Minuit, l'heure du crime, sonne à l'église quand une silhouette féminine émerge d'une ruelle. La lueur blafarde d'un lampadaire montre une jeune femme blonde, vêtue d'un pardessus noir lui arrivant jusqu'aux mollets. Ces mollets sont nus. Elle porte des escarpins avec des talons aiguille. Pour un peu, on croirait aux pantoufles de verre de la Cendrillon des Disneys. Très vite, elle quitte la ruelle et s'engage dans la grand'rue. Elle marche un moment, traverse des routes, et finit par toquer trois fois à une porte. Un loquet est tiré. Une sorte de judas s'ouvre.
- Le mot de passe ?- Antigone.La porte se déverrouilla et s'ouvrit. La blonde jeune femme fut guidée dans des couloirs étroit jusqu'à une pièce semblable à une salle de bain. Le colosse qui lui servait de guide reste dans la pièce tandis qu'elle ôte son pardessus. En-dessous, elle est en nuisette. Une fine pièce de soie qui s'arrête à mi-cuisse. Blanche. Couverte de sang. Elle la jette dans un panier. Elle enjambe le rebord de la baignoire et ouvre les robinets. Réglé en position douche, l'eau coule depuis le haut. Elle leva son visage vers le jet d'eau, laissant le liquide couler le long de son corps et laver le sang qui l'imprégnait, tandis que le colosse s'avançait dans la pièce. En deux temps, trois mouvements, il fut dans la tenue d'Adam. Silencieux, telle une ombre, il se glissa derrière elle sous l'eau. Ses lèvres cueillirent les dernières gouttes de sang qui parsemaient ses épaules.
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Une demi-heure après, la blonde se sèche les cheveux. Le colosse s'est déjà rhabillé et l'attend près de la porte, l'observant enfiler une robe souple, moulante, en taffetas noir et bordée de dentelle. Il tient une cigarette au coin de ses lèvres, et ses doigts cherchent machinalement le briquet pour l'allumer.
La jeune femme s'approche de lui et le lui dérobe, allumant sa cigarette avec un sourire complice, avant de se tourner vers le baquet où elle avait lancé la nuisette blanche tâchée et imprégnée de sang. Elle fit couler un liquide dessus avant, puis mit le feu à un bout de papier roulé façon cigarette et laissa ce dernier tomber. Pouf. Le tissu imbibé prit feu. Rapidement, il se consuma, et ne laissa plus que des cendres. Plus de preuves. Elle vida le contenu dans la baignoire et rinça le baquet. Tout disparu.
Satisfaite, elle suivit le colosse typé cubain qui l'emmena dans une autre pièce.
- L'affaire est faite ?Une voix, dans l'ombre, s'est élevée. Elle ne l'a jamais vu encore.
- Oui.- Bien. Ton argent est dans la valise que te remettra ton amant.Pas de nom. C'était une constante. A chaque fois, le colosse qui faisait office de vigile changeait. A chaque fois, elle se douchait avec lui, sans aller plus loin. A chaque fois, pourtant, l'homme appelait celui qui l'escortait "son amant". Rituel étrange, mais auquel elle s'était habituée.
Sortant de la pièce, elle attendit son compagnon cubain. Il lui tendit une valisette en sortant de la pièce. Elle la prit, l'ouvrit et compta. Puis la referma. Elle hocha la tête, et fut reconduite à la sortie. Là, remettant son pardessus, elle marcha au hasard des rues. Elle finit par arriver devant chez elle, sans qu'elle ne se soit faite suivre. Elle rentra, verrouilla tout et posa la mallette dans un coffre sous le canapé. Puis elle partit se coucher.
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Onze heure était sonné à l'église quand la blonde y pénétra. Sans un regard pour les quelques fidèles qui priaient, elle se dirigea vers le confessionnal.
- Pardonnez-moi mon père, parce que j'ai péché...