Fugitive ou terroriste ? [Alyssa Evans]

« On y est...
 -  J’avais remarqué.... Il suffit de voir la tête des gens pour le voir. »

L’agent spécial Lloyd esquissa un léger sourire amusé devant cette remarque. Depuis qu’ils avaient quitté la plage de Seikusu, le métro s’était bien raréfié. Après avoir traversé le centre-ville, la foule étouffante, si énorme que Rachel avait presque craint qu’elle ne conduise à renverser le métro, s’était diluée, et il restait maintenant moins d’une dizaine de personnes. Le duo s’enfonçait dans le East Los Angeles de Seikusu, le quartier de la Toussaint. La Toussaint comprenait une belle partie de Seikusu, incluant essentiellement des zones de la ville qui avaient vécu grâce à des usines, des usines ayant été fermées pendant la crise économique des années 1990’s. La municipalité n’avait jamais vraiment réussi à relancer l’activité économique dans ce quartier, en faisant un endroit sinistre, appauvri, où la police évitait à s’aventurer, et où les gangs de rues sévissaient, se heurtant aux Yakuzas, dans une sorte de réplique moderne de ce qu’on trouvait dans les banlieues américaines. Rachel et Lloyd avaient ainsi choisi de porter des vêtements civils lambda pour ne pas se faire repérer.

Lloyd portait ainsi une chemise sombre avec un pantalon blanc, la chemise étant recouverte par une veste en cuir, et des lunettes de soleil qu’il avait mis au-dessus de ses yeux, pour l’heure. Des Ray Ban, naturellement. Rachel, quant à elle, avait un jean rouge avec un débardeur. Qui aurait cru que les deux individus étaient des agents spéciaux envoyés par le SHIELD pour prendre contact avec une mystérieuse mutante ? Ils préféraient se faire discrets, et avaient ainsi oublié l’utilisation d’une voiture officielle, peu recommandée dans le quartier de la Toussaint. Sur son dos, Lloyd portait un sac à dos qui comprenait un épais dossier, correspondant à l’adolescente qu’ils allaient voir : Alyssa Evans.

Depuis quelques mois, le SHIELD avait décidé de s’intéresser à Seikusu de manière intensive, consacrant de nombreux moyens à cette ville dangereuse. Outre une population anormalement élevée de mutants, Seikusu comprenait aussi tous ces portails dimensionnels, qui inquiétaient au plus haut point les responsables de l’OTAN. L’une des missions du SHIELD était de former des équipes de mutants, de les entraîner, afin de sécuriser toute la région de l’Asie du Sud-Est contre les menaces surnaturelles émanant de Seikusu. Un programme qui s’appuyait sur celui mené par Charles Xavier pour ses mutants, et qui commençait à produire des résultats. Supergirl, Miss Marvel, Gravitia, Batgirl, Psychic Girl... L’équipe était très féminine, mais elle commençait à bien fonctionner, et le SHIELD avait bon espoir de recruter un nouvel élément au sein de l’équipe.

Alyssa Evans était un dossier difficile. Rachel s’était plongée dans ce dossier en étant désignée, avec Lloyd, pour aller la voir. C’était une adolescente désaxée, qui avait subi de terribles traumatismes quand elle était jeune. Sa sœur jumelle et ses parents biologiques avaient été tués. Elle avait été l’esclave sexuelle de pervers, démembrée, et délaissée dans un asile, où elle se laissait mourir, jusqu’à ce qu’elle soit repêchée par le docteur Killian, qui avait fait d’elle l’un des nombreux cobayes de son virus Extremis. Sur elle, le virus avait bien marché, mais Killian n’avait pas utilisé Evans. Elle s’était retrouvée dans la nature, et à Seikusu. Quand Tony Stark avait ébranlé Extremis et neutralisé Killian et Hanson, son assistante, le SHIELD avait mené son enquête sur ce virus, et le nom d’Alyssa Evans était ressorti. On avait retrouvé sa trace, et, quand il était avéré qu’elle était à Seikusu, l’Helicarrier, la base centrale du SHIELD, avait chargé la cellule japonaise du SHIELD, reposant à Seikusu Base Camp, d’envoyer des agents. La mission était de vérifier si Evans constituait une menace terroriste pour Seikusu, et, dans le cas où la réponse serait négative, l’incorporer au projet de défense du SHIELD.

« Normalement, son appartement, si on peut appeler ça ainsi, n’est pas éloigné de la station... »

L’escalator ne fonctionnait plus depuis belle lurette, et les murs étaient sales, crasseux. Il manquait des plaques, des lampes étaient explosées, des portes défoncées. Les toilettes ressemblaient à des cloaques puants, et on voyait, sur les murs, des traces de tags. Plusieurs individus regardaient le couple en souriant, des lueurs perverses dans les yeux, et les deux ne s’attardaient pas. Ils sortirent dans un petit square assez triste, avec une aire de jeux rouillés, où quelques enfants jouaient au football dans la rue, se prenant pour des répliques modernes de Tsubasa et de toute sa bande, rejouant l’éternel match entre Nankatsu et la Toho.

« On se croirait presque à Harlem...
 -  Épargne-moi ton humour, Lloyd, et allons-y.
 -  À tes ordres, chef ! » répliqua-t-il, évidemment avec humour.

Lloyd était son supérieur hiérarchique. Le duo s’avança le long des rues. Le SHIELD avait mené une petite enquête sur Alyssa Evans. Son casier judiciaire était vierge, et, en fouillant un peu, le SHIELD avait découvert que le compte en banque de ses parents adoptifs avait été totalement vidé... Alors que ces derniers étaient morts. La banque n'en était pas le responsable, et la conclusion logique avait été que l'argent ait été prise par leur fille ; il avait alors suffi au SHIELD de remonter la trace de cet argent pour retrouver Evans. Elle n’avait apparemment aucun travail. Elle avait acheté plusieurs livres pour apprendre le japonais, et ils avaient fini par trouver son contrat de bail. Pour cela, le SHIELD avait du s’asseoir sur quelques libertés individuelles, mais la sécurité nationale était en jeu. Alyssa Evans pouvait très bien être une terroriste, et en avait fait le profil. Si Rachel accompagnait Lloyd, ce n’était pas sans raison. En cas de problème, Iron Girl interviendrait pour neutraliser Evans, mais c’était un scénario que Lloyd tenait à éviter.

« Bon... C’est là... »

L’immeuble était sinistre. Gris, avec des vitres crasseuses, explosées pour certains appartements. Ils s’approchèrent de la porte de l’entrée. La vitre montrait des traces d’éclats, et Lloyd la poussa. La serrure avait été crochetée, et le duo entra dans un hall ravagé. Plusieurs boîtes à lettres avaient été arrachées, il y avait un énorme tag noir contre le mur, et, à gauche, près de téléphones publics où ne pendouillaient plus que des fils dénudés, sous une forte odeur d’urine et d’alcool, plusieurs jeunes buvaient et fumaient de la drogue.

