pour la jeter sur son épaule comme un sac de patates. Une pièce abandonnée au sol, il utilisa son pouvoir pour se projeter en l'air et bondir un peu plus loin, par dessus le mur de pierre qui entourait la demeure. Sans toucher le sol, il lança une nouvelle pièce et réitéra son mouvement. Il se déplaçait ainsi en l'air par des bonds de plus en plus grands, bringuebalant la jeune femme avec lui. En moins d'une minute, ils étaient déjà de l'autre côté de la ville, dans un quartier bien moins calme que les manoirs des nobles. Vine atterrissa adroitement sur un toit, amortissant le mouvement pour ne pas faire mal à sa "captive".
Pas très loin sur le toit, on devinait le cadre clair d'une fenêtre. Le battant en était entrouvert, et Vine y conduisit la jeune femme pour ouvrir complètement la fenêtre du toit et sauter dans la pièce au dessous. La première impression était que la pièce était réellement immense. Ca ne se voyait pas de l'extérieur, mais elle prenait probablement l'entiereté de l'étage. La deuxième impression c'est qu'il y avait bien trop d'affaires ici. On devinait aisément un coin qui servait de salle d'eau, un autre de chambre avec un lit et des petits meubles. Pour le reste, des armoires et des commodes contenaient d'innombrables bibelots probablement de valeur. Une table était presque couverte de pièces d'or, et les fauteuils présents dans la salle provenait sans nul doute d'une demeure noble. L'opulence de richesse tranchait avec le quartier et le personnage. Dernier point qu'elle pourra remarquer lorsqu'il la fit descendre de son épaule pour la déposer délicatement sur un des canapés : il n'y avait aucune porte. Plusieurs fenêtres s'ouvraient sur le toit, mais aucune autre issue n'était visible, comme si l'étage était coupé du reste de la bâtisse.
Bienvenue chez moi. Vous êtes en sécurité ici, ils ne vous trouveront pas.
Bon, une bonne chose de faite. Seulement, il ne savait pas trop ce qu'il allait faire d'elle. Il ne pouvait pas la relâcher de suite ni demain, car on risquait de la reconnaître dans la rue. Le mieux serait peut-être de lui demander, mais si elle avait été habitué à obéir toute sa vie, elle n'allait probablement pas savoir quoi faire de sa liberté.