Une invitation, sur un parchemin encadré de dorures, à l'encre d'un rouge sombre pour les lettres calligraphiées et pourpre pour la signature. Indéniablement, elle émanait de personnes assez fortunées. La qualité du parchemin, de l'encre, et la perfection de la calligraphie laissait aussi supposer que la personne ayant écrit ça était très érudite. Et la légère odeur parfumée qui émanait de l'enveloppe écrue et de l'invitation trahissait clairement la manufacture de la chose. Pas de modernité telle qu'une imprimante.
Lara secoua la lettre d'un air absent en réfléchissant à ce qu'elle pourrait mettre. Car oui, elle adorait les bals. Et qu'ils soient masqués était encore plus intéressants. Elle y trouvait bon nombre de spécimens amusants. Elle faisait aussi parler d'elle en provoquant, ou bien en séduisant ces messieurs et en disparaissant avant de les laisser conclure.
Remettant distraitement une mèche derrière son oreille, elle se mordit légèrement la lèvre. Oui, elle avait la tenue parfaite. Elle regarda au dos de l'invitation la date et l'heure de ce bal, et vaqua à ses occupations.
Le jour dit, après avoir prit l'avion jusque la Transylvanie, la jeune femme passa près de deux heures à se pomponner. Elle prit un long bain parfumé, n'omettant pas d'oindre sa peau d'huile hydratante et possédant de discrètes paillettes pour donner un éclat lumineux à son teint. Elle n'oublia pas non plus de coiffer longuement sa chevelure cuivrée, puis d'en tresser quelques mèches pour retenir l'amas de sa crinière soyeuse de façon plutôt sophistiquée. Elle passa ensuite dans le dressing pour s'habiller.
Elle attira un ensemble de sous-vêtements en dentelle noire, avec du satin rouge. Elle sortit aussi un cintre portant une robe
d'allure victorienne, avec un bustier en brocard rouge qui maintenait sa poitrine, sagement boutonné. Elle prit aussi un corset simple, pour affiner sa taille sous la robe, et enfila des bas noirs, opacifiés, avec des porte-jarretelles. Elle glissa ses pieds menus dans des
bottes noires, assorties à la tenue, montant jusqu'en dessous du genou.
Elle passa ensuite au maquillage. Elle couvrit ses paupières d'un fard couleur sable et pailleté, puis rajouta des arabesques, des lignes déliées et d'autres motifs floraux. Elle poudra ses joues pour qu'elles soient à peine rosées, et rehaussa ses lèvres avec du rouge à lèvre d'un rouge provoquant. Elle mit enfin la touche final, avec un
loup, brodé de soie noire et de fils d'or, avec des diamants incrustés de façon discrète.
Satisfaite, en s'observant dans le miroir, elle se sourit. Elle était fin prête. Une cloche se fit entendre. La calèche chargé de l'amené jusqu'au château des Dracul était là. Elle descendit avec grâce les escaliers du manoir de l'un de ses amis, et laissa le majordome l'aider à monter dans la calèche. Elle n'allait pas tarder à faire sensation au bal masqué. Ohé ohé.