Le palais de glace dans lequel il vivait à la cour de la reine Mab le lassait particulièrement. Il était las, las des jeux de courtisans, las de devoir défendre une position qu’il n’avait, au final jamais désiré, mais qui lui avait été imposée par la reine. Son chevalier servant, le chevalier de l’hiver. Il était aussi particulièrement las du froid qui l’entourait, las de cette glace perpétuelle. Il voulait voir le soleil, il voulait voir l’herbe verte et les fortes de feuillus, il voulait voyager, il voulait vivre et revivre. Il voulait se satisfaire d’un air plus chaud, se laisser dorer au soleil comme le lézard qu’il était en train de devenir malgré lui.
Sa nomination en tant que chevalier de l’hiver avait énormément ralenti sa transformation, mais cela ne suffisait apparemment pas à la stopper complètement. Il était las de se sentir rogné peu à peu jusqu’à devenir ce qu’il n’était pas et ce qu’il n’avait jamais voulu devenir.
Il avait décidé par conséquent de prendre congé un temps de la cour et après de nombreux palabres avec la reine elle-même il avait obtenu son congé pour une durée déterminée, le temps de se remettre en forme, à la simple condition qu’il se débrouille par ses propres moyens. Il ne partirait qu’avec ce qu’il pourrait emporter et devrait revenir comme un prince et non comme un mendiant ayant dilapidé son argent. C’était sa condition et il avait donné son accord. Il avait prêté serment. Et un serment avec les faes ne vous engage pas sur votre parole, mais sur votre vie et votre âme. Même Tut ne put l’accompagner. Elle n’en avait pas le droit et on dut l’enfermer pour l’empêcher de le suivre.
Il ne partit qu’avec peu de choses en fait, des lettres de crédit et de change, ainsi que sa tenue et son destrier, ainsi qu’un cheval de bât. Voilà ce de quoi il était parti. Pour le reste, ses pouvoirs l’avaient bien aidé. Il avait vendu son cheval de bât et en avait tiré une somme folle comme étalon reproducteur, et pour le destrier, le jeune homme vendait ses saillies pour se faire une rente. Il n’habitait pas dans un domaine immense, mais contrairement à ce que la reine pouvait croire, il possédait des placements ça et là qui lui avait permis de s’offrir un petit manoir : toujours de quoi vivrez décemment, en effet, il n’y avait qu’une vingtaine de chambres d’amis, trois salles de balles, quatre salles à manger, une aile réservée aux serviteurs. Et une aile avec d’autres logements et salles diverses. Tout cela, la reine ne le savait pas et avec cela il avait une chance de revenir comme promis.
Seulement, une fois arrivé là bas, il avait eu un sentiment de vide insondable. La maison était retournée dans cet état de peur permanent qui régissait l’existence de la domesticité, la peur de la colère du maitre, certes, mais aussi la peur de sa lassitude. En effet, Slade était non seulement quelqu’un dont il fallait éviter la colère, mais en plus, il fallait en permanence éviter qu’il ne s’ennuie, il s’en prenait au personnel par ennui en permanence. Et que fait-on pour distraire un maitre qui s’ennuie vite ? On lui trouve une occupation ! A l’insu du maitre des lieux, les domestiques se renseignèrent, et finir par trouver le nom d’un certain Darwin, qui, parait-il, avait un magnifique élevage d’esclaves, et trouver une pouliche pour le maitre serait une excellente idée. Le reste fut facile, très facile, il a suffi de glisser une petite publicité sur le cheptel et laisser la curiosité du maitre faire le reste.
En effet, il avait été attiré par la curiosité et devant l’aspect de la brochure il avait pris contact avec ledit Darwin pour fixer un rendez-vous et voir toutes les pouliches qu’il aurait à proposer, d’autant plus qu’il avait une perle rare à ce qu’on prétendait… et il voulait l’examiner de plus près. Elle ferait un cadeau de choix pour la reine, qui revient de prince revient avec un cadeau royal !
C’était fort de cette idée qu’il avait pris la direction de cet élevage. Il mit deux jours à cheval pour rejoindre le lieu indiqué et même là, il dut encore attendre une heure après s’être fait accueillir froidement par l’intendant. Et ce fut seulement au bout d’une heure qu’on le fit entrer dans une autre pièce. Il y avait là deux personnes, un homme et une femme, l’homme était l’éleveur à n’en pas douter. L’autre devait être cette fameuse perle rare. Et elle en avait l’apparence. Le reste viendrait à être dévoilé en temps et en heures. Il ne la détailla que rfapidement. Elle n’était qu’un objet, un cadeau à apprêter.
« Bonjour, monsieur. J’ai eu un rapide aperçu de votre cheptel, j’en sui fortement impressionné ! Je ne peux que vous faire tous mes compliments ! »
Comment pouvait-on avoir une voix chaleureuse et des yeux aussi froids en même temps ? En étant chevalier de l’hiver, ou en ne confondant pas travail et plaisir, même si là, c’était juste la phase pénible avant le plaisir.
Il devait faire forte impression, avec sa peau pâle, ses cheveux de neige, contrastant avec une armure d’ébène comme si elle aspirait la lumière alentour. Mais il en allait ainsi pour la amjorité de ses tenues, il aimait le monochrome, et la ténèbre tout particulièrement.
« Je crois qu’il est inutile de vous expliquer la raison de ma venue, non ? Mais laissez moi m’introduire ! Mon nom est Slade, chevalier de la cour de l’hiver de la reine Mab ! Enchanté de faire votre connaissance ! »