« Clairement l’endroit où je veux passer mes vacances... »

Il n’y avait aucun ascenseur, et le duo entreprit de monter les marches, Lloyd en tête. Il avait mis ses lunettes de soleil sur ses yeux en sortant de la station de métro, et rejoignit l’étage d’Alyssa. Il y avait des fissures dans les murs, et il s’enfonça dans un couloir sombre. On avait volé toutes les ampoules, et il ne fit aucun commentaire, rejoignant la porte de l’appartement d’Evans.

« Tu me laisses parler, okay ?
 -  C’est toi le mâle... »

Il sourit, et tapa à la porte. Quelques coups. Inutile d’appuyer sur la sonnette, il n’était même pas sûr qu’elle fonctionnerait.

« Mademoiselle Evans ? Nous aimerions vous parler ! Rassurez-vous, nous ne vous voulons aucun mal ! »

Il y avait une forte odeur de moisi, et Rachel jurait avoir vu un gros rat passer par là.

Cela devait faire plusieurs mois que Alyssa était venue vivre au Japon, pour se faire oublier quelque temps, trouver comment refaire sa vie, loin de tout ces tordus qui la traquaient pour la refroidir une bonne fois pour toute, ou abuser d'elle. Autant le dire tout de suite, les débuts ne furent pas faciles. Lorsqu'elle avait dénicher cet appartement - le seul à avoir une porte pouvant se fermer d'ailleurs - la mutante c'était certes attendue à attirer les toxico et les violeurs, mais pas en une telle quantité... Plus d'une fois, elle avait du mettre les points sur les "i" en usant de son pouvoir sur eux. Le résultat était plus que satisfaisant, étant donné que les squatteurs de l'immeuble détournaient désormais le regard en la voyant.

La seconde difficulté, ça avait été la langue. Vous savez ce qu'on dit ? Plonger dans une langue inconnue facilite son apprentissage, si l'on veux survivre. Et bien cela n'as jamais été aussi vrais au Japon, où la jeune femme s'est rapidement rendue compte que peu parlent l'anglais. Et encore, cela reste assez approximatif. Ne souhaitant pas gaspiller son budget bouffe dans des bouquins, Alyssa s'était donc rabaissée au vol à l'étalage à plusieurs reprises, entreposant son précieux butin sous son canapé défoncé. Il lui avait fallut de longues semaines, par la suite, pour étudier et apprendre, non pas les mots en eux même, mais surtout l'écriture si particulière du pays, ne serrai-ce pour pouvoir lire les panneaux ou mieux appréhender les prix. Et puis lire le journal aussi...

Ce soir là, Alyssa était vautrée dans son canapé, un journal sur les genoux, qu'elle tentais de déchiffrer, avec un résultat mitigé, un dico dans la main gauche et une canette de bière dans la droite. L'exercice était déjà suffisamment compliquer comme ça, mais il fallut qu'en plus, on vienne la déranger dans sa concentration. Déjà énerver qu'on vienne la déranger dans un moment pareille, la mutante se leva malgré tout, voyant déjà rouge.

- Mademoiselle Evans ? Nous aimerions vous parler ! Rassurez-vous, nous ne vous voulons aucun mal !

Ben voyons... C'est justement lorsque quelqu'un vient vous dire ce genre de chose, que la situation fini par dégénérer. Méfiante, Alyssa ouvrit tout de même la porte et vit de l'autre coté deux individus, un homme plutôt classe et une femme, vêtue simplement et vachement sexy. Ils devaient franchement être suicidaires pour oser se montrer dans ce coin de la ville, avec toutes les racailles et les psychopathes qui traînaient dans le secteur.

- Qui êtes vous et qu'est c'que vous m'voulez ? J'ai pas payée mon loyer dans les temps ?

Oui, la jeune femme était agressive, mais avec son vécu, il lui était difficile de faire confiance aux gens, persuadée qu'ils préparaient toujours un coup fourré à son égard. De l'autre coté de la planche qui lui servait de porte, la poignée fumait légèrement sous son énervement. Il fallait espérer que cet entretien ne dure pas trop longtemps, ou qu'il ne s'égard sur des sujets sensibles, auquel cas, l'explosion serait imminente.

Ils n’eurent pas à attendre excessivement longtemps avant que la femme ne se rapproche. Regardant autour d’eux, Lloyd vit, à plusieurs reprises, des portes s’entrouvrir légèrement. Il ne fit aucune remarque, mains dans les poches. Quand on disait que la Toussaint était un quartier désœuvré, on n’exagérait pas. La municipalité consacrait une bonne partie du budget à tenter de relancer l’activité économique du quartier, mais les investisseurs n’étaient guère nombreux. La corruption dans la ville n’aidait guère les commerçants à se décider à s’installer ici. Ils n’avaient guère envie de dépenser leur argent pour les Yakuzas, ou d’être menacés par leurs clients. Reconstruire ce quartier nécessiterait plus que de simples promesses lors des campagnes électorales. Lloyd le savait, il le comprenait, il était désolé pour les habitants de ce quartier, mais la mission du SHIELD n’était pas de les aider à se reconstruire.

La jeune femme finit par ouvrir. Méfiante, suspecte, et relativement mignonne. On pouvait comprendre sa méfiance, tout comme le ton agressif dont elle fit preuve en leur répondant :

« Qui êtes vous et qu'est c'que vous m'voulez ? J'ai pas payée mon loyer dans les temps ? »

Lloyd lui sourit.

« Pas de soucis, Mademoiselle Evans, nous ne représentons pas votre bailleur. Je m’appelle Lloyd Burton, et je vous présente Rachel Hawkes.
 -  Bonjour, Mademoiselle Evans », la salua Rachel.

Elle ne dit rien de plus, se rappelant que c’était à Lloyd de parler. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, il était, après tout, son supérieur hiérarchique, et avait participé à l’enquête ayant permis de retrouver Alyssa Evans. Elle n’avait vraiment pas le profil d’une terroriste, mais Killian était quelqu’un de doué pour dissimuler les preuves. Le SHIELD avait enquêté sur lui, mais Killian savait effacer ses preuves, et il avait fallu l’intervention de Tony Stark, individu guère apprécié par le SHIELD, pour venir à bout des activités illégales de Killian.

Il était probable qu’Alyssa, en tant que mutante, redoute l’armée, et il fallait donc réussir à l’approcher, sans susciter sa méfiance. Une activité pour laquelle Rachel n’avait aucun talent, contrairement à Lloyd, qui réfléchissait déjà à une idée lui permettant d’entrer dans l’appartement de la jeune femme.

« Nous travaillons avec les forces de l’ordre, Mademoiselle Evans, et nous désirions nous entretenir avec vous, car nous pensons que vous pourriez avoir été, directement ou non, le témoin d’une scène susceptible de nous aider. »

La première partie de sa phrase n’était pas un mensonge, contrairement au reste, et Rachel poursuivit.

« Nous travaillons pour une agence indépendante proche de la police et de l’armée. Nous ne vous voulons rien, simplement obtenir des informations.
 -  Serait-il possible de rentrer chez vous ? Ce couloir me donne des frissons... »

Il fallait admettre que la femme était vraiment très mignonne.

- Pas de soucis, Mademoiselle Evans, nous ne représentons pas votre bailleur. Je m’appelle Lloyd Burton, et je vous présente Rachel Hawkes.

- Bonjour, Mademoiselle Evans.

