Theodoric a toujours beaucoup apprécié ce genre d'endroit. Une montagne de neige, solide comme un roc et que personne ne peut atteindre. Elle est née du chaos, des caprices et des courroux de la terre, née de de l'union de la foudre et des titans. Les montagnes sont toutes des filles de la colères des divinités. Les vautours et les aigles y font pourtant leur nid, comme des trônes originaux et austères, tout là haut, inaccessibles. On y entend que le silence, un écho parfois, et la chanson du vent qui exulte de colère. La montagne domine tout, les vallées, les eaux, les chemins qui s'emmêlent à ses pieds. Parfois au-dessus d'elle, l'orage et le soleil triomphent, et les nuages lourds déversent sur elle, comme une offrande, des flocons éternels. La montagne, un sarcophage immobile édifié par les Dieux dont la majesté intimide les nuages dans un mutisme froid et glacial. Ses rochers sont le gage de sa sérénité, se moquant toujours du temps qui va et vient dans son éternité. Lorsqu'elle perd son long manteau blanc, qui se transforme en larmes, elles glissent jusque dans la vallée et vont reverdir les arbres, les fleurs et les plantes pour ouvrir les yeux au printemps.
Mais cette neige, presque aveuglante, n'a peut-être jamais fondue. En effet, il s'agissait là des terres de glace, une région toujours aussi glaciale ou le froid était plus mordant que nul part ailleurs. Que faisait-il là, au beau milieu des terres de glaces ? Et bien il découvrait, tout simplement. Depuis qu'il avait quitté son trône pour une vie d'aventure et de vagabondage, il s'était mit en tête de faire le tour de Terra, découvrir toutes ses terres sans rien omettre ni laisser au hasard. Ses paysages mais aussi ses habitants et leur cultures. Jusqu'à aujourd'hui, il n'avait pas été déçu du voyage. Cependant, ce n'était pas une partie de plaisir, comme aujourd'hui lorsque le temps n'était pas approprié.
Theodoric marchait dans la neige, vêtu de botte fourrée, d'un pantalon bien chaud, d'une tunique, d'un manteau avec quelques fourrures pour tenir chaud et enfin, une longue cape qui protégeait également sa tête et ses oreilles du froid grâce à au capuchon. Sans oublier les gants. Mais tout de même... quel froid mordant ! Il avait pour but de descendre la montagne pour rejoindre la vallée et ne se doutait pas un seul instant de ce qui se passait en contrebas. En vérité, il était persuadé de ne pas croiser âme qui vive. On voyait à peine où mettre les pieds et l'homme prenait soin de ne pas se retrouver piégé dans une crevasse. Personne ne viendrait l'y chercher et il risquait de mourir bêtement de froid. Une fin indigne de lui pensait-il.
Et pourtant, il cru entendre un cri. S'immobilisant, il tendit l'oreille, une main sur son fourreau. Mais peut-être avait-il rêvé. Non, il y eu encore un bruit sourd. Il avait bien quelqu'un, ou quelque chose en bas. S'armant de courage, il se dirigea alors vivement dans cette direction. C'est alors qu'il vit la scène, en contrebas. Une pauvre fille, une terranide semblait-il, assaillit de toute part par un groupe de bandit ou d'esclavagistes mal intentionnés. Theodoric fronça les sourcils et serra les dents en sortant son arme de son fourreau. S'il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était de voir des êtres vils et mauvais s'en prendre à un être sans défense. La terranide ne restait en vie que grâce à ses sens très aiguisés.
Sans attendre d'avantage, l'ancien roi dévala la pente qui le séparait du groupe. Finalement, le brouillard était une véritable aubaine. Ces ordures ne s'attendait pas du tout à ce que quelqu’un d'autre se trouve ici. Alors avec une discrétion incroyable, presque invisible dans cette purée de poids, il survenait derrière eux, comme une ombre blanche, les transperçant un à un de sa lame. Si bien qu'au final, il se retrouva contre deux bandits, seuls survivants. Il hésitèrent mais commirent finalement l'erreur de s'enfuir. Ils n'allaient pas s'en sortir comme ça. Theodoric atrappa son arc, puis deux flèches qu'il positionna toute deux contre la corde. Il y avait du brouillard ? Qu'à cela ne tienne, il voyait encore leur silhouette et personne n'était meilleur que lui au tir à l'arc dans toute cette contrée. Il compta jusqu'à trois, puis les deux flèches filèrent et atteignirent toute deux leur cible en pleine nuque, tuant d'un seul coups les deux protagonistes. Satisfait, l'homme rangea l'équipement dans son dos, puis s'approcha de la terranide. Elle était tombée à terre, inconsciente. Rapidement, Theodoric observa la blessure qu'elle avait à l'épaule et constata sans mal qu'il s'agissait d'une flèche empoisonnée. Il grimaça également en voyant l'état de ses vêtements et les coupure de poignards et de dague qu'elle avait un peu partout. Il fallait agir vite.
Une heure plus tard, l'homme avait trouvé une grotte sûre et assez grande pour eux deux. Il avait allumé un feu, déshabillé la jeune femme, l'avait soignée grâce aux onguents et aux remèdes qu'il portait avec lui et lui avait enfilé des vêtements propres. Des vêtements d'hommes bien trop grands pour elle mais tant pis. En attendant qu'elle se repose et se réveille, il alluma un bon feu et entreprit de raccommoder les vêtements de la jeune femme, les laissant du même coup sécher près des flammes. Qui a dit que la lessive et la couture n'était que pour les femmes ?