Aya, où es-tu ? Depuis ce triste jour qu'est celui de ta disparition, je n'ai de cesse de te chercher. Fais-tu de même ? Ou bien m'attends-tu quelques part ?
Sur les routes du monde, j'arpente les sentiers de l'inconnu, je traverse forêts et plaines, je vis dans la solitude. Comme j'aimerai te serrer dans mes bras, te raconter tout ces paysages que j'ai pu voir.
Je me sens seul... si seul...
« HEY GAMIN ! ON SE REVEILLE ! »
Je me retournais vivement au son de cette voix qui m'était maintenant familière et me retrouvais face à face avec une peluche en forme canard plus ou moins fidèle à la vraie apparence de cet animal. Les peluches avaient parfois de drôles de formes décidément.
Mais pourquoi suis en train de me faire réprimander par une peluche me direz vous ? Et bien c'est d'une terrible simplicité mais je regrette parfois le jour où je l'ai appelé. Une nuit, m'endormant silencieusement dans une ruelle, je fus réveillé par un chat qui me faisait face. Celui-ci parti aussitôt en renversant au passage diverses cartons. Dans un de ceux-ci, se trouvait la dite peluche à la voix si douce le matin...
Mais je me sentais seul... c'est pourquoi je pris la décision de tester de nouveau mon pouvoir, d'invoquer une âme, une seule et de l'introduire dans le canard. Prenant mon recueil à deux mains, je tournais les premières pages, parcourant les lignes de mon doigt. Je finis par stopper ma lecture. Un homme, décédé une nuit, abattu dans une ruelle semblable à celle où je me trouvais. D'après ce que j'avais pu apprendre, il voulait une famille, un fils, une femme, des gens à chérir. Mais à son enterrement, il n'y eut rien de cela. Seulement quelques rares amis...
Observant la photo de l'homme, je murmurais son nom. Je focalisais mes pensées sur son visage, sur son nom, me remémorait son passé et ses envies. Je le comprenais, je l'appelais.
Ouvrant les yeux, j'observais la peluche, murmurant toujours le même nom, Alistar Herst.
Le canard bougea, se mit debout, observa la ruelle et posa ses yeux de verre sur moi. Il ne devait pas comprendre ce qui lui arrivait et cela était normal après tout, non ?
Depuis cette nuit, je cherche ma sœur aux côtés d'une …. peluche canard du nom d'Alistar Herst. Cela peut paraître étrange mais on s'y habitue, et je pris peu à peu plaisir à lui parler. Pourtant, malgré sa présence, je me sens parfois seul... toujours seul comme cette nuit là.
« TU VAS ARRETE DE M'IGNORER OUI ? »
« Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ? »
« Ah enfin un peu de réaction, j'ai cru que tu étais encore reparti dans ta déprime habituelle. Allez ! C'est reparti ! On risque pas de retrouver Aya en restant planté là, en pleine forêt. »
« Oui, tu as raison »
Je me relevais, pris nos affaires et parti, droit devant moi à travers les bois. Je marchais lentement, ne me méfiant pas. Je ne pensais pas qu'ici, en pleine forêt, quelqu'un pouvait connaître mon secret. Et puis Alistar savait être discret quand il le fallait... mais aussi terriblement bruyant quand il le souhaitait.
Nous marchions droit devant nous, espérant bientôt sortir de cette interminable forêt, silencieusement pour ma part, Alistar, quand à lui, chantant diverses chansons dont quelques airs m'étaient familiers depuis le jour où je commis l'erreur d'entrer dans une taverne. Enfin, cela m'était l'ambiance.
Soudain, il se tût, murmurant que l'on était suivi.
« Tu en es sûr ? Je n'ai rien entendu moi »
« Tais toi et fais moi un peu confiance idiot ! »
Sur ces mots, je me tus et continuais ma route avant de m'arrêter à un petit cours d'eau. J'y remplis-y rapidement ma gourde et se faisant, me raidit quand les buissons bougèrent derrière moi.
Je sortis ma gourde de l'eau et fixait d'un air apeuré les bois.
Une jeune femme ne tarda pas à en sortir, m'abordant d'une manière bien... maladroite.
" excusez-moi est ce que vous serez pas perdu par hasard ? "
Depuis quand une personne honnête abordait une autre personne de cette manière ?
« Non non, je sais où je vais, merci quand même... »
Alistar avait raison, elle me suivait et en avait après moi mais... pourquoi ? Une simple voleuse ? Ou bien connaissait elle mon secret ? Non ! Impossible ! J'avais fais attention et personne n'avait remarqué ce canard insupportable qui me servait de compagnon de voyage... alors, une voleuse. Oui sûrement.
Je refermais ma gourde alors pleine, me levait, et m'en allait sans oser jeter un seul coup d’œil en arrière.