Si le sourire du type en fasse d'elle était chaleureux, il n'était toutefois pas suffisamment efficace pour faire disparaitre du visage d'Alyssa son expression glaciale. De plus, les intrus avaient beau s'exprimer en Japonais, la mutante avait tout de même pu noter un léger accent Américain, sans parler de leurs identités, qui ne sonnait pas du tout nippon. Déjà méfiante, son intuition lui dictant de leurs claquer le porte au nez, ses doutes s'accentuèrent lorsqu'il poursuivit

- Nous travaillons avec les forces de l’ordre, Mademoiselle Evans, et nous désirions nous entretenir avec vous, car nous pensons que vous pourriez avoir été, directement ou non, le témoin d’une scène susceptible de nous aider.

- Nous travaillons pour une agence indépendante proche de la police et de l’armée. Nous ne vous voulons rien, simplement obtenir des informations.

- Serait-il possible de rentrer chez vous ? Ce couloir me donne des frissons...

Cette affirmation sonnait étrangement faux aux oreilles d'Alyssa, pour la simple et bonne raison qu'hormis en tant que touristes, les Japonais n'aimaient pas vraiment côtoyer les étrangers, et encore moins travailler avec ces derniers. Si c'était un simple fait divers, un meurtre ou même un trafique quelconque, les forces de l'ordres locales ne travaillerais jamais avec des étrangers, et encore moins avec des américains. La seule conclusion logique, c'était que les deux agents en face d'elle travaillaient effectivement avec l'armée, mais dans le cadre d'une affaire internationale, qui demandait leur intervention. Hors, si on considérait le fait qu'Alyssa vivait ici depuis son départ d'Amérique et ne se mêlait jamais des affaires qui ne la regardaient pas - sortant de toute manière assez rarement - la seule possibilité qui lui venait à l'esprit était "Extrémis".

Alyssa n'était pas une débile profonde et, si elle n'avait pas l'intelligence des deux scientifiques qui l'avaient adoptée, elle a tout de même appris à résonner de manière logique. Et tout les éléments étaient présents: des Américains, une enquête internationale, la coopération avec l'armée locale, et elle, en tant que "témoin potentiel" d'une scène... Peut être en rapport avec le centre dans lequel la mutante a retrouver un espoir de s'en sortir. Toutefois, il était trop tôt pour s'en prendre à eux. Elle avait besoin de plus d'information, avant de décider si ils étaient venus pour discuter ou pour l'enfermer, voir la tuer, comme ils avaient fait avec ses parents biologiques.

Sans se départir de son air glacial, elle leur tourna le dos pour retourner dans son salon, sans fermer la porte derrière elle, signe que les deux agents pouvaient entrer. En plus d'un studio particulièrement insalubre et en ruine par endroit, les deux agents pouvaient constater que les murs et le sol étaient défoncés par endroits, fissurés. De même, certaines parties métalliques étaient à moitié fondus, défouloir temporaires d'Alyssa lorsqu'elle était énervée, et qu'elle préférait massacrer l'appart plutôt que les drogués plus bas. Alyssa se pencha sur un carton à coté de son canapé et en sortit deux canettes, qu'elle leur balança.

- J'ai rien à part de la bière et des cartons. Bon, c'est quoi votre truc, qu'on y passe pas des heures.

Aussi accueillante qu’une porte de prison, Alyssa sembla hésiter longuement avant de se décider à leur ouvrir ou pas. Si elle leur fermait la porte au nez, les deux agents du SHIELD n’auraient rien pu faire. Il aurait fallu une autorisation d’un juge pour leur permettre d’entrer, mais aussi, compte tenu du fait qu’ils n’étaient pas des policiers assermentés, une autorisation de leur supérieur. Autrement, s’ils entraient de manière illégale, ils risquaient, non seulement d’être poursuivis par Alyssa, mais aussi d’être renvoyés. L’administration Obama avait fortement recadré les nombreuses libertés que le SHIELD avait pu perdre sous l’exercice de Georges W. Bush, dans sa lutte contre le terrorisme. Alyssa finit par les laisser entrer, et Rachel et Lloyd se regardèrent brièvement. Pour le coup, Lloyd semblait rassuré d’avoir avec lui Iron Girl, car quelque chose lui disait que son vulgaire pistolet de service serait bien inefficace contre la mutante, si jamais elle se décidait à pousser la chansonnette.

Le duo entra, et Lloyd ferma posément la porte. L’appartement... Était vraiment miteux. On aurait dit l’un de ces studios délabrés et désolés d’East Los Angeles, où les services municipaux n’osaient pas se rendre, de peur d’être agressés. Il se dégageait une odeur de moisi par endroits, les murs étaient délavés, fissurés, et Rachel était sûre qu’il devait y avoir une colonie de rats dans l’immeuble. Plus intéressant, elle nota, comme Lloyd, des traces de métal fondu dans les coins. Pour ce qu’elle en savait, le virus Extremis donnait à ceux qui étaient contaminés un corps extrêmement chaud, comme s’ils étaient faits de lave. Le métal fondait donc. Il n’y avait là rien d’assez pertinent pour incriminer la mutante, mais les deux agents restaient prudents. Ils avaient naturellement le pouvoir de procéder à des arrestations, mais il fallait tout de même des bases pour que l’arrestation tienne debout.

La jeune femme leur balança deux cannettes, avant de leur parler :

« J'ai rien à part de la bière et des cartons. Bon, c'est quoi votre truc, qu'on y passe pas des heures. »

Rachel était bien tentée d’y aller franco, mais Lloyd lui avait dit de ne rien dire, de le laisser faire. Alyssa n’avait pas l’air d’être une idiote, et, à moins d’avoir un bon mensonge bien ficelé derrière la tête, elle décèlerait rapidement d’éventuelles supercheries. Lloyd décapsula sa cannette, et but un coup, quelques gorgées. Restant debout, il lâcha :

« Nous enquêtons sur la probabilité que des actes terroristes soient commis à Seikusu. Dit comme ça, je sais que ça peut paraître extravagant, car Seikusu n’est pas une grande ville, mais, d’après nos sources, il y aurait, dans les rues de la ville, une cellule terroriste qui s’apprêterait à commettre un grand coup. »

Rachel ignorait si c’était vrai ou pas. Elle ne connaissait pas non plus toutes les affaires en cours, mais elle savait que le SHIELD n’était pas non plus pour rien à Seikusu. Outre les habituels monstres et autres mutants qui sortaient fréquemment de Terra pour visiter la Terre, il fallait aussi compter avec les menaces locales, les super-vilains... Rachel savait que le SHIELD menait une grosse enquête là-dessus, depuis l’Helicarrier.

« Ces individus ont déjà commis plusieurs attentats dans d’autres villes du monde : Madrid, Londres, Calcutta... De manière générale, ils semblent se concentrer sur des cibles américaines. À Londres, ils ont détruit une agence de banque américaine, et, à Calcutta, c’est une ambassade qui a été attaquée à l’explosif. Le plus curieux est que nous n’avons retrouvé aucune trace de poudre parmi les décombres. Et les caméras de sécurité ont montré un homme qui s’avançait dans le hall de l’ambassade, avant de se mettre à... Hum... Comment dirions-nous... Rougeoyer... Du moins, c’est ce qu’il semble, car l’image est en noir et blanc. Puis cet individu aurait ensuite explosé, ravageant une partie de l’ambassade, provoquant la mort d’une trentaine de personnes. »

Lloyd but encore un coup, toujours debout, fixant Alyssa.

« Seikusu abrite une base militaire américaine qui sert essentiellement de ravitaillement pour les avions et les navires qui passent par là. Cependant, ile st maintenant de notoriété publique que la base abrite un bunker du SHIELD. Et... Ces bouts de métal fondu que j’aperçois ici et là me laissent penser que vous contrôlez plus que bien vos pouvoirs, Mademoiselle Evans. »

Comme il était inutile, désormais, de jouer la comédie, Lloyd poursuivit :

« Nous travaillons pour le SHIELD, et nous voulons savoir si vous avez l’intention de vous faire sauter à Seikusu ou pas. Ce serait dommage, notez... »

Rachel se renfrogna.

*Et on ose dire que je suis trop directe...*

Au moins, l'agent n'y allait pas par quatre chemins. A peine décapsula t-il sa bière, qu'il lui présenta d'emblée l'objet de sa visite.

- Nous enquêtons sur la probabilité que des actes terroristes soient commis à Seikusu. Dit comme ça, je sais que ça peut paraître extravagant, car Seikusu n’est pas une grande ville, mais, d’après nos sources, il y aurait, dans les rues de la ville, une cellule terroriste qui s’apprêterait à commettre un grand coup.

Alyssa haussa bien haut un sourcil, l'air de dire "Et en quoi ça me concerne exactement ?" Après tout, la jeune femme n'avait rien de particulier contre cette ville. La seule raison pour laquelle elle s'était installée ici, c'était parce que le loyer était le moins cher du pays, pour ne pas dire gratuit. Certes, le confort du centre lui manquait cruellement, mais lorsqu'on a passé près de huit ans dans un e cellule, incapable du moindre mouvement, ce studio était un véritable palace en comparaison.

- Ces individus ont déjà commis plusieurs attentats dans d’autres villes du monde : Madrid, Londres, Calcutta... De manière générale, ils semblent se concentrer sur des cibles américaines. À Londres, ils ont détruit une agence de banque américaine, et, à Calcutta, c’est une ambassade qui a été attaquée à l’explosif.

Encore une fois, Alyssa s'en foutait royalement. Que ce soit les infrastructures Américaine, Nipponne ou peut importe, elle n'était pas concernée. Pour quelle raison voudrait-elle s'en prendre à des civils ou des militaires ? Après tout, eux même ne se préoccupaient pas d'elle. Tant qu'elle pouvait être en paix, le reste avait peu d'importance. Oui mais voilà, la suite de ses explication lui confirma ses doutes de tout à l'heure: ces agents étaient effectivement au courent de sa nature, auquel cas ils ne seraient pas venus jusqu'à elle.

- Le plus curieux est que nous n’avons retrouvé aucune trace de poudre parmi les décombres. Et les caméras de sécurité ont montré un homme qui s’avançait dans le hall de l’ambassade, avant de se mettre à... Hum... Comment dirions-nous... Rougeoyer... Du moins, c’est ce qu’il semble, car l’image est en noir et blanc. Puis cet individu aurait ensuite explosé, ravageant une partie de l’ambassade, provoquant la mort d’une trentaine de personnes. Seikusu abrite une base militaire américaine qui sert essentiellement de ravitaillement pour les avions et les navires qui passent par là. Cependant, ile st maintenant de notoriété publique que la base abrite un bunker du SHIELD. Et... Ces bouts de métal fondu que j’aperçois ici et là me laissent penser que vous contrôlez plus que bien vos pouvoirs, Mademoiselle Evans.

Ça y est, il avait gagné. Sous entendre que la jeune mutante était venue dans cette partie du pays pour faire sauter la base du SHIELD, l'avait profondément énervée. Cependant, croire qu'Alyssa contrôlait bien ses pouvoirs était une grave erreur. En fait, c'était tout le contraire. La boisson dans sa canette se mit à bouillir, alors que l'aluminium lui, commençait à chauffer et à fondre. De même, une lueur rougeâtre commençait à transparaître à travers sa peau, pendant que la jeune femme fermait les yeux, tentant infructueusement de reprendre son calme.

- Nous travaillons pour le SHIELD, et nous voulons savoir si vous avez l’intention de vous faire sauter à Seikusu ou pas. Ce serait dommage, notez...

Il ne pu terminer sa phrase, coupé par une canette à moitié fondue en en feu qui lui passa à quelques centimètres du visage. Elle continua sa course jusqu'à atteindre un mur, s'écrasant dessus dans un "splotch" écœurant, le métal en feu coulant paresseusement jusqu'au sol. Alyssa était totalement hors d'elle, la respiration saccadée et le regard braqué sur le sol.

- Donc... Vous vous êtes déplacés jusqu'à chez moi... en pensant que je comptait faire exploser une base de votre SHIELD à la con... alors que j'ignorait totalement son existence... C'est ça ?

Alyssa redressa la tête et fixa les agents d'un regard rougeoyant... Un regard de colère pure, braqué sur ce type, qui débarquait croyant tout savoir avec ses idées préconçues sur elle.

- Avant d'être ce que je suis aujourd'hui... J'étais une loque, brisée et démembrée, sans avenir... C'est mon père adoptif qui m'a rendu mes bras et mes jambes, alors que les médecins pensait que j'allais mourir, sans rien tenter... J'étais heureuse dans ma nouvelle famille... avec des parents attentionnés... Jusqu'à l'arrivé de ce type en armure, qui a tout brisé, tuant tout ceux qui était sous Extremis... J'ai pris peur et j'ai fuis, mettant le plus de distance possible entre lui et moi... J'ai aucune intentions envers les civils et les militaires, en fait je m'en branle royalement... Mais lui... Celui qui m'a tout pris à nouveau... Vous pouvez pas savoir à quel point je le HAIIIIS !!

A présent, les deux agents devaient se rendre compte qu'Alyssa n'avait aucun contrôle sur ses capacités, qui se déclenchaient facilement lorsqu'elle ressentait une intense colère. Si le virus était puissant et stable chez elle, les nombreux traumatismes, accumulés tout au long de sa vie, avaient rendus son esprit très instable. Alyssa était autant un danger pour les autres, que pour elle-même. Le pire, c'était qu'elle en avait conscience, raison pour laquelle elle se tenait autant que possible à l'écart des autres, s'auto isolant pour leur sécurité à tous... Et ils osaient soupçonner qu'elle était venue pour se faire sauter dans leur base !?

- YAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHH !!!!!

Sans prévenir, elle fit un mouvement ample et rapide pour donner un puissant coup de poing, pas sur les deux agents, mais contre le mur en béton armé, qui encaissa difficilement le choc, un énorme cratère se formant sur la surface déjà fissurée de partout. Cependant, cela lui servit efficacement comme défouloir à sa colère, sa température interne retrouvant un niveau normal, tandis que la jeune femme reprenait difficilement sa respiration.

- Dégagez... de chez moi... ... ... Foutez moi... la paix...

Les agents du SHIELD, surtout les agents qui, comme Lloyd, devaient intervenir, étaient probablement ceux qui étaient soumis à un stress particulièrement fort. En effet, ils n’affrontaient pas de vulgaires bandits, comme des braqueurs de banque, des assassins, des voleurs de grand chemin... Ils affrontaient des tarés psychotiques dotés de superpouvoirs, ou d’équipements futuristes. Rachel se demandait quelle était sa stratégie, car, plus il parlait, et plus la belle mutante était en train de s’énerver... Jusqu’à ce que sa cannette de bière se mette à fuser à côté de la tête de Lloyd, qui s’écarta prudemment, sentant sa joue brûler. Rachel serra les poings, s’attendant à enclencher son armure pour la repousser... Mais Lloyd avait tendu la main vers elle, lui faisant signe de ne pas intervenir. Est-ce que c’était calculé ?

*Il veut mettre en rogne une femme qui peut transformer son corps en volcan ambiant ? Il est complètement fou ?*

Alyssa se mit à s’énerver, et Rachel comprit qu’elle éprouvait visiblement une forte gratitude pour Killian et Hanson, ce qui pouvait se comprendre, puisque le virus lui avait redonné ses membres. Dès lors, elle haïssait Tony Stark, puisqu’Iron Man avait neutralisé Killian. Rachel comprit pourquoi Lloyd tenait à ce qu’elle ne montre pas son armure : Alyssa pèterait définitivement un plomb, et leur combat risquait de provoquer du dégât. Cependant, il était assez risqué de l’énerver, car elle commençait à perdre le contrôle, peinant à parler, la chaleur montant fortement autour d’eux. Alyssa poussa un hurlement, et frappa violemment le mur, faisant trembler le studio minable. La situation sembla se calmer, le rythme respiratoire d’Alyssa redevenant bien plus normal, alors qu’elle se mettait à parler :

« Dégagez... de chez moi... ... ... Foutez moi... la paix... »

Lloyd hocha la tête, remettant les mains dans ses poches. Elles ne tremblaient pas. Pourtant, il ne pouvait s’abriter derrière aucune armure.

« Chez vous... C’est très joli, dites-moi... Mais je ne sens pas l’odeur de la drogue, de la pisse d’urine, des cadavres de pizzas desséchés entassés près de la porte... »

À quoi est-ce qu’il jouait ? Rachel n’y comprenait plus rien, et Lloyd alla enfin s’asseoir sur un fauteuil.

« Honnêtement, Mademoiselle Evans, si vous étiez une terroriste, vous vivriez vraiment dans un tel taudis ? Je ne vois pas vos plans, votre ordinateur... Vous savez, tous ces trucs que les terroristes ont, avec des plans super élaborés et tout... »

C’était un studio, alors, en voyant cette pièce, on pouvait effectivement voir la majeure partie. Lloyd était un très bon observateur. Rachel n’y avait même pas pensé, mais elle n’avait pas les capacités d’investigateur de l’homme. On disait qu’il était un inspecteur avant de rejoindre le SHIELD, pour le compte d’Europol.

« Je vous ai fait ce petit numéro pour vous tester, Mademoiselle Evans... Que ferez-vous quand les voisins d’à côté taperont à votre porte, et seront un peu trop insistants ? Quand vous irez acheter votre bouffe de la semaine, et qu’un type tentera de vous voler avec un couteau ? Quand votre connard de bailleur, car je suppose que seul un enfoiré peut oser louer un tel trou, viendra vous voir pour augmenter les prix ? Vous ne contrôlez pas votre pouvoir, et, si jamais vous perdez le contrôle, vous risquez de tguer quelqu’un... Et vous serez alors considérée comme une terroriste, ce qui nous amènera à devoir vous poursuivre, vous traquer, et vous mettre dans une prison de stase où vos pouvoirs seront neutralisés. Ce n’est pas ce que nous voulons, et je ne pense pas que ce soit ce que vous voulez. »

Lloyd parlait sur un ton calme, et farfouillait dans sa poche. Il sortit un paquet de cigarettes.

« Je peux ? » demanda-t-il, sans vraiment attendre de réponses.

Il sortit une cigarette, un briquet, et Rachel comprit qu’il était nerveux. Il contrôlait les tremblements de ses mains, mais avait quand même besoin de fumer, pour se calmer.

« Vous vous isolez, parce que vous avez peur de faire une connerie... Ce faisant, vous ruminez votre passé, et devenez de plus en plus instable. Nous ne sommes pas venus en ennemis. Honnêtement, si je pensais que vous étiez une terroriste, je ne serais pas venu avec Rachel, mais avec toute une escouade équipée d’armes de pointe pour vous neutraliser. Vous pouvez vérifier dans le couloir, il n’y a que nous deux. »

Il tira une longue bouffée, et recracha de la fumée, avant de reprendre ses explications :

« Nous pouvons vous aider... Vous aider à contrôler votre pouvoir. Comme les X-Men. Ou alors, vous pouvez rester ici, vous curer le nez, et un jour viendra où vous commettrez une connerie, et où on devra agir... On ne vous force pas à quoi que ce soit. Vous êtes libre, après tout. On fait ça pour votre intérêt... Et aussi parce qu’avoir une mutante capable de faire péter des trucs, ça peut toujours être utile. Je ne vous ai pas menti quand je vous ai dit qu’il y a des menaces. Seikusu est une ville en danger, et nous agissons tous les jours pour éviter que ces dangers nous pètent à la figure et transforment cette belle ville, et accessoirement une partie du monde, en un beau bordel fumant. »

Lloyd fuma à nouveau, et sortit de la poche intérieure de sa veste une clef USB, la balançant sur le bureau.

« Allez à un cybercafé, si vous n’avez pas d’ordinateur ici... Cette clef comprend tout un dossier sur votre bienfaiteur, Killian. »

Alyssa y apprendrait qu’elle n’était rien de plus pour Killian qu’un cobaye parmi tant d’autres, elle y verrait toutes les expériences menées par ce sociopathe pour créer des bombes humaines, tous les sujets d’expérience, ainsi que les nombreuses enquêtes menées par le SHIELD pour relier entre eux les différents attentats terroristes, et l’influence d’Extremis. Killian était très lié au Mandarin, et avait même créé son propre Mandarin, une copie factice du réel Mandarin, un terroriste magicien extrêmement dangereux. Cependant, le vrai Mandarin avait par la suite utilisé Extremis à son profit. Lloyd espérait que ce dossier ferait réfléchir Alyssa, et l’encouragerait à se rapprocher du SHIELD.

« Je vais vous laisser mon numéro de portable, Mademoiselle Evans, intervint alors Rachel. Appelez-moi... Et sachez que vous n’êtes pas la seule mutante qui existe. Nous avons une femme qui manipule la gravité, et qui, quand elle était jeune, a malencontreusement tué l’un de ses camarades à cause de ses pouvoirs. Nous l’avons aidé à contrôler ses pouvoirs, et elle vit beaucoup mieux, maintenant. »

Un exemple concret faisait toujours plus réaliste, après tout.

Les agents n’attendaient plus qu’un signe pour partir.

Malgré le fait qu'Alyssa ait été très ferme sur sa demande, l'homme n'en tint pas compte et repris même la parole, allant s'assoir sur l'un de ses canapés.

- Chez vous... C’est très joli, dites-moi... Mais je ne sens pas l’odeur de la drogue, de la pisse d’urine, des cadavres de pizzas desséchés entassés près de la porte... Honnêtement, Mademoiselle Evans, si vous étiez une terroriste, vous vivriez vraiment dans un tel taudis ? Je ne vois pas vos plans, votre ordinateur... Vous savez, tous ces trucs que les terroristes ont, avec des plans super élaborés et tout...

Il fallait comprendre quoi par là ? Que cette accusation était un simple mensonge, pour voir comment elle allait réagir ? La mutante était autant soulagée qu'irritée. L'agent Loyd lui balança alors un beau discours, bien assommant, sur le fait qu'un jour elle perdra patience et risquait de faire une connerie. La jeune femme ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire moqueur. Il y avait bien longtemps que les voisins n'osaient plus s'approcher d'elle à moins de dix mètres, quand à son bailleur, techniquement, elle n'en avait pas. Si un mec quelconque osait louer un appart dans ce secteur, il avait alors de forte chances de se prendre un coup de canif dans la gorge dans une ruelle sombre, par l'un des drogués.

- Nous pouvons vous aider... Vous aider à contrôler votre pouvoir. Comme les X-Men. Ou alors, vous pouvez rester ici, vous curer le nez, et un jour viendra où vous commettrez une connerie, et où on devra agir... On ne vous force pas à quoi que ce soit. Vous êtes libre, après tout. On fait ça pour votre intérêt... Et aussi parce qu’avoir une mutante capable de faire péter des trucs, ça peut toujours être utile. Je ne vous ai pas menti quand je vous ai dit qu’il y a des menaces. Seikusu est une ville en danger, et nous agissons tous les jours pour éviter que ces dangers nous pètent à la figure et transforment cette belle ville, et accessoirement une partie du monde, en un beau bordel fumant.

Une ville sans danger, hein ? A bien y regarder, c'était le monde entier qui l'était, avec toutes ces guerres et ces attentats. C'était aussi pour ça que Alyssa ne voulait pas se mêler à toutes ces histoires. Le monde entier était pourri jusqu'à la moelle, corrompus, immonde. Il n'y avait que deux moyens pour survivre: faire partie des hautes sphères, où rester cachée dans l'ombre, se faire oublier de tous. Toutes bataille était futile. Et lorsque son corps peut être une arme potentielle dans un conflit, le seul avenir possible est la mort ou le confinement. Alyssa n'était pas dupe. Si elle rejoignait cet organisme, on ne l'aiderais pas dans le but qu'elle puisse contrôler son pouvoir, mais pour que l'organisme, lui, puisse contrôler la jeune fille à sa guise, l'envoyant exploser dans des endroits stratégiques. Finalement, l'armée ne vaut pas mieux que les terroristes.

- Je vais vous laisser mon numéro de portable, Mademoiselle Evans. Appelez-moi... Et sachez que vous n’êtes pas la seule mutante qui existe. Nous avons une femme qui manipule la gravité, et qui, quand elle était jeune, a malencontreusement tué l’un de ses camarades à cause de ses pouvoirs. Nous l’avons aidé à contrôler ses pouvoirs, et elle vit beaucoup mieux, maintenant.

Alyssa ne répondis à aucun des deux, semblant méditer sur leurs propos un long moment, fixant la clé sur le bureau, avant de finir par sourire.

- Un cyber café, hein ? Malheureusement, j'connais pas assez la ville pour savoir où en trouver un en état.

Après tout, la jeune femme ne connaissait de Seikusu que le quartier de la toussaint et, trouver un cyber café dans un quartier aussi sinistré, devait probablement relever du miracle. Et puis même, elle ne pouvait pas se permettre d'errer dans la ville durant des jours pour trouver un ordinateur. Le meilleur choix pour elle était donc de venir avec eux, voir les informations et aviser par la suite. Et puis... Il y avait certaines zones d'ombres dans son passé, comme la fois où son père, alors qu'il se préparait à se rendre à New York avec la quasi totalité du centre, lui avait demandé de rester dans sa chambre, et qu'il reviendra bientôt pour fêter Noël avec elle. Finalement, elle avait reçu comme cadeau la mort de ses parents adoptifs...

- J'crois qu'il va falloir m'trainer avec vous.

Sa décision était prise. Et au cas où elle ne reviendra plus jamais dans ce trou à rats, se dirigea vers l'autre canapé, près de la fenêtre, d'où elle sortit ses cours de Japonais. Alyssa prit également son dico de traduction et se dirigea vers la porte, avant de se retourner.

- Bon, c'par où, les croulants ?

Lloyd et Rachel avaient réussi à se rapprocher de la femme. La stratégie de Lloyd, curieuse, ambivalente, dangereuse, avait semblé porté ses fruits. Rachel se sentait toujours nerveuse. Elle savait de quoi les sujets atteints du virus Extremis étaient capables, et elle n’avait pas spécialement envie de se retrouver face à une explosion de ce pouvoir. Aussi, quand Lloyd avait décidé qu’il était temps de partir, Rachel n’avait pas cherché à le retenir, ou à émettre un avis contraire. Le duo se dirigeait vers la sortie, quand Alyssa, à la surprise de Rachel, choisit de les retenir.

« Un cyber café, hein ? Malheureusement, j'connais pas assez la ville pour savoir où en trouver un en état. »

Rachel sourit légèrement devant ce pieux mensonge. Elle avait du mal à croire que trouver un cybercafé soit si difficile que ça... En revanche, elle se demandait pourquoi Alyssa voulait rester avec les deux agents du SHIELD. De ce qu’elle avait cru comprendre, Alyssa ne portait pas Tony Stark dans son cœur, et, si elle appréciait Killian, alors il était probable qu’elle n’apprécie que peu le gouvernement américain, vu que ce dernier avait clairement soutenu Tony Stark, et considéré officiellement Killian comme un criminel. De plus, même sans ça, Rachel avait nettement senti l’hostilité de la jeune femme à leur égard. Lloyd semblait également assez étonné, même s’il était plus doué que Rachel pour dissimuler ce genre de choses.

Alyssa sortit plusieurs papiers. Rachel reconnut un dictionnaire de traduction, et sourit de manière complice. Apprendre le japonais avait été assez difficile pour elle, et elle avait suivi des cours intensifs quand elle avait appris qu’elle serait affectée à Seikusu Base Camp, auprès des autorités japonaises. Pour elle, qui n’avait comme connaissances du japonais que quelques mots appris avec une étudiante japonaise à l’époque de la fac’, elle avait du se forcer, faire appel à sa disciplinaire militaire, ainsi qu’à son sens du devoir, pour apprendre, en quelques mois, les rudiments du japonais. Depuis lors, le fait de vivre dans le pays avait perfectionné sa langue, mais elle avait aussi un petit dictionnaire... Chose qu’elle n’aurait évidemment jamais avoué.

« Bon, c'par où, les croulants ? » lâcha-t-elle à leur intention.

Lloyd se contenta d’un léger sourire en rejoignant le couloir.

« On commence par sortir, la gamine insolente... Le vieux croulant a la dalle. »

Sur ce, le trio quitta l’immeuble, Lloyd ne s’intéressant pas du tout aux regards que certaines personnes leur lançaient. Il tirait tranquillement sur sa cigarette. Ce n’était pas très recommandé, quand on était un agent spécial, mais Lloyd fumait peu, et avait pour coutume de dire que les campagnes de sensibilisation contre le tabac étaient stupides. Il jeta la cigarette sur le sol, dans le hall, l’écrasant sur le bout de la semelle, et regarda Alyssa, en fronçant les sourcils, « comme Chuck Norris », ainsi qu’il le disait :

« Je n’ai jamais fumé. »

Il hocha la tête d’un air entendu, puis sortit.

« Bon... On se fait un McDo’ ? »

Rachel haussa les épaules, en souriant légèrement.

« Pourquoi pas ? Il paraît que celui au centre commercial est pas mal... »

De plus, un Américain fier de son pays ne serait jamais contre un bon vieux burger à l’ancienne.

- On commence par sortir, la gamine insolente... Le vieux croulant a la dalle.

Alyssa se contenta d'hausser les épaules, un léger sourire espiègle sur les lèvres. Finalement, elle trouvait l'agent plutôt sympa, avec son humour et son air cool. En revanche, elle portait un peu moins la femme dans son coeur, que la jeune fille trouvait beaucoup trop coincée, trop sérieuse, pas assez décontractée. Bref, tout ce qui lui évoquait l'ordre et la discipline. Au moins, Lloyd avait l'air plus désinvolte. Tout comme lorsqu'il écrasa sa cigarette, après avoir déclaré qu'il n'avait pas fumé. Oh ? C'était interdit de fumer durant son service ?

- Bon... On se fait un McDo’ ?

- Pourquoi pas ? Il paraît que celui au centre commercial est pas mal...

C'est ainsi que les deux américains trainairent la mutante à travers le métro jusqu'au centre commercial, soit un secteur de la ville qu'Alyssa n'était jamais aller voir. Habituellement, elle se contentait seulement des marchés pour se substenter et ne dépensait pas son argent pour des biens materiels, outre lorsqu'il s'agissait d'une réelle nécésitée. D'une certaine façon, cette vie dans la rue l'avait rendue plus économme. Et donc, elle n'avait jamais vu l'interret de dépenser du fric pour les transports, alors qu'elle avait ce dont elle avait besoin à proximité.

Devant le centre, la mutante pu effectivement voir le célèbre et mondialement connus fast-food américain. Cependant, il fallait aussi se souvenir qu'ils étaient tout trois au Japon, et qu'Alyssa avait encore beaucoup de mal pour lire les Kanji des menus. D'ailleurs, en parlant de ceux-ci...

- Hmmm ? D'puis quand y'à des burgers aux crevettes pannées ? J'suis restée si longtemps qu'ça dans mon trou ?

En entrant dans le restaurant, un autre détail la frappa. Pourquoi y avait-il des sachait de sel à coté des pailles ? Qu'est-ce que ces nipons dégénérés avaient osés faire dans ce Mc'Do ? Elle n'eu pas à ce poser longtemps la question, car ils venaient tout juste d'arriver à la caisse, à laquelle une jolie brunette s'adressa à Lloyd, prenant sans doute le trio pour une petite famille.

- Bienvenus, que souhaitez-vous prendre ?

Le centre commercial de Seikusu était un vaste endroit, qui avait sa propre station de métro. Il comprenait de nombreux magasins, plusieurs parkings, et engendrait un chiffre d’affaire très important. Naturellement, il faisait perpétuellement l’objet de conflits entre les différents clans de Yakuzas, même si ces conflits se déroulaient rarement dans les allées du centre commercial. De ce que Lloyd en savait, la gestion du centre appartenait officiellement aux Guramu, l’un des plus puissants clans de la ville, mais ils avait que d’autres clans le convoitaient, et que l’émergence de la Mafia russe risquait de poser problème, surtout connaissant leur amour profond des bombes et des explosifs. Le McDonald’s appartenait également aux Yakuzas.

Rachel et Lloyd y entrèrent, Alyssa sur leurs talons. Rachel avait noté les regards curieux qu’Alyssa jetait. Elle n’avait probablement jamais du quitter la Toussaint, ou si peu que ça en devenait négligeable. C’était une autre facette de la ville qui s’offrait à elle, une ville animée, riche, belle, propre, où les rues étaient nettoyées, et où il n’y avait pas de tags immondes le long des murs. Dans les allées du centre commercial, on pouvait voir de nombreux agents de sécurité, reconnaissables parleurs lunettes noires et leurs élégants costumes. Le trio entra donc. Il y avait beaucoup de clients, essentiellement des adolescents. Les questions d’Alyssa amusèrent Lloyd.

« Dans un monde futuriste, la pire calamité du monde s’est abattue sur l’humanité : la viande rouge a disparu, et les Big Mac sont fournis sans sauce. »

Rachel soupira légèrement devant cette remarque se voulant comique, et alla vers la caisse. Une femme ne tarda pas à les accueillir, une jolie brune avec de longs cheveux et un sourire qui vous contaminait.

« Bienvenus, que souhaitez-vous prendre ? »

Lloyd commanda, puis ce fut au tour de Rachel, qui commanda un Big Mac, un sachet de frites, et une boîte de nuggets. Lloyd, lui, avait pris deux cheeseburgers avec un Coca, Rachel ayant préféré un verre de jus d’orange. Lloyd posa ensuite sa main dans le dos d’Alyssa, qui était légèrement en retrait par rapport à eux.

« Et c’est au tour de notre chère nièce de s’exprimer... Vas-y, fais-toi plaisir ! »

Il leva la tête vers la serveuse, précisant rapidement :

« Elle est un peu déboussolée, elle vit dans la Toussaint habituellement, et ma femme et moi avons décidé de lui montrer un quartier plus joli de la ville... Avec des endroits propres et des belles courbes. Pas vrai, chérie ? »

Rachel n’avait décidément pas le talent naturel et inné de Lloyd pour raconter des histoires. Elle hocha la tête, comme pour confirmer son histoire, tout en se demandant comment interpréter ça. Alyssa, leur nièce ? Et elle, sa femme ? Si la serveuse était observatrice, elle pouvait facilement voir que c’était un mensonge, car Rachel ne portait aucune bague à ses doigts. Cependant, la serveuse n’était qu’une serveuse, et Lloyd avait probablement inventé toute cette histoire pour éviter les problèmes, et pour flirter avec la jolie brunette.

Le trio récupéra donc leurs plats. Lloyd paya, et, pendant ce temps, Rachel fit signe à Alyssa de la suivre. Elles sortirent dehors, sur la terrasse qui longeait le McDo.

« Tu es rarement sortie hors de la Toussaint, je me trompe ? demanda-t-elle en posant son plat sur une table. Le reste de la ville est bien différent du quartier où tu vis, Alyssa. »

Elle s’assit, et croqua une frite... Avant de se rappeler qu’il fallait les saler, ce qu’elle entreprit de faire en attrapant un sachet de sel.

« Sinon... C’est juste ce McDo qui est spécial. Le Japon est plus strict que nous sur l’alimentation, et c’est une espèce de formule soft pour éviter de prendre trop de calories... Du moins, d’après ce que j’ai compris... Ça a l’air de plutôt bien marcher, en tout cas. »

- Dans un monde futuriste, la pire calamité du monde s’est abattue sur l’humanité : la viande rouge a disparu, et les Big Mac sont fournis sans sauce.

Alyssa redressa rapidement la tête vers lui. Des Big Mac sans sauce ?! Le monde était encore plus cruel que ce qu'elle avait imaginé ! Quelle pouvait bien être la prochaine étape ? Du Ketchup allégé ? Du Coca sans sucre ? C'était une véritable aberration ! Suivant les deux agents jusqu'au comptoir, la mutante chercha à différencier les menus pendants que les deux autres choisissaient le leur. Tâche difficile entre les kanji inconnus et les photos qui ne lui parlaient absolument pas. Mais une chose était sûre, pour une fois, les burgers ressemblaient vraiment aux images.

- Et c’est au tour de notre chère nièce de s’exprimer... Vas-y, fais-toi plaisir !

Alyssa ressortit subitement de ses pensées pour jeter un regard à la fois surpris et interrogateur à Lloyd. Putin, mais où ce mec pouvait bien trouver autant d'imagination ?

- Elle est un peu déboussolée, elle vit dans la Toussaint habituellement, et ma femme et moi avons décidé de lui montrer un quartier plus joli de la ville... Avec des endroits propres et des belles courbes. Pas vrai, chérie ?

La serveuse jeta un bref coup d'œil aux mains de Rachel et eu une mine dubitative, fermant les yeux brièvement.

- Mouis, c'est cela... Prenez votre temps, il n'y a pas urgence mademoiselle.

Il fallut un moment à Alyssa pour choisir, avant qu'elle ne se décide pour une boite de nuggets, des frittes et du Coca. Elle qui préférait l'Ice Tea, avait peur de tomber sur du thé vert pour le coup. La serveuse leur servit donc leurs menus et récupéra l'argent du même coup, avant que le trio n'aille s'installer en terrasse.

- Tu es rarement sortie hors de la Toussaint, je me trompe ? Le reste de la ville est bien différent du quartier où tu vis, Alyssa.

Oh ça, la jeune fille s'en doutait un peu, mais au moins, les prix étaient moins élevés qu'ailleurs. Pendant que Rachel salait ses frittes, Alyssa elle, testait son repas à tâtons, se rendant compte que la mayo était trop légère, le Ketchup ressemblait trop à de la sauce tomate de cuisine et que, effectivement, son Coca était bien moins sucré. Que le monde pouvait être cruel...

- Sinon... C’est juste ce McDo qui est spécial. Le Japon est plus strict que nous sur l’alimentation, et c’est une espèce de formule soft pour éviter de prendre trop de calories... Du moins, d’après ce que j’ai compris... Ça a l’air de plutôt bien marcher, en tout cas.

- 'Sont fous dans c'pays d'poisson...

C'était obligatoirement ça. A force de bouffer du riz et du poisson, tout les autres aliments devaient leurs sembler trop gras et caloriques, au point que même une grosse entreprise comme Mc'Do avait du alléger ses menus. C'est donc sans grande conviction qu'elle croqua dans un nuggets qui lui paru bien fade. Si les japonais appréciaient, ce n'était pas le cas de l'américaine.

- Au fait, pourquoi être venu ici ? Il y a un cyber café intégré où il y a une salle informatique plus loin dans le centre commercial ?

La mutante ne perdait pas le nord. On lui avait promis de lui fournir des informations et elle comptait bien les voir, afin de se faire une opinion de toute cette histoire.

« 'Sont fous dans c'pays d'poisson... »

Il est vrai que, par rapport aux fast-foods américains, celui-là est très particulier... Aux Etats-Unis, Rachel allait assez peu au fast-food. En tant que militaire, elle devait conserver une certaine forme physique, et les fast food extrêmement gras des States ne permettaient pas vraiment de conserver une forme athlétique. L’avantage de ce McDo était qu’il était relativement diététique, ce qui était une bonne chose. Rachel y allait sans se sentir moins coupable après. Elle observait silencieusement Alyssa, perdue dans ses pensées. Elle était tellement belle... Et la vie avait été tellement horrible avec elle... Rachel était toujours horrifiée par ça, par ce sentiment d’injustice persistant. Dans le monde, la loi ne suffisait pas à défendre la justice, et, s’il fallait parfois se mettre hors-la-loi pour défendre la justice, Rachel l’acceptait. Les opérations du SHIELD étaient généralement illégales, violant les conventions internationales signées par les Etats-Unis, ou cachant la vérité au peuple. Des choses qu’une Hawkes avait toujours du mal à accepter, même si elle le comprenait. Agirait-elle différemment, si elle avait été à la place d’Alyssa ? Aurait-elle refusé l’ordre de Killian de la soigner, de lui rendre ses membres, de pouvoir faire quelque chose d’utile de sa vie ? La réponse était évidente.

Rachel croqua dans une frite, et Alyssa lui posa une question :

« Au fait, pourquoi être venu ici ? Il y a un cyber café intégré où il y a une salle informatique plus loin dans le centre commercial ? »

Rachel allait répondre, mais Lloyd intervint alors, arrivant avec son plateau, venant de payer.

« Les cybercafés sont has been, Alyssa. Dans le monde du 21^ème siècle, on trouve du WiFi dans n’importe quel restaurant. »

Il s’assit entre les deux femmes, et déballa son cheese burger, qu’il s’empressa d’enfourner. Il croqua dedans joyeusement, soupirant de plaisir.

« Pardon, Alyssa, j’avais juste trop la dalle. »

Difficile d’imaginer que l’homme qui parlait était bien un agent spécial du SHIELD, le genre de types qui avaient inspiré tous les films sur les agences secrètes gouvernementales, allant de « Men In Black » à « X-Files ». Il glissa sa main dans la poche de son pantalon, et ne tarda pas à en sortir un téléphone portable dernier cri.

« Ça, joli cœur, c’est la variante secrète de l’iPhone... Réservé à ceux qui travaillent au sein du SHIELD. Je ne te dis pas la qualité des films pornos là-dessus !
 -  Lloyd ! le réprimanda Rachel en fronçant les sourcils.
 -  Quoi ? Tu crois que c’est facile de travailler dans un bunker en compagnie de filles canon qui portent des uniformes moulants ? »

Rachel soupira à nouveau, et préféra s’attaquer à son Big Mac.

« Cet appareil a un port USB... Il te suffit de le brancher, et tu pourras lire quelques fichiers... Ensuite, si tu ne veux plus de notre compagnie, on t’amènera à la bibliothèque municipale, il y a des ordinateurs. La plupart des informations que tu verras sur la clef sont classifiées. Les autres se vérifient rapidement en les googlant. »

Il continua à manger ses frites. Lloyd, bien sûr, plaisantait pour les films pornos. Si la direction apprenait qu’il utilisait le matériel du SHIELD à de tels usages, il serait renvoyé séance tenante.